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jeudi 7 novembre 2019

Tchernobyl et Fukushima ; quand les Fake news peuvent tuer…


Le mythe du nuage de Tchernobyl : Bravo au Parisien et au Point !

Entre autres. Car l’accident industriel de Lumizol à Rouen a pour une fois été l’occasion pour une certaine partie de la presse de revenir sur ce mythe dangereux et manipulé à souhait par les écolos rétrogrades du nuage de Tchernobyl. Et de fait, certains journaux ont repris sans critique cette fake news : ainsi le Midi Libre qui évoque «  le nuage de Tchernobyl qui avait assombri toute l’Europe et s’était arrêté à nos frontières, comme pour mieux protéger nos salades de pleine terre » ou l’Union, qui rappelle « l’histoire du nuage de Tchernobyl qui s’était arrêté pile à la douane ».
Tentative d‘humour mal placée de journalistes propagateurs de Fake news et de Fake science, et  qui mettent en fait en exergue leur ignorance ou leur mauvaise foi. Et titres et articles courageux du Point (Géraldine Woessner, L'increvable mythe du « nuage de Tchernobyl »et du Parisien ( Le nuage s’arrête à la frontière, de Tchernobyl à Rouen, itinéraire d’un mensonge qui n’en était pas un !), qui pour l’occasion, c’est à souligner, fait une belle et honnête autocritique de ses titres alarmistes de l’époque.


Résumé : 1) aucun scientifique, aucun ministre, aucun journaliste n’a jamais déclaré que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à la frontière ou n’avait pas survolé la France !

2) le seul élément en ce sens peut être trouvé dans un bulletin météo devenu célèbre dans lequel  une présentatrice explique qu'un anticyclone protège la France des vents en provenance de l'est jusqu'au 2 mai, le tout agrémenté d’un panneau stop du plus bel effet (c’était parfaitement exact au moment où elle parlait et elle précisait la date de validité de la prévision météo) ;

3) le Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI) est prévenu le 28 avril (l’accident a eu lieu le 26 avril 1986). Le  29 avril, le professeur Pellerin, patron du SCPRI, indique les valeurs mesurées en becquerels en Suède (de l'ordre de 10 Bq/m³, c'est-à-dire très proches de la radioactivité naturelle), et rassure logiquement : « C'est une activité notable, mesurable, mais qui ne présente aucun inconvénient sur le plan de la santé publique. (…) Je voudrais bien dire clairement que, même pour les Scandinaves, la santé n'est pas menacée. » Dès le 30 avril, un communiqué du SCPRI envoyé à la presse confirme l'arrivée du nuage radioactif et  signale « une légère hausse de la radioactivité atmosphérique sur certaines stations du Sud-Est, non significative pour la santé publique ». Autre communiqué, le 1er mai : « tendance pour l'ensemble des stations du territoire à un alignement de la radioactivité atmosphérique sur le niveau relevé le 30 avril dans le Sud-Est. Il est rappelé que ce niveau est sans aucune incidence sur l'hygiène publique. »Puis la radioactivité s'accroît dans l'Est. Dans le Nord-Est, région la plus touchée, l'activité atteindra 25 Bq/m3. C'est effectivement rassurant : dans certaines maisons, l'exposition naturelle au radon peut atteindre 1 000 Bq/m3 !

4) On sait aujourd'hui que, malgré la présence de plusieurs éléments radioactifs dans le nuage, seul le césium 137 a conduit à une contamination durable en France et que la contamination de surface n'a pas dépassé 1 000 Bq/m2 sur la majeure partie du territoire. Mais certaines zones ont été beaucoup plus touchées : sur les reliefs au sud des Alpes, en Franche-Comté, en Corse, les pluies ont amené des dépôts dont l'activité a dépassé 20 000, voire très localement 40 000 Bq/m2. Aucun effet sur la santé n'a jamais été mis en évidence, mais les polémiques, nourries par des études contradictoires, n'ont jamais cessé.

5) Donc le SCPRI et le Pr Pellerin n’ont jamais dit que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à la frontière et ont justement relativisé les risques. Aucun cancer, aucun effet biologique n’a pu être  en France attribué au fameux nuage. Le Pr Pellerin a gagné tous ses procès y compris celui que lui avait intenté la CRIIrad de Michèle Rivasi,  fondée pour l’occasion et qui depuis plus de trente ans prospère sur la culture industrielle des Fake news et l’exploitation des peurs (cf. encore cet été 2018 la grosse farce des contaminations au tritium)

Mais fake news et peurs ont eu de terribles conséquences à Fukushima. Ils ont tué !

Fukushima : ce n‘est pas l’accident nucléaire, c’est l’évacuation qui a tué !

Le vendredi 11 mars 2011 à 5 h 46 min 23 s UTC, soit 14 h 46 min 23 s heure locale, a lieu le plus important séisme mesuré au Japon. Son épicentre se situe à 130 km à l'est de Sendai, chef-lieu de la préfecture de Miyagi, dans la région de Tōhoku, situé à environ 300 km au nord-est de Tokyo. Cinquante-et-une minutes plus tard10, un tsunami provoqué par le tremblement de terre aborde la côte orientale. La vague atteint une hauteur estimée à plus de 30 m par endroits, parcourant jusqu'à 10 km12 à l'intérieur des terres, ravageant près de 600 km de côtes et détruisant partiellement ou totalement de nombreuses villes et zones portuaires. Bilan : 15 689 morts

Quatre centrales nucléaires se situent sur la côte nord orientale et se sont arrêtées automatiquement à la suite des premières secousses : les centrales de Fukushima Daiichi, de Fukushima Daini, d’Onagawa et de Tokai. Les seules conséquences graves se sont produites à Fukushima où les diesels de secours n’étaient pas placés suffisamment en hauteur, le réacteur n’étant plus refroidi et ne pouvant être arrêté, cela même à la fusion des cœurs des réacteurs 1 à 3 avec le corium perçant les cuves des réacteurs pour au moins en partie s’épandre sur le socle en béton . (NB : pas possible avec un EPR grâce au récupérateur de Corium). Entre le 12 et le 15 mars, l’accumulation d’hydrogène mène à l’explosion des rois réacteurs. C’est l’accident nucléaire le plus grave depuis Tchernobyl.)

Cependant, les émissions de radioactivité restent relativement faibles. Au-delà d'une dizaine de kilomètres de la centrale, le niveau de radiation moyen n'a pas dépassé 100 µGy h−1, débit de dose en dessous duquel aucune pathologie n'est plus observée en laboratoire même pour des expositions chroniques. D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les conséquences sanitaires anticipées des doses d'irradiations reçues par les populations sont minimes en 2013. Pour l'UNSCEAR (Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants), les doses reçues par la population auront finalement été trop faibles pour entraîner un risque significatif de cancer ou un impact sanitaire quelconque, y compris pour les populations non évacuées qui n'auront été exposées qu'à quelques milli-sieverts.

Bilan final : 2 morts ( 2 ouvriers de la Centrale,  un d’épuisement sur le chantier , un autre d’un cancer probablement du à son exposition). Comme prévisible d’après les mesures de radioactivité, zéro cancer induit dans la population.

Par contre, l'épuisement mental et physique liée à l'évacuation forcée à la suite de l'évacuation de Fukushima a été la cause principale de la mort immédiate de 34 morts, principalement des personnes âgées troublées par la perturbation apportée à leur condition de vie ; sur les 300 000 personnes de la préfecture de Fukushima qui ont évacué la zone, jusqu'en août 2013, d'après les chiffres de la Croix-rouge, approximativement 1600 morts seraient liées aux conditions d'évacuation, comme l'hébergement en abris d'urgence ou en logement temporaire, l'épuisement dû aux déplacements, l'aggravation de maladies existantes consécutives à la fermeture d'hôpitaux, les suicides, etc. Bilan de l’évacuation : 1600 morts.

Or, la grande majorité de ces évacuations étaient inutiles, compte-tenu de la radioactivité dégagée ! Seule l’évacuation initiale du 11 mars dans un rayon de 2 km était justifiée, compte-tenu des incertitudes à ce moment là. Injustifiées et mortelles les évacuations du 12 mars (rayon de 10 km à 5 h 44 puis à 20 km à 18 h 25) ! Et encore plus injustifié et mortelle, le 11 avril, l’ évacuation volontaire allant au-delà des 30 km est instituée.
1600 morts contre 2 morts pour l’accident nucléaire ! Voilà l’effet des rumeurs et des Fake news sur le nucléaire, voilà l’oeuvre des marchands de peur ! 

Soma : « Ce démon était l'anxiété causée par la peur des radiations. »

Il faut lire le témoignage poignant, de maire de Soma, une petite ville de 37.000 habitants, à 45 km de Fukushima.  Dans cette communauté soudée, au mode de vie traditionnel, complètement dévastée par le tsunami,  la question de l’évacuation a été posée. Et grâce au sang-froid des édiles, qui ont réclamé des  moyens d’évaluer eux-mêmes  la radioactivité, décidé rationnellement et refusé de céder à la panique, aucun mort supplémentaire n’a été à déplorer.

« Mais nous ne nous rendions pas compte que nous serions assaillis par un deuxième « démon », cette fois du comté lointain de Futaba, à 45 km de là. Ce démon était l'anxiété causée par la peur des radiations. Alors que la catastrophe nucléaire s'intensifiait sans relâche, les reportages frénétiques qui ont duré toute la journée ont suscité la terreur, non seulement chez les personnes vivant près de la centrale, mais dans tout le pays. À partir du moment où le gouvernement national a ordonné aux habitants dans un rayon de 20 km autour de la centrale d'évacuer, les citoyens de Soma ont commencé à vouloir s'enfuir loin, et ce sentiment a commencé à se répandre…Pour ce qui est de la question nucléaire, nos concitoyens éprouvent maintenant beaucoup d'anxiété à cet égard, et j'aimerais l'envisager en fonction de deux objectifs distincts. L'une consiste à veiller à ce que nos concitoyens ne subissent aucun dommage à leur santé en raison des radiations de la centrale; l'autre est de s'assurer qu'ils ne finissent pas par changer la façon dont ils vivent leur vie quotidienne en raison de l'anxiété au sujet des radiations…C'est la voie que Soma suit. Le problème nucléaire ne change rien à cela. Nous continuerons à planter un pied fermement devant l'autre pour suivre le parcours que nous avons choisi »

(Dealing with Disasters of Unprecedented Magnitude: The Local Government’s Tribulations and the Road to Reconstruction, https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-4-431-55558-2_1)
(Excess mortality due to indirect health effects of the 2011 triple disaster in Fukushima, Japan: a retrospective observational study BMJ,https://jech.bmj.com/content/71/10/974) ; Mass evacuation and increases in long-term care benefits: Lessons from the Fukushima nuclear disaster, https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0218835)

Précision sur les cancers de la thyroïde : certains militants antinucléaires prétendent que plus de 100 diagnostics de cancer de la thyroïde ont été trouvés chez les enfants de Fukushima. Fake Science ; Fake news ! Le rayonnement ne peut pas être la cause, puisque la maladie prend quatre ou cinq ans à se développer après l'exposition. En fait, il a été démontré que les cas de thyroïde étaient le résultat du dépistage massif des enfants dans la préfecture à l'aide d'équipements ultrasensibles, détectant même de faibles anomalies sans significations cliniques Les taux de détection à Fukushima étaient similaires à ceux trouvés en utilisant le même équipement dans d'autres préfectures japonaises non irradiées. Comme en France après Tchernobyl, les irradiations constatées sont trop basses pour provoquer quelque cancer que ce soit, même de la fragile thyroïde, et c’est bien confirmé.



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