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jeudi 6 avril 2017

La philosophie russe et le positivisme

Avec un (petit) peu de retard, un remarquable dossier consacré à la Philosophie russe et le positivisme dans Archives de Philosophie, tome 79, cahier 2avril-juin 2016.

Introduction de Jérome Laurent :

« Au XIXeme siècle, le positivisme a occupé une place considérable dans la pensée russe. Si la sociologie, avec Kovalevski et Lavrov, y naît tout naturellement grâce à l’influence d’Auguste Comte, la plupart des philosophes, après une période de fascination, s’en détachent et se constituent contre ce qui est perçu comme un matérialisme ; à l’époque soviétique, en revanche, le positivisme est l’une des rares pensées non marxistes à être diffusées, notamment grâce à l’intérêt que lui prête le théoricien Alexandre Bogdanov (1873-1928).
L’engouement pour le positivisme est comparable dans les années 1830-1860 à celui pour Hegel, puis pour Marx : ce sont les grandes philosophies de l’histoire qui passionnent l’intelligentsia »

La voie de Piotr Lavrov. Sociologie comtienne et connaissance historique (Anastasia Yastrebtseva)

NB Piotr Lavrovitch Lavrov  (14 juin 1823, l'Empire russe - 6 février 1900, Paris) est un écrivain russe, mathématicien, philosophe et sociologue, colonel qui fut destitué en raison de ses affinités avec les socialistes révolutionnaires et fut contraint de s'exiler en France en 1870.
Sur l’influence de Comte sur la première sociologie russe : « on appelle souvent l’École sociologique russe « École subjective de sociologie ». Cette terminologie impropre empêche cependant d’en comprendre adéquatement l’originalité. Les sociologues russes ont en effet emprunté la méthode dite « subjective »,non pas à l’hégélien allemand B. Bauer, sur lequel G. Plekhanov a mis l’accent dans son ouvrage La question du développement de la vision moniste sur l’histoire, mais au Système de politique positive de Comte ».
La fidélité à la doctrine de Comte s’exprime aussi dans cette citation du sociologue russe Lavrov : « la sociologie requiert l’union de la méthode objective, utilisée pour la découverte des données factuelles dans leur dépendance et leur succession, et de la méthode subjective qui sert à la définition des buts auxquels doit correspondre l’ordre social et en vue desquels les personnalités doivent diriger les réformes sociales »

L’idée d’humanité chez Auguste Comte Vladimir Soloviev, traduit du russe par Rambert Nicolas

Vladimir Sergueïevitch Soloviev né à Moscou le 28 janvier (16 janvier) 1853 et mort à Ouskoïe près de Moscou le 13 août (31 juillet) 1900, philosophe et poète russe. Passa du matérialisme au positivisme, puis revint à une spiritualité religieuse. « Il redevient brusquement chrétien, à un peu plus de vingt ans, mais tout en étant assez proche de la figure du narodnik brossée par Ivan Tourgueniev : une jeune personne radicale, positiviste, aimant le peuple et voulant l'éduquer, assimilée progressivement aux terroristes » (Wikipedia). Il est l’un des rares s’être intéressée à la Religion de l’Humanité, qui lui a inspiré de belles réflexions cf. notamment Leçons sur la Divino-humanité

Soloviev parle « d’honorer une vieille dette  que j’ai contractée à l’égard de cet éminent penseur (Auguste Comte). Il y a plus de vingt ans de cela, il m’était venu à l’esprit, à cet endroit même, d’inaugurer ma carrière publique par une attaque virulente contre la philosophie positiviste. Je n’ai pas de raison d’en parler ici. D’une part, le positivisme à l’époque était chez nous une mode ; et comme cela arrive souvent, de mode sensée elle devint une idolâtrie, aveugle et intolérante à l’égard des « penseurs rétifs »… « Comte – et c’est en ceci que consiste son plus grand mérite et sa plus grande gloire – a indiqué, avec plus de clarté, de résolution et d’amplitude qu’aucun autre de ces prédécesseurs, cet « autre », à savoir l’intégralité collective qui, dans son être intérieur et pas simplement de façon externe, dépasse chaque homme et le complète tant idéalement que de façon parfaitement réelle. Il a indiqué l’humanité comme une unité positive vivante qui nous embrasse. Il a indiqué le Grand-Être par excellence » 
« Aucun autre des philosophes célèbres de par le monde ne s’approcha si près de l’ambition de ressusciter les morts »

Et également un article sur G. Wybouroff, qui rencontra le positivisme en Russie puis vint en France où il succéda à Pierre Laffitte, le principal disciple de Comte à la chaire d’Histoire générale des sciences » du Collège de France.- en fait une véritable chaire de Positivisme.  (Laurent Clauzade, « Grégoire Wyrouboff : Penser la Russie. Essais de sociologie positive appliquée ? », Archives de Philosophie 2016/2 (Tome 79), p. 297-316.)


Un regret : la revue traite très peu de l’arrivée du positivisme en Russie- il est ainsi mentionné que dès  1898 l’Université de Saint-Pétersbourg était un « haut lieu du positivisme ». On apprend ainsi, que dès 1892,qu’un ouvrage sur La philosophie positive et l’unité de la science, paru en 1892 a été récompensé par un prix  institué en 1889 par un positiviste russe, Dmitri Arkadievitch Stolypine (1818-1893), auteur d’articles sur la production agricole, disciple d’Auguste Comte, qui publia une série d’articles dans Le Nord (1858-1860) sur l’émancipation des serfs ( Lettres sur l’émancipation des serfs ) et s’intéressa à la structure sociale du mir, la commune collective traditionnelle russe(( partisan de la propriété individuelle , il reconnaît que la commune a pu avoir sa raison d’être dans le passé, mais que maintenant elle « n’a point l’importance d’avenir que certains esprits ont voulu lui attribuer »)



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