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dimanche 5 mars 2017

Vous avez aimé Moi, Daniel Blake ? Votez Macron

Un acharnement antisyndical inédit

S’il y a une constante dans l’action de Macron, et qui explique sa popularité parmi le patronat le plus hostile à la régulation sociale, c’est sa volonté d’affaiblir voire même de supprimer les syndicats, ces corps intermédiaires bien embêtants qui empêchent les capitalistes si bien intentionnés de façonner la société à leurs besoins. C’était déjà bien l’intention de la loi travail, lorsqu’elle privilégie les accords d’entreprise aux accords de branche, laissant des salariés atomisés, privés de la force que peut amener une confédération syndicale.   Le programme qu’il a exposé sur les retraites et sur  l’assurance chômage met fin brutalement au paritarisme et va en pratique vers la suppression des syndicats.
Sur les retraites, à en croire son interview dans Le Parisien et ce qu'il a dit lors de sa conférence de presse de présentation de son programme ce jeudi matin, Emmanuel Macron veut créer «un vrai système universel de retraite» où «1 euro versé pour cotisation ouvrira droit aux mêmes droits» quels que soient le secteur, la catégorie ou le statut. «Les règles seront les mêmes pour tous les régimes, explique-t-il. Ce sera la vraie fin des inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé». Merveilleuse et sympathique justice ! Sauf que ces « inégalités » (tiens, en passant, pourquoi dénonce-t-on toujours les inégalités en visant de pseudo-privilégiés dont on veut abolir les pseudo-privilèges plutôt que d’aligner tout le monde sur le statut le plus favorable ?)  ces inégalités sont le produit de carrières, de sujétions, d’histoires très différentes, de compromis passés justement entre les syndicats et les employeurs pour régler des situations spécifiques. Le régime de retraite va basculer entièrement dans un système étatisé, ou ni syndicats, ni patrons n’auront leur mot à dire. Ce n’est pas un progrès. C’est une régression.
Et ne parlons même pas de la faisabilité- et il semble bien que le financier Macron parle sans expérience ni de la fonction publique, ni de l’industrie. En ce qui concerne par exemple les retraites de la fonction publique, il est impossible aujourd'hui de retracer la carrière des fonctionnaires au-delà de 5 ans en arrière car les données n'existent pas et sont détruites - c'est pour cela que les pensions sont calculées sur les 6 derniers mois de traitement, et non sur les 25 meilleures années comme dans le privé.  Se pose également la question de l'intégration des primes des fonctionnaires dans le salaire de référence  des primes  qui peuvent varier du simple au triple et représenter dans certains cas la moitié du traitement. Quand un régime plus généreux se rapproche du régime général, il paie une soulte à la CNAV et, en ce qui concerne les fonctionnaires la soulte représenterait des dizaines de milliards d’euros et serait financée par... les contribuables. L’alignement de la retraite des « privilégiés » de fonctionnaire va coûter très très cher !

Assurance chômage – vers l’étatisation, puis  la privatisation

Sur l'assurance-chômage, c'est la même chose, peu ou prou. M. Macron propose «un changement de philosophie complet» en sortant d'un système financé par les cotisations «pour aller vers un système universel financé par l'impôt et ouvert aux entrepreneurs, aux agriculteurs, aux indépendants, aux professions libérales. Et aussi aux salariés qui démissionnent, dans la limite d'une fois tous les cinq ans». Vous et moi avons chèrement, et en ce qui me concerne longtemps, cotisé à une assurance-retraite qui nous garantissait, en cas de chômage- de disposer pendant un certain temps d’un revenu de remplacement lié à mon ancien salaire. Dans le système étatisé de M. Macron, selon ses premiers projets,  ce ne sera plus le cas, et le revenu de remplacement …sera remplacé par des allocations minimales qui permettront une survie minimale. Pour les salariés en activité, c’est purement et simplement du vol ! Et le système sera plus restrictif  qu’actuellement, car, à supposer que vous puissiez vivre avec votre allocation minimale, celle-ci même vous sera coupée si vous refusez deux offres d’emploi crédibles !
L’Etatisation du système d’assurance chômage ne tardera pas à faire regretter le bon vieux temps du Paritarisme –, le bon temps des négos entre l’UIMM et la CGT- qui feraient bien de s’entendre rapidement sur une réforme de l‘assurance chômage avant la présidentielle, sauvant le paritarisme avant l’étatisation.
Mais bien sûr, il y a encore pire ! Car enfin, dans deux, trois quatre, ans, l‘Etat s’apercevra qu’il ne peut pas et ne sait pas gérer l’assurance chômage étatisée. Alors, il la privatisera et nous nous retrouverons dans l’état de Daniel Blake, le héros du dernier chef d’œuvre de Ken Loach, et de ces milliers de travailleurs anglais, gravement malade que l’assurance chômage privatisée contraint à rechercher un travail et qui en meurent !

En Marche, à rebours !


Oui, vous avez aimé Daniel Blake ? Votez Macron. Et rappelons qu’il y a un sens du progrès, celui qui va de la création de syndicats d’entreprises vers les fédérations de branches professionnelles, puis vers les Confédérations nationales, puis vers des confédérations syndicales au sein d’un espace économique commun ( les fédérations européennes), et enfin les fédérations internationales qui permettent d’éviter la surexploitation des travailleurs des pays pauvres. Et un sens rétrograde, inverse, qui atomise les travailleurs et ôtent toute efficacité à leurs organisations jusqu’à les rendre inutiles et les faire disparaître. C’est vers cela que Macron est en marche !





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