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dimanche 11 mars 2012

NKM plus toxique que les OGM

NKM plus toxique que les OGM ?

Un moratoire condamné

En septembre 2011, la Cour de Justice européenne a condamné l’Etat français pour le moratoire (l’interdiction de fait) opposée à la culture du maïs transgénique de Monsanto (Mon810). Cette condamnation a été confirmée par le Conseil d’Etat  en novembre 2011, arguant que le caractère d’urgence et le danger pour la santé humaine n’étaient nullement avérés. Face à cette décision, Mme Kosciusko-Morizet (ministre de l’écologie)  prévenait les agriculteurs : ce n’est pas la peine d’acheter des semences de Mon 810 car nous nous opposerons à leur mise en culture »… Autrement dit, par tous les moyens mêmes illégaux !
Le moyen fut trouvé ; imposer un seuil absurde, techniquement insoutenable de 0,1% d’OGM pour la contamination (le seuil européen étant de 0.9%).
Oui, mais il a provoqué l’explosion du Haut Conseil des Biotechnologies et peut-être entamé un déclin irréversible pour la France, seul grand pays agricole où la culture des OGM reste interdite. La bobo écolo versaillaise aura vraiment joué un rôle néfaste, imbécile et dangereux.

Des pratiques condamnables

Face à cette décision, la CFDT a quitté le haut Conseil des Biotechnologies, suivie par la FNSEA, le CNJA (Centre National des Jeunes Agriculteurs) et d’autres parties prenantes. Les membres du Haut Conseil des Biotechnologies ne pouvaient que trouver insupportable cette manière d’agir, un camouflet  qui bafoue complètement le rôle des experts et tout le travail sérieux effectué par les parties prenantes, un débat de fond qui portait ses fruits : «  Ils étaient à peu près tous d’accord sur le fait qu’on ne peut pas dire que les OGM sont bons ou mauvais, mais que c’est l’usage qu’on en fait qui compte… Tant que les pouvoirs publics se cacheront derrière l’expertise scientifique pour justifier une décision, alors qu’ils ne la prennent que pour acheter la paix sociale, on n’en sortira pas. La lâcheté, c’est de ne pas dire au nom de quoi les décisions sont prises. S’il s’appuie réellement sur l’analyse scientifique, alors le gouvernement doit autoriser dès demain le maïs transgénique » (Le Monde 14/02/2012)
En dehors du problème spécifique du maïs et des OGM, c’est toute la démarche démocratique « participative » pourrait-on dire, consistant à organiser un trialogue entre gouvernement, expert et parties prenantes qui se trouve une fois de plus sabotée par la lâcheté des gouvernants, en l’occurrence Kosciusko-Morizet.

Un requiem pour l’agronomie française ?

Peut-être faut-il entendre les agriculteurs qui expliquent que les semences transgéniques type M810 qui ne dégradent pas le milieu naturel, permettent de réduire l’utilisation des insecticides et produits phytosanitaires, de moins retourner les sols et fournissent des aliments plus sains, avec moins de microtoxines ?
Les Etats-Unis, où la majorité du maïs et du soja cultivé sont transgèniques, où apparaissent maintenant du coton, du canoïa, de la betterave à sucre, de la luzerne, et même de la papaye transgènique (aussi en Thaïlande) sont-ils fous ? Et l’Inde, avec ses 10 millions d’hectare de coton transgènique, le Pakistan, le Costa Rica, l’Australie, le Mexique ? En Europe, l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne, le Portugal, la Tchèquie, la Slovaquie, la Suède ont autorisé les OGM. En fait, les OGM sont la technologie la plus rapidement adoptée dans l’histoire récente ( Le Monde, 10 février 2012)
Pour Philippe Chalmin, Professeur à Dauphine,  la messe est dite pour un pays comme la France dont la génétique végétale et plus largement l’agrochimie, avec ce magnifique organisme qu’est l’INRA. Espérons que non, et que la France saura garder sa vocation agricole, une vocation d’avant-garde. Mais il faudra réagir vite : en effet, les centres de recherche et de décision quittent la France, et, après eux, les chercheurs universitaires, dont les expériences mêmes les plus utiles, comme celle de la vigne résistante au court noué sont entravées et même sabotées.

Un débat utile

Ce débat saboté par la lâcheté et l’hypocrisie de Mme Kosciuko-Morizet, il faudra vite le reprendre. Les OGM posent des problèmes, pas tellement pour la santé humaine, mais sur l’impact sur l’environnement (oui ou non permettent-ils de diminuer les pesticides et insecticides), sur la brevetabilité du vivant, sur la position de quasi-monopole de Monsanto. Chaque OGM constitue un cas particulier, et comme l’avait déjà établi le Haut Conseil des Biotechnologies, les OGM ne sont pas bons ou mauvais, mais que c’est l’usage qu’on en fait qui compte.

Un jeu étrange

Et au fait, à quoi joue Monsanto ?  En dehors du monde agricole, son image est tellement dégradée qu’elle ne risque plus rien ; dans le monde agricole, le nombre de ses clients ne cesse d’augmenter. Son attitude est volontairement provocante ; en retour, les adversaires des OGM se radicalisent, versent dans l’illégalité…et empêchent ainsi les compagnies européennes de développer des OGM qui pourraient concurrencer ceux de Monsanto. Les adversaires des OGM n’entravent pas significativement  le développement des OGM de Monsanto, qui se portent bien merci pur eux ; mais ils confortent en fait le monopole de Monsanto – une firme très rusée, elle l’a abondamment démontré.











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