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jeudi 18 août 2016

Palmyre sauvée, la France absente

Beaucoup ont sans doute  déjà oublié ce nom, Khaled Asaad, qui dirigeait les Antiquités de  Palmyre depuis 1963, âgé de 83 ans, décapité par Daech en public. Mais peut-être certains considèrent qu’il l’avait mérité, c’était un officiel syrien ; il avait refusé de quitter la ville et jusqu’au dernier moment, et même trop tard, il s’efforçait de cacher et mettre à l’abri les trésors de ses musées – et c’est sans doute l’une des raisons  de son exécution.

Car à la barbarie contre les personnes a succédé la barbarie contre la culture, la destruction à la dynamite des temples de Bêl et Baalshamin et du célèbre arc de triomphe, plusieurs des tours funéraires de la cité, uniques au monde réduites en poussière, l’amphithéâtre dégradé et servant de cadre à l’exécution publique de 25 soldats syriens par des adolescents, la destruction de statues et un pillage organisé qui servait à financer Daech.

Palmyre a été libérée, oui, libérée de la barbarie, par les Russes et l’armée syrienne. Affrontant les tirs qui viennent encore des palmeraies voisines et les milliers d’engin explosifs laissés par Daech, déminant, archéologues syriens de la DGAM (Direction Générale des Antiquités et Musées) et archélogues russes s’affairent sur le site, sauvant ce qui peut encore l’être, identifiant, ramassant les pièces du puzzle des vandales, préparant les restaurations futures.

Et les Français ? Eh bien, ils ne sont pas là ! Parce que comme l’explique crûment l’historienne Sartre Fauriat, exprimant une espèce de position officielle française, la libération de Palmyre n’est pas vraiment une libération, elle est avant tout « un coup médiatique d’Assad et y aller maintenant serait une caution donnée au régime ». Ah oui, ce ne sont pas les alliés des alliés de nos très chers amis qatari et saoudiens qui sont sur place, eux se battent aux cotés des vandales.

Pendant ce temps, Russes et Syriens donc travaillent et- devinez quoi- lorsqu’il s’agit d’Antiquités, ils se parlent en français, langue commune de travail la plus commode. Le Directeur de la DGAM, Maamoun Abdulkarim a ces paroles amères et terribles pour la France :
Je me suis senti abandonné par la France, et tout ça pour des raisons politiques. L’archéologie syrienne est francophone, comme vous pouvez le voir ; tout est écrit en français dans mon département. Pourquoi un tel gâchis historique après un siècle de coopération entre l’archéologie syrienne et française ? Une exposition sur l’art syrien aura lieu au musée Pouchkine en octobre ; figurez-vous que nos échanges avec les Russes se font en français… Pourquoi au sein de l’Unesco, pas une seule personnalité française n’est venue à notre rencontre ?Et pourquoi certaines institutions françaises ont même été jusqu’à refuser de nous recevoir ? La DGAM est une organisation scientifique et non politique. J’attendrais un soutien moral et scientifique, pas des attaques (cité dans un remarquable article de Marianne5-11août 2016)

Heureusement certains français n’ont que faire de leurs gouvernants, et, à leur risque, vont à Palmyre, ainsi Jacques Seigne Directeur émérite au CNRS, l’architecte Yves Ubelmann, président d’Iconem  proposent leur compétence te leur aide. Palmyre revivra, et certains Français au moins seront associés à sa renaissance.


Mais que nous sommes loin des ambitions initialement affichés par Laurent Fabius pour une diplomatie scientifique et culturelle de la France. Que cette présidence Hollande aura été minable, dans tous les domaines.



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