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dimanche 19 novembre 2017

Electricité_ vers le black out ? EDF en péril ?

Vers la faillite d’EDF  et des fournisseurs traditionnels ?

Le 11 novembre 2017, EDF annonçait des prévisions de bénéfice moindre qu’attendu et l’action perdait 10% en Bourse. Une forte baisse pour des résultats pourtant pas si catastrophiques : une légère baisse de son objectif d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) pour 2018, compris entre 14,6 et 15,3 milliards d’euros contre un objectif précédent de 15,2 milliards. Parmi les principales raisons, EDF cite la « moindre disponibilité de certaines tranches nucléaires au début de 2018, pendant le pic de consommation maximale. Et en effet, près d’un tiers des 58 réacteurs du parc nucléaire français sont actuellement à l’arrêt, notamment pour des vérifications sur des composants liés aux anomalies dans les dossiers de fabrication de l’usine Areva au Creusot. Une grande partie de ces réacteurs devraient redémarrer assez rapidement  Si c’est le cas, et compte-tenu du fait que l’Autorité de Sureté Nucléaire semble finalement considérer que les anomalies sont peu graves, alors le cours de devrait se redresser. Pour autant, l’évolution historique du cours de bourse peut légitimement inquiéter et désoler petits porteurs et salariés : 32 euros à l’introduction, en novembre 2005,  un maximum  à plus de 80 euros en 2007 pour finalement  10 euros actuellement (avec la sortie du CAC 40 en 2015)
Et la revue écologiste Reporterre de triompher : « EDF plonge en Bourse. Normal : sa stratégie nucléariste est vouée à l’échec ». Alors, EDF est-il en péril ?
Réponse oui, mais pas principalement pour ces raisons. Et pas seulement EDF, mais la plupart des producteurs traditionnels d’électricité, EDF restant probablement l’un des moins mal lotis  

Les absurdités de la Nouvelle Organisation du Marché de l’électricité  (NOME) une concurrence parasitaire :

Extraits de l’excellent livre M. Hervé Machenaud : la France dans le Noir ( Les Belles Lettres) déjà mentionné dans mon précédent billets :

« Ainsi l’éditorial du Monde du 17 février 2016 titre DF, la fin du monopole et d’une époque. On peut y lire : affaibli par la concurrence des autres fournisseurs, l’ex monopole n’a plus la choix. S’il veut éviter de se déliter progressivement…il  lui faut se réformer en profondeur.
Mais de quelle réforme s’agit-il ? On ne le dit toujours pas. Qui sont ces fameux fournisseurs dont la concurrence affaiblit EDF ? Aucun des autres producteurs d’électricité , en tout cas (NB ils sont encore en plus mauvaise position).

Ce sont des gens qui ne produisent pas d’électricité, qui s’approvisionnent sur un marché déprimé pour vendre aux clients traditionnels des producteurs en faillite, en dessous des couts de production de ces derniers, avec des marges significatives, une électricité que pour l’essentiel ils n’ont pas produite.

Nous sommes ainsi heureux d’apprendre qu’au moment où la plupart des grands producteurs passent d’énormes provisions pour perte, le fournisseur d’électricité et de gaz Direct Energie  a vu son bénéfice net s’envoler de  78.7% en 2015. Ila fait mieux en 2016 et fera encore mieux en 2016 selon les analystes.  Soyez rassurés, même siles prix de marché remontaient significativement la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité entendre la libéralisation du marché de l’électricité) donne à ces « concurrents la possibilité de s’approvisionner auprès d’EDF qui est tenu de leur vendre  à un prix fixé par le gouvernement, largement au-dessous du coût de production, une partie significative (20%)de sa production , leur épargnant ainsi la pénible obligation d’avoir à la produire eux-mêmes. »

La mécanique (made in Bruxelles) infernale de la loi Nome (la libéralisation) est implacable : Lorsque les coûts de production d’EDF sont supérieurs à ceux d’un marché surcapacitaire, EDF n’a pas le droit de vendre à perte à ses clients, mais doit produire à perte pour ses « compétiteurs » qui, eux, feront des bénéfices, en revendant à un coût supérieur auquel EDF les livre.  Et lorsque les coûts de production d’EDF sont inférieurs à ceux du marché, EDF est obligé de vendre une partie de son électricité à ses compétiteurs.

Exemple, toujours tiré de La France dans le Noir. « C’est ainsi qu’avec les premiers froids de l’hiver 2016 et l’indisponibilité d’un certain nombre de centrales nucléaires, les prix ont beaucoup monté en Europe , en particulier sous l(effet des importations réalisées par EDF. . Les concurrents d’EDF se précipitent sur son électricité nucléaire titre Le Figaro du premier décembre. Pourquoi se gêneraient-ils ? Acheter 42 euros un MWh qu’ils vont revendre (éventuellement à EDF) 70 euros n’est-il pas tentant ?... Un monde de fous ! « Obliger EDF à vendre à ses concurrents à 42 euros le MWh risque de peser sur sa rentabilité  déclare Paul Marty, analyste chez Moody’s.
En effet !!!

En plus de se voir ainsi entravée et pillée, EDF doit tout de même assurer la sécurité de l’approvisionnement en électricité ; l’électricité n’étant pas stockable, EDF doit entretenir un certain nombre de centrales qui ne fonctionnent pas la plupart du temps, mais doivent être prêtes à démarrer à la minute s’il y a pénurie d’électricité. Ce sont les mécanismes de capacité. C’est EDF qui, au nom du service public, à un coût très élevé, garantissait la production de pointe. « Combien de temps et au nom de quoi  EDF devra-t-elle continuer à le faire ? »
En effet !

Le pseudo marché de l’&électricité – les méfaits de la secte libérale

La dérégulation imposée par la secte libérale a-t-elle profité aux consommateurs ? Même pas ! Les prix ne cessent même pas d’augmenter années après années. « Pis encore, c’est une jungle tarifaire à laquelle plus personne ne comprend rien, sinon que les offres alléchantes  sont trop souvent des pièges à gogos truffées de clauses abusives et de pratiques commerciales douteuses ». Il suffit de voir le nombre de réclamations reçues par le médiateur de l’énergie, souvent de personnes âgées dupées par des démarcheurs bien sympathiques, jouant parfois sur la confusion de noms proches de ceux des opérateurs historiques, qui leur promettent monts et merveilles… et après leur passage, les factures s’envolent !
C’est donc une concurrence non pas normale, mais de nature parasitaire, qu’a mis en place la folle  politique européenne de libéralisation de l’énergie et sa déclinaison française, la loi Nome. Et il n’y avait rien là d’inattendu, il suffisait de savoir comment avait tourné « la déréglementation de l’électricité en Californie en 1990 ; en moins de dix an, elle a tourné à une catastrophe nécessitant la fin de l’expérience, avec de nombreuses pannes, des prix en hausse et un parc de production fortement dégradé. Pourquoi ? Les producteurs privés n’ont eu aucun intérêt à des investissements lourds pour maintenir ou améliorer la production et la distribution de l’électricité… puisqu’il leur suffisait de vendre de plus en plus cher une électricité de moins en moins abondante !

Toutes les caractéristiques, toutes, absolument toutes, du « marché » de l’électricité : produit non stockable, besoin d’adaptation immédiate à la demande, lourds investissements et grande intensité capitalistique, garantie d’approvisionnement, garantie absolue de sécurité, égalité des clients et des territoires, besoin essentiel de l’industrie et des particuliers pointent vers ceci : le marché de l’électricité n’est pas un marché comme les autres, il ne  peut pas, quant à son cœur de métier, être libéralisé. Pour que cette réalité ne s’impose pas, pour qu’expériences après expériences, les catastrophes n’enseignent rien, il faut vraiment que règne en certains milieux une véritable mentalité de secte, celle de la secte libérale, bien entretenue par certains intérêts particuliers
 Oui, EDF risque son existence, et avec elle, toute notion de service public dans ce bien essentiel qu’est l’électricité ; et c’est la conséquence de l’action de la secte libérale au pouvoir à Bruxelles et en France.
C’est dans ce sens que va encore plus le très nocif winter package 2017 sur l’électricité de la Commission Européenne (cf. blog précédent) avec l’une de ses mesures phares : la suppression des tarifs administrés et l’obligation pour les fournisseurs de proposer un « tarif dynamique » : lorsque vous aurez vraiment besoin de chauffage, c’est là que le prix de l’électricité s’envolera  et que vous la paierez cent ou mille fois plus cher.


Hervé Machenaud : la France dans le Noir « Le développement incontrôlé d’énergies éoliennes et solaires massivement subventionnées, dans un marché déjà surcapacitaire conduit les producteurs historiques à la faillite… » Au fantasme du tout renouvelable s’ajoute, aussi pernicieux, celui du tout marché »

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