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dimanche 26 avril 2020

Les ENR (Renouvelables électriques) , le COVID et une certaine indécence



1) L’indécence des margoulins des ENR par temps de Covid-  1) l’AREHN

On commence par la demande de syndicats professionnels des ENR, tels l’A.N.O.D.E de rompre les contrats ARENH, demande d’abord à la CRE (Commission de Regulation de l’Electricité), qui les a envoyé bouler, puis en référé au Conseil d’Etat (requête en référé déposée par des concurrents d'EDF « visant à obtenir la suspension de contrats d'approvisionnement en électricité nucléaire à un prix préalablement fixé pour tenir compte de chute de la demande à la suite des mesures de confinement liées à la crise sanitaires. »faisant suite à l’avis de la CRE qui avait déjà indiqué » qu'elle n'était pas favorable au déclenchement de la clause de force majeure. »
Sur l’ARENH, il y a déjà pas mal de choses sur ce blog cf. par exemple

Donc je rappelle brièvement : l’ARENH permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter à bas prix de l’électricité nucléaire d‘EDF lorsque le prix marché de l’électricité est élevée et de se tourner vers d’autres sources lorsque ce n’est pas le cas. Comme les temps changent, et rapidement ! En janvier encore, les prix de marché étaient élevés, les concurrents d'EDF se ruaient  sur l'ARENH, il n’y en avait pas assez pour tous et ils trouvaient le système tellement profitable qu’ils engageaient une intense action de lobbying pour augmenter le plafond de l’ARENH, voire le déplafonner totalement. Et maintenant, retournement COVID, la consommation baisse l’électricité est surabondante et les concurrents (concurrents qui rappelons-le, produisent très peu) d’EDF veulent se dégager des contratARENH.

C’est tellement fort de café que même un syndicat habituellement assez calme, comme la CFE-CGC s’est un peu excité dans un communiqué de presse - et ce sont eux qui ont parlé d’indécence :

« En pleine crise, la concurrence frise l’indécence totale ! (09/04/2020) ».

Extraits :

« Alors que  la CRE  a rejeté fin mars la demande d’activation de  la clause de  force majeure des achats d’électricité à l’AReNH, les fournisseurs alternatifs sur le marché français de  l’électricité dont,  entre  autres, ENI, Vattenfall, ekWateur et  Endesa, viennent, via leurs deux associations ANODE et AFIEG, d’attaquer cette  décision devant le Conseil d’État.

En confirmant une  politique de dividendes plus que  généreuse au moment où Bruno LE MAIRE appelle les entreprises françaises à faire preuve de responsabilité, le groupe Total ne semble pas faire face au  moindre souci de  trésorerie. Pourtant, il n’a pas hésité à s’associer à cette  action des fournisseurs alternatifs.

Il faut rappeler  que  ces fournisseurs  alternatifs se comportent comme de  véritables passagers clandestins du  système électrique : ils vivent de  la subvention que  constitue l’ARENH,  sans prendre le moindre risque et sans investir le moindre centime dans le système électrique français et donc pour la sécurité énergétique des Français.

La collectivité nationale n’a pas à protéger la concurrence de la « main invisible du marché ».
Cet épisode est une nouvelle preuve que l’AReNH est un dispositif régulatoire mortifère qui revient à imposer au service public de subventionner la concurrence. Aussi la CFE Énergies soutient la position responsable défendue par la CRE qui refuse les effets d’aubaine.

En effet, EDF n’a pas vocation à être l’assureur de ses concurrents contre la volatilité des marchés (baisse des prix avec  épisodes de prix négatifs, du fait de la baisse de la demande d’électricité et de l’effondrement des prix du pétrole) alors que ni EDF ni le Gouvernement ne songent à remettre en cause les contrats d’obligation d’achat dont bénéficient les énergies renouvelables malgré la faiblesse des prix de marché.

Par  conséquent, cette  demande de la concurrence à vivre sans fin aux crochets de la collectivité et à être protégée du marché est indécente. Pire, au moment où les énergéticiens français et leurs salariés sont pleinement mobilisés pour  assurer la sécurité d’approvisionnement en  énergie du pays, la CFE  Énergies ne  peut  que dénoncer cette volonté des fournisseurs alternatifs de  se soustraire à leurs responsabilités et de profiter de la crise actuelle pour préserver leurs marges. »

Ajoutons que les pauvres concurrents d’EDF qui ont demandé la suspension des contrats ARENH sont notamment Total, Eni, Vattenfall, Butagaz…Et aussi Enercoop lié à Greenpeace (pour être juste, Enercoop ne demande pas à bénéficier de l’ARENH, mais c’est quand même assez farce de les retrouver via l’A.N.O.D.E aux côtés de Total

2) L’indécence des margoulins des ENR par temps de Covid- 2) les prix garantis et la priorité d’accès au réseau

Une autre réaction salutaire et roborative, c’est la lettre d’un polytechnicien au PDG de NEOEN, qui a beaucoup circulé sur le net :

Elle constitue une réponse à une tribune dans les Echos, dans laquelle NEOEN affirmait que « grâce à nos contrats de long terme on a du chiffre d’affaires qui rentre malgré la crise » ou ailleurs : « Notre activité est désormais très compétitive sur la plan économique »  (Syndicat des Energies Renouvelables)

Extraits : « Aujourd’hui, tu nous vends ta production électrique 80 €/ MWh »

« Patron de la société cotée NEOEN, opérateur d’énergie qui parsème nos campagnes d’éoliennes, le 26 mars, 10ième jour du confinement national, tu t’es fendu d’un entretien dans le journal « Les Echos ».
Échange de bons procédés sans doute, il s’agit de quelques lignes de publicité rédactionnelle pour ce journal qui doit absolument remplir ces colonnes, en ces temps de sinistrose avec des articles porteurs d’espoir … Si c’est effectivement ce que recherchait le journal, penses-tu sincèrement avoir atteint l’objectif ? 
Je te cite : « grâce à nos contrats de long terme qui fixent le prix de vente de l’électricité produite dans nos centrales pour 10 ou 15,20 ou 25 ans, on a du chiffre d’affaires qui rentre malgré la crise… ». 
L’économie mondiale est littéralement à l’arrêt ; chaque mois de confinement provoque une contraction de 3 à 4% des PIB ; tu nous expliques que, quoiqu’il arrive, le chiffre d’affaires de ta société est préservé. Cela laisse rêveur, sur quelle planète es-tu ?
Penses–tu vraiment redonner de l’espoir aux lecteurs de ce quotidien ou ton message s’adresse t'il à d’autres cibles ?...
 
Aujourd’hui, tu nous vends ta production électrique 80 €/ MWh. Dans le même temps, le prix de marché du MWh – indicateur avancé de l’activité économique- s’est effondré passant de 40 €/MWh (octobre 2019) à 20 €/MWh ; il va rester probablement scotché à ces niveaux.

De sorte que la subvention dont bénéficie ton produit - ce produit que le client est obligé d’acheter même s’il n’en a pas besoin - est passée de 40 €/MWh (80 € -40 €) à 60 €/MWh (80 €-20 €) : + 50% en quelques mois ! Penses-tu que la situation puisse perdurer ? Crois-tu sincèrement que cette subvention pour un produit inutile, parce que non- pilotable, sera assurée pour 10, 15, 20, 25 ans, comme tu nous l’expliques dans ton interview ?      
Les 2 mois de confinement de la population mondiale se traduiront par une contraction de 7 à 8 % du PIB mondial annuel.  La sortie de crise se traduira par une révision drastique de la politique des États ; ils devront se réveiller de la léthargie mortifère dans laquelle les avaient plongés les écologistes anti-nucléaires, les technocrates inconséquents et les financiers peu scrupuleux. »
Pour de nombreux ménages, la sortie de crise devra se traduire par un retour aux fondamentaux : se nourrir, se déplacer, se vêtir, pourvoir aux besoins élémentaires des siens ; l’énergie fait effectivement partie des besoins vitaux. 
Les milliards de subvention accordés à ton secteur d‘activité en pure perte par la communauté nationale exsangue devront être réaffectés et c’est tant mieux. 
Tu te rappelles la devise de notre École : Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire… »

« PS : Par arrêté en février 2020, la préfète de Charente vient, hélas, de t’autoriser à ériger un site éolien de 15MW à Courcôme. C’est un projet de 20 millions d’euros de matériels importés ; pour le mener à bien, tu as constitué une société (Eoliennes Courcôme) au capital de 5.000 euros ; 5.000 euros risqués face à 20 m€ investis en matériels importés, cela en dit long sur l’effet de levier financier que tu vas rechercher.

Et comme d’habitude, tu dois tabler sur un chiffre d’affaires cumulé sur les 20 ans d’une cinquantaine de millions d’euros subventionné à plus de 70%.

On ne sait pas si les associations de défense de l’environnement arriveront à bloquer ce projet en Cour d’Appel mais le meilleur espoir réside maintenant dans une révision enfin de la politique énergétique qui se fera jour en sortie de crise. »

3) Quelques données complémentaires ; très cher soutien aux trop chères ENR

Sources : Rapport de la CRE sur le soutient aux énergies renouvelables, Sauvons Le Climat

Le coût total du soutien à la production d’électricité renouvelable représente 5 315 M€, 68 % de l’ensemble des charges de service public de l’énergie  au titre de 2019. Ce montant augmente Le coût total du soutien à la production d’électricité renouvelable représente 5 315 M€, 68 % de l’ensemble des charges de service public de l’énergie au titre de 2019. Ce montant augmente...Le coût total du soutien à la production d’électricité renouvelable représente 5 315 M€, 68 % de l’ensemble des charges de service public de l’énergie au titre de 2019. Ce montant augmente...Le coût total du soutien à la production d’électricité renouvelable représente 5 315 M€, 68 % de l’ensemble des charges de service public de l’énergie au titre de 2019. Ce montant augmente...de 5 % par rapport à la prévision actualisée pour l’année 2018 (5 047 M€) et de 16 % par rapport aux charges constatées au titre de l’année 2017 (4 596 M€).

Autrement dit, à la louche,  un demi EPR par an pour une énergie intermittente non pilotable!

Selon Sauvons le climat : On peut calculer des €/MWh en divisant le soutien public aux ENR par l’électricité  qu’elles produisent.
Coût du soutien ENR en 2019 / prod ENR en 2019 : 5312/55.6 = 95 €/MWh !!
On inclut PV, éolien, bioénergies.
Si on sépare techno par techno, le PV culmine à 2544/11.6 = 219 €/MWh !

Et pour compléter, on peut aller voir l’excellent site Paye ton vent qui, semaine après semaine fait le point sur ce que nous coûtent les rentables ENR



4) Covid et ENR : le danger de l’effondrement du réseau

En dehors même des considérations économiques, la crise actuelle doit aussi être l’occasion de revenir sur les très réels risques de black out, d’effondrement du réseau que fait courir le développement des ENR à un point dangereux (Sup 30%). Que se passerait-il si en plus du Covid, les hôpitaux devaient subir des coupures de courant (comme en Australie du Sud), les réseaux informatiques s’évanouir, nos appartement être privés d’électricité ?
Ce serait l’effondrement total et des millions de morts. Donc lutter contre les profiteurs des ENR, leurs méga profits, leur cynisme et leurs mensonges, préserver pour la France, développer pour l’Europe la part du nucléaire énergie bas carbone, pilotable et économique, devient clairement aussi une priorité sanitaire !

C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé récemment Fatih Birol, Directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui attirait notamment l’attention sur le risque accru de blackout en période de faible consommation, telle que celle entraînée par les mesures de confinement. Pour la raison que la part d’énergies intermittentes est augmentée du fait de leur priorité sur le réseau et qu’on peut d’autant moins compter sur la flexibilité de la consommation industrielle pour rétablir l’équilibre que cette consommation est réduite. 

Fatih Birol a rappelé la dépendance croissante de nos sociétés à l’électricité et les conséquences d’une rupture d’approvisionnement au cours d’une crise telle qu’aujourd’hui : les moyens pilotables restent indispensables  pour satisfaire la consommation en l’absence de vent et de soleil alors que les productions intermittentes liées aux conditions météorologiques ruinent leur modèle économique. Il considère également qu’une situation telle que celle d’aujourd’hui est l’occasion d’observer les conséquences de l’augmentation prévue de la part des énergies renouvelables (EnR) puisque cette part est désormais induite par la baisse de consommation et la priorité des EnR sur le réseau.  Enfin, Fatih Birol dénonce le risque de multiplication de tout petits producteurs d’EnR, notamment des particuliers qui ne disposent pas d’un niveau suffisant de cybersécurité.


 Et ce n’est pas paroles en l’air ! Le 23 avril 2020, en plein crise COVID, la France a échappé  de justesse à un black out avec une fréquence descendue à 49, 8801 Hz à 10 heures et 10 secondes ! En cause, exactement ce qui était annoncé, la priorité sur le réseau des ENR et leur brusque variation
Commentaire désinvolte du très politique pésident du réesau, François Brottes : c’est « une sorte de nouveau sport » consistant à « éviter les surtensions » en raison du risque d'écroulement"…."Cette situation a amené quelques surprises car on n'avait jamais connu une telle profondeur".

Voilà le résultat de votre politique pro ENR, Mme Borne : une menace de coupure générale du réseau en plein Covid. Cette politique était absurde climatiquement, économiquement, socialement, écologiquement, elle est maintenant tout simplement criminelle.

Pour vous, ça va finir en Haute Cour de Justice ou équivalent, comme Mme Georgina Dufois !

Sur cette question :
Cf. Covid 19 et le risque de black-out électrique, Jean Pierre Riou

Sur le danger de black out induit par les ENR, nombreuxbillets sur ce blog, notamment :

Alors Mme Borne, ceci que vous proclamez triomphalement est indécent :

« Face à la crise #COVID19, nous soutenons la filière des énergies renouvelables électriques
 Délais supplémentaires pour les chantiers en cours.
Tarifs d’achat maintenus pour les petits projets photovoltaïques.
288 lauréats à des appels d’offre.




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