Pages

samedi 8 juin 2019

Vers l’éradication de l’hépatite C : Merci Gilead et la recherche pharmaceutique

L'arrivée à partir de fin 2013 des premiers médicaments de Gilead capables de guérir l'hépatite C chronique avait déclenché une vive polémique en raison de leurs prix initiaux, jugés exorbitants pour la sécurité sociale: plus de 40.000 euros par patient. 

Le Sovaldi de Gilead était rappelons-le la première molécule à guérir, guérir vraiment l’hépatite C, et ceci en quelques semaines. Il s’agissait là d’une découverte remarquable, d’une immense avancée thérapeutique. Avant le Sovaldi (Sofosbuvir), il y avait aucune guérison de l’hépatite C, seulement des traitements en ralentissant l’évolution. Ces traitement de l’hépatite C reposaient sur l’interféron et la ribavirine et nécessitaient des injections hebdomadaires pendant 48 semaines, agissaient sur environ la moitié des patients, mais provoquaient des réactions indésirables fréquentes entrainant l’arrêt du traitement, et parfois engageant le pronostic vital. Ensuite, il ne restait que la greffe de foie et les traitements immunosuppresseurs à vie. Même à quarante mille euros, même en laissant de côté la guérison, le confort de vie, l’immense service médical rendu qu’apporte le médicament de Gilad, même en se bornant aux simples considérations économiques, le traitement par le Sofosbuvir à 40.000 euros était rentable pour la société, au moins pour les cas les plus graves.

Que n’avait-on pas alors entendu ? Certains ont voulu faire appel en justice contre le médicament à 84.000 dollars ... les clameurs anti-industrie pharmaceutique  ont été abondamment et complaisamment relayées par les « Hépatite C : le nouveau hold-up des labos », Hépatite C : le coût « exorbitant » de nouveaux traitements dénoncé  (Le Monde) ; appel de Philippe Even, Marie-Odile Bertella-Geffroy, Nicolas Dupont-Aignan (jamais en retard d’une démagogie) à « légalement autoriser des laboratoires pharmaceutiques concurrents de Gilead « à produire des génériques du sofosbuvir  en leur accordant des licences » .( c’est quitter tout système de protection industrielle et la fin du progrès !- même l’Albanie ne fait plus ça !) etc., etc.

Ces déclarations  devraient faire honte à leurs auteurs !

Tous seront traités et espérons-le guéri !

En raison du prix élevé (mais répétons-le, parfaitement justifié quant au service médical rendu) le gouvernement français s avait d'abord réservé le traitement de Gilead aux patients les plus gravement atteints, chez lesquels il fallait absolument empêcher l’évolution vers le cancer. Peu à peu, les prescriptions se sont élargies.
Ce qui devait se passer est arrivé. L’invention de Gilead, une fois inventée ! et publiée comme il se doit dans un brevet pouvait assez facilement être transférée à d’autres molécules. Abbvie notamment a concurrencé Gilead. En mars 18, le gouvernement français est parvenu à un accord avec Gilead et Abbvie et les médicaments de Gilead (Sovaldi, Harvoni et Epclusa ainsi que son nouveau produit Vosevi, un traitement de réserve pour les patients n'ayant pas répondu favorablement aux autres traitements jusque là disponibles) et celui d’Abbvie  (Maviret) seront , en plus des hôpitaux, accessibles dans toutes les pharmacies de France, à un prix inférieur à trente mille euros.

Le traitement miracle s’est en sorte tellement banalisé que, début juin 2019, les généralistes pourront le prescrire. Tous les patients pourront être soignés plus facilement, partout en France.

L’éradication de l’Hépatite C devient un objectif possible. Pour la France, le Premier Ministre et le ministre de la Santé ont annoncé une  élimination d’ici à 2025 – c’’est désormais un objectif officiel L’hépatite C chronique, grâce à Gilead et à ses chercheurs,  infection silencieuse responsable de cirrhose et de cancers du foie, est aujourd’hui la seule maladie virale chronique à pouvoir être guérie. Environ 130.000 adultes restent infectés par le virus de l'hépatite C en France métropolitaine et environ 75.000 d'entre eux ignoreraient qu'ils le sont, selon des estimations citées par la Haute Autorité de santé (HAS) fin 2017. Cela devient maintenant le principal défi que de les identifier ( la question du dépistage plus ou mis systématique se pose) de façon à ce qu’ils puissent bénéficier e cett immense progrès.

Une ombre au tableau ? Ah oui, pour certains actionnaires de Gilead, le traitement marche trop bien et trop rapidement, ce qui diminue les profits. Pour certains, un médicament qui guérit, c’est pas très bon.

Merci à Gilead, à ses chercheurs, à l‘industrie pharmaceutique qui a fait magnifiquement son travail. Cela ne pourra continuer que si les avancées thérapeutiques réelles sont justement rémunérées.
Il nous une vraie politique du médicament qui favorise l’innovation et ne se limite à des baisses de prix ; et de préférence l’innovation en Europe, alors qu’une politique de dénigrement systématique et de baisse des prix aveugle conduirait, surtout en France, à la fin de la recherche thérapeutique – dans le pays de Pasteur et de Claude Bernard !  L’Europe, si elle veut redorer un blason bien terni, serait bien inspirée de s’occuper de politique de santé pour ce qui peut le plus efficacement être réalisé à son échelle .

Cf aussi : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2014/04/medicaments-et-progres-therapeutique-le.html


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.