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jeudi 12 septembre 2019

Brice Lalonde se paie la PPE (Programmation pluriannuelle de l’Energie)


Tous les écologistes ne se valent pas, et tous ne sont pas adversaires du nucléaire. Brice Lalonde, 73 ans et toujours actif (cf son association Equilibre des Energies) continue à se passionner pour les problèmes écologiques, et singulièrement de la transition énergétique, et à diffuser  une opinion éclairée et souvent assez technique. Bref, un très bon vulgarisateur déjà de ces enjeux parfois complexes et au-delà, une partie prenante un citoyen un peu plus concerné que les autres. Sur le problème de la réglementation thermique des bâtiments et l’action des géants gazers , voir par exemple

Sur son site Equilibre des Energies (https://www.equilibredesenergies.org/), Brice Lalonde se paie assez gentiment mais fermement la PPE (Programmation pluriannuelle de l’Energie), effectivement un chiffon de papier complètement irréaliste et démagogue. Extraits :

7 objectifs, c’est un peu beaucoup ! 

« Je suggère ici de rectifier quelques erreurs de la politique française qui a eu la fâcheuse tendance d’empiler des objectifs qui pour certains ne servent pas la lutte contre le changement climatique. En étudiant les différentes lois et réglementations, on constate que la politique énergétique française poursuit 7 objectifs : la réduction de la consommation d’énergie primaire, la réduction du nucléaire, l’augmentation de l’énergie éolienne, l’augmentation de la part du gaz dans les bâtiments, la réduction de la consommation d’énergie finale, la réduction des émissions et la réduction de la consommation des énergies fossiles.

Or sur ces sept objectifs, seuls les trois derniers concourent à la lutte contre le changement climatique, les quatre autres l’accentuent ! »

Commentaire : Pas mieux pour montrer l‘absurdité du machin.

« L’électricité est le pétrole de demain !

Il ne fait pas de doute aux agences et instituts internationaux de l’énergie, dans leurs scénarios de lutte contre le changement climatique, que l’électricité est le vecteur privilégié de la transition et que sa part devra représenter au tournant du siècle au moins la moitié des usages finaux de l’énergie. Pourquoi ? Parce que les émissions carbonées de l’énergie sont le principal responsable du changement climatique, que l’électricité peut être produite de façon décarbonée, qu’elle est abondante et qu’elle est apte à remplacer efficacement et proprement les hydrocarbures fossiles dans la plupart des besoins énergétiques des transports, des bâtiments et de l’industrie.

Omniprésente dans les pays développés, totalement fongible d’un voltage, d’une fréquence, d’une forme à l’autre, l’électricité accompagne les progrès de l’électronique et de la digitalisation, offrant toujours plus de services pour moins de kilowattheures consommés. »
Reste qu’il faut la produire de façon la plus  décarbonée. possible

« Pourquoi s’attaquer au nucléaire ?

« Grâce à son électricité décarbonée, la France est l’une des nations développées qui émettent le moins de CO2 par habitant. Dans de nombreux pays les défenseurs du climat appellent leurs autorités à suivre l’exemple français, lequel  se caractérise, pour dire crûment les choses, par le recours à l’énergie nucléaire.  Le nucléaire, en dépit de ses imperfections, est donc un allié du climat. Mais son dénigrement incessant a fini par créer une doxa antinucléaire entretenue par le manque de courage des politiques, dont les écologistes eux-mêmes. C’est donc pour satisfaire à une idée reçue, selon laquelle l’écologie condamnerait le nucléaire, que la politique française de l’énergie prescrit d’en réduire la part dans la production électrique. On sait les difficultés de mise en œuvre de cette décision, ce n’est pas ici le lieu d’en parler. Ce qu’il faut retenir c’est que réduire la part du nucléaire n’est pas une priorité climatique.

La contrepartie de la baisse du nucléaire est l’augmentation des énergies renouvelables électriques. Ainsi 150 éoliennes terrestres de 6 MW représentent en théorie la puissance installée d’une centrale nucléaire de 900 MW. Mais il faut que le vent souffle, car le talon d’Achille des renouvelables est l’intermittence. C’est pourquoi RTE raisonne en « puissance garantie » suggérant qu’il faut en réalité plus de 800 éoliennes pour offrir la puissance garantie assurée par une centrale nucléaire, donc plus de 12 000 pour remplacer les quinze réacteurs qu’il est prévu de fermer. En l’absence de vent, si les quinze centrales nucléaires que les éoliennes ont remplacées sont arrêtées, comment produira-t-on de l’électricité ?  Les nucléoclastes proposent des turbines à gaz, censées être plus souples que des centrales nucléaires. Mais installer des turbines à gaz qui émettent du CO2, est-ce lutter contre le dérèglement climatique ? Non bien sûr.

Accroître sans cesse la place des renouvelables est un objectif en soi, ce n’est pas une priorité climatique. »

Commentaire : Non seulement, ce n’est pas une priorité climatique, mais c’est même une priorité anticlimatique !  (Pour les calculs, moi, j’ai plutôt un coefficient de production d'une éolienne (2 MW)  est de 20%, soit une production réelle de 0,4 MW/an (moyenne sur l'année), ce qui donne pour remplacer une centrale telle celle de Fessenheim (puissance nominale 1800 MW et coefficient de production de 90%),  4000 éoliennes donc plus de 60.000 pour les quinze réacteurs que la PPE prévoit de fermer. Vous voyez le problème ? On les met où ? Prace qu’en plus, il faut quand même un peu les espacer.

« Les énergies renouvelables ne sont pas la panacée climatique

C’est en réalité une autre idée reçue que les énergies renouvelables sont bonnes de toute façon et qu’en augmenter la part est toujours bénéfique. D’où une surenchère européenne pour en installer davantage. Mais les énergies renouvelables qui, en France, combattent le changement climatique sont celles qui réduisent la part des combustibles fossiles en produisant de la chaleur : le solaire thermique, la géothermie, le bois, la biomasse, les déchets combustibles, le gaz vert, et, bien sûr, les pompes à chaleur. Les renouvelables électriques, qui sont toujours citées, combattent d’abord l’électricité nucléaire, déjà décarbonée. Dans les pays où l’électricité est produite à partir du charbon, les renouvelables électriques réduisent certes le recours au charbon, mais leur intermittence réclame le maintien de moyens fossiles importants. Ainsi depuis dix ans l’Allemagne n’a quasiment pas réduit ses émissions de gaz à effet de serre. Bref, davantage de renouvelables ne veut pas systématiquement dire moins de CO2. »

« Trop d’objectifs introduisent la confusion et finissent par se contrecarrer.

Combattre le dérèglement climatique, c’est réduire les émissions de CO2 du charbon, du pétrole et du gaz naturel. C’est donc réduire la part des combustibles fossiles, ce qui a l’avantage de diminuer la dépense nationale consentie pour les importer, autant que les pollutions provoquées par leur combustion. Combattre le changement climatique, c’est donc accroître la part de l’électricité jusqu’à représenter 50% des usages finaux en 2050.
Tous les objectifs de la politique de l’énergie doivent être mis au service de l’objectif principal, la lutte contre le changement climatique. Sinon, nous serons les citoyens navrés d’un pays qui s’attarde à vouloir diminuer la consommation d’énergie primaire, augmenter la part du gaz, réduire celle du nucléaire, multiplier le nombre d’éoliennes, mais qui refuse de s’attaquer de front au changement climatique. »

« Pourtant l’industrie nucléaire, émettant très peu de CO2, est une alliée du climat, elle est nationale, et il n’y a pas d’autre moyen de valoriser l’uranium. Pourtant l’électricité est reconnue comme le vecteur de la double transition énergétique et numérique, permettant d’associer véhicules, logements et réseaux. »


Merci M. Lalonde, vous apportez la preuve, avec bien d’autres,  qu’un écologiste sincère et scientifiquement informé, donnant la priorité au combat contre le dérèglement climatique ne peut qu’être un partisan de l’énergie nucléaire.


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