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mardi 28 mars 2023

Parc éolien off shore Centre Manche 1 à 44,9 eur/MW.h le miracle ?

 Tout le ban et l’arrière ban du lobby éolien se sont hautement félicité de cette nouvelle :

Le ministère de la Transition énergétique a annoncé lundi (27 mars) qu’une société détenue en partie par EDF était lauréate de l’appel d’offres du plus grand parc éolien offshore français, situé au large des côtes normandes.  Le projet, dit « Centre Manche 1 », représente 1 GW de puissance installée, soit l’équivalent d’environ la consommation électrique de 800 000 foyers. Sa mise en service est attendue en 2031 et la construction devrait débuter d’ici à 2026-2027

En retenant Eoliennes en Mer Manche Normandie (EMMN), société conjointe d’EDF Renouvelables et Maples Power, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) confirme la mainmise d’EDF sur le secteur, partie prenante de cinq des huit projets éoliens offshores au large des côtes hexagonales. EMMN a proposé un prix du MWh compétitif de 44,9 euros, bien loin des sommets atteints par l’électricité ces derniers mois.

Un prix qui, même s’il ne reflète pas la totalité du coût du système électrique, « témoigne de la forte réduction des coûts de la filière », avance Maxence Cordiez, ancien directeur des Affaires européennes au Commissariat à l’énergie atomique, sur Twitter.

« À titre de comparaison, les appels d’offres pour l’éolien à terre et pour le solaire photovoltaïque sortent aujourd’hui à des prix environ 50% plus élevés », d’autant que les prix sur ce marché avoisinait plutôt les 140-150 euros le MWh,

L’éolien off-shore moins cher que l’éolien terrestre ? de quoi effectivement s’inquiéter et s’interroger :

Le commentaire de la CRE : pas très rassurant

Le tarif pour l 'électricité produite , proposé par le producteur à l 'Etat, représente 70%% des critères de sélection. Aujourd ' hui cesprix offerts par les candidats sont très bas. Y voyez-vous un risque?

 R: Les prix bas sont une bonne nouvelle pour les finances publiques , sous réserve que cela soit soutenable pour les porteurs de projets. Dans le cas de l 'appel d 'offres Normandie , on a mobilisé une procédure dite anormalement basses, pour vérifier que les quatre offres à des prix bas étaient soutenables. Et après analyse, on est arrivé à la conclusion que oui. Pour la suite, nous souhaitons avoir plus d ' éléments d ' analyse dans les cahiers des charges. On souhaite en effet augmenter les points de robustesse des offres, car on a constaté que plusieurs offres étaient risquées, pour des raisons différentes , techniques ou de montage financier.

NB : alors oui, on peut avoir des doutes, demander à la CRE comment elle est arrivée à cette conclusion et même se dire qu’une fois de plus EDF va servir de vache à lait pour la transition énergétique, au détriment des Français pénalisés deux fois, en tant que contribuables et en tant que consommateurs

Eolien en mer :EDF écrase le marché, les concurrents dénoncent des prix cassés

Dans un article au vitriol, la Tribune pointe https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/eolien-en-mer-les-concurrents-d-edf-ont-ils-vraiment-une-chance-de-gagner-956792.html

L’électricien tricolore, bientôt 100% public, a décroché le développement de son cinquième parc d’éoliennes en mer, sur huit en développement en France. Et ce, grâce à un prix extrêmement agressif de 44,9 euros/MW.. De quoi faire grincer des dents ses compétiteurs. Ces derniers dénoncent un risque réel pour le supply du cahier des charges des appels d’offres.

Sur le prix : EDF est parvenu à écraser ses compétiteurs l’espagnol Iberdrola, Ocean Winds, la coentreprise entre Engie et le portugais EDPR, TotalEnergies en binôme avec l’allemand RWE, le britannique Shell, ainsi que le suédois Vattenfall en affichant un prix très  compétitif de 44, 90 euros le mégawattheure, selon un proche du dossier. 60 euros si l’on ajoute le coût de raccordement au réseau électrique

Réactions rapportées par l’article de La Tribune

Ce niveau de prix extrêmement bas a suscité de nombreuses critiques : « On se tire une balle dans le pied au niveau de la France, de l’Europe, des développeurs et de la supply chain… " Avec des prix aussi bas, dans le meilleur des cas, si le projet est faisable, c’est en étranglant la supply chain qui rencontre déjà d’énormes difficultés . Les trois grands turbiniers présents en Europe (Siemens-Gamesa, le danois Vestas et l’américain General Electric perdent beaucoup d’argent et c’est la même chose pour les installateurs en mer…. Nous sommes dans une situation paradoxale où l’on risque de faire couler le navire alors qu’il y a un marché très porteur »

« Nous sommes tous très embêtés sur le niveau de prix de cette attribution. Nous avons énormément poussé les curseurs, mais nous ne pouvions pas atteindre ce niveau. Nous sommes pourtant un acteur compétitif, avec des appels d’offres remportés dans plusieurs régions du monde # énergéticien, dont le portefeuille de projets est particulièrement conséquent…Ces 45 euros le mégawattheure envoient un signal prix difficilement viable »

« Avec un prix si bas, le développement du parc éolien en mer normand aurait-il réellement des risques d’être compromis ? Le fait que le capital d’EDF soit bientôt entièrement détenu par l’Etat écarte cette éventualité. En revanche, ses compétiteurs, dont la plupart sont cotés en Bourse et donc rapidement sanctionnés par les investisseurs en cas de projets risqués, ne peuvent  s’empêcher de s’interroger sur l’équation financière de cette offre et sa rentabilité. » EDF va devenir 100 pour cent étatique et peut certainement  avoir un raisonnement qu’on ne peut pas avoir. Peut-être qu’ils envisagent aussi de renégocier le prix ultérieurement » 

« La pertinence de ces appels d’offres se pose vraiment. Est-ce que ce secteur est ouvert à d’autres participants qu’EDF ? Nous n’avons pas de problème si le gouvernement souhaite lui attribuer systématiquement le développement de ces parcs, mais il faut que les règles soient claires »

NB : lors d’une  audition publique sur les innovations technologiques de l’éolien offshore de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix scientifiques et  technologiques (2 février 20220) , certains participants s’inquiétaient :  « les  turbiniers européens  sont en mauvais état économique parce qu’ils se sont fait prendre à la course à la taille sans pouvoir rentabiliser leurs efforts de développement.  Le développement rapide de l’éolien off shore européen est pour eux  une question de survie.  Par contre les  turbiniers Chinois sont en pleine forme et il y a un vrai risque qu’ils balaient tout, comme pour le photovoltaïque »

Avec de tels appels d’offres, l’industrie éolienne européenne n’a plus besoin d’ennemis…et sera balayée avant d’être née.

Aide  d‘Etat clandestine, détournement de fonds public, abus de biens sociaux, concurrence déloyale ?… les concurrent évincés d’EDF ne devraient pas manquer d’arguments pour fragiliser  et attaquer juridiquement le résultat de l’appel d’offre.

Le moins qu’on puisse dire  est le contribuable sera appelé à subventionner chèrement un programme éolien off-shore insensé (40 GW, 50 parcs éoliens couvrant des milliers de kilomètres carrés marins) ; un programme inutile voire nuisible pour l’objectif de décarbonation de l’électricité (car exigeant un back-up fossile), ruineux pour les consommateurs, dangereux pour la sécurité d‘approvisionnement électrique, néfaste à l’économie locale, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité,

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