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dimanche 17 juin 2018

Raisons de détester l’Eurokom 6 : L’Europe de l’impuissance


Europe et Eurokom

Suite de la série précédente : légèrement énervé par Macron proclamant que « l’Europe nous a donné la Paix »  et face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne

La capitulation face aux lois américaines d’extraterritorialité

Depuis des années, les lois d’extraterritorialité américaines agissent comme un instrument majeur de l’impérialisme américain. Pour la France, c’est notamment Alstom, ce vrai scandale d’Etat dont Macron est largement responsable, avec des poursuites diligentées opportunément aux USA pour corruption juste au moment où General Electric s’intéressait fortement à la branche énergie d’Alstom : bilan : GE s’empare d’une activité stratégique importante, en particulier pour l’industrie nucléaire. Une mission d’enquête parlementaire de l’ « ancien monde », qui ne travaillait pas si mal que ça a établi que depuis 2008, les lois d’extraterritorialité américaine ont permis de taxer diverses entreprises françaises de 20 milliards de dollars !

L’affaire Alstom a eu un précédent qui aurait dû servir d’avertissement :  Alcatel, condamné à 137 millions de dollars d’amende, pour des faits de corruption, alors que le concurrent américain Lucent, pour des faits analogues, n’a été condamné qu’à une amende de… 2,5 millions de dollars. Fin 2006, Lucent prendra le contrôle d’Alcatel…

Commentaires de la Commission « Actuellement, nous assistons à une volonté manifeste des États-Unis d’utiliser leur droit à des fins politiques, de sécurité et d’influence, mais également à des fins commerciales : c’est une volonté impérialiste. Le droit américain est utilisé pour obtenir des marchés et éliminer des concurrents. Nous devons ne pas être naïfs et prendre conscience de ce qui se passe. Les derniers gouvernements français n’ont pas réagi, mais ils ne sont pas les seuls coupables : les entreprises françaises qui étaient mises en cause dans des affaires de corruption aux États-Unis n’ont rien dit au Gouvernement. En effet, les grands groupes sont dans les mains des cabinets d’avocats américains, qui leur conseillent de ne surtout pas avertir les autorités françaises, et de régler leurs procès discrètement, grâce au mécanisme du plaider coupable ; ces cabinets facturent pour cela des honoraires substantiels. Il est important de prendre en compte l’existence de tels intérêts privés dans notre réflexion. Les États sont éliminés, sauf l’État américain qui, dans la jungle transnationale, a su utiliser son droit de manière extraterritoriale.

On en arrive à des situations d’auto-accusation et à une violation totale et directe de la souveraineté française. Il est scandaleux que des moniteurs soient placés en France, enquêtent en France et transmettent des informations aux États-Unis sans que cela passe par la justice française. Nous ne sommes pas là dans une situation théorique. Il s’agit de mesures d’exécution et je m’étonne qu’il n’y ait pas de magistrats pour réagir à la Chancellerie ».

En effet ! Au niveau européen, c’est plus de 40 milliards de dollars. Et depuis 2008, l’Europe n’a jamais réagi contre ce véritable racket et cette attaque directe contre son industrie et ses banques

Et revoilà le Boycott contre l’Iran !

Les entreprises européennes qui travaillent en Iran ont six mois pour tout arrêter et pour déménager. Faute de quoi, elles encourent un paquet de pénalités très sévères qui peuvent aller jusqu'à être interdites de faire des affaires sur le marché américain ou même de faire du business en dollars. Comme le dollar est la monnaie internationale de paiement, ces entreprises sont complètement prises en otage. Pour la France,  Airbus, Total, Peugeot, Renault, Accor sont sévèrement impactées. 

Total a déjà annoncé qu’il se retirait du champ gazier iranien South Pars 11, l’un des plus prometteurs de ses récents investissements – projets et profits ont été gentiment cédés à la Chine- eh oui, le yuan craint moins que l’euro les représailles américaines… 

Peugeot PSA a pris la décision de suspendre ses livraisons en Iran et tout laisse à penser que Peugeot va se désengager définitivement du marché iranien…alors qu’ en Iran, le groupe français détient près de 30% du marché, ce qui représente 22% des volumes de la marque. Son partenaire Iran Khodro commercialise en effet avec succès des Peugeot 405 et 206, assemblées en Iran à partir de pièces détachées fabriquées sur le site de Vesoul en France. Peugeot quitte l’Iran alors même que ce pays représente son premier débouché pour les véhicules particuliers devant la France (458 000 ventes en Iran contre 441 790 en France en 2011).  La présence de Peugeot en Iran date de 1978 ! 

Airbus doit renoncer à des commandes de compagnies aériennes iraniennes (Iran Air Tour, Zagros Airlines) pour 100 avions au total, dont des A320neo, pour un montant de 20,8 milliards de dollars L'avionneur européen a des usines aux États-Unis, et un nombre important de pièces installées dans ses appareils sont fabriquées sur le sol américain, ce qui soumet automatiquement Airbus aux sanctions américaines…

Face à cela, l’Europe agite un fumeux règlement anti-boycott de 1996, qui n’ a jamais fonctionné et n’a pas empêché des firmes européennes de payer des amendes record pour ne pas avoir respecté, rappelons-le des embargos purement américain et non internationaux ( donc illégaux !) contre l’Iran déjà, Cuba- un dangereux repaire de terroristes- la Lybie…

Ah , et une nouvelle arme secrète- la Banque européenne d’investissement pourrait soutenir financièrement les firmes décidant de rester en Iran. Y a Qu’à croire ! C’est sur Russia Today que j’ai pu lire la réponse de la Banque Européenne : Bien sûr, elle s’engage à soutenir la Politique de la Commission, mais en aucun cas, elle ne saurait encourager les firmes européennes à violer les règles américaines…..

Face à cet impérialisme financier et industriel américain, à ce racket, à ces vols caractérisés qui durent depuis des années, qui peut frapper n’importe qui, pourvu simplement qu’il utilise le dollar, l’Europe a été incapable de rien faire et est toujours incapable de rien faire !
Il y a eu quand même dans ce triste numéro un moment drolatique, la visite de Merkel à Moscou pour demander à Poutine de bien vouloir être un peu indulgent dans cette période difficile en ce qui concerne les mesures de rétorsion russes prises en réponse aux sanctions européennes à propos de la Crimée…

La taxation impossible des GAFA- le fiasco de Sofia

Un certain nombre de firmes internationales, dont les fameux Gafa profitent abusivement et industriellement des possibilités d’optimisation fiscale que leur offre la stupide et mortelle concurrence fiscale à la baisse des états européens. Pour mémoire, Facebook, en France, paie un million d'euros de taxes sur les bénéfices un chiffre d'affaires estimé autour de 700 millions d'euros !  C’est à peine les dépenses d'investissement d'une commune rurale ; cela ne suffit même pas à faire tourner un hôpital public durant une journée. C'est 150 fois moins que le coup de rabot de 5 euros sur les Aides Publiques au logement du gouvernement Macron. 

En impôt européen, Facebook paie à peu près 3% de ses bénéfices, Apple 4%, Google est un poil plus civique avec 11%. D'après Ouest-France, Google et Facebook auraient évité entre 2013 et 2015 de payer 5,4 milliards d'euros au sein de l'UE.

C’est évidemment scandaleux et la France, suivie pour une fois par la Commission Européenne, avait proposé, dans chaque pays,  une taxe sur le chiffre d’affaire des grandes entreprises opérant en Europe – le chiffre d’affaire contrairement aux bénéfices ne  peut faire l’objet des même trafics de transfert. Le principe de cette taxe est de fixer le taux d'imposition sur la base de leur chiffre d'affaires réalisé dans chaque pays, et non plus les bénéfices logés dans des filiales installées dans des Etats à faible fiscalité.

Eh bien raté ! la réunion de Sofia, où cette mesure devait être adoptée s’est soldée par un fiasco intégral. Les pays habituellement bénéficiaires de ces trafics fiscaux (Irlande, Luxembourg). Mais le coup de grâce est venu de l’Allemagne, qui soutenait jusque-là l’initiative…et a fait savoir que compte-tenu de ses exportations industrielles aux USA, il valait mieux éviter de les provoquer en taxant leurs géants numériques.

Même le placide Bruno Le Maire s’est un peu énervé : « L'Europe est-elle capable de se montrer forte ?...Les UA ne comprennent que les rapports de force…Si vous voulez allez jusqu'aux élections européennes l'an prochain avec le message "nous avons beaucoup parlé, beaucoup débattu, mais pris aucune décision" bonne chance !».
Il faut vraiment sortir de cette Europe-là, de cet Eurokom !

Et un autre sujet dont je n’ai pas traité ici : les investissements chinois !




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