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samedi 21 mai 2016

Loi El Khomri : Violence de la méthode gouvernementale

Changer de méthode ou changer de gouvernement

Commençons par là : les violences contre les policiers, qui les visent systématiquement, physiquement, dans le but  de blesser, voire de tuer et de créer les plus grands désordres sont insupportables et doivent être réprimées sans faiblesses ; inexcusables également, ces violences qui dévastent des centre villes, détruisent les biens de la communauté ou de particuliers. Le sang-froid, le professionnalisme, le dévouement de la police doivent être saluées, d’autant que les rares manquements sont recherchés et éventuellement sanctionnés ; le travail  des services d’ordre syndicaux doit être également salué, eux qui sont de plus en plus pris pour cibles par des minorités violentes et inexcusables.
Mais s’il est de la responsabilité politique de lutter contre la violence, en réprimant lorsqu’il faut en venir là,   il est encore davantage de sa responsabilité de ne pas créer volontairement cet engrenage de la violence. La gouvernance de Manuel Valls est ici clairement en cause, qui mélange autorité de l’Etat et violence politique.
Exemples : les manifestations contre le mariage pour tous. Quoi que l’on en pense sur le fond, un referendum aurait sans doute été le bienvenu pour trancher la question et apaiser les tensions – elle méritait incontestablement un débat,  débat qui n’a pas eu lieu. On a dit aux opposants : vous pouvez  dire ce que vous voulez, avancez tous les arguments, de toute façon, la loi sera votée parce que sommes majoritaires au Parlement. Et cette attitude arrogante et violente était voulue, il s’agissait de montrer, sur une réforme sociétale assez largement acceptée et qui n’aurait pas dû poser grands problèmes,  que cette majorité  était vraiment de gauche ??? !!! et que son chef avait des couilles, non d’un hidalgo !
Même cas de figure pour la loi El Khomri. Pour un projet aussi complexe, pour ne pas dire aussi mal fichu, une consultation approfondie des partenaires sociaux aurait été bien utile. Non, il fallait passer vote, en force ! Pas de débats dans la société, et, face à un parlement qui voulait faire son travail, pas de même de débats à l’Assemblée. Aux opposants, on dit : vous pouvez toujours débattre tant que vous voulez, le projet passera parce que nous sommes (de moins en moins !) majoritaires à l’Assemblée. Le gouvernement a évidemment joué le pourrissement des manifestations, et ce qui se passe est la récolte de ce qu’il a volontairement et indignement semé.
Brutalité, et imbécillité aussi, dans un autre domaine, lorsque le gouvernement a décidé, sans concertation, sans  consulter les socialistes locaux, d’imposer le retrait des listes socialistes dans les régions où le Front National était en tête. Brillante idée, qui fait que la gauche est totalement absente de deux régions françaises, PACA et Nord, regroupant plus de onze millions d’habitants, et le PS en capilotade dans deux régions où il fut naguère dominant (en abusant parfois, par trop de népotisme et de clientélisme), alors que Jean-Pierre Masseret, courageux et intelligent dans sa dissidence lorraine, menacé de poursuites par les apparatchiks du PS, démontrait que le pseudo danger FN était surestimé et sauvait les meubles. Et quand bien même, le FN aurait conquis une région, c’était le respect de la démocratie, et sans doute Marine Le Pen serait-elle aujourd’hui moins flamboyante ! Tandis que cette alliance des appareils politiques de gauche et de droite est le contraire de la démocratie et fait finalement le jeu du FN, trop heureux de dénoncer l’ex UMPS.
Oui vraiment, il faut changer de méthode ou il faut changer de gouvernement, et probablement les deux, sous peine de disparition totale d Parti Socialiste lors des prochaines échéances électorales.

Loi El Khomri ! Ni amendable, ni négociable, retrait !

Et revenons à la loi El Khomri ! J’ai déjà expliqué à quel point l’inversion de la hiérarchie des normes (accords d’entreprises primant sur les conventions collectives) constituait un recul social inouï et même une absurdité économique. Autre exemple : La Sécurité Sociale (l’Urssaf) poursuit Uber pour récupérer des cotisations sociales, considérant que les chauffeurs sont des travailleurs faussement indépendant, mais de vrais salariés (pour mention, une action assez similaire a été menée dans ce pays éminemment socialiste qu’est la Californie !). Or, un article 27 bis a été ajouté à la loi El Khomri sur les travailleurs utilisant une plate-forme numérique et qui précise que le code du travail ne leur est pas applicable- donc pas de cotisations sociales à verser pour l’employeur ! Et le gouvernement a le culot de faire valoir que la loi autorisera les chauffeurs d’Uber  constituer des syndicats ! Quelle réforme de gauche, autoriser des syndicats ! Sauf que certains chauffeurs n’en n’ont pas attendu l’autorisation et se sont déjà syndiqués. Ce gouvernement est violent, ce gouvernement se moque de nous, ce gouvernement se moque violemment de nous.
Autre absurdité, dans un sens inattendu : en 2014, la loi a imposé une durée minimale des contrats à temps partiel de 24 heures hebdomadaires-alors que dans le commerce de détail (les boutiques) des contrats à temps partiels plus faibles fonctionnaient parfaitement à la satisfaction des employeurs et des employés_ et cette nouvelle régulation a entrainé de nombreux licenciements dans cette branche !

Ni amendable, ni négociable, la loi El Khomri doit être retirée et remise à plat par les partenaires sociaux. Le gouvernement réussira peut-être dans sa stratégie du pourrissement des manifestations au risque certain d’une violence accrue. Mais la rage et le désespoir entraineront des conflits durs, paralysants et dommageables à l’économie dans les quelques bastions syndicaux qui restent. Le gouvernement aurait tort de penser qu’il gagnera facilement cette manche là. Et de toute façon, il le paierait ar une disparition du PS lors des prochaines élections. 

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