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jeudi 16 juillet 2015

La science au lycée, une réforme atterrante

C’est sous ce titre que les habituellement assez discrètes Union des professeurs des classes préparatoires, Société française de Physique et Union des professeurs de physique et de chimie, ou du moins leurs présidentes et présidents respectifs publient une tribune inquiétante dans Le Monde (supplément science) du 15 juillet 2015.

On y apprend que la réforme du lycée commencée en 2011 a des effets désastreux sur le niveau scientifique des bacheliers issus du bac S. «  les concepteurs des programmes ont parié sur une plus grande diffusion de la culture scientifique au détriment d’une formation basée sir le raisonnement… il apparait que mener une démonstration développée en plusieurs étapes, maîtriser les outils mathématiques de base et s’astreindre à la rigueur pour construire un raisonnement sont des objectifs éliminés de la formation donnée aux bacheliers S. La compétence majeure est devenue « extraire l’information »…. « Ces programmes ont été conçus avec l’idée que la majorité des élèves de filière S ne poursuivra d’études scientifiques supérieures » «  L’enquête montre que les meilleurs étudiants scientifiques quittent le lycée avec une vision erronée de la physique et de la chimie. Ils sont très mal préparés à utiliser des outils formels et à pratiquer des démarches scientifiques rigoureuses. Ils n’ont reçu au lycée qu’un vernis culturel superficiel asséné par des arguments d’autorité ». ( Si cela est vrai, c’est l’exact contraire d’une formation scientifique !!!). La conclusion : « le bac S ne prépare plus convenablement à l’enseignement supérieur scientifique ». Un constat alarmant, selon les auteurs de la tribune (Sylvie Bonnet, Alain Fontaine, Vincent Parbelle) ; d’autant que la ministre, après avoir prétendu qu’aucun rapport n’était prêt sur le sujet, a annoncé la présentation de ce rapport qui n’est pas prêt aux syndicats, puis a ajourné cette présentation…
Elite « delenda est »
Que ce soit la réforme en cours du lycée, celles annoncées du collège et de l’Ecoles Polytechnique, l’esprit est le même ; il semble que  la persistance de filières d’élites ( premières  et terminales S, classes européennes, classes préparatoires et grandes écoles) constitue un défi ( un reproche permanent ?) à toute une partie de la haute administration de l’Education Nationale et aux politiques qui ont la faiblesse de les écouter ; et que, depuis le début de ce quinquennat ( mais ce n’est que la suite de ce qui a précédé.. ), un seul but est méthodiquement poursuivi avec obstination : la fin de toutes les filières d’élite, de tout élitisme républicain.
Que Madame et Mrs Sylvie Bonnet, Alain Fontaine, Vincent Parbelle, les organisations qu’ils représentent, les professeurs qui ont participé à l’établissement du bilan de cette réforme du lycée, et, avec eux, tous les professeurs qui luttent quotidiennement contre la destruction de l’enseignement soient remerciés de leur courage.
Nous sommes ici en complète rupture avec ce que Jean-Pierre Chevènement définissait comme l’élitisme républicain et comme l’esprit du plan Langevin- Wallon «  la promotion de tous, la sélection des meilleurs ».  Et le résultat est déjà connu : un système scolaire encore plus injuste socialement. Décidément, il semble que ce gouvernement poursuive l’objectif que d’autres avaient affiché : « déconstruire systématiquement le programme du Conseil National de la Résistance »
Dans la torpeur estivale, cette tribune n’a suscité  que peu de réactions ; le gouvernement aurait tort de s’y fier et de ne pas sentir la colère qui monte, chez les enseignants et dans les familles de cet espèce de sabotage systématique de ce qui fonctionne encore dans l’enseignement.
 
 
 

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