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vendredi 28 avril 2023

Les grandes éoliennes en mer, Académie des technologies, Février 2023

 NB  A rapprocher de l’audition devant l’OPECST à propos des défis technologiques de l’éolien flottant, voir sur ce blog : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2023/03/audition-publique-sur-les-innovations.html

Extraits

« les éoliennes marines, implantées par définition loin des zones d’habitation, bénéficient d’une meilleure acceptabilité et peuvent être de bien plus grande taille, ce qui accroît leur puissance et leur rentabilité. C’est d’autant plus vrai pour les éoliennes flottantes, qui peuvent être très éloignées des côtes, alors que les éoliennes fixes ne peuvent être posées qu’à une profondeur maximale de 60 mètres, ce qui les rend généralement visibles depuis le rivage »

Remarque : fâcheux que le premier par industriel éolien flottant français  (Bretagne Sud) soit à 15 km des côtes de Belle-Île ( et en vue des célèbres aiguilles de Port Coton) et à moins de 30 km des côtes de Quiberon et Groix ( pour une surface équivalente à celle de Belle-Île et une soixantaine de machines trois fois plus hautes que le point culminant de Belle-Île. Autrement dit, tous les désavantages de l’éolien posé en terme de paysages et biodiversité) et aucun des avantages ceux de l’éolien flottant (et même les désavantages, notamment en termes de coût)

« Compte tenu du gigantisme croissant des projets, leur installation par des opérateurs tels que TotalEnergies, Engie ou EDF, et leur raccordement par RTE posent de redoutables défis techniques et logistiques »

Remarque : en effet, à tel point que la technologie ne peut être considérée comme mature

« les débats publics sont désormais organisés en amont de l’attribution des appels d’offres, tendent à apaiser les controverses, même si des inquiétudes demeurent sur l’impact environnemental des parcs éoliens, pour lequel peu de retour d’expérience est encore disponible »

Remarque : ces débats publics ont au contraire mis en évidence la très faible acceptabilité des parcs et surtout le fait que les points de désaccord persistant (demande d’éloignement des côtes, zones de pêche impactée)… étaient superbement ignorés par la décision ministre, Bretagne Sud constituant à ce sujet un cas d’école. Et avec la loi accélération des ENR,  la grande majorité de ces débats publics, qui ne donnaient pas sans doute pas satisfaction aux lobbbies éolien et à l’Etat seront purement et simplement supprimés et remplacé par un débat unique sir toute une façade maritime qui ne pourra prendre en compte les spécificités locales de chaque zone industrielle éolienne.

« Selon l’AIE (Agence internationale de l’énergie), l’éolien marin, à partir de 2040 et dans le monde entier, deviendra la principale source d’électricité, devant l’éolien terrestre, le nucléaire, la bioénergie ou encore le solaire. »

Remarque : surprenant, il faudrait quand même tenir compte de la situation géographiques et des atouts spécifiques de chaque pays.

Les problèmes non résolus de l’éolien off shore

Grégoire de Saivre, Total énergies

Effet de sillage : « Nous nous concentrons sur les questions de sillage (selon la façon dont les éoliennes sont implantées les unes par rapport aux autres, l’effet de sillage peut leur faire perdre jusqu’à 20 % de rendement) et d’aérodynamique »

Remarque :  les effets de sillages, jusque-là sous estimés, ont été mis en évidence par les exploitants de parcs éoliens, et ceux des parcs éoliens géants ont des effets sur le climat local similaires à ceux de petites chaines de montagne, cf sur ce blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/06/ils-nous-volerent-les-paysages-et-ils.html

Gigantisme, difficulté des chantiers et stabilité des éoliennes  : « Notre projet écossais Seagreen donne une idée du gigantisme des nouvelles éoliennes marines. Le parc comprend 114 éoliennes d’une puissance de 10 MW chacune. Les mâts mesurent 100 mètres de haut et leurs fondations pèsent 2 000 tonnes. Quant à la sous-station électrique qui collecte la production des grappes d’éoliennes, son poids (5 000 tonnes) est proche de celui de la Tour Eiffel. Leur installation ainsi que celle des quadripodes qui les supportent, de poids équivalent, a été réalisée à l’aide du plus gros bateau-grue du monde. Celui-ci a eu un accident qui l’a rendu indisponible pendant quelques mois… Nous nous préparons désormais à une nouvelle génération de turbines, d’une capacité de 20 MW, ce qui représente un énorme défi technologique mais également logistique. Nous travaillons sur ces questions en partenariat avec les infrastructures portuaires de Brest, Saint-Nazaire ou encore Cherbourg »

« Les tripodes utilisés pour les éoliennes flottantes offrent un empattement de 80 mètres, ce qui laisse imaginer le défi que représente l’installation d’une trentaine de ces équipements pour le projet AO5 en Bretagne sud. La difficulté est multipliée par rapport à l’installation d’éoliennes posée

 Le couplage entre les flotteurs et les mâts pose un problème particulier. Les flotteurs sont soumis au mouvement de la houle selon une période propre, et le passage des pâles devant le mât crée une perturbation qui fait vibrer les pales selon une fréquence malheureusement très proche de la fréquence propre du système flotteur et mât. Il faut impérativement éviter que les deux coïncident, sans quoi le système risque non pas de casser mais de s’user en quelques années, alors qu’il est conçu pour durer trente ans. Ce problème, qui a l’air simple à résoudre, est en réalité d’une redoutable complexité. Nous jouons sur les paramètres de dimensionnement des flotteurs pour essayer de conserver une marge de 10 % entre les deux fréquences »

Remarque : quid du bruit généré par ces vibrations ?

Mathieu Hochet, spécialiste « Offshore wind » chez TotalEnergies

« En marin, on recourt désormais aux turbines de type 4, dont la puissance atteint 10 MW, en attendant des turbines de 20 MW. Ces nouvelles turbines, généralement constituées d’un moteur synchrone à aimant permanent, sont très faciles à connecter au réseau, notamment parce qu’elles sont autonomes en énergie. Lorsqu’il n’y a plus de vent et que la production s’arrête, l’éolienne a en effet besoin de disposer d’électricité pour se mettre face à vent lorsque celui-ci reprendra, pour actionner les pompes de lubrification, ou encore pour faire fonctionner le contrôle commandes. Par le passé, nous devions équiper chaque éolienne d’un moteur diesel. Désormais, il n’y en a plus besoin »

Remarque : bonne nouvelle. Mais qui dit aimant permanent dit terres rares, en particulier néodyme et dysprosium . Et forte dépendance :  En 2013, la production mondiale d'aimants permanents est localisée à 81 % en Chine, complétée par le Japon, avec une toute petite partie aux États-Unis et en Europe. En 2025, la demande chinoise en oxyde de néodyme pour la fabrication d’aimants permanents pourrait dépasser de neuf mille tonnes sa production totale (la Chine serait importatrice nette de certaines terres rares alors qu’elle en produit 85 %). Une accélération tirée par l’émergence des énergies renouvelables, grandes consommatrices de ces aimants. Mais également par la multiplication des appareils électroniques et mobiles.

La demande en terres rares ne peut que croître tant que d'autres technologies ne pourront les remplacer. Par exemple de 2004 à 2013, le cours du dysprosium a explosé de 2 694 % (https://fr.wikipedia.org/wiki/Aimant_aux_terres_rares)

Le défi de la haute tension : Le premier des quatre grands défis qui nous attendent est l’augmentation de la tension des parcs d’éoliennes. Il y a dix ans, celle-ci était de 33 kV. Elle est passée à 66 kV et, d’ici 2030, elle devrait atteindre 132 kV…. si certaines stations sont distantes de plus de 100 km des côtes, la connexion devra se faire en courant continu (HVDC) et, pour le moment, il n’existe pas encore de câble dynamique (c’est-à-dire apte au mouvement) en courant continu. Nous allons donc devoir les développer avec nos fournisseurs.

Le défi de l’hexafluorure de soufre :  Sur un tableau électrique en 66 kV, pour éviter les courts-circuits, les trois phases doivent être distantes de 63 centimètres et que, en 132 kV, cet écartement doit être de 1,30 mètres. Pour gagner de la place, on recourt à des tableaux électriques appelés GIS (Gas Insulated Switchgear), dans lesquels un gaz spécial, le SF6 (hexafluorure de soufre, au fort pouvoir isolant) permet de raccourcir fortement ces distances. Or, le SF6 est le plus puissant gaz à effet de serre et son utilisation va être interdite à partir de 2030. Trouver une solution alternative constitue un défi majeur

Remarque :  sur le SF6, voire sur ce blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2022/11/les-eoliennes-vertes-voir-2-le-sf6.html

Le défi de la stabilité du réseau : Lorsque les énergies renouvelables, généralement intermittentes, représenteront plus de 50 % du mix électrique, il sera particulièrement délicat de rétablir la tension sur le réseau en cas de black-out.

NB : En fonction du scénario choisi, la France devrait se doter de 20 à 60 GW de puissance installée en éolien marin d’ici 2050. A titre de comparaison, une centrale nucléaire représente 1,5 GW, et 60 GW correspondent à l’ensemble du parc nucléaire français…. le scenario qui se rapproche le plus du  discours prononcé à Belfort par le Président de la République prévoit 40 GW d’éolien marin d’ici 2050 (dont entre 12 et 16 GW en Manche et Mer du nord ; entre 8 et 12 GW en Bretagne et Nord Atlantique ; entre 8 et 12 GW en Méditerranée). Sur ces 40 GW, la moitié environ devra provenir d’éolien flottant, ce qui constitue un défi en soi.

Régis Boigegrain, directeur exécutif de RTE

« Un autre levier d’optimisation consiste à bien identifier les ressources rares que sont, notamment, les zones d’atterrage, c’est-à-dire les zones favorables au raccordement entre la terre et la mer. En Normandie, par exemple, la présence des falaises rend ces sites particulièrement rares. Il est important de ne pas « gâcher » la capacité d’un atterrage en ne prévoyant, par exemple, qu’une puissance de 500 MW alors qu’il pourrait supporter jusqu’à 2 ou 3 GW »

Remarque : on retient bien que l‘atterrage est une ressource rare, et qu’une fois en place, il sera exploité au maximum. Donc ceux qui auront déjà des zones industrielles en mer en auront plus encore en auront plus encore

« Compte tenu du développement des éoliennes flottantes, nous devons également travailler sur l’environnement vibratoire de nos équipements électrotechniques, car ceux-ci sont sensibles aux vibrations et nous devons nous assurer que cela n’entraînera pas un vieillissement précoce. Ceci va nécessiter tout un travail de modélisation des comportements de houle et de gîte, ainsi que la réalisation de prototypes avant d’installer nos équipements sur des plateformes en mer. »

Remarque : il s’agit là du problème des stations flottantes évoqué également lors de l’audition sur l’éolien off shore devant l’OPECST. On ne sait actuellement pas faire de stations flottantes

« Une difficulté supplémentaire tient au fait que l’éolien marin est en train de se développer à grande vitesse dans tous les pays européens, ce qui nous oblige à être attractifs vis-à-vis de nos fournisseurs et, pour cela, à standardiser nos spécifications avec nos homologues européens »

Remarque : problème de concurrence et de goulot d’étranglement pour les métaux rares, pour le cuivre, pour l’acier et même pour le béton.

Julie Dumont, garante de la concertation « Grand Aquitaine » pour la  CNDP.

« Parmi les thèmes principalement mis en exergue lors des rencontres, viennent en tête la localisation du parc et le souhait de l’éloigner de la côte, souhait partagé par l’ensemble des participants à l’exception de la filière industrielle, qui mettait en avant le renchérissement du projet et l’allongement des délais. A l’appui de cette demande ont été invoqués la protection de la biodiversité et l’absence d’étude sur les impacts environnementaux, notamment les effets sur la biodiversité marine et les risques de collision pour les oiseaux, l’incompréhension de voir un parc éolien construit au coeur du Parc naturel marin et de la zone Natura 2000, des interrogations sur la doctrine ERC… (éviter, réduire, compenser) en milieu marin, mais aussi la covisibilité des éoliennes avec le phare de Cordouan, le risque d’impact de l’effet paysager sur le tourisme et sur les prix de l’immobilier, et enfin la limite règlementaire de pêche pour les bateaux de moins de 12 mètres, qui constituent 80 % de la flottille locale et ne peuvent aller au-delà des 20 miles marins, d’où leur souhait de pouvoir pêcher à l’intérieur des parcs éoliens »

À l’issue du débat public, le projet a été retiré du Parc naturel marin et de la zone Natura 2000 et déplacé au-delà de la zone initialement prévue. »

Remarque : selon un certain nombre d’ONG environnementales, la nouvelle localisation du parc est encore pire pour la préservation de la biodiversité, en particulier les oiseaux… Huit Organisations non gouvernementales ont écrit d’une seule main à la ministre de la Transition énergétique pour le retrait de sa décision d’implanter le parc éolien en mer Sud-Atlantique au large d’Oléron… Si elles ne s’opposent pas aux éoliennes, elles déplorent le choix de l’implantation dans la zone de protection du pertuis charentais Rochebonne, au large de l’île d’Oléron. Pour elles, la seule solution consiste à éloigner le parc encore davantage en passant à l’éolien flottant, lequel n’est pas mature

https://www.sudouest.fr/charente-maritime/ile-d-oleron/ile-d-oleron-huit-ong-denoncent-les-risques-de-la-localisation-adoptee-pour-le-parc-eolien-en-mer-12254741.php

NB : Les turbines éoliennes géantes inquiètent les assureurs

« Non seulement l’augmentation de la taille des turbines a été plus rapide qu’attendu, mais les données que nous avons à disposition montrent que les modèles utilisés actuellement dans l’éolien en mer n’atteignent pas leur durée de vie sans réparations importantes de leurs composants », observe Zoe Massie, responsable de l’éolien offshore de l’assureur anglais GCube, dans un rapport détaillant sa perspective sur le secteur. »

https://www.greenunivers.com/2023/05/les-assureurs-preoccupes-par-le-gigantisme-des-turbines-eoliennes-321074/


jeudi 27 avril 2023

KPMG, L’énergie éolienne en France- Avril 2023

 Le constat : La France possède la deuxième plus grande ressource éolienne en mer d‘Europe. Cette technologie a connu des progrès importants, à partir de décembre 2020, avec la construction de trois grands parcs éoliens : Saint-Nazaire, Fécamp et Saint-Brieuc, de capacités respectives de 480 MW, 498 MW et 496 MW. Néanmoins le rythme de déploiement devrait être accéléré pour atteindre la trajectoire désignée par la France pour remplir ses objectifs climatiques : une capacité éolienne en mer installée de 40 GW d’ici 2050.

Malgré ses grandes ressources éoliennes en mer, la France est en retard vis-à-vis des états européens leaders dans l’éolien : à fin 2022, seul le projet de Saint-Nazaire est opérationnel.

https://kpmg.com/fr/fr/home/insights/2023/04/energie-eolienne-mer-france.html


Les raisons (selon KPMG)

1)  procédures réglementaires et de délivrances des permis allongée_ durée excessive d’achèvement 10-12 ans et maintenant 7 ans contre 4 au RU

2) Opposition des acteurs locaux

3) Insuffisance du réseau électrique

4) Accroissement des besoins d’investissements

Remarque 1 : C’est assez culotté A aucun moment KPMG ne mentionne la difficulté des côtes françaises (rocheuses et pentues) par rapport à celles d’Europe du nord (sablonneuses et plates) qui permettent de faire de l’éolien posé loin des côtes. Ainsi, en Europe, la moyenne de la distance à la côte des parcs est supérieure à 41km, en France, pour les parcs en projets, elle est inférieure à 20 km. Il en résulte une augmentation des coûts ( reconnue par la Communauté Européenne qui du coup accorde des tarifs plus élevées) et bien sûr une moindre acceptation, compte-tenu de l’empreinte visuelle et des interférences très fortes avec nombre d’activités traditionnelles et économiquement importantes ( pêche, tourisme, nautisme…) ainsi que les atteintes au cadre de vie, à la biodiversité et à une culture maritime traditionnelle

Les perspectives

Comparé aux 480 MW en production et aux 4 GW déjà autorisés d‘ici 2027, le président de la République a annoncé en 2022 un objectif volontariste et ambitieux de 40 GW de capacité installée pour 2050 (soit une attribution annuelle de plus d‘1 GW par an en moyenne). L‘énergie éolienne offshore apparaît comme une technologie essentielle pour la France pour renforcer l‘atteinte de ses engagements en matière de transition énergétique

La France ambitionne de développer une filière industrielle nationale solide pour le secteur. En développant des liens en amont et en aval, l‘idée de créer une filière industrielle française de l‘énergie éolienne offshore a déjà donné des résultats remarquables. Par exemple, le projet de Saint-Nazaire et les autres. appels d’offres ont permis la construction de plateformes logistiques près des ports, l‘installation de centres d‘assemblage et de maintenance, ainsi que la construction de trois usines de General Electric Renewable Energy (GERE - 750 employés) au Havre et l’usine de Siemens Gamesa à Cherbourg (750 employés). Un écosystème local est apparu, où les sous-traitants français de GERE ont créé 1 200 emplois et font affaire avec quelque 1 600 entreprises du secteur. Ces activités facilitent et accélèrent non seulement le déploiement de projets mais créent également une dynamique dans les économies locales.


La France dispose de nombreux atouts pour développer l’éolien offshore, tels que des frontières maritimes étendues, la structure portuaire, son expertise industrielle, énergétique et maritime. Les éoliennes flottantes et les technologies de pointe sont innovantes, matures et prometteuses

Remarques : deux affirmations, deux mensonges. Les côtes françaises ne sont pas favorables au développement de l’éolien, la technologie de l’éolien flottant, qui permettrait de s’éloigner des côtes n’est pas mature.

 

Les projets en cours

Les tarifs accordés

Prédictions LCOE


Eolien posé

Eolien flottant

Remarques les tarifs Dunkerque et Normandie ( Centre Manche) II, deux parcs EDF ne sont tout simplement pas crédibles d’autant que tous les acteurs de l’éolien off shore signalent une augmentation de leurs coûts qui les mets en péril. En particulier, sur Centre Manche II, voir le critiques de la CRE et d’un certain nombre de concurrents, cf. sur ce blog.

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2023/03/parc-eolien-off-shore-centre-manche-1.html

Les problèmes pointés par KPMG

les activistes locaux, les pêcheurs et les résidents ont montré une forte résistance contre le développement des éoliennes, compte tenu de leurs appréhensions quant à l’impact négatif sur le paysage et l’environnement, qui peut diminuer la valeur de leurs maisons et nuire à leur santé. » ??

« D’importants investissements seront nécessaires pour le raccordement de projets d’énergie éolienne offshore. On estime que la numérisation des réseaux nécessitera un investissement d’environ 2 milliards d’euros par an entre 2021 et 2025, dont environ 500 millions d’euros pour le raccordement de nouvelles installations éoliennes en mer. »

 « L’énergie éolienne offshore fait face à une concurrence important de la part d’autres sources renouvelables. Avec le taux d’adoption élevé (en 2021, la France comptait 56 réacteurs nucléaires opérationnels produisant plus de 70 % de son électricité – le deuxième plus élevé au monde), l’énergie nucléaire reste une alternative forte à l’énergie éolienne offshore. • En outre, représentant près de 12 % (en 2021) de la production totale d’électricité du pays, l’hydroélectricité est en train de devenir la principale source d’électricité renouvelable dans le pays. Ces technologies de substitution plus matures que l’éolien offshore offrent une meilleure rentabilité. De plus, l’infrastructure déjà développée pour ces technologies n(‘entraine que des défis de déploiement limités. » 

Le projet Bretagne Sud

Le projet est prévu pour créer 350 emplois lors des opérations de création et la maintenance devrait générer au moins une douzaine d’emplois. ( Ce n’est pas ce que semble espérer et ce que « vend » le maire de Lorient !)

mardi 25 avril 2023

POEM et éolien off-shore en Espagne, conflits d’usage, un avant-goût de ce qui va se passer en France avec les Documents Stratégiques de Façade (DSF) ?

 POEM, un avant goût des Documents Stratégiques de façade ?

Il se trouve que l’Espagne, qui n’a pour instant aucun parc éolien off-shore, nous a précédé sur cette voie, avec des Plans de gestion de l’espace maritime (POEM Planes de Ordenación del Espacio Marítimo). Présentés par le ministère de la Transition écologique et du défi démographique, ils désignent, sur chaque façade, les zones susceptibles d’accueillir de futurs parcs éoliens.

Et ça ne se passe pas très bien ! Pourtant on ne parle que de 19 parcs !

Concrètement, 19 parcs éoliens ont été planifiés dans quatre régions espagnoles, où il sera possible de développer cette nouvelle forme d'énergie renouvelable, principalement flottante. Dans la région de l'Atlantique Nord (Galice et Asturies), cette technologie pourra être développée sur des zones d'une superficie totale de 2.688 km2. Au large de la côte andalouse, entre Malaga et Almeria, elle occupe une superficie de 1.222 km2; et dans les îles Canaries (avec des sites à Gran Canaria, Tenerife, Lanzarote et Fuerteventura), 561,9 km2 et à une distance plus proche de la côte, d'à peine 2 km.

Dans la zone du Golfe de Roses, en Catalogne, un espace de 250 km2 est réservé, à une distance de 12 kilomètres de la côte à son point le plus proche, et à une profondeur comprise entre 100 et 500 mètres, tandis que sur la côte nord de Minorque, il y aurait deux parcs éoliens d'une superficie totale de 147 km2 et à une distance de 5 kilomètres de la côte.

Dans les îles Canaries, des zones initialement sélectionnées ont été exclues en raison de leur proximité avec des zones touristiques (Maspalomas à Gran Canaria, par exemple). Il en est de même pour la zone de Cabo de Gata, en Andalousie, écartée en raison de sa proximité avec une réserve, tandis que les zones prévues au large de la côte de Cadix ont été "abandonnées" pour des raisons d'impact sur la pêche et le tourisme.


Forte opposition dans les Asturies : l’installation de parcs éoliens offshore menace de mettre fin à l’activité d’une dizaine de zones de pêche dans les Asturies

Les protestations des pêcheurs asturiens se poursuivent en raison du Plan de gestion de l’espace maritime (POEM) pour l’installation de parcs éoliens offshore. Jusqu’à onze zones de pêche du littoral de la Principauté pourraient être touchées par ces aérogénérateurs qui ont provoqué une véritable indignation et révolution dans le secteur de la pêche au point de demander la démission de la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera.

De la zone la plus occidentale à la plus orientale,  les zones de pêche asturiennes les plus touchées seraient Calvario del Oeste, El Puntal, Los Tombones ou Cero Señales, El Calvario del Este, El Carreiro de Fuera, La Playa de La Vaguada, Rampla del Sureste del Calvario, Playón, Erbosa, Les Fanguines et Canto Playa.

Au total, onze zones qui ont été réservées à l’exploitation éolienne offshore et qui ont mis les pêcheurs sur le pied de guerre. Et cela se comprend : cette délimitation qui a été approuvée par le gouvernement espagnol à l’initiative du ministère de la Transition écologique et qui est incluse dans le Plan de gestion de l’espace maritime (POEM), affecte les espèces marines à haute valeur commerciale telles que la dorade, la dorade rose, la barbue, le congre, le merlu, le lieu noir, le sébaste, le mérou, le merlan, la langoustine, le maquereau, la cardine franche dont beaucoup sont très demandés par l’industrie hôtelière. Pêche à la drague, palangriers, chaluts pélagique et chalut de fond, c’est la quasi-totalité de la flotte des Asturies qui serait concernée.

Luis Antonio García Martínez, capitaine de corvette et ancien commandant en second de la marine de Gijón et Santander, a fait un rapport dans lequel il analyse l’impact de l’installation de parcs éoliens offshore dans ces zones de pêche et confirme que l’inquiétude des pêcheurs est parfaitement justifiée car avec l’installation des éoliennes, où qu’elle soient, une partie ou la totalité d’une ou plusieurs zones de pêche traditionnelles seraient touchées. Pour nous donner une idée de ce que représente la surface de ces polygones (335 kilomètres carrés entre les trois), on pourrait dire qu’ils occupent l’espace de 47 269 terrains de football comme le Sporting ou Oviedo », explique-t-il. Pour ceteexpert,  « les parcs éoliens offshore sont totalement incompatibles avec l’activité de pêche. Leur mise en œuvre aurait des effets fortement négatifs sur les emplois dans le secteur de la pêche, à la fois directs et indirects.

https://gaceta.es/espana/la-instalacion-de-parques-eolicos-marinos-amenaza-a-la-existencia-de-once-caladeros-en-asturias-20230330-1146/

Forte opposition en Catalogne : atteintes à un environnement unique et fragile

Le Golfe de Roses, en Catalogne, a également fait l'objet de nombreuses protestations. La plateforme SOS Costa Brava a réitéré son rejet de la zone éolienne, estimant que "ses valeurs naturelles exceptionnelles" sont aujourd'hui laissées sans protection. L'aire marine affectée est située "en plein milieu de zones protégées", et produira, selon la plateforme "de graves impacts terrestres sur trois parcs naturels.

De fait, la zone du golfe de Roses et de la baie de Pals est l'une des plus fragiles de la Méditerranée d'un point de vue écologique. Elle constitue, selon les scientifiques, le plus grand patrimoine naturel marin de Catalogne. C'est un espace proche de zones qui comptent une douzaine de zones de protection de l'environnement, dont certaines labellisées Natura 2000, à proximité de deux réserves marines, entourées de trois parcs naturels (le PN de Cabo de Creus, le PN de Montgrí-Les Medes-El Baix Ter et les Aiguamolls del Empordà NP). Ces arguments sont rappelés dans un manifeste publié il y a quelques mois par un groupe de scientifiques, soutenu par plus de 100 chercheurs appartenant à plus de 20 centres de recherche, universités et autres institutions :

(https://drive.google.com/file/d/19ivxq-o5Hlx4gwrBw9jHxumVvPgdMwqd/view?usp=sharing)

De plus, une récente étude scientifique publiée dans la revue Science of the Total Environment a mis en garde la population contre les graves impacts que les parcs éoliens offshore peuvent avoir sur la biodiversité marine, le paysage, la pêche et le tourisme. Cette étude recommandait d'éloigner ces installations des zones comme celles-ci, protégées en Méditerranée

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969722008956?via%3Dihub

Le gouvernement espagnol a récemment publié le document de déclaration environnementale stratégique POEM qui maintient le golfe de Roses comme une zone à fort potentiel pour l'énergie éolienne offshore. Il convient de noter également que ce document n'a pas pris en compte les arguments valables pour exclure les projets proposés à Cabo de Gata, en Andalousie et aux îles Baléares. Cependant, la réglementation précédente de 2007 prévoyait que ces zones devaient être exclues pour ce type d'énergie.  

Ça promet de beaux matchs entre le gouvernement central espagnol et ses régions !


Simulation de la plage de Cadaqués avec le macro parc éolien réalisée par la biologiste et paysagiste Anna Zahonero.

Hostilité en Galice : Les parcs éoliens offshore occupent les zones de pêche de la flotte galicienne

Le secteur de la pêche de Galice a été mis en alerte après l’approbation par le ministère de la Transition écologique du Plan de gestion des espaces marins (POEM), qui réglemente les emplacements des parcs éoliens offshore.

Le secteur de la pêche met en garde contre des effets très négatifs sur les ressources qu’il exploite. L’une des zones les plus fréquentées pour les bateaux de pêche est celle au large de Ferrolterra, où les chalutiers de toute la côte galicienne se rendent habituellement. La zone nord est également un lieu de pêche commun pour les bateaux.

La plateforme des pêcheurs professionnels s’est déclarée opposée aux projets éoliens offshore et a appelé à la démission de la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera. Ils considèrent les projets éoliens comme un « tir au-dessous de la ligne de flottaison du secteur » et leur porte-parole Torcuato Teixeira a décrit la planification éolienne offshore comme « écocide et pescacide ».

Couramment, environ 60 ou 70 bateaux de la flotte galicienne pêchent dans les zones affectées par la planification offshore. Le problème ne se limite pas aux polygones eux-mêmes, mais concerne aussi les zones traversées par le câblage d’évacuation d’énergie. Les limitations affecteront à la fois la pêche côtière, artisanale, mais aussi les bateaux de haute mer qui, pour retourner au port, devront éviter les zones éoliennes.

Le Bloc nationaliste galicien (BJP), la deuxième force politique du parlement régional parle de colonialisme énergétique et s’oppose à la planification.


https://www.cope.es/emisoras/galicia/a-coruna-provincia/santiago/noticias/los-parques-eolicos-marinos-ocupan-zonas-pesca-flota-galicia-20230302_2580383

Aux Canaries : forte opposition des autorités locale et des pêcheurs !

Le ministre de la Transition écologique du gouvernement canarien, José Antonio Valbuena, a exclu qu’il y ait des éoliennes offshore à Lanzarote et Fuerteventura malgré le fait que les plans de planification de l’espace maritime (POEM) du gouvernement espagnol y prévoient de telles zones.

Comme l’a expliqué le conseiller dans des déclarations aux journalistes, le gouvernement espagnol a dû délimiter ces zones conformément aux injonctions européennes, mais cela ne signifie pas que des parcs éoliens offshore seront déployés  dans toutes les zones du POEM.

Le PSOE Canarien soutient que, bien que les plans de gestion des espaces maritimes approuvés par le Conseil des ministres définissent des zones à fort potentiel pour l’énergie éolienne offshore dans quatre îles de l’archipel, les règles de la communauté autonome ne prévoient actuellement ce type de parcs que dans le sud-est de Gran Canaria. Le PSOE canarien répond ainsi aux critiques lancées par la Coalition canarienne et le PP contre la possibilité d’installer des parcs éoliens au large de la côte orientale de Fuerteventura, où les deux partis estiment qu’ils peuvent générer des dommages pour les secteurs de la pêche et du tourisme.

Le président de la Fédération provinciale des associations de pêcheurs de Santa Cruz de Tenerife, Víctor Juan Díaz, a dénoncé ce vendredi le « danger » de l’installation de parcs éoliens offshore sur le plateau continental de la côte de Tenerife car ils pourraient causer des dommages « irréparables ». Les plans du gouvernement, qui « prévoient d’occuper 75 km» de côtes, « affecteront gravement le secteur de la pêche ainsi que la faune marine et les oiseaux qui coexistent dans l’environnement…L’une des conséquences de ce projet sur le secteur sera « la limitation de la navigation dans la zone », ce qui impliquera que « tous les petits bateaux doivent manœuvrer pour éviter ces parcs », ce qui « met en danger la vie des marins et des équipages des navires ». Par ailleurs, compte-tenu de la nature volcanique des fonds, il faudra les dynamiter pour installer les éoliennes.

En fait, les pêcheurs se trouveraient exclu du plateau continental. « Les habitants du Tajao vivent à 100 % de la pêche. Si les parcs rendent notre travail difficile, cela n’aura plus aucun sens de parler de la préservation marine de la région et même de tourisme », a déclaré Francisco Javier García, président de l’Association des pêcheurs de Santa Cruz de Tenerife. La zone nord du port de Tajao, où sont prévues des éoliennes, abrite des cymodocées  et des requins-anges (en très grand dangers de disparition), soit un écosystème marin que le secteur de la pêche a préservé et que l’éolien risque de faire disparaitre.

« Nous avons appris ces projets par la presse, ils ne nous ont pas demandé notre avis », a déclaré le président de l’Association des pêcheurs de Santa Cruz de Tenerife ;  nous ne parlons pas de la mer Baltique, où il y a des zones de peu de trafic et de vie » !

 

https://fuerteventurahoy.com/el-gobierno-de-canarias-descarta-la-eolica-marina-en-fuerteventura-y-lanzarote/

https://efe.com/canarias/2023-03-31/los-pescadores-de-tenerife-denuncian-el-peligro-de-la-energia-eolica-marina/


lundi 24 avril 2023

Impacts acoustiques des projets éoliens en mer sur la faune marine, CNRS 2021

Introduction

Cette expertise scientifique a été coordonnée par Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS. Un groupe de scientifiques, experts du domaine issus de différentes disciplines, a été mobilisé pour établir un panorama des connaissances les plus récentes analysant de manière collective, critique et neutre la littérature scientifique mondiale relative aux mécanismes de propagation sonore sous-marine, aux impacts multiples de l’anthropophonie sur les diverses espèces marines, aux bruits engendrés par les projets éoliens, notamment lors de leur construction, et aux méthodes permettant de les réduire.

Le rapport indique les espèces qui risquent d’être impactées par les projets éoliens en mer, la forme et la sévérité de cet impact ainsi que l’effet des stratégies d’atténuation qui peuvent être mises en place. Il pointe aussi l’incomplétude des connaissances actuelles et la nécessité de les compléter, en particulier pour plusieurs espèces et sources sonores

Principes et principaux résultats

il faut distinguer la phase de construction– avec notamment les opérations de forage et de battage de pieux – de l’exploitation et du démantèlement. Il convient également de replacer autant que possible les bruits générés par les EMR dans la description globale des paysages sonores océanographiques qui prend en compte les sons déjà présents d’origines naturelle et humaine.

Eolien off shore flottant

Concernant les éoliennes flottantes, peu d’études ont été faites.

Phase d’exploitation : Au vu des niveaux sonores mesurés pendant les phases de tests, il ne devrait y avoir d’impact physiologique sur aucune espèce de mammifères marins ou de poissons pendant la phase d’exploitation

Phase de construction : La construction des parcs éoliens en mer flottants ne nécessite pas de battage de pieux, mais les caractéristiques sonores des travaux d’installation d’un parc éolien en mer flottant (enrochement, ensouillage de câbles, ancrage) sont proches du bruit généré par des navires. Les études montrent une diminution de la fréquentation de mammifères marins (marsouins et phoques) qui peut être attribuée au bruit généré par le trafic maritime accru sur le site.

Eoliennes posées :

Marsouins : impact à court terme, composé d’une baisse significative de l’activité acoustique et d’un déplacement temporaire des individus proches du parc dès ou avant le début des travaux, suivi d’un retour à la normale (activité acoustique, abondance) intervenant jusqu’à 3 jours après les opérations. Peu d’effets à long terme sont rapportés.

Phoques : Aucun effet à long terme n’a été relevé sur le comportement des phoques durant la phase de construction, mais une diminution significative à court terme du nombre de phoques présents à proximité des parcs (abondance en mer et à terre) a été observée lors des opérations du battage de pieux.

Poissons : De nombreux facteurs sont susceptibles d’avoir un effet sur les populations de poissons une fois les parcs éoliens en mer opérationnels, tels que les modifications de l’habitat, les perturbations sonores ou causées par les champs électromagnétiques créés autour des câbles. Étant donné que tous ces facteurs agissent simultanément, leur importance relative pour les poissons est difficile à démêler et à évaluer empiriquement.

Concernant la mortalité, il existe peu d’observations directes de mortalités concomitantes (au niveau individuel ou populationnel) à la mesure des caractéristiques (fréquence, niveau) de l’onde sonore incidente mais des évènements sont rapportés pour trois groupes d’animaux (mammifères marins, poissons, invertébrés), en lien à de fortes productions sonores. Chez les mammifères marins, la mortalité correspond essentiellement à des événements d’échouage de masse de cétacés à audition moyennes fréquences (baleines à bec) observés lors de l’utilisation de sonars militaires et de tirs sismiques.Des mortalités sont observées pour les poissons généralistes dans un rayon moyen de 10 m autour de la source sonore.

Angle législatif : un cadre réglementaire incomplet, un manque de connaissance criant

Considérant que les projets de travaux, d’ouvrages et d’aménagement des EMR faisant l’objet d’une étude d’impact doivent être rendus compatibles avec les objectifs du PAMM,(Plan d'Action pour le Milieu Marin), la connaissance des effets acoustiques sur les espèces marines constitue un enjeu pour le développement des Energies marines Renouvelables . Le cadre réglementaire est assez clair mais, de l’analyse des incidences des projets, il ressort que le manque de connaissances sur les espèces, les habitats et leur sensibilité au son en milieu marin est criant : l’impact acoustique apparaît clairement aujourd’hui comme l’un des plus difficiles à établir et à démontrer. Par ailleurs, les études de l’impact d’un projet en mer doivent impérativement traiter de l’incidence du projet non seulement sur la biodiversité mais aussi sur la pêche professionnelle et sur la ressource halieutique. Elles doivent également prendre en compte le contexte environnemental local, avec l’intégralité des pollutions sonores préexistantes, pour permettre un débat public non biaisé

Le cadre réglementaire (études d’impact, politique de mitigation, etc.) reste incomplet. La protection nationale des espèces marines est restreinte, notamment concernant les invertébrés et les espèces végétales. Les études d’impact réglementaires des Energies Marines Renouvelables  souffrent encore d’un manque de connaissances et de recherches adaptées alors que l’impact acoustique apparaît comme l’un des plus difficiles à établir, et que le débat public a besoin d’un éclairage scientifique

Conclusion : En conclusion, il apparaît que la faune marine (mammifères et poissons) est largement impactée par la pollution sonore anthropique. Trop peu d’informations sont disponibles pour généraliser une réponse des invertébrés mais, à ce stade, l’impact semble moindre.

Quand les données sont disponibles, particulièrement sur les mammifères marins et poissons, les recherches montrent que le bruit peut induire des traumatismes transitoires ou permanents de l’appareil auditif, d’autres types de lésions ou de troubles liés au stress ainsi que des réponses comportementales (réactions d’évitement notamment, changements concernant l’alimentation, la réaction aux prédateurs, etc.),éventuellement liées au masquage de signaux d’intérêt qui ne sont plus efficacement détectés ou reconnus. Dans certains cas extrêmes, l’impact des bruits d'origine anthropique peut être mortel chez ces mêmes mammifères et poissons.

Concernant l’impact acoustique des projets éoliens offshore, il apparaît que les opérations de battage de pieux (phase de construction des éoliennes posées) ont un impact significatif et parfois sévère pour certaines espèces étudiées et sur de grandes distances, d’où l’importance du développement et de la mise en place de dispositifs de mitigation. Les autres opérations des projets éoliens (construction des éoliennes flottantes, exploitation des éoliennes) semblent avoir un impact acoustique plus modéré mais assez variable d’une espèce à l’autre. L’état actuel des connaissances, lacunaire concernant notamment les invertébrés et la vie benthique mais aussi les oiseaux marins et les tortues, ne permet pas de donner de conclusion générale.



samedi 22 avril 2023

Commission Schellenberger : les politiques et le CEA, des experts ostracisés Audition 10 ) Yves Bréchet

 1) La fonction de Haut-Commissaire au CEA : un devoir de franchise totale

J’ai occupé la fonction de Haut-commissaire à l’énergie atomique de 2012 à 2018, soit deux mandats de trois ans, à l’issue desquels j’ai souhaité ne pas être renouvelé. J’ai rejoint la compagnie Saint-Gobain en qualité de directeur scientifique en 2018. Depuis 2019, je préside le conseil scientifique de Framatome. J’ai conservé une activité de recherche et de collaboration avec des universités étrangères.

En quoi consiste la fonction de Haut-commissaire à l’énergie atomique ? Il est ainsi le conseiller de l’exécutif pour les questions scientifiques et techniques relatives à l’énergie nucléaire. Il peut saisir les ministres intéressés de propositions relatives à l’orientation générale scientifique et technique du CEA.

…Il est membre du comité de l’énergie atomique, qui examine toutes les questions relatives au CEAIl est le conseiller scientifique et technique de l’administrateur général du CEA pour l’orientation générale de l’établissement, ce pour quoi il est assisté d’un conseil scientifique, qu’il présideIl est responsable de la chaîne de sécurité de l’intégrité des moyens concourant à la dissuasion et ne relevant pas du ministère de la défense…

Chaque titulaire de la fonction l’exerce avec son style propre. Pour ma part, j’ai adopté un positionnement exclusivement technique, et transmis mes rapports aux autorités concernées, à l’exclusion de toute diffusion publique. J’ai théorisé cette pratique de la façon suivante : ce devoir de réserve absolu, revendiqué dès ma nomination, va de pair, à mes yeux, avec un devoir de franchise totale. Je ne me suis jamais départi ni de l’une, ni de l’autre.

Les documents émanant du Haut-commissaire sont à diffusion restreinte. Tous ont systématiquement été transmis aux conseillers techniques des ministères concernés, principalement ceux chargés de l’environnement et de l’énergie, de l’industrie, de la recherche et de la défense, ainsi qu’aux cabinets du Premier ministre et du Président de la République.

En six ans, j’ai dû rédiger ou piloter environ 4 000 pages de rapport… Haut-commissaire, n’excédant pas dix pages, portaient sur un point nécessitant une information directe et rapide. Par exemple : Sur la nécessité des RNROpportunité des petits réacteurs modulaires (SMR)Radiothérapie, Épidémiologie des cancers de la thyroïdeLes échelles de temps dans le nucléaireOpportunité de développer la filière thoriumLa participation française aux rapports du GIEC ou encore La chimie séparative au CEA et son application hors nucléaire.

 

2) Comment la cohérence d’une stratégie industrielle a cédé la place à l’opportunisme d’une stratégie de communication

 

L’électricité produite par le nucléaire est essentiellement décarbonée. Dans une optique de lutte contre le réchauffement climatique, il est absurde de dépenser des milliards pour la décarboner. Le démantèlement des centrales est une technologie certes maîtrisée, mais qui créera moins d’emplois que leur fermeture n’en supprime.

 

Le fonctionnement des centrales est sûr. La létalité de l’énergie nucléaire est faible, par comparaison avec les autres sources d’électricité, notamment les sources fossiles. La gestion des déchets est garantie par les technologies de leur vitrification et de leur stockage géologique profond, dans lesquelles la France a une avance reconnue.

 

Le problème des ressources en uranium est résolu par la technologie des neutrons rapides et par la fermeture du cycle, qui permettent d’utiliser l’uranium appauvri et de maintenir le bilan en plutonium. La filière à neutrons rapides, dans laquelle la France était pionnière, a été abandonnée en 2018, par une décision à courte vue qui restera dans l’histoire comme un modèle de stupidité ou de cynisme.

 

Il importe de comprendre comment la cohérence d’une stratégie industrielle a cédé la place à l’opportunisme d’une stratégie de communication. L’historique de la filière et l’inventaire des difficultés industrielles rencontrées permettent de mieux comprendre la situation actuelle…

Ne pas avoir construit de réacteurs pendant les vingt ans qui ont suivi (le plan Messmer) a induit une perte de compétences industrielles, une dégradation de l’outil de production et un délitement du tissu de sous-traitants, dont nous payons aujourd’hui le prix. La doctrine de libéralisation des marchés appliquée à l’électricité, dont la nature non stockable demeure à ce jour incontournable, et la démission des États européens face au besoin pourtant croissant de fournir à tous les citoyens une énergie à bon marché, a amené à une déstructuration ayant pour conséquence une situation économiquement et politiquement intenable, caractérisée par des prix négatifs et une déstabilisation des réseaux.

La gestion de l’intermittence des énergies renouvelables (ENR) et leur déploiement massif, conjugué à la perte de capacités pilotables, signalée à plusieurs reprises par l’autorité de sûreté nucléaire (ASN), ont induit une grave dépendance au gaz à l’échelle européenne, présentant un risque géopolitique grave. Je pourrais ajouter aujourd’hui que l’histoire récente nous en donne la preuve.

Le prix à payer pour ces erreurs historiques sera lourd. La destruction, à l’heure même de l’urgence climatique, de ce qui a été un fleuron industriel du pays et qui constitue l’un de ses meilleurs atouts dans la lutte contre le dérèglement climatique, l’absence de stratégie claire de remplacement du parc dans le domaine électronucléaire, le sacrifice d’outils industriels amortis et au fonctionnement sûr, la confusion entretenue entre la lutte contre le réchauffement climatique, qui suppose une décarbonation de notre énergie, le manque de lucidité sur les liens organiques entre la dissuasion nucléaire et la propulsion, et les technologies industrielles civiles, tout cela relève au mieux de l’ignorance, au pire de l’idéologie.

3) L’arrêt de la filière à neutrons rapides ou l’étranglement discret du nucléaire

Sauf à supposer que personne, dans les ministères et les administrations, ne lit les rapports techniques, la décision d’arrêter le projet Astrid a été prise en connaissance de cause. J’ai rédigé quatre notes à ce sujet. Le CEA a remis, lors d’une réunion interministérielle, un dossier très complet, tant sur les aspects techniques du projet que sur ses implications industrielles et en termes de relations internationales, concernant notamment les collaborations initiées avec le Japon. J’ai de surcroît remis un rapport détaillé sur les options de fermeture du cycle et son état de maturité.

La note que je vais vous lire date d’août 2017, soit juste avant que la décision ne soit officiellement prise. Elle remet en perspective la décision à prendre, à l’aune de soixante-dix ans d’investissement du contribuable, et décrit, en des termes non techniques, les conséquences de la décision qui était sur le point d’être prise.

La question de la fermeture du cycle des matières nucléaires constitue une illustration de la nécessité d’une instruction technique approfondie des dossiers. La fermeture du cycle vise à éviter l’accumulation des déchets nucléaires, principalement constitués de plutonium, et à tirer le maximum d’énergie des matières premières issues du minerai d’uranium.

Il se trouve que les réacteurs à neutrons rapides (RNR) sont capables de brûler tous les isotopes du plutonium, donc de transformer ce déchet en ressource, et peuvent également brûler l’uranium naturel et l’uranium appauvri. Ils peuvent donc transformer les déchets en ressource et consommer toutes les matières fissiles issues de la mine.

À l’heure actuelle, personne n’est capable de dire quelle proportion d’énergie décarbonée non nucléaire est compatible avec nos sociétés industrielles. On ne sait pas quelles sont les capacités de stockage réalistes. On ne sait pas quelles modifications du réseau de distribution sont indispensables. On ne sait pas quelle part de production et de consommation localisées est compatible avec un mix énergétique donné. Quant à la production d’électricité décarbonée à partir d’énergies fossiles, rendue possible par un stockage de masse du CO2, elle est à ce jour un vœu pieux.

Quoi qu’il en soit, l’utilisation, même « modérée », du nucléaire impose de fermer le cycle, sous peine de laisser la filière nucléaire s’étouffer sous ses propres déchets. Ne pas fermer le site condamnerait à terme le nucléaire dans notre pays.

Renoncer à cette option sans le dire forcerait la décision politique de façon malhonnête, en donnant de facto au nucléaire un statut d’énergie de transition. La conserver préserve au contraire la possibilité de l’usage du nucléaire dans la proportion qui sera nécessaire, car, à tout moment, les flux de matière entrant et sortant seront équilibrés, sans accumulation s’agissant des déchets non ultimes. Ne pas fermer le cycle, c’est rendre le nucléaire non viable car non durable. C’est irresponsable et politiquement indéfendable, car cela prive le politique d’une marge de manœuvre et revient de facto à décider à sa place…

L’arrêt du programme Astrid a été pris au plus haut niveau de l’exécutif, par le Président de la République et le Premier ministre. Toutes les informations étaient disponibles et ont été sciemment ignorées.

4) Les relations entre expertise scientifique et politique

Pourquoi, en six ans de mandat et malgré mes demandes réitérées, le comité à l’énergie atomique n’a-t-il été réuni que deux fois, dont une seule dans sa configuration légale, et non chaque année, comme il l’a été s’agissant du nucléaire militaire, soit dit en passant ? Pourquoi est-il rarissime de recevoir un retour sur un rapport technique ? Pourquoi tant de rapports, tels le rapport d’Escatha-Collet-Billon, disparaissent-ils sans laisser de traces ? Pourquoi les avis réitérés de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies sont-ils reçus dans un silence poli ?

Ces dysfonctionnements ont des causes profondes.

La première est malheureusement l’inculture scientifique et technique de notre classe politique. Au temps de la génération qui a reconstruit le pays, les élèves de l’ENA recevaient un cours de Louis Armand, arrière-grand-père de votre rapporteur, sur les sciences et les technologies de la France industrielle. Il faut avoir eu ce cours en mains pour comprendre ce que cela signifiait. Sans faire d’eux des ingénieurs, il leur donnait la mesure du problème. Cette connaissance les rendait bien plus efficaces que ne le sont des ingénieurs n’ayant d’ingénieur que le titre.

La seconde est le rôle des conseillers techniques dans les cabinets ministériels. Quel que soit le prestige de leur diplôme, ils sont censés conseiller, sur des sujets qu’ils ne maîtrisent généralement pas, un ministre qui ne se pose même pas la question. Trop souvent, leur préoccupation première est de ne dire à leur ministre que ce qu’il a envie d’entendre, pour ne pas nuire à leur carrière à venir. Il n’est guère surprenant que lesdits conseillers ne manifestent qu’un enthousiasme limité à l’idée de réunir un comité à l’énergie atomique qui aurait tôt fait de mettre à jour leurs lacunes.

Au fond, par-delà la question du nucléaire et de la souveraineté énergétique, c’est l’instruction scientifique et technique des dossiers politiques qui doit être repensée de fond en comble. Que les corps techniques de l’État forment correctement leurs jeunes au lieu de se contenter d’être les chiens de garde de chasses gardées ! Que les conseillers soient en état de conseiller, ce qui suppose qu’ils réapprennent à analyser le fond des dossiers et à l’éprouver auprès des experts qui leur font rapport, au lieu d’être nommés sur la foi d’un titre fraîchement acquis !

De telles instances existent ailleurs, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, et fonctionnent. J’ai eu à examiner les rapports Quadriennal Energy Review (QER) et Quadriennal Technology Review (QTR) sur la transition énergétique produits sous la présidence de Barack Obama

Le comité civile de l’énergie atomique M. le président Raphaël Schellenberger. Je résume. Le comité civil de l’énergie atomique, qui, selon la loi, doit être réuni une fois par an,…MYves Bréchet. Sous la présidence du Premier ministre.  M. le président Raphaël Schellenberger. …n’a, à votre connaissance, été réuni que deux fois depuis 2012. M. Yves Bréchet. Oui.

 

Je l’ai vu réuni une fois à mon arrivée, présidé par Mme Fioraso, qui était ministre de la recherche_pas par le Premier ministre –, puis une seconde fois sous la présidence de Manuel Valls, Premier ministre. Ce sont les deux seules fois, en six ans, où je l’ai vu réuni ; à ma connaissance, il ne l’a pas été depuis que je suis parti.

L’État est une merveille qui est capable de faire fonctionner ses propres institutions contre ses  propres lois. Je trouve cela absolument fascinant.

J’ai mis longtemps à comprendre la raison pour laquelle le comité n’était pas réuni. Chaque année, je demandais qu’il le soit et, chaque année, les conseillers des ministères disaient « c’est compliqué, ça n’intéresse pas les ministres, on ne trouvera pas de date dans l’emploi du temps ». J’avais beau leur dire que c’était dans les textes, que la loi l’imposait, rien n’y faisait.

En fait, c’est très simple : quand vous n’instruisez pas correctement les dossiers, vous n’avez sûrement pas envie que des dossiers correctement instruits par des gens qui connaissent le sujet – même si vous pouvez les accuser d’être biaisés – arrivent sous les yeux de ceux qui vous considèrent comme conseillers. Donc la structure a été vidée de son contenu. Le dysfonctionnement de l’analyse scientifique et technique des dossiers en ce qui concerne l’énergie atomique – j’espère que ce n’est pas vrai partout – se manifeste aussi dans le dysfonctionnement organisationnel.

Atouts et faiblesses de la filière nucléaire

La filière électronucléaire française demeure un atout du pays. En héritage de décennies d’investissement, les compétences scientifiques et techniques demeurent au sein du CEA, d’EDF, de Framatome et d’Orano. Lorsqu’elles sont mobilisées dans un contexte où l’outil industriel est fiable et la réglementation stable, par exemple en Chine et au Royaume-Uni, nous voyons que l’atout industriel existe encore et reste de bon niveau.

Toutefois, il faut bien admettre que les tergiversations multiples des gouvernements successifs dans la politique nucléaire ont grandement endommagé la réputation de la France comme partenaire fiable – mais pas son image de ressource de compétences « à pomper », ce qui n’est pas exactement la même chose qu’un partenariat. En ce qui concerne l’industrie nucléaire à l’export, les pays qui gagnent sur les marchés internationaux sont ceux dont la filière est fortement soutenue par leur État, comme le démontrent les exemples de la Corée du Sud, de la Russie, de la Chine et à présent des États-Unis.

Le drame de l’électronucléaire français, qui est techniquement solide s’il est associé à un tissu industriel mobilisé, a trois causes. Tout d’abord, la perte, depuis une trentaine d’années, du tissu industriel et des compétences en matière de gestion des très grands projets, dont nous n’avons pas fini de subir les conséquences dans de nombreux secteurs. Ensuite, l’absence de politique claire et la multiplication de discours non suivis d’actions concrètes depuis plusieurs années – le contraste avec le plan Messmer est cruel. Tant qu’il n’y aura pas de politique claire avec des engagements clairs et concrets dans la durée, le domaine du nucléaire restera en dessous de ce qu’il doit être. Enfin, la conjonction de flottements décisionnels, de politiques pusillanimes, de dirigeants d’entreprises ayant peur de leur ombre et de froisser le prince, et la démultiplication d’autorités de sûreté dont le travail de qualité est entravé par des communications intempestives. Tout cela rend très difficile la conduite d’une politique industrielle et énergétique rationnelle, et amène à mettre hors service, au pire moment, des outils industriels qui pourraient remplir leur fonction de façon tout à fait sûre.

Les atouts restants du nucléaire français peuvent et doivent contribuer à la souveraineté industrielle et énergétique du pays, ce qui suppose – j’espère que votre commission d’enquête fera passer ce message – de prendre enfin le taureau par les cornes. Il faut prendre conscience du caractère essentiel de l’énergie et de l’atout que nous avons en mains en cessant de le sacrifier à une soumission sans discernement à des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Il faut comprendre enfin la temporalité des actions : on répond aux exigences du jour avec les technologies disponibles, on prépare l’avenir par la recherche, on réalise aujourd’hui par les investissements qui ont été décidés hier.

Il faut nommer aux postes clés des personnes compétentes et courageuses ayant le sens du bien public.

Ce sont des Marcel Boiteux, des Michel Hugues, des Jean-Claude Leny, des André Giraud, des Robert Dautrey qu’il faut mettre aux manettes ! Je suis persuadé qu’ils existent encore, mais on ne les trouve pas courbés dans les couloirs des ministères ni pliés dans les valises des compagnons de route.

Sur le CEA et les ENR

La mutation du CEA en Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEAEA) témoigne de cet opportunisme et de la volonté de l’établissement, grande maison aux volontés impérialistes nullement négligeables, de préempter ce sujet chéri dans les ministères. Au sein du CEA, les ENR constituaient un État dans l’État, dont le patron avait son rond de serviette au ministère. En revanche, la défense de son action dans le domaine du nucléaire civil, qui n’était pas bien en cour, a été une lutte de tous les instants, menée courageusement par les deux administrateurs généraux avec lesquels j’ai travaillé.

Sur la sécurité, l’IRSN et l’ASN

La démultiplication d’autorités de sûreté dont le travail de qualité est entravé par des communications intempestives.

Disposer d’une autorité de sûreté indépendante comme l’ASN est un atout. Mais la concurrence médiatique à laquelle se livrent l’ASN et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) n’est pas une bonne idée.

Le nucléaire est le seul domaine où l’on considère qu’une instruction sera meilleure si elle est réalisée sur la place publique. Le secret de l’instruction vise au contraire à mener un examen critique dépassionné des sujets. Autant il semble sain que les dossiers instruits sortent sur la place publique, autant exposer le problème revient à encourager le catastrophisme, ce qui a des conséquences délétères.

En tant qu’ingénieur, lorsque je suis confronté à un défaut dans les matériaux des centrales, je m’interroge non sur la non-conformité au règlement, mais sur la dangerosité du défaut, pour estimer s’il appelle une action immédiate, avant l’hiver. Puis, j’essaie de le reproduire pour en trouver les causes. Cela se fait calmement, hors de l’arène, de façon à parvenir à une décision qui tienne debout….