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vendredi 2 septembre 2016

Anniversaire de la Révolution Culturelle (2) -Si la France avait une diplomatie culturelle


Mon précédent billet était consacré à l’anniversaire, qui a peu attiré l’attention, du déclanchement de la Révolution Culturelle, un évènement majeur et dramatique du siècle dernier. Silence étrange, si l’on se souvient, comme je l’avais rappelé, qu’à une certaine époque, les intellectuels français s’exprimaient beaucoup sur la Chine… Faut-il croire que  les délires de l’époque les ont rendu timides ? Il serait en tous cas dommage de se désintéresser de l’évolution intellectuelle, philosophique, culturelle, artistique d’une Chine dont l’influence est amenée à s’amplifier et dont les changements sont fascinants.

Parmi ces changements, en complète contradiction avec la Révolution Culturelle, figure la réhabilitation/résurrection de Confucius, auquel Anne Cheng, Professeur au  Collège de France, a consacré plusieurs cycles de conférence très intéressant : Confucius revisité, Confucius ressuscité, le confucianisme est-il un humanisme?
 
Si la France avait une diplomatie culturelle (tout comme Laurent Fabius voulait aussi promouvoir une diplomatie scientifique), elle tirerait profit de la longue, amicale et fascinante tradition d’étude de la civilisation chinoise (la première chaire d’étude de la littérature chinoise en Occident  fut créée en 1814 au Collège de France pour Jean-Pierre Abel-Rémusat) pour reprendre un dialogue fécond avec des intellectuels chinois en pleine sortie de la religion marxiste et soucieux de réévaluer leur héritage.

Si la France avait une diplomatie culturelle, à l‘heure où la Chine multiplie les instituts Confucius pour faire connaître sa culture, sa civilisation, son histoire, elle s’intéresserait aux confrontations historiques, aux influences croisées entre le grand penseur chinois, à l’importance qu’a eu en Occident la découverte du Confucianisme pour le mouvement des lumières, la découverte qui fit les délices de Voltaire d’une civilisation brillante, d’un ordre social et politique et d’une morale  qui ne s’appuient pas sur une révélation théologique.
 
Si la France avait une diplomatie culturelle, elle s’intéresserait à l’influence française sur ces intellectuels du Mouvement du 4 mai  (Cinq/ Quatre) et de la Nouvelle Culture (4 mai 1919, manifestation des étudiants chinois contre le Traité de Versailles qui accordait au Japon une partie du territoire de la Chine) qui voulaient concilier modernisation et tradition et acclimater en Chine « Mr Science » et « Mr Democracy ».  Hu Shi par exemple, (1891-1962) dont Anne Cheng rappelle qu’il faisait de Confucius « un humaniste et un agnostique selon l’idéal des lumières européennes » et « qu’il comparait l’humanisme agnostique de Confucius avec le positivisme d’Auguste Comte », qui suivit les cours de Dewey (lui aussi profondément positiviste, comme en témoigne une foi commune) ; et qui regtettait que le mouvement Cinq/quatre ait, sous la pression des événements abandonné le combat culturel pour le combat politique ;  ou encore Chen Duxiu (1879-1942), lui aussi admirateur de Comte, avant de devenir l’un des fondateurs du PC chinois

Tiens, si la France avait une diplomatie culturelle, elle traduirait Comte en chinois et le ferait dialoguer avec Confucius – juste retour de la fascination des positivistes français, tout particulièrement Pierre Laffitte ( aussi professeur au Collège de France) pour la civilisation chinoise (cf. les positivistes et la chine. Eric Sartori, Monde chinois »,  2014/4

 Si la France avait une diplomatie culturelle, elle ne laisserait pas dépérir le musée Guimet, tout simplement la plus grande collection d’art asiatique en dehors de l’Asie (60.000 objets, 4000 exposés) dont la présidente parle (Le Monde, 1 sept) d’une « extrême disette financière » , « économies jusqu’à des situations des handicaps », et d’inégalités criantes, de disparités entre les musées  ( Guimet reçoit 4 ?7 millions d’euros de subvention contre 42 au quai Branly, - décidément Chirac, ex roi de la corruption,  aura coûté très cher à la France). Quelle pitié et quel scandale pour ce qui pourrait être un instrument culturel majeur de dialogue avec l’Asie, ce continent qui va jouer un rôle si important.



 

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