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mardi 7 février 2012

RATP, service public et innovation

RATP, service public et innovation

Des usagers bien éprouvés

Les habitants de la Région parisienne n’ont pu que constater une éprouvante dégradation des transports en commun au cours de ces dernières années. Pratiquement tous les temps de transports se sont accru, ce qui devient insupportable pour des gens qui ont facilement près de trois heures de transport par jours. Lignes après lignes, RER D, puis C, puis B, puis A, les durées se sont allongées, les incidents d’exploitation et les retards se multiplient au point de rendre les horaires imprévisibles, la surcharge est telle qu’il faut laisser passer une, puis deux , puis trois rames avant de pouvoir éventuellement prendre le métro dans les stations les plus importantes ; sans compter l’aggravation des conditions de transports : les rames les plus récentes de la RATP  tournent à la bétaillère, avec une diminution importante des places assises – une solution radicale. Dans Paris même, la situation n’est pas meilleure, avec la fameuse ligne 13 dont on se demande comment les voyageurs ne tombent pas régulièrement en syncope – et d’ailleurs, ils le font-, mais aussi les lignes 1 et 4… et  d’autres sans doute que je n’ai pas le bonheur de prendre régulièrement. Lorsque des étudiants doivent passer des examens, on leur conseille maintenant de réserver la veille une chambre à côté du centre d’examen  plutôt que de prendre le risque de se fier à la SNCF/RATP, même avec une large marge d’avance. Le nombre de ceux qui ont perdu leur emploi à cause de transports trop irréguliers s’accroît.
La situation est telle que la RATP et la SNCF déconseillent maintenant à de nouvelles grandes entreprises de s’installer à proximité de stations du RER.
C’est bien parti pour le Grand Paris ! Le transport public en région parisienne est devenu une véritable galère qui pourrait bien coûter cher aux prochaines élections régionales, et indigne d’un pays moderne.
Pendant ce temps, la RATP, à travers sa filiale RATP-dev gère des transports publics à Londres, à Manchester, à Johannesburg, en Suisse, en Italie, où elle est devenue le premier opérateur étranger de transports publics (Florence, Gênes…). Est-ce bien son rôle ? Et quel est le bilan financier de RATP –Dev ?

Des premières mondiales

Pourtant, grâce à son statut d’opérateur public et au monopole parisien, la RATP a parfois su mener une importante politique d’innovation, qui a conduit à quelques premières technologiques mondiales. Ainsi, la création de la ligne 14 entièrement automatique  en 1998 a marqué une étape importante – et elle fonctionne toujours parfaitement pour la plus grande satisfaction des usagers. Le système METEOR, basé sur le SAET (Système Automatique d'Exploitation des Trains) conçu en collaboration par la RATP et Matra-Siemens a constitué une véritable innovation qui a fait de cette ligne une vitrine internationale qui a déjà permis d'exporter cette technologie (Le mot technologie possède deux acceptions de fait :) à travers le monde (Le mot monde peut désigner :). Le SAET est le système logiciel le plus complexe conçu pour un système de transport, avec une souplesse remarquable qui lui permet de gérer à la fois des rames automatiques et non-automatiques. Les entreprises qui ont conçu et réalisé  METEOR remportent maintenant des marchés à l’exportation, et pas des moindres : la ligne 9 de Barcelone (49 km,50 stations), la Ligne L du métro de New-York, une des plus chargée, qui dessert le New-Jersey, les premières lignes automatiques des métros de Sao-Paulo, Budapest, Helsinki. Thalès vient de remporter début 2012 le marché important de la signalisation du métro de l’aéroport de Hong-Kong. Performance appréciable et peut-être unique jusqu’à présent, le SAET permet aussi l’automatisation progressive de la ligne 1 du métro parisien, avec des perturbations minimes– et il était temps, tant la ligne 1 est saturée… Par ailleurs, Alstom et la RATP ont signé  en 2011 la création d'une société commune, Metrolab, chargée de concevoir le métro automatique du futur.
Le marché du métro automatique est promis à un très bel avenir. Il est estimé à plus de 13 milliards d'euros pour les cinq prochaines années, et c’est une tendance de long terme: plus de la moitié de la population mondiale vit maintenant dans de grandes aggomérations. C’est dire que la RATP, entraînant avec elle de grandes entreprises françaises et européennes a un bel avenir,… si elle faire les bons choix stratégiques

Service public,  libre concurrence et l’innovation

Clairement, ce n’est pas la mission de la RATP de gérer quelques lignes de transports en commun dans les pays les plus exotiques. C’est clairement la mission de la RATP, service public, d’assurer des transports de qualité en Ile de France, de répondre aux défis du présent et de l’avenir en développant, avec des entreprises partenaires, des solutions innovantes comme le métro automatique, la modernisation du trafic des bus, de nouveaux trams. Et ces entreprises pourront devenir de grands champions français et/ou européens du transport public.
Encore faudrait-il que la RATP reste un service public, et qu’elle ait les moyens d’investir. Il faudrait pour cela abroger l’imbécile directive européenne qui prévoit fin 2024 l’ouverture à la concurrence des lignes de bus, en 2029 celle des  lignes de trams, en 2039 celle des métros et des RER. Ainsi soumise à une concurrence qui écrèmera les lignes les plus rentables, la RATP n’aura plus les moyens d’investir, et les franciliens verront pour la plupart leurs transports se dégrader. Cette absurde politique a échoué là où elle est pratiquée ( à Londres notamment) c’est une politique contre l’innovation et le secteur public, tout comme la loi NOME met en danger la modernisation de la production électrique. Il est temps de dénoncer les ravages de l’idéologie de la concurrence dans des domaines où elle ne s’applique pas et de rompre avec cette politique



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