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jeudi 2 avril 2015

Science, créationnisme, positivisme_ Comte oublié


Le Réveil de l’obscurantisme, article contre le créationnisme paru dans La Recherche, (avril 2015) (Véronique Le Ru- repris d’un numéro antérieur). L’article insiste sur la longue marche des scientifiques vers la séparation entre croire et savoir, entre science et théologie et critique justement les créationnistes pour tenter de faire croire que cette distinction n’existe pas, n’ a jamais existé. Ce n’est pas là-dessus que je le reprendrais.
Mais sur ceci : « Ernst Mach, dans La mécanique, publiée en 1904 insiste lui aussi sur l’idée que le principe d’économie ( ie la nécessité pour le chercheur de rendre compte de la réalité à partir des hypothèses les plus simples possibles) ne peut plus être référé à Dieu comme créateur de l’ordre de la nature,  mais doit être référé à la science elle-même… la science vise à présenter, selon la moindre dépense intellectuelle, un maximum d’explication des phénomènes en un minimum de propositions. Cependant, ce calcul de l’optimum n’est plus rapporté par Mach, à un fondement transcendantal qui serait le Dieu parfait créateur du meilleur des mondes possibles, mais à la science elle-même régie par les tendances de l’esprit humain… »
D’accord ; mais sur un tel sujet, pas un mot, pas une phrase mentionnant soit Auguste Comte, soit positivisme !!! Auguste Comte qui avec la loi des trois états ( toutes nos conceptions mentales passent par un stade théologique, un stade métaphysique et un stade positiviste ou scientifique) définit bien une rupture fondamentale entre science et religion ; et quant au principe d’ »économie », ceci  : « la démarche scientifique consiste  à ne jamais imaginer que des hypothèses susceptibles, par leur nature, d’une vérification positive, plus ou moins éloignée mais toujours clairement inévitable, et dont le degré de précision soit en harmonie avec celui que comporte l’étude des phénomènes correspondants… En conservant toujours le degré de précision compatible avec la nature des recherches correspondantes, on ne saurait douter que l’institution de l’hypothèse la plus simple qui puisse satisfaire à l’ensemble des observations actuelles ne soit, pour notre intelligence, non seulement un droit très légitime mais même un véritable devoir impérieusement prescrit par la destination fondamentale de nos efforts spéculatifs «  (Comte, Cours de Philosophie Positive, 58ème Leçon)
Alors, pourquoi citer Mach en oubliant, une fois de plus Comte ? Alors que Ernst Mach se revendiquait, lui,  du positivisme et de Comte ; qu’il contribuait à la Revue Occidentale des positivistes orthodoxes ; et que, pour ceux qui ignorent ou nient les liens entre le Positivisme de Comte et ce qui deviendra le Positivisme de Vienne, Ernst Mach aurait dû présider la délégation autrichienne, et, je crois, la cérémonie elle-même,  de l’inauguration de la statue d’Auguste Comte place de la Sorbonne en 1901, cérémonie qui ne put avoir lieu et fut repoussée d’un an- Mach, ne pouvant se déplacer, fit cependant parvenir un discours.

Oui, Comte oublié, méconnu, et toujours actuel… c’est bien dommage !

Eric Sartori; Le socialisme d'Auguste Comte, aimer, penser, agir au XXIème siècle, L'Harmattan, 2014

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