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vendredi 26 août 2022

Sea Shepherd se bat contre l’éolien en mer

 


A Saint-Brieuc, à Lorient, la campagne des Vents de la colère est lancée !

A Saint-Brieuc, Sea Shepherd se retrouve aux côtés des pêcheurs pour lutter contre la zone industrielle éolienne : « Nous avons commencé à aborder le sujet de l’éolien, il y a seulement quelques mois. En creusant, on s’est rendu compte qu’on est face à un enjeu majeur. Tel qu’il est conçu en France, il va y avoir un impact catastrophique sur le littoral et la vie marine. Nous faisons les efforts nécessaires dus à l’urgence d’agir. En baie de Saint-Brieuc, c’est maintenant ou jamais. »

« On aimerait un moratoire sur les projets éoliens. Que l’on se pose, qu’on revoie toute la copie, et qu’on exclue d’emblée certains sites de ces projets industriels, comme ici en baie de Saint-Brieuc. »

https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-brieuc-22000/parc-eolien-en-baie-de-saint-brieuc/pour-sea-sheperd-lutter-contre-l-eolien-en-baie-de-saint-brieuc-c-est-maintenant-ou-jamais-952ec532-0015-11ec-89f6-98e781273c08

Et à Lorient, Sea Shepherd a commencé à lutter contre le parc Bretagne Sud, 60 éoliennes de 260 m de haut entre les iles de Groix et Belle Ile, au large de Lorient. D’abord 20 éoliennes sur 50 km² à 15 km de Belle-Île, 20 km de Groix, puis 40 sur 100 km2 plus au large.

« Dans le cadre de la campagne "Les Vents de la Colère" lancée en Aout 2021, nous tiendrons un stand d'information et de sensibilisation du grand public sur les projets industriels d'usines éoliennes en mer et les ambitions françaises en la matière.

https://ms-my.facebook.com/events/1164043134157114

Les vents de la colère ! La campagne de Sea Shepherd contre l’éolien en mer

https://newsletters.seashepherd.fr/images/septembre_2021/PROJET_FRANCAIS_D_USINES_EOLIENNES_EN_MER_-_UNE_BOMBE_A_RETARDEMENT_ECOLOGIQUE.pd 

1) Les raisons d’un engagement : une menace imminente d’une ampleur telle qu’elle hypothèque l’avenir de la vie marine côtière

La France est le deuxième plus grand espace maritime mondial. Seul pays présent sur tous les océans de la planète, elle a en matière de protection de la biodiversité marine une responsabilité planétaire qui devrait l’inciter à être exemplaire

S’estimant en retard dans la course à l’armement éolien maritime, le gouvernement français a accordé à des promoteurs éoliens et des fonds de pension étrangers les plus beaux sites naturels de son littoral et a autorisé des projets d’usines dont l’impact va être colossal, impossible à compenser et irréversible pour la biodiversité marine, première régulatrice du climat, première productrice d’oxygène et premier puits de carbone de la planète. Le sujet des usines éoliennes en mer et plus globalement des EMR est particulièrement complexe et constitue un enjeu majeur pour l’avenir de l’océan.

Sea Shepherd se mobilise tardivement sur le sujet car il n’est pas dans notre champ d’action habituel et nécessite un important investissement humain et financier afin d’en acquérir une maîtrise suffisante et pour lancer en urgence les actions nécessaires en mer, sur le terrain juridique et médiatique. Si notre mobilisation sur ce sujet paraît de prime abord surprenante aux yeux de certains, Sea Shepherd est une ONG de défense de l’océan et face à une menace imminente d’une ampleur telle qu’elle hypothèque l’avenir de la vie marine côtière, notre engagement nous paraît d’une nécessité évidente. Malgré quelques vents contraires et quelques incompréhensions parmi certains de nos sympathisants, nous remplissons ici notre contrat moral avec nos donateurs et nos équipes, mais surtout avec l’océan. Ce dossier qui sera amené à s’étoffer dans le temps a pour but de mieux expliquer les raisons de notre mobilisation.

2) La lutte contre le changement climatique ne peut se faire en sacrifiant la biodiversité

Notons que l’on cherche souvent à comparer la France avec les autres pays d’Europe qui ont déjà développé l’éolien offshore. Mais la France, dont les 3 façades maritimes représentent un enjeu fondamental pour la survie des oiseaux et mammifères marins en Europe, est à la traine et n’a pas pris les mesures mises en place dans d’autres pays, pourtant d’importance moindre pour la biodiversité, afin de s’assurer que ses ambitions énergétiques ne mettent pas en péril les populations marines.

C’est particulièrement inquiétant, car la politique gouvernementale est irresponsable et indigne de notre rang de grande puissance maritime mondiale qui voudrait que nous montrions l’exemple. Nous ne sommes pas à la hauteur des responsabilités qui nous incombent et les conséquences vont être cataclysmiques : elles vont s’étendre bien au-delà de nos frontières et nous devrons en répondre devant les générations futures.

Il est urgent d’établir un moratoire sur tous ces projets mortifères pour leur imposer les limites nécessaires, car la lutte contre le changement climatique ne peut pas se faire au détriment de la protection de la biodiversité. L’opinion publique doit s’emparer de ce dossier avec à sa disposition, des informations complètes et transparentes, seul moyen pour elle de prendre la mesure des enjeux et de se faire un avis éclairé. Ce dossier tente modestement de contribuer à cet objectif;"

3) L’avis du CNPN : le développement des EMR (Energies Marines Renouvelables) a jusqu'ici échoué à intégrer développement économique, transition énergétique et préservation de l'environnement dans une démarche vertueuse

Voir aussi sur ce blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/conseil-national-de-la-protection-de-la.html

 « Les impacts potentiels sur la biodiversité représentés par  le développement de l’éolien offshore en France (…) peuvent être très importants sur la biodiversité marine, en premier lieu sur l’avifaune reproductrice, migratrice et hivernante provenant de l’Europe entière »

« Par facilité technique et financière, tous les parcs français actuellement décidés l’ont été dans la zone des12 miles, entre 10 à 20 km des côtes, alors que la moyenne en Europe est de 41 km. Pour atténuer l’impact sur les oiseaux marins et les chauves-souris, il faut absolument s’éloigner de la zone des 12 miles, sans être trop au large non plus pour ne pas impacter les cétacés.» (autosaisine CNPN,page 46/69)

« La démarche ERC doit être faite en amont alors que la France l’applique in fine lorsqu’on ne peut plus revenir sur le choix de la zone. La transgression de ce principe de non installation de parcs éoliens en zones NATURA 2000 par la France (à notre connaissance il n’y a qu’un seul parc éolien dans une ZPS en Europe, en Allemagne) et d’absence d’étude d’incidence préalable au niveau des macro-zones, contredisent toutes les positions ministérielles antérieures au ministère Ségolène Royal. Trois projets de parcs sont en infraction à ce principe, Dunkerque, Port-Saint Louis du Rhône (face à la Camargue) et le projet d’Oléron. (auto-SaisineduCNPN,p.22)

« On ne peut pas compenser la perte d’habitat causée par la disparition des zones d’alimentation pour les oiseaux locaux (nicheurs ou hivernants) et encore moins pour les migrateurs provenant de l’Europe entière.» (auto-saisine,cnpn page 47)

« La compensation est quasi impossible en milieu marin, sauf à proposer comme actuellement des mesurettes doublonnant des suivis de populations sur terre qui sont d’ailleurs de l’accompagnement et non de la compensation, il faut privilégier le E d’ERC dans le choix des emplacements des macro-zones» (auto-saisineCNPN,page70)

« Contrairement à certains pays européens où la biodiversité est prise en compte en amont dans le choix des localisations de parcs, comme l’Allemagne, ce n’est pas le cas jusqu’à présent en France où ce choix s’est fait en fonction des contraintes socio-économiques ou militaires, la réduction des impacts sur la biodiversité n’est pas la priorité des promoteurs éoliens et ces derniers s’abritent derrière un intérêt public majeur de lutte contre le réchauffement climatique, sans que l’on sache d'ailleurs la contribution réelle de l'éolien en mer à celui-ci, compte tenu de l’intermittence et du nécessaire complément par d’autres sources d’énergie notamment du gaz fortement émetteur de gaz à effet de serre». Auto-SaisineCNPN,page69.

 « Les études d’impact ne sont pas indépendantes car financées, relues et commentées par le développeur éolien lui-même (avant le dépôt auprès de l’Administration). Pour une vraie indépendance, les bureaux d’études devraient plutôt relever d’un service de l’État » (Employée d’un bureau d’études travaillant entre autres pour le secteur éolien)

« À ce  jour, les politiques de réduction de gaz à effet de serre et de protection de la biodiversité semblent se mener indépendamment les unes des autres. C’est la cata, nos décideurs n'entendent rien. On est gouverné par des fous. » (Déclaration de l’un des auteurs du rapport du CNPN à Médiapart)

3) Un très fort risque pour les oiseaux



«Les impacts sur les oiseaux rapportés dans la littérature concernent jusqu’à présent de petites éoliennes de moins de 2 MW de puissance et de moins de 100 ou 150 m de hauteur en bout de pales… Nous n’avons aucune expérience de l’impact des éoliennes de 8 MW en cours de pose en France ni a fortiori des éoliennes monstrueuses de 14 ou 15 GW atteignant 260 m de hauteur voire davantage. » Auto-saisine CNPN, page 36. »

 « L’objectif de la Commission Européenne qui pourrait se traduire par l’équivalent de 34 000 éoliennes offshore en 2050 dont 7100 pour la France semble clairement incompatible avec la survie de nombreuses espèces d’oiseaux marins dont la dynamique de population est liée à un taux de mortalité très faible des adultes.».. .« Une augmentation de 5 % de mortalité est jugée incompatible à terme avec la survie des espèces d’oiseaux marins (Dierschke et al. 2003), voire même 1 % pour les espèces vulnérables ou en déclin » (Auto-saisine CNPN,page 40)

« On ne peut pas compenser la perte d’habitat causée par la disparition des zones d’alimentation pour les oiseaux locaux (nicheurs ou hivernants) et encore moins pour les migrateurs provenant de l’Europe entière.» (auto-saisine,cnpn page 47)




4) Le bruit, une menace négligée : danger imminent pout les dauphins

Eh oui, le milieu sous-marin est un très bon conducteur des ondes sonores, dont certaines peuvent facilement se propager sur des centaines de km.

« La surveillance de l’impact du bruit sous-marin continu généré par les turbines en fonctionnement sont des exemples de domaines (...) dont nous ne pouvons pas encore rendre compte. Les effets à long terme sur les populations de poissons et la manière dont les changements de comportement observés affectent la condition, le succès de la reproduction et la survie des animaux, ne sont pas encore connus.» (auto-saisineCNPN,page34)

Le bruit d'origine anthropique est une menace pour les baleines et les dauphins dont la survie dépend de leur audition. Sont également impactés, les poissons, les crustacés et les calamars. La pollution sonore augmente le stress des cétacés et impacte leurs capacités à : - Communiquer - Se reproduire - Se déplacer - Se nourrir & chasser - Échapper aux prédations

 « Une population sédentaire de grands dauphins, unique, la plus importante d’Europe, proche du chantier de Saint-Brieuc, sans possibilité de fuite, pris entre la côte et des projets EMR qui l’encerclent.»(GECC, GECC (Groupe d’Études des Cétacés du Cotentin)

5) Des dérogations trop facilement accordées

(et ça va pas s’arranger avec le projet de loi d’ accélération des ENR)

« Selon le code de l’environnement, afin d’obtenir une dérogation de destruction d’espèces protégées, trois conditions incontournables sont à respecter : – Le projet doit se fonder une raison impérative d’intérêt public majeur – Il n’existe pas de solution alternative de moindre impact – La dérogation ne nuit pas au maintien de l’état de conservation des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle

Or, par exemple  à Saint t-Brieuc,  la demande de dérogation inclut le Puffin des Baléares, une espèce en danger critique d’extinction. Pourtant, la Directive communautaire et la jurisprudence interdisent le recours à des mesures de compensation pour des espèces en danger critique d’extinction

Et Iberdrola (Ailes Marines ) a obtenu l’appui de la LPO  5ligue de Protection des Oiseaux) ! comme le montre cette lettre publiée sur le site de Sea-Shepherd : 


Conclusion de Sea Shepherd : « Au prétexte de lutter contre le changement climatique, les promoteurs de l’industrie éolienne en mer se voient accorder des passe-droits qui seraient refusés à n’importe quelle autre industrie

Le positionnement de Sea Shepherd dans ce dossier a surpris beaucoup de monde, y compris parmi ses propres sympathisants. L’image vertueuse des usines éoliennes est fortement ancrée dans l’imaginaire collectif et a contrario, l’image catastrophique du nucléaire empêche tout débat rationnel. Le simple fait de soulever des problèmes liés au développement anarchique des éoliennes vous vaut souvent d’être catalogué de « pro nucléaire ». Or, si les dangers du nucléaire sont bien connus, ceux de l’éolien en revanche sont passés sous silence…force est de constater que les grosses associations nationales qui ont les moyens financiers et la visibilité nécessaires pour peser dans le débat et être le porte-voix des alertes scientifiques, sont soit aux abonnés absents soit de fervents défenseurs des projets en cours, aussi destructeurs du vivant soient-ils

« Au prétexte de lutter contre le changement climatique, les promoteurs de l’industrie éolienne en mer se voient accorder des passe-droits qui seraient refusés à n’importe quelle autre industrie. Ils agissent comme un véritable rouleau compresseur autorisé à détruire le littoral et l’État, en les soutenant, se rend coupable d’un écocide. Nous ne gagnerons pas cette course contre la montre pour enrayer le changement climatique si nous sacrifions la biodiversité au passage. Ce qui s’amorce avec les EMR en France est un crime contre la Nature  et contre les générations futures. »

Lamya Essemlali Présidente deSea ShepherdFrance



dimanche 21 août 2022

L’éolien off shore : 3) la pêche- les pêcheurs sacrifiés et exclus de la mer

Résumé : Très actif à Bruxelles, le lobby de l’éolien a prévenu : «  il faut approcher différemment la planification de l’espace maritime ». Pour les pêcheurs déjà confrontés aux parcs éoliens, la signification est claire : ils sont évincés de leurs zones de pêche ; à  cela s’ajoute les effets nocifs des parcs sur la biodiversité, la pollution, les courants. Face à une propagande intense qui va jusqu’à chercher les enfants à l’école et achète les complicités, ils s’organisent avec leurs organisations professionnelles pour obtenir l’interdiction de parcs qui auraient une  incidence majeure sur la pêche.     

1) Le sacrifice des pêcheurs annoncé et revendiqué par le lobby éolien :  il va falloir « approcher différemment la planification de l’espace maritime »

« Pour Wind Europe (lobby des industriels de l’éolien), la France possède l’un des plus forts potentiels de production d’énergie d’origine éolienne marine en Europe. Ce serait l’un des pays les plus sollicités de l’Union européenne, après le Royaume-Uni (80 GW) et les Pays-Bas (60 GW). Dans le schéma présenté par Wind Europe, les côtes françaises fourniraient 57 GW : 40 GW, soit près de la moitié de la capacité envisagée dans l’océan Atlantique et la Manche et 17 GW au large des côtes méditerranéennes.

NB : cela représenterait environ 115 parcs de la taille de celui de la baie de Saint-Brieuc. Commentaire de Vent Libre (@Fragren36) : Il ne resterait rien de ce pays et de ses littoraux.

Dans son étude de novembre 2019,  WindEurope précisait que « l’espace maritime capable d’accueillir des éoliennes offshore est trop petit. On ne pourrait installer que 112 GW quand il faudrait 450 GW…Nous allons devoir approcher différemment la planification de l’espace maritime. Les zones aquatiques doivent pouvoir faire l’objet d’usages multiples…Pour faciliter le développement des parcs offshore, la Commission Européenne va donc devoir résoudre ce problème en priorité. »

Giles Dickson, le président de WindEurope, https://lenergeek.com/2020/07/23/lue-accelere-sur-lenergie-offshore/

Autrement dit, poussez-vous que je m’y mette !

2) Témoignages de pêcheurs devant la Commission Aubert (Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique)

M. Julien Trehorel, Saint-Brieuc :  « Ce parc éolien a été mis en place en plein milieu de la baie de Saint-Brieuc où 290 bateaux travaillent. Cela représente 236 licences de coquilles Saint-Jacques. La baie de Saint-Brieuc est la plus grande baie de France où se reproduisent naturellement les coquilles Saint-Jacques. Nous avons également énormément d’activités autour du bulot, des araignées et du homard.

Lorsque ce parc a été installé à cet endroit-là, ils n’ont pas pensé aux conflits d’usage. C’est de l’éolien posé. Aujourd’hui, on n’a pas de place. On ne peut pas aller ailleurs car la baie de Saint-Brieuc est entièrement exploitée, que ce soit au filet, au chalut ou au casier »

« On se dit que tout ce travail que nous faisons depuis des années, tout ce chiffre d’affaires qu’on remet à l’eau pour pouvoir mieux l’exploiter l’année suivante va nous être enlevé comme cela, d’un claquement de doigts »

Sylvain Gallais, Noirmoutiers . « Je suis patron pêcheur au port de L’Herbaudière sur l’île de Noirmoutier. Dans la zone où j’exerce mon activité, il est prévu deux projets éoliens plantés de 80 machines pour le projet de Saint-Nazaire et 62 machines pour le projet de Noirmoutier-Yeu.  Je représente les pêcheurs de Noirmoutier-Yeu c’est-à-dire environ 100 bateaux et 200 marins pêcheurs.

Selon la direction interrégionale de la mer (DIRM) Nord Atlantique Manche Ouest, un emploi en mer génère trois emplois à terre…..

La pêche, sur nos îles, c’est un métier qui se transmet de père en fils depuis des générations. Il n’y a pas une famille de la région qui n’ait pas de pêcheurs : c’est l’histoire de nos îles, son patrimoine, notre Notre-Dame à nous. Ce sont les ports de pêche, les petites maisons de pêcheurs, les produits frais de la pêche consommés sur place qui font venir les touristes, qui risquent de partir avec nous si ces projets voient le jour. Aujourd’hui nos zones de pêche diminuent toujours un peu plus, laissant place à l’industrialisation de la mer. Nous sommes aussi de plus en plus à partager un même espace de pêche. Nos zones de pêche se réduisent comme peau de chagrin avec la taille de nos bateaux et les quotas. Il n’est pas possible de les remplacer par des zones plus au large ou ailleurs…Nous avons exprimé notre opposition au projet dans une motion adressée en janvier 2018 à Nicolas Hulot, au député et sénateur de Vendée ainsi qu’à tous les élus locaux. 152 travailleurs de la mer l’ont signée dont – à une exception près – tous les patrons pêcheurs de Noirmoutier. La population nous a suivis lors de l’enquête publique sur le projet Noirmoutier-Yeu. Elle a recueilli 80 % d’avis défavorables. Pourtant, jusqu’à maintenant, nous ne sommes pas entendus. »

Philippe Gendreau, Saint-Gilles-Croix-de-Vie : « Nous sommes des vieux acteurs de la conserve de poisson, depuis 1903, depuis quatre générations, et nous employons à la conserverie Gendreau 300 salariés dont 150 travaillent uniquement la sardine. Saint-Gilles-Croix-de-Vie est l’un des tout premiers ports sardiniers français : 3 000 tonnes sont pêchées par an. C’est aussi un port sardinier qui a été inscrit en tant que site remarquable du goût pour la sardine en 1998 et qui est depuis 2018 inscrit au Patrimoine culturel immatériel de la France. La sardine, est un véritable emblème de la ville de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

La pêche à la sardine se pratique par des chalutiers pélagiques de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Nous sommes directement impactés par ce projet de centrale éolienne car il intervient au milieu de la zone de pêche. Ce projet va également entraîner de graves perturbations au niveau de l’écosystème marin en raison des travaux. Les marins pêcheurs de Saint-Gilles estiment qu’à peu près 30 % des apports viennent de cette zone de 100 kilomètres carrés. Pour nous cela représente la menace de perdre 30 % d’approvisionnement et une baisse de notre activité de transformation qui impacterait nos 150 salariés »

M. Emmanuel Maquet, Le Tréport   : Il y a un mois, nous recevions ici Jean-Louis Bal le président du Syndicat des énergies renouvelables, qui nous déclarait que le projet du Tréport est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Je crois que c’est bien l’illustration de l’aberration de ce projet. Je l’ai vécu de l’intérieur puisque j’étais à l’époque élu local au département et dans ma commune de Mers-les-Bains située face au parc. Ce projet se situe dans le périmètre du parc naturel marin situé entre les estuaires de la plaine de Picardie et de la côte d’Opale. Il s’agit d’une zone extrêmement riche en termes de biodiversité et un plan de gestion ambitieux  a été mis en place pour la sauvegarder. Puis, on a nous a retiré le droit de veto pour le confier à l’Agence française pour la biodiversité (AFB) qui a validé ce parc alors que nous avions émis un avis défavorable. Cela a généré une crise de gouvernance puisque nous avons tous démissionné du parc marin à cette occasion-là.

C’est à la fois une zone riche en biodiversité dont l’État s’est contrefichu et une zone de pêche

Olivier Becquet, le Tréport : « En mars 2017, nous avons ainsi visité le parc de Thannet sur proposition de l’Institut maritime de prévention (IMP) et nous étions une dizaine de pêcheurs. Nous sommes revenus en pleurant : le port de pêche s’est vidé, il n’y a plus que du fileyeur, nous n’avons vu aucun bateau de pêche en activité… Il n’y a plus de filière, plus de criée, plus de jeunes qui entrent dans ce métier. Il ne reste qu’un chalutier qui pêche à la côte des petits naissains de moules, qui sont revendus pour les bouchots. Les éoliennes qui ont été plantées dans un fond accidenté avec une granulométrie variée ont créé une dépression sur la zone de Thannet. Avec une telle turbidité, les espèces ne se reproduisent plus. Les fonds sont devenus plats »

« On trouve aberrant que des consortiums se rendent dans les écoles, pour voir les enfants, sur le temps des cours, pour faire la promotion de l’éolien. Une élève nous a rapporté que les questions étaient interdites et qu’il s’agissait d’un monologue.

Mme Marjolaine Meynier-Millefert, rapporteure. De quel niveau de classe s’agissait-il ?

M. Olivier Becquet. C’est une élève de 15 ans, donc au collège. Mais dans l’Éducation nationale, on ne fait pas de cours sur la pêche. La pêche, c’est aussi une activité et là, on distribue des petites éoliennes aux enfants. Sur la façon de procéder des consortiums, on constate que plusieurs milliers d’euros sont distribués à l’école de voile du Tréport qui dispose d’un stand dédié aux éoliennes. C’est un peu fort de café ! Ces gens-là ont des moyens colossaux pour faire leur promotion qu’ils nous font peut-être payer avec la facture de la contribution au service public de l’électricité (CSPE). »

Philippe Gendreau. Le consortium EMYN, qui est actif sur le projet de Noirmoutier, a financé le Vendée Globe en 2016 pour une somme de 500 000 euros. La force des lobbies nous a conduits à être censurés par le journal Ouest-France. »

https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/cetransene/l15cetransene1819047_compte-rendu

Jean Porcher et Émile Éouzan, armateurs, Saint-Brieuc :  « Ces éoliennes, on n’en veut pas. C’est tout ! C’est une aberration écologique, proche de la zone Natura 2000, sous le Cap Fréhel. Ça fait 60 ans que la baie est protégée. Ça fait 60 ans que les pêcheurs font leur part, entre les quotas et les zones à respecter. Pour exemple, au Sud-Ouest immédiat des travaux prévus, on a 250 tonnes de raies brunes qu’on n’a pas le droit de toucher. On n’y touche pas !...Ce parc, entre les emplois en mer et ceux qui travaillent à terre, ça va toucher 1 800 personnes. Dont la moitié va rester sur le carreau. Parce qu’on ne pourra plus y pêcher. C’est une petite baie et on l’a vu quand il y a eu les essais de forage : les bateaux rentraient à vide. La ressource s’était enfouie plus profondément qu’à l’habitude. Ou était partie. On ne sait pas. Mais ce qu’on sait, c’est que quand les nuisances sonores et les vibrations se sont arrêtées, tout est rapidement rentré dans l’ordre… »

https://www.letelegramme.fr/bretagne/baie-de-saint-brieuc-deux-armateurs-vent-debout-contre-le-parc-eolien-17-11-2020-12658182.php

4) Colloque au Parlement Européen, « Les pêcheries et l’éolien en mer peuvent-ils coexister ? » (22 janvier 2020) : « Il faut comprendre que nous sommes chassés de la mer »

Témoignages de pêcheurs confrontés aux zones industrielles éoliennes :

Job Shot, président d’EMK ( Hollande)  : « Des éoliennes néerlandaises, allemandes et britanniques nous chassent du sud de la mer du Nord. (…) Ils prétendent que la zone autour des éoliennes crée une sorte de paradis de la biodiversité. C'est exactement le contraire. Ce sont des zones mortes…

Avec ce qui est construit ou décidé en Mer du Nord, 25% des zones traditionnelles de pêches sont déjà occupées…Il faut comprendre que nous sommes chassés de la mer. Il ne nous reste presque rien au sud de la mer du Nord. Ce sont des espaces où nous avons toujours pêché de génération en génération. Pendant combien de temps encore pourrons-nous déguster du poisson frais dans notre assiette ? »

Jaap, Stellendam (Hollande) : « Nous sommes en train de nous faire exclure de la mer. Le domaine dans lequel nous pouvons travailler devient de plus en plus petit. Nous pouvons tous voir ce qu'il advient du poisson lorsque les éoliennes sont en place ; »

Steve, Ramsgate (Angleterre) « Pour une raison quelconque, je ne sais pas ce que c'est, mais il n’y a pas de poissons dans le parc éolien. Cette zone est pratiquement stérile. (…) La région était autrefois un lieu de pêche privilégié. »

Avis d’experts :

Luca van Duren, Deltares : Il existe un « effet Chaine » dans les perturbations, et ce n’est pas du tout la même chose d’avoir une éolienne isolée ou d’immenses parcs à proximité les uns des autres : « Le développement de l’éolien à grande échelle impose de comprendre les effets des changements dans la physique des écosystèmes. Les turbulences importantes produites par les éoliennes entraînent des changements de vent provoquant des modifications dans la vitesse et la direction des vagues. Dans les parcs éoliens allemands, on observe une diminution de la stratification de la colonne d’eau et une augmentation de la turbidité entraînant une diminution de la production d'algues etc. Il est indispensable de développer des programmes internationaux pour réduire les incertitudes de ces effets à long terme. »

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Thierry Ruellet , GEMEL, Chercheur en écologie littorale et biodiversité marine : « Remaniement des fonds, panaches turbides, anodes sacrificielles, champs électromagnétiques créés par les câbles, autant d’impacts et d’effets sur les poissons, les mammifères marins, les invertébrés qui demandent à être documentés… L’impact des anodes superficielles notamment est largement ignoré (valeur typique : 39 tonnes de métaux divers dissous par an pour un parc de 60 éoliennes) »

“L’effet récif avancé par les opérateurs, il n’est pas toujours vérifié. Par contre, la constante toujours vérifiée, c’est une raréfaction grave de la ressource autour des sites éoliens et une baisse drastique des flottes de pêche cf. exemple de Ramsgate (UK)…Le seul point malheureusement déjà documenté au vu de l’expérience, c’est l’ingérence de l’éolien offshore dans l’espace économique et la diminution de la ressource. A quoi s’ajoute le constat que même les solutions techniques amoindrissantes (ex, les rideaux de bulles) sont insuffisantes.»

 5) Les pêcheries et l’éolien en mer peuvent-ils coexister ?, https://pecheursartisans.com/2020/01/

Parlement Européen, Commission pêche : Projet de rapport sur les effets des parcs éoliens en mer et des autres systèmes d’énergie renouvelable sur le secteur de la pêche

« La Commission pêche du Parlement européen fait remarquer que les études empiriques récentes ne comportent pas d’évaluations des effets économiques et socioculturels des énergies renouvelables en mer sur la pêche, et, en l’absence de données fiables, appelle au principe de précaution quant à la construction de parc éoliens offshore. »

La Commission :

- S’inquiète de l’impact négatif à long terme des éoliennes en mer sur les écosystèmes, les stocks de poissons et la biodiversité, et par conséquent sur l’ensemble des pêcheries, et ce tout au long du cycle de vie des éoliennes, de leur construction jusqu’à leur déclassement, en passant par leur exploitation;

- Souligne que le déploiement à grande échelle de parcs éoliens en mer risque de nuire au fonctionnement physique des bassins maritimes, en particulier des courants marins et aériens, ce qui pourrait contribuer au mélange des couches de la colonne d’eau, et, par conséquent, influer sur le cycle des nutriments, la génération des vagues, les amplitudes des marées et le charriage des sédiments sur le fond, tandis que les infrasons produits par la rotation des pales pourraient chasser les poissons des parcs éoliens, et que les champs électromagnétiques des câbles sous-marins, ainsi que le bruit produit par le battage des pieux, risquent de perturber gravement la vie marine;

- Affirme que les parcs éoliens peuvent avoir une incidence sur les pêcheries car ils modifient la répartition spatiale et l’abondance des espèces marines pêchées à des fins commerciales, peuvent être fermés pour des raisons de sécurité ou imposent une modification de l’activité ou de la méthode de pêche, par exemple le passage d’une pêche active à passive;

- Souligne que les pêcheries artisanales seront particulièrement touchées par les déplacements de poissons, car elles ne sont pas toujours en mesure de se rendre dans d’autres zones de pêche plus éloignées ou de modifier leur méthode de pêche;

- Souligne que l’assurance des navires de pêche opérant dans des parcs éoliens est très problématique en raison des niveaux d’indemnisation insuffisants offerts par les polices d’assurance des navires;

Est soucieux du fait que les pêcheurs ont tendance à éviter de pêcher dans les parcs éoliens, même s’ils y ont accès, car ils craignent les dégâts accidentels, les accrochages et la perte de matériel de pêche, et que, par conséquent, la crainte d’une exposition potentielle à des poursuites est une source de préoccupation qui entrave la coexistence;

- Souligne qu’à l’heure actuelle, les activités de pêche (active ou passive) dans les parcs éoliens sont restreintes ou interdites dans la plupart des États membres;

- Insiste sur le fait que toute restriction d’accès aux zones de pêche traditionnelles a des répercussions directes sur les moyens de subsistance des pêcheurs de l’Union et les emplois connexes à terre, et que l’approvisionnement responsable et durable en denrées alimentaires et la sécurité alimentaire s’en trouvent compromis;

- Met en exergue que l’analyse des chevauchements entre les énergies renouvelables en mer et les pêcheries laisse présager une forte hausse des conflits spécifiques potentiels dans les eaux européennes dans les années à venir;

- Fait remarquer que les études empiriques récentes ne comportent pas d’évaluations des effets économiques et socioculturels des énergies renouvelables en mer sur les pêcheries; invite dès lors instamment la Commission à poursuivre ses recherches au-delà des incidences environnementales afin d’évaluer les éventuelles répercussions économiques et sociales négatives des investissements dans les parcs éoliens sur les pêcheries;

- Souligne que des programmes de surveillance normalisés et une harmonisation des données relatives à l’effort de pêche s’imposent pour évaluer l’incidence écologique, socio-économique et environnementale cumulée de l’exploitation croissante des énergies renouvelables en mer, et insiste pour que les données soient davantage compatibles et comparables;

- Souligne que les parcs éoliens en mer ne devraient être construits qu’en l’absence d’incidences négatives sur les plans environnemental et écologique ainsi que sur les plans économique et socioculturel, conformément aux objectifs de l’économie bleue et du pacte vert pour l’Europe;

- Invite la Commission à réaliser une analyse d’impact portant sur les incidences économiques, sociales et environnementales attendues de la construction de parcs éoliens en mer, dans les zones où ceux-ci sont susceptibles d’entrer en conflit avec le secteur de la pêche et d’avoir des répercussions sur la pérennité de la vie marine;

- Insiste sur le fait que le principe de précaution, prévu à l’article 191, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, doit s’appliquer si des décisions doivent être prises avant que les connaissances ou les informations requises ne soient disponibles;4

- Souligne qu’il pourrait être nécessaire de légiférer davantage au niveau de l’Union si les États membres n’intègrent pas équitablement les pêcheries dans leur planification de l’espace maritime;

https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/PECH-PR-681090_FR.pdf

6) L’effet récif

Les structures immergées représentent un effet « récif », souvent mis en avant par les porteurs de projet, voire de concentration de poissons mais qui sont également des tremplins « relais spatialisés » pour le développement d’espèces exotiques invasives

L’effet « récif « a été mis en avant en Mer du Nord,  relativement à la colonisation des structures immergées par des organismes filtreurs, qui attirent d’autres espèces en créant un milieu propre aux substrats durs. Mais la diversité baisse après une première phase d’installation, en raison de la compétition d’espèces invasives… L’effet récif ne peut pas être généralisé à des fonds marins rocheux. Ses effets sur les poissons, crustacés et mollusques peuvent être positifs en milieux sableux mais difficile à distinguer de l’effet réserve engendré simultanément par l’arrêt des prélèvements par la pêche. De plus, cet effet « réserve naturelle » est annulé par une pêche plus intensive autour des parcs ou contrainte de se reporter dans des zones sub-optimales auparavant peu utilisées

Le CNPN souligne d’ailleurs, dans un contexte de multiplication des déploiements de structures et de parcs éoliens,  les effets délétères que pourraient générer la prolifération et l’extension d’espèces invasives du fait de la modification de la connectivité dans ces écosystèmes. Des espèces autochtones peuvent aussi disparaître de champs éoliens (ex la Petite vive Echiichthys vipera sur les parcs belges

http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn_eolien_offshore_france_du_06_juillet_2021.pdf

samedi 20 août 2022

L’éolien off shore : 2) les effets environnementaux : atteintes aux paysages marins et à la biodiversité, les littoraux transformés en zones industrielles, 50 ans de protection du littoral jetés en pâture aux requins des ENR

Résumé : Les avis très critiques de la CSSPP, de la CNPN et de Sea Shepherd sur les effets nocifs d’un développement massif de l’éolien off shore sur la préservation des paysages et de la biodiversité. Comment les débats sont nourris par les promoteurs de simulacres d’études d’insertion dans les paysages et des désillusions et de la colère qui s’ensuit lorsqu’apparaissent en plein champs des éoliennes censées rester invisible. « Transformer la mer côtière en zone industrielle est tout bonnement insensé »

1) Commission Supérieure des Sites, Perspectives et Paysages : le développement des projets éoliens offshore est disproportionné eu égard aux enjeux de préservation du patrimoine naturel et paysager

« La Commission supérieure des sites, perspectives et paysages s’inquiète du développement des projets éoliens offshore tels que proposés par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, et du potentiel jusqu’à 57 GW suite aux propositions de la Commission Européenne pour 2050, qu’elle juge disproportionnés eu égard aux enjeux de préservation du patrimoine naturel et paysager….

La Commission estime que la transition énergétique ne doit pas conduire à porter gravement atteinte au littoral français dont la valeur paysagère, artistique, mémorielle et touristique est au premier plan en Europe, sous peine de remettre en cause plus d’un siècle d’efforts constants de protection du littoral par l’Etat…

La Commission estime que les paysages littoraux se caractérisent par un rapport unique entre un trait de côte fini et un horizon marin infini, une harmonie du mariage entre la terre et la mer. En s’imposant entre les deux, les éoliennes en mer modifient radicalement la nature et la valeur de ces paysages maritimes, jusqu’alors non industrialisés. Visibles depuis la côte, nos eaux territoriales participent pleinement à la qualité de nos paysages terrestres côtiers. Les paysages marins et leur littoral, peints par les plus grands artistes tels Monet, Maufra, Moret, Gauguin, Turner, ont une valeur artistique, touristique et mémorielle inestimable…

La Commission considère que le développement de l’éolien en mer a un impact important sur le paysage, en raison de la taille des éoliennes, de leur mouvement et de l’absence d’écrans végétaux ou de reliefs contrairement aux paysages terrestres, qui les rendent visibles parfois jusqu’à 70 km… L’ensemble de ces éléments, le clignotement des éoliennes et, dans certains cas, les effets de reflets sur l’eau, peuvent entrainer une pollution visuelle et lumineuse, notamment nocturne. »

https://www.sitesetmonuments.org/Avis-du-16-juin-2021-de-la-Commission-superieure-des-sites-perspectives-et-paysages-CSSPP-sur-l-eolien-en-mer

2) Académie des sciences, Académie des Beaux-Arts, Académie des Sciences Morales et Politiques : des simulacres d’intégration plastique

« Pour obtenir le permis de construire, les entreprises responsables de l'implantation des éoliennes terrestres et littorales sur une commune sont pourtant tenues de présenter une étude paysagère. Cette dernière n'est qu'un simulacre d'intégration plastique. Par conséquent, il n'est pas étonnant que se développe, chez les populations concernées, le sentiment de vivre dans un territoire sacrifié par une politique autoritaire dont le ressort leur apparaît avant tout idéologique. L'apparition de nombreuses associations de défense du paysage et l'intensité des débats en leur sein témoignent de cette résistance grandissante à l'implantation des éoliennes »

« L'implantation des éoliennes suppose un sacrifice considérable et généralisé à toute la population. Au vu des conséquences, la décision de leur implantation est d’une responsabilité énorme et ne peut être prise qu’avec la certitude absolue de son bien-fondé. Face au sacrifice consenti ce serait une faute impardonnable de la part de nos décideurs que de nous obliger dans quelques années à assister partout en France aux spectacles désolant de champs d’éoliennes abandonnés parce qu’inutiles ou non rentables. Tel risque d'être le paysage que nous laisserons aux générations futures. »

https://www.academie-sciences.fr/fr/Rapports-ouvrages-avis-et-recommandations-de-l-Academie/quelle-place-pour-les-eoliennes-dans-le-mix-energetique-francais.html#:~:text=La%20France%20produit%20une%20%C3%A9lectricit%C3%A9,et%20le%20photovolta%C3%AFque%20(2%25).

De nombreuses associations ont appris à se méfier et travaillent sur cette question des « simulacres » d’intégration plastique, soit des photomontages trafiqués de manière à minimiser l’empreinte des éoliennes. Ainsi, l’association Les Gardiens du Large a fait un travail remarquable sur  les côtes de Belle-Île, Quiberon et Groix qui peut être retrouvé sur le site des Gardiens du Large (https://www.gardiensdularge.org/page-vierge)


Mais lorsque les gens ont été trompés, et qu’ils le découvrent, c’est trop tard !

Des éoliennes à 20km des côtes, on les voit… et c’est trop tard

La construction du parc de dit de Saint-Nazaire a constitué de ce point de vue un électrochoc pédagogique. Le parc  dit de Saint-Nazaire » (mais en fait plus proche du Croisic et de Hoëdic que de Saint Nazaire !) comprendra 80 éoliennes hautes de 180 m, entre 12 et 20 km des côtes du Morbihan. La zone occupée (accès interdit) correspond en gros à la surface de Belle-Île. Pour mémoire, le point culminant de Belle-Île s'élève à 70 mètres !


Le 26 juillet, alors que les trois quarts des éoliennes étaient en place,  L’Echo de la Presqu’île et de Saint- Nazaire titrait : Eoliennes en Mer, le choc visuel !



Les déclarations des maires interrogés témoignaient d’une sorte de sidération et d’indignation :


Michelle Quellard, maire du Croisic: « Notre côte n’a plus rien de sauvage...La vue que l’on en a a bien changé… L’horizon face mer est "obstrué" par un site de 78 km2, alors que Le Croisic ne représente un territoire que de 4,5 km2 et celui du Pouliguen de 22 km2. Marie-Catherine Lehuede, maire de Batz-sur-Mer: « Il y a un sujet qui me met en colère, celui du parc éolien... Les éoliennes qui ne devaient être à peine perceptibles sont aujourd’hui trop visibles de la côte. En tant que citoyens batziens, nous sommes tristes de voir la ligne d’horizon dénaturée sur l’ensemble de notre littorale »

Jean-Claude Pelleteur, maire de Pornichet: « À l’époque, on m’a toujours dit qu’elles seraient de la taille d’une allumette. Il y a un phénomène qui est dingue : comme pour le phare de la Banche, il y a des jours où on ne les voit pas même quand il fait beau et d’autres jours, on a l’impression qu’elles sont juste en face de nous »

Lorsque la tromperie a été érigée en système et appuyée par le autorités officielles, il sera vain ensuite de déplorer la colère qu’elle aura engendré !

 

3) Commission Nationale de Protection de la Nature : L’adéquation des objectifs éoliens offshore avec l’objectif de zéro perte nette de biodiversité  paraît difficile voire impossible à atteindre

«  La CNPN s’est interrogée  sur les conséquences sur la biodiversité et les paysages que pourrait représenter le fort développement de l’énergie offshore souhaité par la Commission Européenne dans sa Stratégie de l’Union Européenne sur les énergies renouvelables en mer annoncée le 19 novembre 2020. En effet, son objectif vise à multiplier considérablement l’énergie offshore dans la Communauté Européenne d’ici 2050 pour atteindre 300 GW en éolien (contre 12 GW actuellement) et 40 GW d’énergie océanique (ex. marémotrices, houle), soit une multiplication par cinq du parc éolien offshore européen actuel d’ici 2030 et par 25 d’ici 2050.

Ces projections vont bien au-delà de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) française révisée le 21 avril 2020. Celle-ci n’envisageait d’ici 2028 qu’environ 15 GW, soit au moins une trentaine de parcs éoliens offshore équivalant à celui de St-Brieuc..

L’adéquation des objectifs éoliens offshore avec l’objectif de zéro perte nette de biodiversité inscrit aux articles L. 110- 1 et L. 163-1 du code de l’environnement paraît difficile voire impossible à atteindre au regard de la connaissance actuelle des incidences et surtout des moyens techniques d’expertise et de pilotage permettant d’y remédier efficacement, ainsi que l’objectif de préservation du paysage marin. »

Les impacts potentiels sur la biodiversité représentés par le développement de l’éolien offshore en France, tel que prévu par la PPE de 2020 (révisable en 2023) et de l’objectif fixé par la C.E. en 2020 pour l’horizon 2030 et 2050 pouvant aller jusqu’à 57 GW ou 62 GW, peuvent être très importants sur la biodiversité marine, en premier lieu sur l’avifaune reproductrice, migratrice et hivernante provenant de l’Europe entière ainsi que les chauves-souris migratrices ou locales par mortalité ou perte d’habitat (par évitement des parcs), sur les mammifères marins par perte partielle d’habitats, et sur les habitats marins et espèces les composant, notamment les poissons, crustacés et mollusques par modifications physiques, hydrologiques et chimiques… Nos connaissances des impacts potentiels restent très partielles et un volet d’études important est nécessaire pour mieux appréhender les particularités des trois façades maritimes françaises… 

La description et l’évaluation de la démarche administrative de planification de l’éolien offshore jusqu’ici conduite en France… ont privilégié les activités socio-économiques sans prendre réellement en compte la biodiversité, pourtant prioritaire au titre des Directives Oiseaux et Habitats, et de la Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du 8 août 2016 renforçant la démarche « Eviter, Réduire, Compenser » (ERC) dans l’objectif, notamment, de zéro perte de biodiversité, que le CNPN est tenu d’apprécier dans ses avis sur les dossiers d’aménagement qui lui sont soumis….

Le  développement des EMR (Energies Marines Renouvelables) a jusqu'ici échoué à intégrer développement économique, transition énergétique et préservation de l'environnement dans une démarche vertueuse

 Contrairement à certains pays européens où la biodiversité est prise en compte en amont dans le choix des localisations de parcs, comme l’Allemagne, ce n’est pas le cas jusqu’à présent en France où ce choix s’est fait en fonction des contraintes socio-économiques ou militaires, la démarche ERC (Eviter, Réduire, Compenser)  ne s’effectuant que trop tardivement lors des études d’impacts et de demande de dérogations espèces protégées intervenant in fine par les porteurs de projets éoliens privés. La possibilité de trouver les zones les moins impactantes se trouve fortement réduite au sein des macro-zones qui leur sont imposées, et la réduction des impacts sur la biodiversité n’est pas leur priorité. »

http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn_eolien_offshore_france_du_06_juillet_2021.pdf

4) Le caractère tardif et quelque peu subsidiaire des études de biodiversité a notamment été bien mis en évidence lors du débat  EOS  (Eoliennes Flottantes en Méditerranée) :

« La  Camargue est un haut lieu à la fois de l’hivernage, de la reproduction et de la migration des oiseaux .  Conscient de la fragilité des données à sa disposition, l’État a initié en 2021 un programme de recherche baptisé MIGRALION, dont l’objectif est la « caractérisation de l’utilisation du golfe du Lion par les migrateurs terrestres et l’avifaune marine. »

Ce programme est porté par l’Office Français de la Biodiversité et dix partenaires scientifiques et industriels. Un seul problème : les résultats sont attendus en 2024-2025, et le choix de la localisation doit avoir lieu en 2023, le gouvernement ayant refusé toute idée de moratoire pourtant nettement plébiscitée par le  débat.

https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-CR-2021_bd.pdf

S’il fallait une preuve supplémentaire de la prise en compte de plus en plus légère de la biodiversité, on pourra le trouver dans l’article 24 des  recommandations de la Commission Européenne relatives à l’accélération des procédures d’octroi de permis pour les projets dans le domaine des énergies renouvelables. La rédaction particulièrement alambiquée laisse peu de doute : tant pis pour les dégâts sur des espèces protégées, on compense autant que possible

« Les États membres devraient veiller à ce que la mise à mort ou la perturbation d’espèces données d’oiseaux sauvages et d’espèces protégées au titre de la directive 92/43/CEE du Conseil 12  ne fasse pas obstacle au développement de projets dans le domaine des énergies renouvelables, en exigeant que ces projets intègrent, le cas échéant, des mesures d’atténuation visant à prévenir efficacement et autant que possible la mise à mort ou la perturbation, en assurant le suivi de leur efficacité et, à la lumière des informations obtenues dans le cadre du suivi, en prenant les mesures supplémentaires qui s’imposent pour éviter toute incidence négative significative sur la population des espèces concernées. »

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=PI_COM:C(2022)3219&from=EN

5) Le cas des Zones Natura 2000 : une exception française !

« Si NATURA 2000 n’interdit pas les éoliennes et autres utilisations d’énergies renouvelables par principe, comme aucune activité socio-économique au demeurant, l’examen au cas par cas des projets d’éoliennes dans les zones NATURA 2000 doit prouver qu’elles n’ont pas d’effets contraires au principe de protection de la biodiversité qui a justifié leur classement…

La transgression de ce principe de non installation de parcs éoliens en zones NATURA 2000 par la France (à notre connaissance il n’y a qu’un seul parc éolien dans une ZPS en Europe, en Allemagne) et d’absence d’étude d’incidence préalable au niveau des macro-zones, contredisent toutes les positions ministérielles antérieures au ministère Ségolène Royal. Trois projets de parcs sont en infraction à ce principe, Dunkerque, Port-Saint Louis du Rhône (face à la Camargue) et le projet d’Oléron »

http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn_eolien_offshore_france_du_06_juillet_2021.pdf

6) Méconnaissance des effets environnementaux des grands parcs éoliens, en particulier off shore

Effets sur les courants, les vents, la composition des eaux et le climat

« Il est nécessaire d’élaborer des programmes de grande ampleur, faisant appel aux nouvelles méthodes de suivi des déplacements des animaux aériens comme marins afin de mieux comprendre l’impact possible des parcs éoliens, en fonction de leur localisation, de leur envergure et des conditions environnementales. Une attention particulière devra être apportée aux modifications des courants marins et des mouvements d’air générées par l’implantation de parcs éoliens de grande envergure….

La modification de la force des vents en aval des éoliennes peut avoir des effets insoupçonnés sur les équilibres atmosphériques (en induisant des sécheresse locales) ou des modifications des courants marins sur plusieurs dizaines de kilomètres. »

https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/22_02_24_eoliennes.pdf

« D’ores et déjà, la production d’énergie renouvelable en mer du Nord a des impacts substantiels sur les conditions atmosphériques locales , et ces effets continueront d’augmenter à l’avenir. Les données indiquent que les parcs offshore peuvent avoir un impact sur les animaux marins et peuvent soulever des préoccupations environnementales et climatiques. Étant donné que l’énergie éolienne est l’un des principaux facteurs modulant la productivité et la structure de l’écosystème, les parcs éoliens ont le potentiel de devenir des facteurs écosystémiques dominants et doivent être pris en compte pour la gestion de l’écosystème et l’évaluation des pêches….En outre, les sillages atmosphériques peuvent induire des réponses océaniques en modifiant la rugosité de la surface de la mer, la stabilité atmosphérique et les flux de chaleur, et ont donc un potentiel d’impact sur  le climat local qui nécessite des recherches  plus approfondies »

Accelerating deployment of offshore wind energy alter wind climate and reduce future power generation potentials, Helmholtz-Zentrum Hereon

https://www.nature.com/articles/s41598-021-91283-3, Naveed Akhtar et al. 

« Un trop grand nombre de turbines placées trop près les unes des autres peut perturber de manière importante la marche naturelle du vent en l'affaiblissant de manière très sensible. Cet effet de freinage pourrait se faire ressentir jusqu'à 35 ou 40 kilomètres autour d'une ferme éolienne offshore –voire jusqu'à 100 kilomètres dans certaines configurations. »

(https://www.sciencedaily.com/releases/2021/06/210603171247.htm) 

Norcowe (Norwegian Centre for Offshore Wind Energy)  s’est particulièrement intéressé à l’effet de sillage dans les parcs éoliens offshore et la disposition des machines en mer. Selon l’étude menée par Unicomputing, les méga parcs éoliens auraient la même influence sur l’environnement et la trajectoire des vents que de petites montagnes. »

https://www.energiesdelamer.eu/2011/10/24/49norcowe-incidence-atmospherique-des-mega-parcs-eoliens-en-mer/

Effets électromagnétiques : 

« Les interférences électromagnétiques et l’augmentation de la température des parcs éoliens offshore  dépendent d’un réseau intensif de câbles électriques pour transférer l’énergie entre les appareils, aux transformateurs et au continent. Les champs électromagnétiques (CEM) qui en résulteront seront d’une intensité similaire à celle de la Terre à proximité des câbles, et pourraient donc affecter des espèces magnétosensibles telles que les poissons osseux, les élasmobranches, les mammifères marins et les tortues de mer ;

Les CEM (champs électromagnétiques) pourraient également affecter les animaux qui utilisent des indices géomagnétiques pendant la migration.  Par exemple, on a vu des anguilles réagir aux CEM en se détournant de leur route de migration . Les élasmobranches benthiques répondent également aux CEM émis par les câbles sous-marins. En ce qui concerne l’impact direct des CEM sur la santé animale, on sait peu de choses avec certitude à l’heure actuelle. Comme l’ont souligné Lovich et Ennen, les perceptions des différents évaluateurs vont de « mineur » à majeur »

De plus, on prévoit que la production d’électricité par les parcs éoliens offshore  augmentera la température dans les sédiments et l’eau environnants. Cet effet thermique se limitera peut-être à une augmentation de la température à quelques centimètres du câble et peut, en soi, ne pas être un facteur de stress majeur pour les communautés benthiques, mais en combinaison d’autres facteurs de stress pourrait prendre de l’importance »

Wind energy: Increasing deployment, rising environmental concerns.Renew. Sustain. Energy Rev. 31, 270–288 (2014). (Tabassum, A et al, Pondicherry University)

Enfin, rappelons que lorsque  mi aout 2022, un  beluga a été retrouvé piégé dans la Seine dans une écluse à 70 km de Paris, des scientifiques ont pointé la responsabilité possible de l’insdustrialisation de la mer et des éoliennes :

« Le trafic maritime ainsi que la construction d’un champ d’éoliennes offshore au large des côtes normandes ont été pointés du doigt par les associations. Ces activités provoquent une pollution sonore importante qui peut désorienter ces animaux se repérant beaucoup grâce à leur sonar. «C’est une hypothèse plausible, juge Fabrice Schnoller. Mais elle ne suffit pas. Car la première des questions est de savoir pourquoi il s’est retrouvé au large du Havre, loin des eaux du cercle arctique, dans lesquelles il a l’habitude d’évoluer.» «Ce béluga s’est perdu une première fois quand il est entré dans les eaux du nord de l’Europe, aux alentours du Danemark et de la Norvège, analyse Hervé Glotin, chercheur en bioacoustique marine à l’université de Toulon. C’est une zone où l’on trouve une forte activité sous-marine liée à l’extraction du gaz, et avec de nombreuses éoliennes offshore. Il est possible que le béluga ait subi une perte d’audition qui l’aurait désorienté »

https://www.lefigaro.fr/sciences/beaucoup-de-mysteres-autour-de-la-presence-du-beluga-dans-la-seine-20220809

7) Sea Shepherd- Vent de Colère : il est urgent d’établir un moratoire 

 « La France est le deuxième plus grand espace maritime mondial. Seul pays présent sur tous les océans de la planète, elle a en matière de protection de la biodiversité marine une responsabilité planétaire qui devrait l’inciter à être exemplaire. Déjà loin de l’être…, elle est sur le point de franchir un cap supplémentaire avec les 7 projets de centrales éoliennes autorisés le long de la façade Atlantique et Manche Mer du Nord. S’estimant en retard dans la course à l’armement éolien maritime, le gouvernement français a accordé à des promoteurs éoliens et des fonds de pension étrangers les plus beaux sites naturels de son littoral et a autorisé des projets d’usines dont l’impact va être colossal, impossible à compenser et irréversible pour la biodiversité marine, première régulatrice du climat, première productrice d’oxygène et premier puits de carbone de la planète….

La France, dont les 3 façades maritimes représentent un enjeu fondamental pour la survie des oiseaux et mammifères marins en Europe, est à la traine et n’a pas pris les mesures mises en place dans d’autres pays, pourtant d’importance moindre pour la biodiversité, afin de s’assurer que ses ambitions énergétiques ne mettent pas en péril les populations marines. C’est particulièrement inquiétant, car la politique gouvernementale est irresponsable et indigne de notre rang de grande puissance maritime mondiale qui voudrait que nous montrions l’exemple. Nous ne sommes pas à la hauteur des responsabilités qui nous incombent et les conséquences vont être cataclysmiques : elles vont s’étendre bien au-delà de nos frontières et nous devrons en répondre devant les générations futures. Il est urgent d’établir un moratoire sur tous ces projets mortifères pour leur imposer les limites nécessaires, car la lutte contre le changement climatique ne peut pas se faire au détriment de la protection de la biodiversité. »

https://newsletters.seashepherd.fr/images/septembre_2021/PROJET_FRANCAIS_D_USINES_EOLIENNES_EN_MER_-_UNE_BOMBE_A_RETARDEMENT_ECOLOGIQUE.pdf

8) S’ éloigner des côtes

La difficulté de l’éolien offshore en France a été reconnue par la Commission européenne  qui a validé les tarifs de rachat  élevés accordés aux parcs Française d’éolien posé (131- 155 MWh) les justifiant ainsi :

« Ce soutien élevé par rapport à ceux pratiqués en mer du Nord ou en Baltique se justifient par deux particularités des côtes françaises, des vents plus faibles et une nature de sol plus complexe (sols rocheux carbonatés au lieu de sols sableux ou argileux) ».

En fait, la structure particulière des côtes françaises impose dans la plupart des cas le passage à l’éolien off shore flottant, qui normalement permettrait de s’éloigner davantage des côtes :

« On ne comprend pas pourquoi tous les parcs actuellement décidés l’ont été dans la zone des 12 miles de la côte, à une distance de 10 à 20 km de celles-ci. S’éloigner des côtes (notamment avec l’éolien flottant) est une nécessité pour plusieurs raisons, dont l'impact majeur sur les oiseaux et les chauves-souris, mais seulement jusqu’à une certaine distance pour ne pas impacter les cétacés qui se trouvent surtout plus au large...la grande majorité des éoliennes offshore actuellement déployées en Europe sont dispersées sur de grandes surfaces en Mer du Nord avec une distance moyenne à la côte de 41 km »

http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn_eolien_offshore_france_du_06_juillet_2021.pdf

« Certains membres de la Commission remarquent que malheureusement le choix final de la « zone ministre » pour lancer l’appel d’offre notamment en Bretagne sud est encore trop près des côtes, alors que la technologie de l’appel d’offre concerne l’éolien flottant et que la macro-zone s’ouvrait bien plus au large. Pourtant dès les premiers débats publics, l’enjeu paysager a été au cœur des échanges, et a cristallisé les oppositions et les principaux recours juridiques. »

https://www.sitesetmonuments.org/Avis-du-16-juin-2021-de-la-Commission-superieure-des-sites-perspectives-et-paysages-CSSPP-sur-l-eolien-en-mer

Lors du débat EOS un expert de la société Technip Energies  expliquait ainsi :

«  On a les techniques pour relever le défi de la profondeur, il ne faut donc pas s’interdire d’aller chercher les opportunités qu’offre l’éloignement de la côte, en particulier une moindre interaction avec les nombreuses activités maritimes davantage concentrées sur la frange littorale… Nous avons au Mexique installé les fondations d’une ligne d’ancrage à plus de 2 900 mètres… L’enjeu est avant tout la maîtrise de coûts et l’impact sur la densité des fermes que l’on met en avant plus que la faisabilité technique elle-même que nous considérons comme acquise » (Technip Energies)

https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-CR-2021_bd.pdf

Ce programme éolien massif est inutile à court terme car ne permettant pas de suppléer au manque d’électricité pilotable et de résoudre le problème des pointes électriques de consommations. Prétendre miser sur l’éolien à long terme pour décarboner l’électricité et sortir des fossiles est au niveau stratégique un peu l’équivalent de se jeter à l’eau pour éviter d’être mouillé, comme le prouve tragiquement l’Energiewende. Ce programme éolien off shore dégraderait définitivement les plus beaux sites naturels de notre littoral, avec des effets irréversibles, impossibles à compenser sur l’environnement marin et sa biodiversité.

Et, en ce qui concerne plus spécifiquement Bretagne Sud, rappelons cet avis exprimé par M. François Goulard, Président du Conseil Général du Morbihan : «Il s’agirait d’un préjudice considérable pour notre région ; pour les pêcheurs, qui perdraient l’accès à une ressource très riche ; pour le tourisme, ne raison de la perte d’attractivité d’une nature défigurée… Ce projet serait un crime contre une nature d’une beauté insurpassable. Transformer la mer côtière en zone industrielle est tout bonnement insensé »