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jeudi 2 juin 2011

Cellules souches humaines : chercheurs et patients en ont besoin !

Cellules souches humaines : chercheurs et patients en ont besoin !

Cellules souches : vers une révolution médicale

Nous assistons à la naissance d’une nouvelle médecine ; à côté des médicaments, de la chirurgie apparaît une nouvelle voie, une nouvelle technique aux potentialités immenses, la médecine régénérative. Cette révolution médicale est basée sur la capacité des cellules à se régénérer, et notamment sur la découverte et l’étude des propriétés des cellules dites souches, isolées chez l’homme en 1998.

Remplacer les greffes

Une des applications les plus utiles et excitantes des cellules souches est le remplacement des greffes d’organes, d’autant qu’heureusement, avec la diminution des accidents de la route, les greffons se font de plus en plus rares et les listes d’attentes s’allongent.
Ainsi, chaque année, 120.000 patients en France sont atteints d’insuffisance cardiaque, généralement après un infarctus. Seul une infime partie d’entre eux peuvent êtres greffés. Après 15 ans de recherche clinique, il a été montré que, chez l’animal, que les fonctions cardiaques peuvent être restaurées par la greffe de cellules souches embryonnaires. Un essai clinique chez l’homme de traitement de l’insuffisance cardiaque par injection de cellules souches embryonnaire humaine devrait démarrer prochainement, après autorisation de l’Affssaps. Les cellules souches musculaires, sur lesquelles étaient fondées de grands espoirs se sont révélées inaptes à redonner des cellules cardiaques fonctionnelles.

Dans le domaine cardiaque également, des essais sont en cours pour améliorer la récupération après un infarctus par injection de cellules souches de la moelle épinière (amélioration de la revascularisation)

Les greffes de peau sont aujourd’hui difficiles à mettre en œuvre, ce qui les réserve généralement aux cas les plus graves, notamment grands brûlés ; lorsque l’épiderme pourra être fabriqué à partir d’une banque de cellules souches embryonnaires, le traitement des brûlés pourra être plus rapide, ce qui est souvent critique, et les indications élargies à des pathologies moins vitales – et encore !, mais extrêmement invalidantes, telles les plaies des diabétiques ou le traitement des escarres.

Des traitements pour des pathologies où il n’existe aucun traitement

Parmi les plus avancées et les plus prometteuses des recherches en cours sur les potentialités des cellules souches figurent le traitement cellulaire de maladies neurodégénératives telles la maladie de Parkinson, actuellement intraitable lorsqu’elle dépasse une certaine gravité, la maladie de Huntington ; la greffe d’ilots de Langerhans, qui permettrait de guérir véritablement le diabète au lieu de pallier seulement à ses conséquences, la réparation de lésions de la moelle épinière- c »e qui n’a jamais pu être seulement tenté par aucune autre technique ; le traitement de la dégénérescence maculaire, qui rend progressivement aveugle deux millions de personnes par an en France, sans qu’il y ait aucun traitement disponible, la possibilité de revasculariser des membres dont les artères sont obstruées.

La toxicologie prédictive

Les cellules souches peuvent permettre d’évaluer de façon beaucoup plus fine et plus prédictive et plus rapide qu’actuellement l’efficacité et l’innocuité, ou au contraire, la toxicité potentielles de composés chimiques ou biologiques ; ces techniques constitueront un complément aux études animales, dont elles devraient permettre de limiter le nombre.

Recherche fondamentale

La recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines permet également de progresser dans la connaissance du développement cellulaire humain , et notamment de mieux comprendre le développement de certaines maladies génétiques et d’identifier les molécules susceptibles de restaurer un développement normal. Elles peuvent d’élucider certains mécanismes moléculaires à l’origine de la formation des tumeurs.

Patients et chercheurs ont besoin des cellules souches humaines embryonnaires

Les cellules souches sont de trois types : 1) les cellules souches embryonnaires, issues d’embryons surnuméraires obtenus in vitro dans le cadre de fécondations artificielles,  qui sont totipotentes, c’est-à-dire peuvent se différencier en n’importe quels tissus  2) les cellules souches adultes, présentes dans la plupart de nos tissus, sont dites "multipotentes", capables de se différencier en un nombre limité de tissus.( par exemple, les cellules hématopoïétiques des mammifères donnent des globules rouges, des plaquettes, des lymphocytes T ou B, des macrophages, mais elles ne peuvent pas donner des cellules musculaires -3) Les cellules iPS, ou cellules pluripotentes induites, découvertes en 2007. Ce sont des cellules, par exemple, de peau humaine, ramenées au stade embryonnaire par manipulation génétique (injection par rétrovirus de quatre gênes ou traitement chimiques). Les cellules souches adultes offrent donc un potentiel plus restreint que les cellules ES.   conçus Une centaine de cellules souches embryonnaires permettrait de couvrir 40% de la population

Les problèmes réglementaires

La recherche utilisant des cellules souches embryonnaires a été totalement  interdite en France en 1994, puis, en 2006, un régime très restrictif de dérogation a été mis en place. La révision en 2011 des lois de bioéthique représente un enjeu important pour la recherche thérapeutique en France et pour les patients.

La période écoulée a permis de confirmer l’extraordinaire potentiel des cellules souches embryonnaires humaines pour le remplacement des greffes, des thérapeutiques nouvelles dans les maladies neurodégénératives, la toxicologie, l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques, notamment dans le cancer. Nous sommes déjà entré dans l’ère industrielle du médicament cellulaire, notamment avec l’autorisation européenne de mise sur le marché de Chondrocelect, pour le traitement des lésions cartilagineuses localisées, en complément d’acte chirurgical.

Malgré les efforts des chercheurs français, entravés par la loi de bioéthique sur les cellules souches embryonnaires et encouragés à explorer des voies alternatives, il a été démontré que les cellules souches adultes n’offrent pas les mêmes possibilités en raison de leur potentiel plus restreint de différentiation, et leur différentiation imparfaite, par exemple dans le cas des cellules musculaires en cellules cardiaques. Les cellules pluripotentes induites ne seront pas utilisables en clinique avant longtemps, tant qu’on ne comprendra pas le mécanisme de leur reprogrammation et ses conséquences éventuelles, notamment en terme de cancérogénèse.
Finalement, le feu vert est donné. Le Sénat a autorisé ce vendredi la recherche encadrée sur l'embryon et les cellules souches dans le cadre du projet de loi sur la bioéthique.

Même si la recherche sur les cellules souches adultes et sur les cellules pluripotentes induites doit continuer et être encouragée, il est aujourd’hui clair que, pour les patients, pour la recherche, les recherches et l’utilisation thérapeutiques des cellules souches embryonnaires doit être autorisés, comme c’est le cas en Grande-Bretagne, Suisse, Espagne, Belgique…etc.

L’Assemblée Nationale a, en première lecture, accepté et même aggravé un texte gouvernemental qui bloque la recherche et les avancées thérapeutiques utilisant les cellules souches embryonnaires. Après un débat approfondi, le Sénat a proposé une modification légalisant avec un encadrement strict la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines.
Ce texte est aujourd’hui à nouveau devant l’Assemblée, qui souhaite apparemment revenir sur le texte du Sénat, pénalisant ainsi chercheurs et patients. On entend à nouveau les mêmes arguments scientifiquement faux contre les cellules souches embryonnaires, dûs soit à l’ignorance scientifique, soit à des préjugés et des aveuglements idéologiques, ceci malgré le courage et la ténacité de députés comme le socialiste poitevin Alain Claeys ;

Pour les patients, pour la recherche en France, la recherche et les applications thérapeutiques utilisant des cellules souches doivent être autorisées !

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