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dimanche 20 août 2023

Vision ou Division? Ce que nous disent les plans européens pour 2030

 Une publication d’EMBER https://ember-climate.org/insights/research/necp7/

« Bien que notre analyse révèle que de nombreux pays de l’UE ont déjà des plans ambitieux de décarbonation de leurs systèmes électriques, nous avons également identifié sept pays clés qui bloquent les progrès globaux dans l’UE. À moins qu’ils ne changent de cap, atteindre une réduction des émissions de 55 % sera extrêmement difficile – sans parler de 60 %. »

1) Part du renouvelable dans la consommation électrique


A l’Ouest, certains pays affichent des ambitions et des progressions d’ici 2030 qui laissent quelques peu pantois ; Danemark, Espagne, Pays-Bas…

A l’Est des pays affichent clairement qu’ils n’ont pas l’intention d’investir dans les ENR et qu’ils ne croient pas à leur utilité.  La Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie, la Bulgarie ont d’ailleurs fait remarquer que leurs pays, par leur géographie, se prêtaient mal à un développement éolien massif.

Rappeler que la politique énergétique reste une prérogative nationale et que ce principe de subsidiarité très raisonnable permet à chaque pays d’adapter sa trajectoire énergétiques à sa géographie, à ses ressources propres et à son histoire.

2) Part du nucléaire dans la production électrique 

Remarque : eh oui, attention, c’est d’ici 2030, donc  peu ou pas de constructions nouvelles, il eût fallu y penser avant et ne pas procrastiner sous le prétexte de se concilier les écolos bigots antinucléaires. Donc, il y a surtout des fermetures de centrales !

A noter l’immense responsabilité de l’Allemagne et de la Belgique…et également  très visible sur ce tableau la bêtise que constitue l’actuelle loi Climat  et l’immense responsabilité de la France si elle avait continué sur sa politique absurde, celle qui est encore légalement en place, de fermeture de 14 centrales nucléaires   ! Donc, en ce qui concerne les prévisions françaises, ça devrait changer avec la nouvelle loi climat, dans le bon sens ! Et il va falloir prolonger ce qui pourra l’être et accélérer dans la construction de nouvelles centrales

3) Part des fossiles dans la production électrique


Remarque : Eh ben, on voit de très bons élèves , ceux qui sont déjà très décarbonés et qui le resteront  ( Suède France, Finlande, Slovaquie), les mauvais élèves et qui le resteront, avec une mention spéciale pour la Belgique qui augmentera sa part de fossile dans la production ( merci les Verts Belges, merci la sortie du nucléaire !), et les vantards dont on voit déjà qu’ils auront bien du mal à tenir leurs promesses basées sur le développement des ENR ( Danemark, Pays- Bas) . Et la démonstration une fois de plus par l’Allemagne qu’ona beau développer les ENR à la folie, ce n’est pas pour cela qu’on défossilise efficacement !

4) Part du charbon dans la production électrique 


Remarque : d’ici 2030, environ 90% de la production d’électricité restante à partir du charbon devrait provenir de trois pays, l’Allemagne, la Pologne et la Tchéquie.

Oui,, mais  après 2030 ? La Pologne, grâce à un programme nucléaire ambitieux, et la Tchéquie aussi , et peut-être aussi la Bulgarie devraient voir leur part de charbon dans la production électrique diminuer. Restera qui ?

5) Bilan final 2030 des émissions de CO2 pour la production électrique. Et le gagnant est…

L’Allemagne, qui émettra toujours 10 fois plus de gaz à effet de serre pour la production électrique que la France !

samedi 19 août 2023

Pourquoi lutter contre l'éolien en mer ? Préserver la Biodiversité !

 La création de la zone industrielle éolienne de Saint-Brieuc s’est accompagnée d’une demande d’autorisation de destruction de 59 espèces protégées (54 oiseaux, 5 mammifères), dont au moins une (le Puffin des Baléares) est en danger critique d’extinction.

La préservation de l'identité marine menacée par des atteintes irréversibles provoquées notamment par le changement massif d'affectation de la mer littorale fait partie des buts de PIEBÏEM. La création de la zone industrielle éolienne de Saint-Brieuc s’est accompagnée d’une demande d’autorisation de destruction de 59 espèces protégées (54 oiseaux, 5 mammifères), dont au moins une (le Puffin des Baléares) est en danger critique d’extinction et n’aurait donc pas dû être accordée.

Compte-tenu de la richesse des habitats marins et littoraux de Bretagne Sud (plus de 98 espèces d’oiseaux fréquentent les réserves ornithologiques de Groix ou de Belle-Île) et de l’importance de ses côtes comme voies de migrations transcontinentales vitales pour un grand nombre d’espèces d’oiseaux, de cétacés et  de poissons, ce sera encore pire !

Et pire encore avec le tsunami éolien qui nos menace : 40 GW (50 parcs  le long des côtes françaises) dont 25 GW ( 30 parcs) pour la seule Bretagne 

On ne peut donc que souscrire à ce constat de l’organisation Sea Shepherd : « La France a en matière de protection de la biodiversité marine une responsabilité planétaire qui devrait l’inciter à être exemplaire ». Or,  la France a déjà autorisé et s’apprète à autoriser encore davantage de projets d’usines éoliennes marines « dont l’impact va être colossal, impossible à compenser et irréversible pour la biodiversité marine ». Nous sommes « face  à une menace imminente d’une ampleur telle qu’elle hypothèque l’avenir de la vie marine côtière ». (Sea Shepherd, les Vents de la colère)

Petite revue non exhaustive des espèces protégées,qui risquent de disparaitre de notre mer côtière, et pour certaines, en état critique, de disparaître définitivement.

Pour éviter cela : Association PIEBÎEM ( Préserver l'Identité environnemantle de la Bretagne sud et des Îles contre l' Eolien en Mer ) https://www.facebook.com/groups/pebiem ; https://piebiem.webnode.fr/contact

Les mammifères marins préoccupent au premier chef les naturalistes et les opposants aux projets éoliens. D'abord, parce qu' il s'agit de grands prédateurs, à la reproduction lente et tardive, et que la moindre menace peut rapidement avoir un impact ; et surtout parce que les cétacés utilisent l'écholocation pour se repérer et communiquer, faisant de toute nuisance sonore une menace évidente et sérieuse pour leur vie même


Cachalot :  Présent dans toutes les mers, il a représenté une proie privilégiée, quoique non dépourvue de dangers, pour la pêche baleinière qui a mis l'espèce en péril avec une baisse estimée à 65% des effectifs. Espèce protégée, classée comme Vulnérable par l'UICN


Marsouin Commun :Plusieurs études ont été réalisées en mer du Nord pour connaître l'impact de l'éolien marin posé sur cette espèce ; certaines études montrent une fuite de ces animaux jusqu'à 20 km autour de la source.. Statut UICN en France : Quasi Menacé


Rorqual commun : Longueur allant de 18 à 27 m, Poids entre 45 000 et 75 000 kg. Espèce protégée en France, statut UICN quasi menacé. L'espèce est connue comme particulièrement sensible au bruit et la multiplication d'échouages récents  possiblement en liaison avec l'apparition de parcs éoliens interroge


Dauphin de Risso : découvert par Georges Cuvier en 1812. Assez fréquent dans les eaux tropicales et tempérées des deux hémisphères, il est en France une espèce protégée classé Quasi Menacé par l'UICN


Phoque Gris : l'une des deux espèces de phoques se reproduisant en Bretagne, avec deux colonies importantes, aux Sept-Îles et en Mer d'Iroise, qui représentent environ la moitié des effectifs français. Après avoir payé un lourd tribu à la chasse, le phoque gris a disparu de nombreuses régions. UICN  :Quasi Menacé.


Phoque veau marin : l'autre espèce de phoque se reproduisant en Bretagne, présent essentiellement dans la Manche (baie de Somme) mais avec quelques apparitions dans le MorbihanEn France, l'UICN le classe comme Quasi Menacé. 


Grand Dauphin : c'est Flipper le dauphin, avec un cerveau d'une taille et d'une complexité comparables à celui d'un hominoïde, UICN : espèce protégée de  préoccupation mineure. Il est présent mais rare dans le Mor Breizh. Il est douteux qu'il y reste en présence des éoliennes. Des échouages importants de grands dauphins ont eu lieu deplus en plus souvent 

Dauphin commun : UICN :  espèce protégée de préoccupation mineure. Néanmoins , une forte mortalité est constatée  Des échouages ont été constatés après des tremblements de terre en Bretagne. On parie sur l'effet des éoliennes ? Pour l'instant, très fréquent dans le Mor Breizh ; ça risque donc de ne pas durer.

Baleine à bosse : une acrobate spectaculaire. UICN : espèce protégée  de préoccupation mineure,Quelques observations rares dans le Morbihan, mais de plus en plus fréquentes. Il semble que ses routes de migrations se soient rapprochées des côtes bretonnes, le programme éolien risque donc de les mettre en danger…

Les oiseaux : Ce sont en fait les oiseaux qui sont le plus clairement et le plus certainement menacés par le tsunami de parcs éoliens. Dans sa très remarquable autosaisine 6 juillet 2021), le CNPN (Conseil national de la protection de la nature) fait remarquer : " l'objectif de la Commission Européenne qui pourrait se traduire par l'équivalent de 34 000 éoliennes offshore en 2050 dont 7100 pour la France semble clairement incompatible avec la survie de nombreuses espèces d'oiseaux marins dont la dynamique de population est liée à un taux de mortalité très faible des adultes.»


Macareux moine : seule espèce de macareux présente en Atlantique, a fait l'objet de massacres  dans les Sept-Îles, dans les années 1900 où sa population est passée de près de 20.000 individus à quelques centaines. C'est cet événement qui a provoqué la naissance de la Ligue de Protection des Oiseaux. UICN, Danger Critique d'Extinction


Eider à duvet : Grand canard marin qui se rencontre l'hiver sur les côtes bretonnes . En danger critique d'extinction pour l'UICN France, La pollution engendrée par l'Erika a anéanti la population française, aucun couple ne se reproduisant en 2000 et 2001. Depuis quelques reproducteurs se sont réinstallés.


Puffin des Baléares : Il ne niche que sur les îles Baléares mais remonte jusqu'aux îles Britanniques à la fin de l'été. Les eaux bretonnes accueillent chaque été jusqu'à 50% de la population mondiale ! C'est l'un des oiseaux les plus menacés d'Europe, classé par l'UICN comme en danger critique d'extinction.

Sterne de Dougall : un de ses sites de prédilection est la Ria d'Etel. UICN /en danger critique d'extinction, annexe 1 de la Directive Oiseaux. Très affecté par la grippe aviaire de 2022. 


Pingouin Torda  : Seul pingouin subsistant depuis la disparition du Grand Pingouin en 1844, il est capable de voler. Ne vit qu'en Bretagne, 500 couples dans les années 1960 à moins d'une trentaine de couples dans les années 2000 Statut UICN : liste rouge, en danger critique d'extinction



Guillemot de Troïll : A première vue, ressemble au Pingouin Torda ; en France, n'est présent qu'en Bretagne. Passe presque tout son temps en mer, sauf pendant la période de reproduction. Il plonge souvent jusqu'à 30 m de profondeur, mais on a enregistré des plongeons de plus de 150 m. Statut UICN : En danger 


Goéland cendré : s'il n'est pas en péril au niveau mondial, les goélands nicheurs présents en Bretagne sont classés par l'UICN comme en danger. L'UICN précise qu'aucun apport d'individus en provenance des pays voisins n'est possible pour justifier un ajustement régional de la catégorie.


Mouette Tridactyle : oiseau des falaises, une colonie est fixée à Groix. Le déclin des populations françaises déjà très faibles a conduit l'UICN à la classer comme vulnérable. A l'origine la réserve ornithologique de Koh Kastell (Belle-Ïle) a été créé pour sauvegarder une colonie de mouettes tridactyles 



Puffin des Anglais : Long de 30 à 38 cm pour une envergure de 76 à 82 cm, réalise des migrations impressionnantes de l'Angleterre à l' Amérique du Sud, l'Afrique du Sud, certains individus atteignant même le Pacifique.  UICN : vulnérable pour la population bretonne


Fou de Bassan : le plus grand oiseau marin d'Europe, parcourt quotidiennement une distance d'au moins 450 kilomètres, repère des poissons de 40 mètre de hauteur et peut longer dans la mer à 90 km/h jusqu'à 15 mètres. L'unique colonie en France se situe sur Rouzic ( Sept Îles), mais il est aussi présent dans la zone Bretagne sud. Il a perdu les trois quart de ses effectifs avec la grippe aviaire de 2022 . Statut UICN : quasi menacée



Sterne caugek : bénéficie d'une protection totale sur le territoire français, quasi menacée selon l'UICN. Selon Bretagne vivante, sur la dizaine de sternes caugek équipées de GPS dans le cadre du programme Migratlane, 4 ont été retrouvées mortes l'année suivante 



Pétrel tempête : c' est le plus petit des oiseaux marins d'Europe au vol particulièrement acrobatique, au ras des vagues et avec des changements de caps brutaux. Planctonophage, il ne se nourrit généralement qu'en surface. La sous-espèce présente en Bretagne pelagicus) est considérée par l'UICN comme vulnérable en France.

Les coraux les coraux ne sont pas l'apanage des mers chaudes ! L'existence des coraux des mers froides est connue depuis le XVIIIème. L'inscription des jardins de coraux mous sur la liste d'espèces et d'habitats menacés et ou en déclin a été décidé par la commission OSPAR (Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est) dès 2003. Leur découverte en baie de Saint-Brieuc (cf le dossier réalisé par Gardez Les Caps) a été une mauvaise surprise pour Iberdrola, qui a plaidé l'ignorance. Les candidats exploitants de Bretagne Sud (s'il voit le jour !), ne pourra pas en faire autant ; la présence d'espèces protégées sur zone est avérée


Corail jaune Dendrophyllia cornigera : rare, en voie de classement d'espèces protégéesLe squelette est recouvert d'une peau jaune d'or, le coenosarc. Les rameaux de la colonie, dont le diamètre est de 12 à 15 cm, forment des massifs de 30 à 40 cm de haut..

Corail noir Antipathella subpinnata : en fait, il est blanc, seulement 5 espèces connues, rares et localisées. Grandes colonies arborescentes atteignant 2 mètres de haut. Ecosystème marine vulnérable, en voie de classement espèces protégées.

Smittina cervicornis (Corne de cerfs) : rare, sur liste rouge en voie de protection. On les trouve sur les fonds rocheux, et ils ont la particularité de vivre en association (mutualisme) avec une éponge transparente, Halisarca harmelini, qui les recouvre.

Les chiroptères : Eh oui des chauve-souris fréquentent le littoral, soit lors de migrations, soit pour chasser. Et elles peuvent aller loin, certains ont été retrouvées sur des plateformes pétrolière à 40 km des côtes. Et elles sont particulièrement menacée par les éoliennes avec une mortalité importante bien connue pour les éoliennes terrestres, soit par choc, soit par barotraumatisme (lésions tissulaires résultant de variations de pression importantes, avec un risque majoré pour les grandes éoliennes en mer.


Pipistrelle de Nathusius : C'est la plus grande des Pipistrelles -5 cm de long, pelage dorsal, long et laineux, de couleur châtain à brun. Elle est capable de migrer sur plus de 1000 km. Statut UICN en France, liste rouge, quasi-menacé.



Noctule commune : chauve-souris de grande taille (12cm et une envergure de 40 cm) au vol rapide (50 km/h). Selon le Groupe Mammalogique Breton, cette espèce a subi un déclin alarmant de - 88 % en 10 ans en Bretagne et semble particulièrement menacée par les éoliennes. Statut UICN en France :quasi-menacé.


Noctule de Leisler : Plus petite des noctules, la Noctule de Leisler apparait comme très sensible au risque de mortalité lié aux éoliennes, notamment à cause de sa technique de chasse à haute altitude et de ses grands déplacements à des altitudes « à risque ». Accomplit de longues migrations pouvant atteindre 1567 km entre le Nord de l'Allemagne et l'Espagne. Statut UICN en France :quasi-menacé

Pour éviter cela :

PIEBÎEM

mardi 15 août 2023

Les plans fous que l’Allemagne veut imposer à l’Europe pour l’hydrogène !

 1) l’Allemagne manipule l’Europe avec son plan hydrogène

Remarquable article de Michel Gay : https://www.contrepoints.org/2023/08/09/461428-lallemagne-manipule-leurope-avec-son-plan-hydrogene

Extraits : L’Allemagne annonce la construction de presque 24 gigawatts (GW) de centrales « à hydrogène » qu’elle veut faire subventionner par l’Union européenne.

Après avoir supprimé environ 20 gigawatts (GW) de nucléaire bas carbone (17 réacteurs), l’Allemagne comptait sur les énergies renouvelables intermittentes (EnRI) pour les remplacer. Mais les productions fatales de ces dernières étant insuffisantes, ce pays a conservé son parc pilotable au gaz et au charbon qui reste indispensable en soutien 

« Pour masquer l’échec de sa transition énergétique (Energiewende) et obtenir en plus des subventions de l’Union européenne, l’Allemagne a donc imaginé ce projet ubuesque de 24 GW de centrales électriques, dites « à hydrogène ».

En réalité, ce sont des centrales à gaz capables de brûler aussi de l’hydrogène, mais qui doivent être subventionnées, car leur fonctionnement intermittent en complément des productions elles-mêmes intermittentes des EnRI, va limiter leur rentabilité. »

NB : là-dessus, ne pas hésiter à aller sur le compte parodique RACG @charbongaz   (il faut bien préciser parodique parce qu’ils ont eu des problèmes) qui traite très bien de cette problématique

 

« Dans cet objectif, l’Allemagne prévoit, dès 2024, de  lancer des appels d’offres pour près de 9 GW de nouvelles centrales à gaz censées fonctionner dès le départ à l’hydrogène. »

Et quand bien même ces centrales hydrogen ready fonctionneraient à l’hydrogène, la question à plusieurs milliards reste :

« Et d’où viendrait l’hydrogène consommé dans ces centrales « à gaz » ?

Selon l’Allemagne, l’électricité requise serait majoritairement produite par des éoliennes en mer…

McKinsey estime à 30 GW au moins le manque de moyens pilotables en Allemagne à l’horizon de 2030. Ce cabinet d’experts doute que les conditions pour la construction des nouvelles centrales soient remplies en temps voulu. Notamment, la bascule vers un hydrogène « vert » à un prix raisonnable reste incertaine, voire illusoire.

 

La capacité nationale de production d’énergies éolienne et solaire (estimée à environ 100 TWh en 2030) ne suffira pas à couvrir le besoin d’électricité pour la production d’hydrogène dont les importations seront indispensables, comme les importations de gaz méthane aujourd’hui.


Ben c’est pas grave et c’est là que c’est rusé ; parce qu’en attendant Godot  hydrogène vert, ces centrales hydrogène ready pourront très bien fonctionner… et même se rentabiliser  au gaz classique…tout en étant financée au nom de la transition écologique et par des crédits verts. Rusé !

D’où le titre de l’article de Michel Gay : « l’Allemagne manipule l’Europe avec son plan hydrogène » : 

« Si les subventions pour ces centrales à gaz « dites à hydrogène » sont attribuées par l’Europe, il s’agira de la deuxième arnaque du siècle réussie par l’Allemagne, après avoir fait croire que les énergies éolienne et solaire pouvaient assurer son avenir énergétique !

Pendant ce temps, la France bataille pour que l’Union européenne l’aide financièrement à prolonger ses centrales nucléaires (émettant moins de carbone (4 g CO2/kWh) que l’éolien ou le solaire), et à en construire de nouvelles. »

 

Pas mieux !

 

Quasi-simultanément, Jean-Marc Jancovici publie un post linked dans lequel il critique un rapport de Deloitte, très proche de la vision allemande :  L’hydrogène vert : un accélérateur de transition vers la neutralité carbone Analyse mondiale du marché de l’hydrogène vert à horizon 2050.

 

2) Le rapport de Deloitte : L’hydrogène vert : Analyse mondiale du marché de l’hydrogène vert à horizon 2050

 

Extraits

 

« La demande européenne en hydrogène décarboné pourrait atteindre jusque 95 millions de tonnes en 2050. A cet horizon, l’Europe serait le quatrième marché régional de l’hydrogène en valeur, générant presque 200 milliards de dollar de revenus par an. »

 

« L’Europe pourra s’appuyer sur ses propres ressources pour produire des volumes conséquents d’hydrogène décarboné, en particulier pour les usages en hydrogène pur, plus difficile à transporter sur de longues distances. Deloitte estime que la production européenne pourrait atteindre 55 millions de tonnes par an d’ici à 2050. Du fait de ses caractéristiques géographiques, il lui sera cependant difficile de satisfaire l’intégralité de sa demande à un coût abordable. L’Europe pourrait ainsi s’appuyer sur des partenaires nord-africains, du Moyen-Orient, d’Afrique sub-saharienne, ou nord-américains pour fournir jusqu’à 40 % de sa demande globale. »

 

« D'ici à 2050, les principaux exportateurs devraient être l'Afrique du Nord (110 milliards de dollars par an), l'Amérique du Nord (63 milliards de dollars), l'Australie (39 milliards de dollars) et le Moyen-Orient (20 milliards de dollars). »



https://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/sustainability-services/articles/hydrogene-vert-accelerateur-de-transition-vers-neutralite-carbone.html

 

3) La réponse de Jancovici : il manque le principal : faire quelques règles de trois


https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7095161561777848320/

 

Extraits : « Deloitte publie un rapport sur "l'hydrogène vert, qui est repris par Les Echos avec un titre très emphatique. Exit le pétrole, voici l'hydrogène vert !... »

 

« Le travail de Deloitte évoque une production de 600 millions de tonnes d'H2 vert en 2050. Le contenu énergétique de l'hydrogène est de 33 kWh par kg. 600 millions de tonnes d'H2 ont donc un contenu énergétique de 20.000 TWh (1 TWh = 1.000.000.000 kWh). C'est le contenu énergétique de 40% de la production mondiale actuelle de pétrole, ou 50% de celle de gaz. Là ca semble déjà plus impressionnant ! »

 

Le rendement de l'électrolyse est d'environ 70%. Pour produire ces 600 millions de tonnes d'H2 il faut donc environ 28.000 TWh d'électricité, soit... la totalité de la production électrique mondiale actuelle, ou environ 3,5 fois la production ENR actuelle en incluant l'hydro (et bien évidemment si on prend cette électricité pour faire de l'hydrogène, elle n'est plus disponible pour ses usages actuels). »

 

« Parlons argent : le rapport évoque un marché de 280 milliards de dollars pour les exportateurs de cet hydrogène vert. Au vu du contenu énergétique évoqué ci-dessus… ca semble peu. Accessoirement se risquer à évoquer un prix à la tonne dans 27 ans me paraît un poil osé…


Si l'on se limite à parler coût de revient, il faut alors "prévoir" le coût futur des dispositifs solaires et éoliens qui seront mobilisés. Or, les coûts actuels de production de ces dispositifs sont obtenus dans un monde où l'industrie est extraordinairement productive grâce aux combustibles et les transports très faciles grâce au pétrole.

Que restera-t-il de cette "productivité" dans un monde dépourvu de combustibles fossiles, ce qui est l'hypothèse implicite légitimant de produire de l'hydrogène “vert” ? »

 

« Autre question : pourquoi les pays d'Afrique du Nord ou d'Amérique du Sud affecteraient en priorité leurs ENR à fournir en H2 des européens ou des asiatiques ne souhaitant pas devenir sobres, plutôt qu'à leur propre décarbonation ? » (cf ci -après l'écocolonialisme)

 

« Deloitte évoque 3 points de vigilance pour les pouvoirs publics. Il me semble qu'il manque le principal : faire quelques règles de trois et se poser quelques questions avant de prendre nos paris ! La production électrique a certes un peu plus que doublé sur les 27 dernières années. Mais.... cela s'est surtout fait avec du charbon et du gaz ! »

 

Sur ce point de l’hydrogène et de sa bulle éventuelle, un auteur est particulièrement intéressant à suivre : Samuele Furfari

, cf. par exemple

 

4)S. Furfari :  Hydrogène vert, un siècle et toujours du vent. L’écocolonialisme.

 

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/hydrogene-vert-un-siecle-et-toujours-du-vent-950641.html

https://www.science-climat-energie.be/2021/11/07/lecocolonialisme-au-pays-du-surrealisme/

 

Extraits

 

« Les sympathiques idées de John Haldane le sont toujours après un siècle, de sorte que l'hydrogène restera toujours l'énergie du futur. L'hydrogène est indispensable à la vie d'une société moderne. Il n'est pas du tout nécessaire pour la politique énergétique. Il restera l'éternelle utopie. » ( JBS Haldane, généticien et biologiste britannique qui s’est risqué en 1923 dans un discours à Cambridge à prédire une socitété basée sur l’hydrogène renouvelable) »

  

« Parler de l’hydrogène est la dernière trouvaille des politiques pour faire croire qu’ils maîtrisent la technique en promouvant un produit propre « dont la combustion ne produit que de l’eau » suivant le slogan d’un constructeur automobile ; cette référence est particulièrement déplacée, dans la mesure où le rendement énergétique d’une voiture électrique à batterie est trois fois supérieur à celui d’une voiture à hydrogène. »

 

«  On aimerait connaître le prix de l’hydrogène produit en Namibie ; dans plusieurs publications récentes, avec mon collègue italien Alessandro Clerici, nous montrons dans un article publié par Science-climat-énergie que la production d’hydrogène dit vert est une aberration économique, car le coût de production est exorbitant. Même à partir de solaire dans les Émirats arabes unis le coût de production en 2030 serait de 2 €/kg avec un très haut rendement d’électrolyse de 69 %, un discounted rate de 8 % et un CAPEX de 450 €/kW. »

 

On aimerait savoir quel est le coût de l’hydrogène rendu au port d’Anvers, le pôle pétrochimique qui a bien besoin de cette molécule noble. …transporter de l’hydrogène ce n’est pas comme transporter du gaz naturel. C’est bien plus compliqué à cause de la nature chimique de la molécule.

 

Cette question du transport de l’hydrogène en mer a déjà été étudiée sur toutes ses facettes par les fonctionnaires européens dans les recherches mentionnées ci-dessus. Par exemple, afin d’importer dans l’UE de l’hydrogène qui aurait dû être produit par l’abondante hydroélectricité du Québec, un protocole d’accord entre le ministère des Ressources naturelles de la province canadienne et la Commission européenne a été signé en 1988. Les calculs ont montré que les solutions envisagées étaient impraticables : 54 % de perte d’énergie à cause de la transformation chimique du toluène en méthylcyclohexane dans le sens Canada UE, et inversement. De plus, transporter à vide 92 kg de toluène pour transporter 2 kg d’hydrogène est bien évidemment une aberration.

 

« La ministre explique que la moitié de l’hydrogène restera sur place en Namibie. Si c’est pour l’utiliser à la production d’engrais pour donner à manger à la population on peut s’en réjouir, puisque c’est là un usage incontournable de l’hydrogène. Mais ils pourraient très bien aussi le produire à moindre coût à partir de gaz naturel… »

 

« Lorsque les chercheurs du Centre commun de recherche de la Commission Européenne ont travaillé sur l’hydrogène, c’était pour le faire à partir de l’électricité nucléaire, la bête noire de la ministre belge. Mes calculs avec Alessandro Clerici publiés par Science-climat-énergie ont montré que la seule façon de limiter les coûts de la production d’hydrogène – mais toujours plus cher qu’à partir du gaz naturel  – est avec l’électricité produite par les centrales nucléaires existantes »

 

« Dernier point, gardé pour la fin, car il est le plus honteux. En 2019 d’après la Banque mondiale 55 % de la population de la Namibie est connectée au réseau électrique. Et comme partout en Afrique, le système électrique est très instable ce qui occasionne des coupures d’alimentation récurrentes (la principale source pour la production d’électricité pour les personnes nanties en Afrique est le diesel qui alimente les groupes électrogènes domestiques). »

 

 « Comment peut-on seulement penser à aller produire de l’hydrogène pour un souci de pays surréaliste, en l’occurrence la Belgique, dans un pays pauvre ? Cela est aussi indigne que l’idée saugrenue allemande du projet Desertec pour produire de l’électricité dans le Sahara à transporter en Allemagne. L’échec éthique et économique de ce projet n’a pas suffi à l’Allemagne qui envisage à présent de produire de l’hydrogène au Maroc. Est-ce parce que la Namibie est son ancienne colonie que l’Allemagne laisse la place à la Belgique ? « 

 

« La Commission européenne ― toujours prête à copier l’Allemagne ― dans sa stratégie hydrogène du 7 juillet 2020 a osé proposer l’écocolonialisme par l’hydrogène en Afrique, mais heureusement le Conseil européen du 11 décembre 2020 a refusé d’entériner cette faute éthique. »

 

« Si l’on veut que l’Afrique se développe, une chose est à faire en premier : doter le continent d’une production d’énergie abondante et bon marché. Un article du 5 novembre 2021 qui me cite lors du colloque «Le paradoxe africain», tenu le 10 juin dernier à l’École militaire de Paris, rappelle fort opportunément que « nous autres Européens consommons 6 100 kWh/an par personne, et les Africains 530 kWh/an par personne, soit 12 fois moins. De plus, nous savons que si la population africaine va augmenter de façon importante dans les prochaines années, elle aura besoin d’encore plus d’énergie ».


"La Belgique surréaliste préférerait ainsi capturer l’électricité des Africains en situation de pauvreté énergétique. . L’écocolonialisme est-il le nouveau colonialisme à la belge? »