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lundi 16 avril 2018

Macron et le scandale Alstom


Débat raté, mais vraie question…Dommage !

Reportage bilan sur la campagne de Marine Le Pen dimanche 15 juin sur la 5 avec Bruce Toussaint  et sur le grand débat qu’elle a en partie raté contre Emmanuel Macron- même si, comme cela se produit assez régulièrement (cf Fabius contre Chirac en 1985) un ratage se transforme au film du temps et des commentaires en déroute, puis en naufrage, puis en catastrophe. Manque de travail et de préparation, fatigue et rythme délirant de campagne imposé par Philippot et manque de repos, migraine ophtalmique, stratégie très agressive suggérée par Philippot et amplifiée alors même qu’elle ne fonctionnait pas, changement de position sur l’euro au dernier moment du à l’alliance avec Dupont-Aignant, manque de compétence économique ??? Et aussi le fait que Macron, sur un petit nuage était imprenable- d’autres que Marine Le Pen s’y sont cassé les dents.
Un moment emblématique : celui où Marine Le Pen veut l’attaquer sur l’affaire Alstom, la vente d’Alstom à General Electric mais se trompe et parle d’Alcatel- ce qui permit à Macron d’ironiser et d’éviter de répondre. Mais Marine Le Pen ne s’était pas trompé sur le fond et sur la gravité de ce qui constitue un véritable scandale, et plus, une trahison gravissime pour l’intérêt national, comme le met en évidence la Commission d’enquête Parlementaire réclamée par Les Républicains et dont les résultats sont accablants.

Le scandale Alstom : l’extraterritorialité américaine comme arme de destruction massive des concurrents

En fait, la Commission d’enquête ne fait que confirmer, en l’aggravant encore, ce qu’avait dénoncé le journaliste Jean-Michel  Quatrepoint dans son livre Alstom, une affaire d’Etat. Rappel des faits : En 2015, le groupe français Alstom a vendu sa division énergie, qui représente 70 % de l’entreprise, a son concurrent américain General Electric (GE). Ce jour-là, les turbines qui équipent nos centrales nucléaires sont passées sous contrôle américain. Au même moment, Alstom était visé par une enquête aux États-Unis pour des faits de corruption. Des cadres dirigeants de l’entreprise étaient incarcérés. Cette concomitance alimente un soupçon : le groupe Alstom aurait-il vendu sous la pression, pour tenter d’échapper à une condamnation ?.Laréponse est maintenant et clairement oui, et il s’agit d’une politique américaine très élaborée basée sur l’extraterritorialité extravagante de la loi américaine.

Explication : Alcatel, Alstom, Technip, Total, la Société Générale, BNP Paribas… Toutes ces entreprises françaises se sont retrouvées, ces dernières années, poursuivies par la justice américaine pour des affaires de corruption ou de contournement d’embargos et même d’embargo purement américain, contre Cuba, contre l’Iran, sans accord de l’ONU.  Elles ont été poursuivies sur la base de ce qu’on appelle « l’extraterritorialité du droit américain. Ce sont des lois qui permettent de poursuivre des entreprises non américaines à l’étranger, à condition qu’elles aient un lien avec les Etats-Unis. Sauf que ce lien est extrêmement large, puisqu’il suffit que les entreprises effectuent une transaction en dollars ou qu’elles utilisent une technologie américaine pour que des poursuites puissent être engagées. « Il suffit d’utiliser une puce électronique, un iPhone, un hébergeur ou un serveur américain pour vous retrouver sous le coup de la loi américaine, explique l’économiste Hervé Juvin. C’est un piège dans lequel de nombreuses entreprises sont tombées. » Pour collecter ces informations, tous les services américains sont mobilisés. « C’est une stratégie délibérée des Etats-Unis qui consiste à mettre en réseau leurs agences de renseignements et leur justice afin de mener une véritable guerre économique à leur concurrents »

La trahison de Patrick Kron

Arnaud Montebourg l’avait dit, la commission d’enquête le confirme : le PDG d’Alstom, Patrick Kron a subi la pression des autorités américaines. Pendant 4 ans, de 2010 à 2014, dans un secret quasi absolu, des dizaines d’enquêteurs du FBI, ont enquêté sur Alstom, pour des affaires de corruption (en Indonésie, en Arabie Saoudite, aux Bahamas, ou encore en Egypte). Sous la pression, l’entreprise a alors capitulé, elle a accepté au mois de décembre 2014 de plaider coupable, et elle s’est vue infliger une énorme amende de 772 millions de  dollars. Le règlement de cette affaire est intervenu au courant de l’année 2014, au moment où la trésorerie de l’entreprise était dans le rouge.

Tout indique que les autorités fiscales américaines et General Electrique ont travaillé mano in la mano
1)  General Electric a participé au règlement de cette affaire avec la justice américaine, alors que la vente d’Alstom n’était pas encore conclue. Dans l’accord, il est stipulé que "la Compagnie General Electric qui a l’intention d’acquérir Alstom s’est engagée à mettre en place un programme de conformité aux règles juridiques, et de le soumettre à son contrôle interne dans un temps raisonnable après l’acquisition ".
2) Quand l’amende est fixée, Alstom ne peut pas la régler. La société demande alors  des délais de paiements aux américains dans l’attente de son rachat… par l’américain General Electric. Un document de juin 2015 l’atteste.
Plusieurs cadres ou anciens cadres de haut niveau d’Alstom nous ont confié leur amertume. Selon un dirigeant qui tient à rester anonyme : "Au sein de l’état-major d’Alstom, tout le monde sait parfaitement que les poursuites judiciaires engagées aux Etats-Unis contre Alstom ont joué un rôle déterminant dans le choix de vendre la branche énergie. Ces poursuites expliquent tout. C’est un secret de polichinelle".

Patrick Kron pour cette vente devrait toucher un bonus de 4 millions d’euros. « Il a présidé à la destruction de fleurons de notre industrie française », l’avait accusé le député (LR) Pierre Lellouche. Son audition par la Commission a confirmé les députés dans l’idée qu’il a agit sous pression américaine et qu’il a délibérément menti aux autorités françaises en particulier à Arnaud Montebourg en niant les discussions avec General electric jusuq’à le placer devant le fait accompli. Il s’agit d’une véritable trahison.

Le rôle d’Emmanuel Macron. La mise au point d’Arnaud Montebourg

Emmanuel Macron connaît bien Alstom. Alors ministre de l’économie, c’est lui qui avait autorisé, en novembre 2014, la vente des activités énergie du groupe français à l’américain General Electric (GE), dossier qu’il avait également suivi à l’Elysée lorsqu’il conseillait François Hollande. La déposition d’Arnaud Montebourg devant la Commission d’enquête (8 septembre2017) est terrible pour Macron. Lorsqu’il apprend la trahison de Kron, Arnaud Montebourg régit rapidement et propose une solution : « À Bercy, dans mon bureau, le patron de Siemens, Joe Kaeser, (...), avait dessiné sa proposition sur une page A4 divisée en deux colonnes: Vous nous vendez l’énergie sauf le nucléaire que vous gardez et, en contrepartie, je vous vends le ferroviaire et la signalisation. Nous faisons deux Airbus de taille mondiale, l’un dans le ferroviaire à direction française, l’autre dans l’énergie à direction allemande", indique l’ex-ministre. Arnaud Montebourg aurait alors soumis cette proposition à François Hollande et Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l’Élysée. Ce dernier aurait balayé l’hypothèse d’un revers de main en déclarant: "On n’est quand même pas au Venezuela !"
Et Arnaud Montebourg de conclure, à propos de Hollande et Macron : « Ils ont vendu nos turbines, pièces industrielles stratégiques pour notre indépendance énergétique, nucléaire et militaire. Il ne s’est pas trouvé un président ou un Premier ministre pour m’autoriser à bloquer cette manœuvre, alors que mon équipe et moi avions forgé les armes pour précisément pouvoir dire non".

Pourtant, Macron ne pouvait pas ignorer la stratégie agressive américaine de l’extraterritorialité juridique. Un rapport de l’intelligence économique placée sous l’autorité du Premier ministre dénonce clairement les risques que font peser les poursuites américaines sur les sociétés françaises : « La pratique des "deals of justice" par les autorités américaines laisse les entreprises françaises très démunies, elle pose de très sérieuses questions. Ces "deals of justice" se traduisent en effet par des atteintes économiques qui peuvent être graves. On ne peut exclure le risque d’instrumentalisation des procédures pour, en amont, affaiblir une entreprise avant un rachat, ou pour, en aval de la procédure, s’approprier certaines informations, voire lui interdire certains marchés « . En effet !

Une décision dramatique

« La vente d’Alstom à General Electric nous prive d’autonomie stratégique sur deux points essentiels : les turbines pour les sous-marins nucléaires, les navires de surface, le porte-avion Charles de Gaulle, ainsi que sur les centrales nucléaires civiles, explique le directeur le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, Eric Denécé, qui a enquêté sur cette affaire. Il y a eu une vraie trahison des élites françaises. ». Mentionnant encore des systèmes de positionnement par satelllite « équipant l’armée ainsi que des entreprises du secteur de la défense et de l’espace tombés dans le giron de General Electric. ». Les fameux turbo-alternateurs Arabelle équipent plus de 50% des centrales nucléaires de la planète ! Bref, avec Alstom passé sous contrôle de General Electric, nous ne pouvons plus espérer vendre une centrale nucléaire, un sous-marin, un navire sans l’accord des USA. Et qui nous en achètera, sachant qu’à tout moment, les USA pourront refuser de livrer des pièces détachées pour réparation !
Il y a donc une véritable trahison, trahison consciente dans le cas de M. Kron vraisemblablement par peur ou intérêt, trahison par naïveté vis-à-vis des USA, ignorance, incompétence d’Emmanuel Macron,  trahison par  bêtise et mépris de tous ceux qui ne partagent pas la doxa de la secte libérale au pouvoir à Bruxelles et maintenant en France, trahison de celui qui mérite le surnom de Macron l’Américain.

Il est vraiment dommage que ce débat n’ait pas pu avoir lieu en temps utile. Et il est assez amusant de voir les députés En Marche membres de la Commission d’Enquête s’effarer… des décisions prises par Emmanuel Macron.

Dernière minute Et bim ! alors que certains parlementaires même En Marche de la Commission d' enquête, se déclaraient vraiment troublés, le rapport final conclut que tout va bien, que malgré les graves accusations de M. Montebourg, c'est pas si grave, qu'il n'y a rien à reprocher aux Américains, ni à craindre pour notre indépendance. Tout au plus conviendra-t-il à l'avenir de surveiller un peu plus les investissements étrangers, éventuellement de créer des golden shares pour l'Etat dans certaines indsutries et d'élargir le décret Montebourg (le décret vénézuelien selon M. Macron) à de nombreux secteur...un petit hommage, tout de même. Quant aux critiques contre M. Macron, elles ne relèveraient que de la volonté mauvaise de M. Vauquiez et d'autres .

Ce que c'est bien quand même d'avoir un parti de croquenots à sa botte et une démocratie illibérale qui fonctionne bien gentiment pour le Président. 

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