Le Réveil de l’obscurantisme, article contre le créationnisme paru
dans La Recherche, (avril 2015)
(Véronique Le Ru- repris d’un numéro antérieur). L’article insiste sur la
longue marche des scientifiques vers la séparation entre croire et savoir,
entre science et théologie et critique justement les créationnistes pour tenter
de faire croire que cette distinction n’existe pas, n’ a jamais existé. Ce n’est
pas là-dessus que je le reprendrais.
Mais sur ceci : « Ernst
Mach, dans La mécanique, publiée en
1904 insiste lui aussi sur l’idée que le principe d’économie ( ie la nécessité
pour le chercheur de rendre compte de la réalité à partir des hypothèses les
plus simples possibles) ne peut plus être référé à Dieu comme créateur de l’ordre
de la nature, mais doit être référé à la
science elle-même… la science vise à présenter, selon la moindre dépense
intellectuelle, un maximum d’explication des phénomènes en un minimum de
propositions. Cependant, ce calcul de l’optimum n’est plus rapporté par Mach, à
un fondement transcendantal qui serait le Dieu parfait créateur du meilleur des
mondes possibles, mais à la science elle-même régie par les tendances de l’esprit
humain… »
D’accord ; mais sur
un tel sujet, pas un mot, pas une phrase mentionnant soit Auguste Comte, soit
positivisme !!! Auguste Comte qui avec la loi des trois états ( toutes nos
conceptions mentales passent par un stade théologique, un stade métaphysique et
un stade positiviste ou scientifique) définit bien une rupture fondamentale
entre science et religion ; et quant au principe d’ »économie »,
ceci : « la démarche scientifique consiste à ne jamais imaginer que des hypothèses
susceptibles, par leur nature, d’une vérification positive, plus ou moins
éloignée mais toujours clairement inévitable, et dont le degré de précision
soit en harmonie avec celui que comporte l’étude des phénomènes correspondants…
En conservant toujours le degré de précision compatible avec la nature des
recherches correspondantes, on ne saurait douter que l’institution de
l’hypothèse la plus simple qui puisse satisfaire à l’ensemble des observations
actuelles ne soit, pour notre intelligence, non seulement un droit très
légitime mais même un véritable devoir impérieusement prescrit par la
destination fondamentale de nos efforts spéculatifs « (Comte, Cours de Philosophie Positive, 58ème
Leçon)
Alors, pourquoi citer
Mach en oubliant, une fois de plus Comte ? Alors que Ernst Mach se
revendiquait, lui, du positivisme et de
Comte ; qu’il contribuait à la Revue
Occidentale des positivistes orthodoxes ; et que, pour ceux qui
ignorent ou nient les liens entre le Positivisme de Comte et ce qui deviendra
le Positivisme de Vienne, Ernst Mach aurait dû présider la délégation
autrichienne, et, je crois, la cérémonie elle-même, de l’inauguration de la statue d’Auguste Comte
place de la Sorbonne en 1901, cérémonie qui ne put avoir lieu et fut repoussée
d’un an- Mach, ne pouvant se déplacer, fit cependant parvenir un discours.
Oui, Comte oublié,
méconnu, et toujours actuel… c’est bien dommage !
Eric Sartori; Le socialisme d'Auguste Comte, aimer, penser, agir au XXIème siècle, L'Harmattan, 2014
Eric Sartori; Le socialisme d'Auguste Comte, aimer, penser, agir au XXIème siècle, L'Harmattan, 2014
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