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dimanche 14 mai 2017

Captage du C02 : coûteuses illusions !

Des gadgets, mais pas de faisabilité industrielle

Jamais en retard d’un gadget, les écolos socialistes de la  Mairie de Paris a annoncé l’implantation de colonnes Morris qui capteront le carbone (le CO2).  Ces colonnes Morris contiennent des algues développées par la startup Fermentalg  fixent le CO2 sous la forme d’une masse organique  pour finalement produire de l’oxygène et, en se multipliant, une biomasse évacuée par le réseau des eaux usées de la ville. Une colonne Morris de 4 mètres de haut permettrait de capter autant de gaz carbonique que 100 arbres (soit une tonne de CO2 par an). Fermentalg s’est installée dans le domaine de la valorisation et de la recherche dans les algues  et c’est certainement un domaine d’avenir. Mais quant à dire que le captage du CO2 est une technologie d’avenir à l’échelle industrielle qui permettra de résoudre les défis énergétiques et climatiques, c’est une autre affaire et faire opeuve d’un optimisme que démentent quelques échecs retentissants.

Total  à Lacq, EDF au Havre- des échecs retentissants- sans parler d’Ulcos

Le monstre métallique vit ses dernières heures. Dans quelques semaines, l’installation sera mise à l’arrêt. Les brûleurs, les équipements de refroidissement, le compresseur et les kilomètres de tuyaux qui ont servi à capter et à comprimer le CO2 seront démontés. Après 1 400 jours de tests, Total s’apprête à mettre un terme à l’expérimentation de captage et stockage du carbone issu de la production de gaz naturel sur son site de Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Démarré en 2009, ce pilote prévu dès le départ pour une durée de quatre ans a été le premier en France, même si l’expérience reste à petite échelle : 51 000 tonnes de CO2 ont été injectées depuis 2010. Les installations de Total à Lacq ont émis 225 000 tonnes l’an passé. Le test sur une chaudière a été conclusif : la méthode ne peut être développée à l’échelle industrielle…
Direction le port du Havre (Seine-Maritime) sur le site de la centrale à charbon d’EDF. À quelques centaines de mètres des docks, où sont déchargés les conteneurs de charbon arrivant des États-Unis et de Pologne, se dresse un édifice de 30 mètres de hauteur, labyrinthe inextricable de tuyaux dédiés au captage du CO2. L’électricien, en partenariat avec Alstom, s’est doté d’un démonstrateur de recherche sur le procédé de postcombustion aux amines. Le projet démarré en 2015, l’échec est patent en 2017 ; le projet ne fonctionne pas et provoque une telle perte de productivité qu’il va à l’encontre de son but.
Et ne parlons même pas du projet Ulcos, Arcelor Mittal et Florange et ses deux hauts fourneaux qui ne devaient pas fermer, promesse de François Hollande de 2012. Arcelor s’engageait à les maintenir en état et à favoriser leur reprise dans le cadre du projet de captage et de stockage de CO2 Ulcos. Un an après, Florange fermait définitivement et renonçait à s’engager dans Ulcos.
Et pourtant la Commission Européenne veut favoriser les recherches sur le captage de CO2. Après un premier plan qui a conduit à un échec total - N’étant pas parvenus à boucler leurs financements, les porteurs des huit projets en lice – dont Ulcos en France– avaient abandonné, la Commission a relancé un second programme. NER 300.  Qui ne marche pas mieux ! . L’objectif était de démontrer la faisabilité des technologies en 2020. Or en 2017 on n’est même pas arrivé à lancer des projets- au contraire, on en abandonne !
Décidément, pour une fois qu’elle se même de politique énergétique et de recherche, la Commission européenne n’a pas de chance. Pas plus d’ailleurs que pour le projet ITER qui dérape considérablement. Peut-être devrait –elle se contenter de fédérer des efforts nationaux et des moyens et d’intervenir dans les projets ? Le savoir-faire très spécialisé  technocratique des eurocrates n’a que peu avoir avec la recherche ou avec l’industrie !

La technologie n’est pas mature et nul ne sait ni si, ni quand elle le sera !

Le captage a l’inconvénient majeur d’exiger beaucoup d’énergie. L’imposante tour de production d’oxygène pur qui se dresse sur le site de Lacq coûtait chaque jour à Total 4 000 à 5 000 euros en électricité ! Il faut ensuite stocker le CO2 capté, sous terre, et là encore les obstacles ne sont pas minces : Capacité de stockage géologique, caractérisation des sols, résistance des réservoirs dans le temps… autant de facteurs qui doivent être étudiés. C’est aussi une des raison de l’arrêt d’EDF au Havre : le réservoir géologique était  inadapté. Le stockage présenterait en outre des risques environnementaux. Selon une étude réalisée par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), l’injection de CO2 pourrait libérer dans le sous-sol, en raison de mécanismes complexes d’interactions, des métaux lourds (zinc, manganèse, fer, arsenic) dans des concentrations très variables. A Lacq, Total a rencontré l’opposition des habitants de la région de Pau. La présence de carbone comprimé à 90 bars dans la roche à 4 500 mètres sous les pieds des Béarnais a inquiété des associations qui sont montées au créneau.

Enfin et surtout la surconsommation des installations de captage de CO2  pourrait entraîner un accroissement des émissions de CO2, alors que le but recherché est au contraire de les réduire… C’est ce qu’indiquent les essais d’EDF au Havre- un investissement d’EDF et de l’ADEME de 22 millions d’euros pour un pilote destiné à ne capter que 0,5% des émissions d’une unité de production d’électricité de 600 MW ! Il était temps d’arrêter. Autre difficulté de taille : passer du stade de pilote à l’échelle industrielle en maintenant le rendement des centrales. Faire fonctionner la chaîne (captage, transport, stockage) sur des installations de 300 MW (soit 3 millions de tonnes de carbone par an) demeure un défi


Malgré les gadgets et la communication, la technologie de capture du CO2 n’est pas mature et nul ne sait ni si, ni quand elle le sera ! (en passant, pour être informé,  il vaut mieux lire l’Usine nouvelle que les communiqués des écolos). LE seul moyen de préserver les ressources naturelles non renouvelables, de lutter contre la pollution et de remplir nos engagement en termes de lutte contre le réchauffement climatique restera pour longtemps encore l’électricité nucléaire ! ( ce qui rend encore plus criminel l’arrêt par Angela Merckel du nucléaire allemand).



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