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dimanche 13 mai 2018

Anne Hidalgo et Smovengo ; l’histoire d’un désastre !


Un désastre pour les Parisiens

Après avoir géré pendant dix ans le service de vélo en libre-service parisien, l’entreprise JCDecaux a perdu l’appel d’offres en avril 2017 au profit de Smovengo (qui réunit la PME montpelliéraine Smoove, les espagnols Mobivia et Moventia et Indigo, leadeur du parking). Le plannig initial était le suivant : Le planning officiel était le suivant : fin du dématèlement des Cvlocity (Decaux) fin janvier 2018,installation de la moitié des Smovengo en janvier et l’autre moitié au cours du premier trimestre. Mi mai 2016,  nous en sommes à lors que le mouvement social est entré dans sa quatrième semaine, seules 675 stations sont ouvertes alors que le plan initial prévoyait la mise en place de 1400 stations fin mars. Mais station ouverte ne signifie pas que l’on puisse y prendre des vélos : Smovengo a annoncé le retrait de 1500 à 2000 vélos électriques et 3000 vélos bloqués en station en raison d'erreurs informatiques, notamment, sur environ 9000 déployés ! Seules 11 stations électrifiées sont en état de marche ; la solution provisoire des stations sur batterie se révèle un bricolage répugnant qui ne fonctionne pas. Et les vélos électriques sont pour l’instant retirés !

 Le printemps arrive et les parisiens ne peuvent pratiquement pas utiliser de velib- le service a d’ailleurs proposé, pour ceux qui en font la demande, de rembourser les trois premiers mois ; c’est bien le minimum, mais encore faut-il que les abonnés le demandent en s’inscrivant sur le site

Un désastre pour les salariés

A la catastrophe industrielle se joint une catastrophe sociale. Il faut voir avec quelle morgue le président du consortium Smovengo , Yann Marteil, dans un article du Monde du 6 novembre 2017 s’adressait aux salariés de Velib Decaux: « Les anciens JC Decaux doivent postuler sans tarder  à Smovengo », en expliquant que, contrairement aux pratiques habituelles, les salariés ne seront pas repris, leurs contrats de travail ne seront pas transférés, ils doivent démissionner pour être repris, et il n‘y aura pas de la place pour tout le monde !
Et effectivement sur ce terrain là, c’est aussi une catastrophe au point que depuis le 17 avril, soit plus de trois semaines, les nouveaux salariés de Smovengo sont en grève, , franchement, on les comprends : sous-effectifs, et pas qu’un peu : « On est passé de trois cents agents de terrain sous la direction de JC. Decaux, à moins d’une centaine actuellement. ». « On nous avait dit qu’on nous reprenait aux mêmes conditions, mais Smovengo nous a imposé de nouveaux horaires ». 70 % des agents travaillent de nuit ; or  la majoration des salaires de nuit a considérablement baissé, passée de 45 % à Cyclocity à 10 % à Smovengo. Et pour les week-end, il n’y a plus du tout de majoration, zero ! Le panier-repas, lui, est passé de 12 euros à 5,73 euros. Les arrêts de travail se sont multipliés amplifiant un sous-effectif chronique…d’autant que les agents sont en première ligne pour éprouver la mauvaise humeur des parisiens, certes justifiée, mais pas contre eux.

 Résultat : pour arranger le tout, une grève des salariés de Smovengo- une cinquantaine, soit 85 % ! des agents de terrain, selon les responsables du mouvement) à faire grève. Et pour gaire mieux : Smovengo a assigné 37 employés grévistes sont assignés au tribunal correctionnel de Paris.

Un gaspillage écœurant

Commentaire d’un internaute : Si on résume : on avait un système qui fonctionnait globalement bien qu'on fout en l'air. On avait des bornes qui auraient pu être adaptées à d'autres vélos, on les détruit et on les change avec des travaux colossaux. On avait des vélos qui remplissaient leur fonction, on les jette. On avait un abonnement raisonnable, il augmente... On avait des salariés qui connaissaient leur boulot, on les vire !! Qu'est ce qu'on dit ? MERCI HIDALGO !!

Un appel d’offre étrange

En effet ; et l’on peut se demander quel mécanisme d’appel d’offre peut au juste  arriver à un tel désastre ; ce n’est ni le mieux disant ni en terme de services, ni de prix, ni pour les salariés. Challenge (7 juillet 2017) rapporte de bien curieux ou affligeants renseignements : La décision s’est faite essentiellement sur le coût , et contre l’avis de la SNCF et de la RATP ;  entre les deux offres  « s'est fondé sur un dumping social, avec une proposition excluant la reprise de l'ensemble des personnels et reposant sur de nouvelles équipes inexpérimentées, moins nombreuses et à des conditions sociales et salariales dégradées ".  Et les dirigeants de JCDecaux, assez furieux, «  n'ont pas compris pourquoi le tribunal administratif n'avait pas fait grief à Smoovengo de refuser de s'engager à reprendre leurs 350 salariés, en conformité avec le Code du travail, et n'avait pas jugé décisif le fait que Nicolas Mercat, qui a participé à l'élaboration de l'appel d'offres par le syndicat francilien, soit le frère de Laurent Mercat, patron de Smoove et porte-parole du groupement vainqueur ».

Et il n’y pas que cela, mais aussi une gouvernance financière pour le moins étrange. Toujours, Challenge (7 juillet 2017) : Dans l'alliance Smoovengo, il y a aussi le groupe de services automobiles Mobivia, l'espagnol Moventia et Indigo (ex-Vinci Park). Quels sont leurs liens financiers? "Je ne sais pas qui est qui et qui fait quoi, reconnaît Véronique Haché, la bien peu curieuse directrice du syndicat Autolib'Vélib'Métropole, qui a signé et gérera le contrat. Ce qui nous importe, c'est d'avoir eu des garanties financières ». Et en fait, la fameuse start up Smoove (qui dira le mal qu’a fait l’éloge imbécile systématique des start-up- seuls survivent les 0.1% qui réellement le méritent !) parait maintenant complètement effacée car intégrée dans Mobivia, qui appartient à la galaxie Mulliez (Norauto, Midas, Drivy).

Autre bizarrerie : le Figaro du 01/01/2918 testait les vélos Smoove à Montpellier, là où ils sont nés ; le moins qu’on puisse dire est que le résulat n’était guère convaincant : « ce matin là une panne affectait l'ensemble du réseau, ce qui rendait toute location impossible. De plus, un tiers des vélos que nous avons ensuite utilisé avait un problème technique: absence de freins ou vitesses cassées pour la plupart. Autre gros souci: nous nous sommes trouvés plusieurs fois face à des stations pleines ou des stations... vides. Par conséquent, impossible de prendre ou de rendre un vélo selon le cas. Nous avons également rencontré plusieurs problèmes avec des vélos qui ne se débloquaient pas facilement de leur point d'attache. Le service de communication de société TaM qui exploite les transports publics de Montpellier avec Transdev n'a pas souhaité répondre à nos demandes malgré une dizaine de tentatives. Quant à la société Smoove, son dirigeant Laurent Mercat, que nous avons rencontré, rejette les responsabilités de ces dysfonctionnements sur TaM…

 Rendez-nous Decaux ! Decaux, lui, avait rempli plus que correctement le contrat de dix ans qu'il avait conclu en 2007, donnant son essor à un nouveau mode de transport urbain, en rapportant toujours de l'argent à Paris, au point que Bertrand Delanoë, lorsqu'il était maire, a pu en faire profiter les communes voisines. Mais le fiasco en est à un tel point que même ce retour parait impossible.

Un fiasco total qui jette espérons-le le dernier pavé sur la tombe des espoirs de réélection d’Anne Hidalgo : Ya basta !

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