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mercredi 1 mai 2019

Jours de Colère Mai 2019 – l’incendie de Notre Dame n’est pas un accident


Un accident à répétition n’est plus un accident mais une négligence coupable

Oh ben là, il y en a tellement que ça va pas tenir en un seul blog.  L’Incendie de Notre Dame, pour commencer !
Et tiens, une réaction, venue de très loin :

« A notre avis, l’incendie de Notre-Dame n’aurait pas dû arriver. (…) On dit que le feu aurait pu être causé par un court-circuit sous le toit. Si des vestiges culturels sont dévastés pour cette raison, c’est impardonnable… Notre-Dame est un héritage culturel de l’humanité et la France a le devoir de le protéger. Il y a beaucoup de monuments historiques de classe mondiale en France. Il est difficile d’être rassuré quant à leur protection à l’égard de désastres. Les dirigeants chargés [de ce patrimoine] devraient être tenus responsables de l’incendie. Nous croyons avoir le droit moral d’en faire la requête. »
Un peu vachard, mais combien vrai, fier et droit, et de juste et saine colère. Qui ? Global Times, quotidien semi- officiel chinois. Merci ! Et continuez quand même à venir nous voir !

D’autant que l’incendie de Notre Dame n’est pas un accident !

Un accident, c’est ce qui arrive…par accident. Or les incendies sur les chantiers patrimoniaux, en France, n’ont plus rien d’accidentel.  Ainsi, presqu’en face de Notre Dame, l’hôtel Lambert, joyau du XVIIe siècle, a été en 2013 pendant de longues heures le proie des flammes, alors qu’un chantier contesté était mené par ses nouveaux propriétaires qataris. L’origine précise de l’incendie n’est toujours pas connue, mais des associations avaient dénoncé la multiplication des câblages et autres circuits techniques dans les charpentes… tiens, tiens,

Le 15 juin 2015, un feu ravage la toiture de la basilique Saint-Donatien, à Nantes. En moins d’une demi-heure, il ne reste presque plus rien de la charpente. Les expertises menées sur la basilique s’accordent sur le fait que des travaux de maintenance sont bien à l’origine du sinistre, probablement des opérations de soudure. Quatre ans après, les travaux sont toujours en cours et devraient coûter 9 millions d’euros.

Dans la nuit du 22 juillet 1997, un spectaculaire incendie dévaste une partie de la toiture du Palais de Chaillot, place du Trocadéro, à Paris. L’aile Est, touchée par les flammes, abritait le musée des Monuments français et le musée du Cinéma. Des travaux de soudure et de couverture de la toiture avaient été réalisés quelques heures plus tôt. Les pièces de collection ont pu être préservées. Le 19 janvier 2016, un feu ravage le dernier étage et la toiture de l’hôtel Ritz, encore en travaux,

Le 11 mars 2016, le feu s’est déclaré en début de soirée au premier étage de la cathédrale Saint-Etienne, à Auxerre, suite à des travaux de zinguerie, effectués un peu plus tôt dans la journée….

Etc, etc…Un accident qui se répète n’est plus un accident !

Qui seront les prochains ? A La Madeleine, à Paris, diverses autorités n’ont cessé de signaler des branchements électriques aberrants et dangereux ; Dans l’ Yonne (avec Sens, la « mère de Notre Dame de Paris) le vicaire général Joël Rignault lance un cri d'alarme pour que les systèmes électriques soient refaits. « Dans nos deux cathédrales à Auxerre et à Sens, l’électricité est ancienne. Sans doute, faudrait-il urgemment regarder l’état de santé de tout le dispositif car les installations ont été réalisées au cours du temps et il n’y a pas forcement de vision générale. Or, on le sait, le danger vient souvent de ces installations anciennes. Il y a urgence. Nous lançons ces appels depuis très longtemps sans réponse pour l’instant et cela me semble inquiétant » poursuit le vicaire général. 
Et plus grave encore, ceci que révèle Le Canard Enchainé : la Sainte Chapelle, oui la Sainte Chapelle, gravement menacée, depuis que  le Palais de Justice qui l’entoure a été désaffecté et  peu surveillé, alors que des pièces abandonnées sont remplies de débris mobiliers hautement inflammables.. Si la Sainte Chapelle flambe, dira-t-on encore que c’est un accident ?

On le sait, tous ces chantiers patrimoniaux de réfection sont à très haut risques d’incendie. On discutera probablement longtemps de l’origine exacte ( points chauds non surveillés après soudure , électrification en dehors de toute procédure de sécurité et même de tout bon sens de certaines cloches…), la moindre des choses auraient été d’assurer la surveillance du chantier par un nombre suffisant de vigiles, et assez longtemps après la fin journalière des travaux. De multiples boutiques de luxe, en pleine crise rampante des gilets jaunes n’hésitent pas à louer les services de vigiles samedi après samedi ; une solution éminemment  abordable pour protéger des boutiques ne l’a pas  été pour Notre Dame !

Cet incendie de Notre Dame, au moins provoqué une saine réaction… en Espagne : la sécurité électrique de tous les monuments sera revue a annoncé le ministre de la culture José Guira.

Après l’incendie, les Vandales ?

Macron intervenant pendant l’incendie a eu des propos justes et sensibles, pour remercier les pompiers, pour évoquer notre destin commun, notre histoire qui ne s’arrête jamais…allez 1 minute de dignité. Puis très vite après le macronisme : « Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d'ici cinq années » ! Et Anne Hidalgo d’enchainer : oui, il faut que ce soit fini pour les Jeux Olypiques »
Ben voyons ! A l’ enfant qui serre les poings en crient je veux, ma grand-mère répondait : « le roi disait : nous voulons »

Puisqu’il en est incapable, reprenons à Natacha Polony dans Marianne (25 avril 2019) les paroles que l’on aurait aimé entendre : « Cela prendra le temps qu’il faudra, quarante, cinquante ans, si nécessaire, nous y mettrons notre ardeur et notre savoir-faire , et nous rebâtirons ». Nous aurions aimé que ce chantier dépasse le temps d’un mandat, pour que l’annonce soit pleinement désintéressée, qu’elle appartienne on à un homme politique qui joue les prochaines élections, mais au Président de la république française »

En effet. Mais non ! . Un projet de loi spécial Notre-Dame de Paris a été présenté mercredi 24 avril en conseil des ministres. Celui-ci donne « la possibilité au gouvernement de prendre par ordonnance les mesures d’aménagement ou de dérogation nécessaires pour faciliter la réalisation des travaux » de l’édifice », autrement dit de s’affranchir des procédures en vigueur en matière de monuments historiques, et en particuliers des avis et conseils des architectes du patrimoine.
Même le gentil Stéphane Bern s’en est inquiété : « une loi d’exception, cela nous inquiète. Le risque est de créer des précédents. Il y a beaucoup de précipitation. Les lois d’exception, ça m’angoisse toujours », Même le très courtisan Jack Lang ( il tient à ses postes) a réagi : « Nous avons, par le passé, mené à bien des chantiers d’ampleur sans avoir besoin d’une telle disposition,. En neuf mois, nous avons redoré ainsi le dôme des Invalides en 1988, et, en quatre ans, nous avons restauré la totalité du palais du Louvre sans aucune dérogation. De même la cathédrale de Strasbourg et beaucoup d’autres chantiers. »
Avant l’annonce de ce projet de loi, la Fédération des professionnels de la conservation-restauration (FFCR) avait regretté mercredi être exclue du débat sur la restauration de Notre-Dame. « Nous avons constaté l’absence totale du terme conservation-restauration au sein des débats, [alors] qu’en matière de préservation, de conservation ou encore de reconstruction seuls le temps long et la concertation garantissent une prise en compte globale, réfléchie, harmonieuse et pérenne des enjeux », déplorait un communiqué de la profession.

Bref, si Notre Dame survit à l’incendie, elle risque de ne pas survivre au vandalisme macronien !

Réaction sur twitter : « Ha bah oui,  le chiffre rond du monsieur, c'est quand même plus important que les règles de sécurité, de protection de l'environnement, d'étude du matériel archéologique et ce qui aurait pu être un chantier modèle pour démontrer les avancées techniques en restauration scientifique !
En effet, cette restauration à l’identique aurait pu être un sacré défi pour démontrer le savoir faire de nos artisans et spécialistes du patrimoine !

Sur les donations effectuées : « Où sont tous ceux qui se scandalisent des dons des mécènes pour Notre-Dame pour s'indigner de la défiscalisation massive pour des Jeux Olympiques à plus de 6 milliards ? Notre-Dame de Paris est donc beaucoup moins importante que cet événement éphémère et ruineux ?
Ou si l’on veut en unités Neymar, c’est deux Neymar…

La Charpente :

Dans le dernier Kaufmann (comme d’habitude instructif et agréab) : Venise à double tour : « Rien de plus admirable que la charpente d’une église. Dans ma vie, j’en ai exploré deux : la Cathédrale Saint-Etienne de Bourges et l’Eglise Saint Sulpice de Paris. C’est dans les combles que bat le cœur de ces immenses constructions. Leur principe de vie. On y entend nettement le pouls, cette circulation de soufflerie continue et régulière qui s’insinue entre poutres et solives.. »

En bois et à l’identique !


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