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vendredi 2 décembre 2011

Les Français et la recherche scientifique



Les Français et la recherche scientifique

Les Français croient encore au progrès

« Comment les Français regardent la science « , c’est le titre d’un remarquable article publié par La Recherche  de septembre 2011 suite à une enquête originale commandée par La Recherche et le Monde. De façon impressionnante, 70% des personnes interrogées se déclarent intéressées par la science, bien plus que par la politique (56%) , l’économie (50%) ou le sport (45%). Même s’il s’agît de réponses de convenances plus que de véritable intérêt, c’est bon à prendre. Et 75% des personnes interrogées croient que la science apportera des solutions aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui, contre 23% persuadés du contraire ; et pour 56% pensent que grâce à la science et à la technologie, les générations futures vivront mieux.
Avant de trop céder aux marchands de peur, aux contempteurs du progrès et aux adeptes de la décroissance, la gauche ne devrait donc pas avoir peur de se définir comme progressiste !

...mais méconnaissent la science

Point plus embarrassant, l’article montre que les Français, s’ils lui font encore confiance, méconnaissent la science. Ainsi 92% des Français pensent que la science permettra de guérir le Sida, 91% le cancer, 88% la maladie d’Alzheimer. Les scientifiques de profession seraient sans doute beaucoup moins optimistes, à court et moyen terme. Cet optimiste est sans doute dû aux progrès formidables enregistrés dans le traitement –  pas vraiment la guérison- des malades du sida ; et en ce qui concerne le cancer, il n’y aura pas de « balle magique », mais des progrès partiels pour certains types de cancer ; pour l’Alzheimer, nous manquons des connaissances fondamentales nécessaires, et l’industrie pharmaceutique, qui assurait auparavant une bonne partie de la recherche fondamentale s’en détourne en raison de l’augmentation des coûts de la recherche.
69% des Français pensent possible la découverte de nouvelles formes de vie dans l’Univers, de prévoir les catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, et d’envoyer des humains vers d’autres galaxie ; le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est pas gagné, voire impossible.
Gardons-en l’aspect positif qui est que l’aventure scientifique et technique continue à faire rêver ; et un aspect plus négatif, qui est que, quand même, l’enseignement des sciences devrait être repensé…
En revanche, 43% des Français pense que la science ne permettra pas de créer un homme bionique  - lequel existe déja, à travers les différents implants, les membres articulés, bientôt les organes artificiels comme le cœur et le pancréas,  les électrodes implantées dans le cerveau pour contrôler certaines maladies neurodégénératives.
Enfin  69% estiment que la science permettra de cloner un être humain, sans que cela semble soulever une réprobation particulière…

Confiance ou méfiance ?

De façon globale, les chercheurs, le CNRS, les médecins, l’Académie des sciences bénéficient d’un taux de confiance extrêmement élevé (supérieur à 80%) en ce qui concerne les enjeux de la recherche scientifique et les « débats qu’ils peuvent susciter » ; cela mettra du baume au cœur des chercheurs des grands organismes de recherche, qui ont souffert de quelques remarques gouvernementales désobligeantes et se sentent souvent mis en cause. Les enseignants bénéficient étonnamment d’une  confiance moindre (65%- équivalente à celle des journalistes scientifiques)- là encore, cela suggère que l’enseignement des sciences pourrait être amélioré.
Par contre le discrédit des députés spécialisés dans les questions scientifiques  (26% de confiance) et du gouvernement ( 18%) est quasi-total. Ce n’est pas vraiment pas une bonne nouvelle, car la recherche scientifique dépend fortement de la puissance publique.
Et c’est immérité, car, par exemple, l’Office parlementaire des choix  scientifiques et technologiques fait un travail souvent utile et intéressant, sans doute trop peu connu et diffusé ;
La confiance accordée aux chercheurs reste cependant très relative ; sur des sujets très polémiques comme le nucléaire, les OGM, les Français ne sont que moins de 35% à faire confiance aux chercheurs pour dire la vérité sur leurs recherches (44% pour les nanotechnologies, 47% les neurosciences, 49% les cellules souches…

Solutions pour un bilan mitigé

Les Français continuent à croire au progrès, au caractère bénéfique de la science, et celle-ci continuent à faire rêver ; par contre, ils n’accordent plus qu’une confiance limitée aux chercheurs, surtout lorsque ceux-ci travaillent dans des domaines sujets à polémique ; et lorsque la politique s’en même, la confiance disparaît quasi-totalement. Si la France veut continuer la grande aventure scientifique qui a été la sienne, si elle veut qu’apparaissent des successeurs à Descartes, Laplace, Pasteur, Ampère, Claude Bernard, on ne peut pas se contenter de ce bilan assez mitigé.
L’enseignement à un rôle important à jouer, qu’il ne remplit pas de manière satisfaisante, et doit donner à tous cette connaissance générale des méthodes et principaux résultats des sciences que préconisait Auguste Comte. L’introduction de modules d’histoire des sciences serait de nature à faire mieux connaître la démarche scientifique.
A cela, il faut ajouter, pour les chercheurs, l’ardente obligation de la vulgarisation scientifique ; le public qui finance a le droit qu’on lui explique, en termes compréhensibles, les buts généraux des recherches poursuivies, ces buts n’étant pas nécessairement utilitaires : les grands astronomes ont toujours su fasciner le public pour des recherches sans applications pratiques.
Enfin, il n’est plus possible de continuer comme avant, et la science n’échappera pas à l’obligation de la démocratie participative, à l’instauration d’un trialogue entre experts- qui apportent une opinion informée, « disent ce qu’il faut », le public, qui définit ce qu’il veut, et les décideurs.
Nous ne pouvons plus nous contenter d’un dialogue entre scientifiques et pouvoirs. L’Office parlementaire des choix  scientifiques et technologiques effectue, je l’ai dit, un travail utile et intéressant, mais qui doit s’élargir à la concertation, au débat avec des parties prenantes ou citoyens intéressés, selon les principes de la démocratie participative
A cette condition , pourra être restauré un lien de confiance entre la science et les Français, basé sur un dialogue informé, utile, efficace.






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