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vendredi 10 janvier 2020

Petits problèmes avec l’éolien -4 : grandeurs physiques et difficultés intrinsèques- à l’attention d’Elisabeth Borne


Marjolaine Meynier Millefert, (LREM), rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables et la transition énergétique présidée par le député Julien Aubert (2019):

« Quand on a 80 % des gens qui vous disent que le développement des ENR électriques en France soutient la décarbonation et finalement la transition écologique en France, je pense que ce n’est pas bon non plus parce que le jour où les gens vont vraiment comprendre que cette transition énergétique ne sert pas la transition écologique vous aurez une réaction de rejet de ces politiques en disant vous nous avez menti en fait.… »

Quelques bases de physiques à l’attention d’Elisabeth Borne et de son scenario 100%ENR

L’éolien, c’est moins bon que le nucléaire pour le taux de CO2 

La construction d’une éolienne nécessite des travaux de génie civil important ainsi que des quantités de matériaux non-négligeables. En terme de cycle de vie, le Ministère de la Transition Energétique donne les chiffres suivants par kWh: 6g nucléaire, 10g éolien, 32 g solaire, 443g gaz,  solaire (32g), gaz (443g), fioul (778g) et charbon (1050g). Les éoliennes ne sont en aucun cas nettement moins émettrices de gaz à effet de serre que les barrages et les centrales nucléaires le long de leur cycle de vie (les panneaux solaires aussi d’ailleurs). Pire, en utilisant des facteurs de charge réels, mesurés sur le terrain, et non les statistiques douteuses fournies par les fabricants d’éoliennes eux-mêmes, on obtient des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre supérieurs aux centrales nucléaires.

Et il y a la face cachée, tellement évident, mais non-dite. Compte-tenu de l’intermittence (facteur de charge) de l’éolien, on vous vend quelque chose dont il manque les 3/4 pour que ça marche correctement…Donc de l’éolien, c’est en fait ¼ d’éolien et ¾ de gaz , et là c‘est beaucoup moins favorable : 6g/kW.h contre 330g/kw.h

Malgré leur rentabilité pathétique, on pourrait cependant s’accrocher à l’idée de développer l’éolien en France pour des raisons écologiques si seulement l’énergie éolienne pouvait nous débarrasser de nos centrales au charbon et au gaz. Seulement voilà, c’est tout le contraire ! Parce que l’existence même de centrales au gaz et au charbon en France ne s’explique que pour des raisons de lissage de la production électrique et qu’au contraire l’éolien est tellement intermittent… qu’il faut davantage de centrales pilotables (gaz ou charbon..) pour compenser son intermittence…Ce que font les Allemands, et ce qui explique qu’après 700 millions d’euros…ils émettent toujours autant de CO2.

L’éolien n’est pas du tout écologique

A cause de sa densité d’ énergie ridicule : Pour remplacer une centrale telle celle de Fessenheim (puissance nominale 1800 MW et coefficient de production de 90%), il faut donc 4000 éoliennes. Pour des éoliennes qui mesurent maintenant près de 180-200mètre en bout de pales, supposons-les espacées de 300mètres, ce qui est un minimum.
Donc, pour remplacer une seule centrale nucléaire, et pas la plus moderne, et pas la plus puissante, avec des éoliennes de 2 MW, il faudra les aligner de Nice à Perpignan (2 x 475 km) sur deux rangées tout le long de la côte méditérannéenne + le tour de Corse (325 km), soit 1350 km, ou encore de Gênes en Italie jusqu'à la pointe sud de l'Espagne…
A cause de sa consommation en matériaux : Une étude du Department of Energy  donne 800 t/TWh de béton et 160 t/TWh d’acier pour le nucléaire, et 8000 t/TWh de béton et 1800 t/TWh d’acier pour l’éolien, soit un facteur 10 pour le béton et 11 pour l’acier, à l’avantage, très marqué, du nucléaire. Un ordre de grandeur calculé par Tristan Kamin pour l’EPR, centrale nucléaire optimisée du point de vue de la production et de la sécurité donne 8 fois moins de béton et 20 fois moins d’acier pour l’EPR que l’éolien.
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Tiens, parlons aussi des socles de béton. Dans le cas d’une grande éolienne, ils peuvent faire jusqu’à 20 mètres de profondeur et représenter 3 000 tonnes de béton armé. Leur présence est un enjeu environnemental, parce qu’ils  permettent à plusieurs niveaux de la nappe phréatique, normalement séparés, de se mélanger. Le code allemand du bâtiment prévoit leur démolition complète. Mais cela n’est pratiquement jamais le cas ( les exploitants margoulins préfèrent faire faillite avant !) en raison des coûts de centaines de milliers d’euros reliés à cette mesure. Une pratique plus courante, et officiellement tolérée, serait…le grattage sur 1 mètre, puis de les recouvrir de terre. Mais cela n’aide pas les aquifères….Et l’agriculteur à qui on a fait miroiter les richesses ruisselant des éoliennes, quand il se trouvera à devoir financer l’enlèvement du monstre, ou vivre à perpétuité avec ses tonnes de béton dans un sol devenu inutilisable…Il va faire quoi ?

Contrairement à ce que certains prétendent, on sait parfaitement démanteler des centrales nucléaires ( 6 réacteurs démantelés aux USA, plus d’une centaine en cours de démantèlement dans le monde) De éoliennes, ben pas trop ! .En Californie, ce sont déjà plus de quatorze mille éoliennes rouillées,abandonnées dans des paysages de désolation et d’abandon.

Nul ne sait quoi faire des pales, habituellement composées d’un mélange de fibre de verre et de fibre de carbone, liées à l’aide de résine de polyester ;  impossible de séparer et recycler ces matières (qui pourraient s’accumuler au rythme de 16 000 tonnes par année à partir de 2021 en Allemagne), impossible de les brûler, les résidus obstruent les filtres des incinérateurs…

A cause de sa consommation en métaux rares : « Le monde s’est organisé entre  ceux qui sont sales et ceux qui font semblant d’être propres »….il faut purifier huit tonnes et demie de roche pour produire un kilo de vanadium, seize tonnes pour un kilo de cérium, cinquante tonnes pour un kilo de gallium …«Une mine, c’est un véritable choc visuel, un derrick à côté ce n’est rien. Nous avons pu approcher des mines en Chine et des lacs de rejets d'effluents toxiques d'usines de raffinage en Mongolie. C’est l’enfer de Dante. Tout est pollué là-bas, les sols, les airs, les nappes phréatiques. Les eaux chargées en métaux lourds sont déversées dans des lacs artificiels qui débordent régulièrement et polluent les fleuves, tels que le Fleuve jaune. » (Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares)

L’éolien n’est pas compatible avec la stabilité du réseau électrique.  40% d’éolien, c’est la certitude d’effondrements massifs du réseau, ce qui s’est produit en Australie du Sud qui a dû en catastrophe relancer ses centrales à charbon. Un black out à Londres s’est aussi produit…mais l’Angleterre, qui a beaucoup investi sur l’éolien et est quasiment sorti du charbon en ce qui concerne la production électrique relance le nucléaire. L’éolien allemand menace la stabilité du réseau européen, donc français (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/01/petits-problemes-avec-leolien-1-leurope.htlm). Non seulement on ne vas pas vers une intégration croissante des réseau européeens, mais vers un fractionnement, les voisins de l’Allemagne devant se protéger des débordements de l’éolien allemand.

La course au gigantisme des éoliennes ne masque pas pour autant les problèmes d’intermittence de l’éolien. Le 14 mars 2019 à 14 heures 30, il a couvert 18 % de la consommation française d’électricité avec 12 323 MW, un record. Mais le 5 décembre à 12 heures, la production n’était que de 691 MW, soit moins de 1 % des besoins, obligeant la France à recourir aux importations.
Et on fait quoi avec ça ?
L’éolien coûte cher !

Nucléaire historique :33-40€/MWh ,Photovoltaïque : 62-99€/MWh,Eolien : 60-65€/MWh ,Eolien marin : 200-220/MWh, EPR:+110€/MWh
Mais auxquels il faut ajouter les subventions publiques : Nucléaire : 25€/MWh , Eolien: 476 €/MWh, Photovoltaïque :+500 €/MWh.
Petit rappel : coûts actuels de l’électricité  (cf. rapport de la Cour des Comptes, https://www.contrepoints.org/2019/10/24/356359-parc-nucleaire-francais-le-veritable-cout-de-production;

Eh oui, l’éolien coûte cher, et comme c’est une énergie très peu concentrée et les frais de construction de réseau et de raccordement sont astronomiques. Je reviendrais plus spécifiquement sur le cas de l’éolien off shore où cette question est encore plus cruciale ( et qui est encore bien plus une aberration économique). Mentionnons tout de suite que les margoulins de l’éolien ont réussi à refiler es coûts de raccordement au réseau sur le gestionnaire de réseau, donc sur le contribuable, au contraire de ce qui se fait pour toutes les autres énergies.


Sans compter l’imposture qu’il y a à comparer une énegie pilotable à une énergie intermittente (cf. Les coûts lisses de l'électricité, Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics.
« Les défenseurs du recours aux énergies renouvelables pour produire de l'électricité avancent comme argument leur coût de production du MWh. Mais c'est oublier que l'unité vraiment pertinente n'est pas le MWh produit, mais le MWh livré en un lieu donné à une date donnée…

Pour bien expliquer, un petit diagramme de JMJ (Jancovici, carbone 4)



Bonne lecture Elisabeth Borne, puisse-t-elle vous déborner !
Bon, on les construit quand ces EPR ?



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