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mercredi 1 février 2012

Le nucléaire en France- l’avenir


Le nucléaire en France- l’avenir

Le rapport de l’autorité de Sûreté

Le rapport de l’Autorité de Sûreté sur la sécurité nucléaire a été unanimement salué et n’a soulevé aucune contestation. Incontestablement, le respect dont jouit cette institution doit beaucoup à André-Claude Lacoste, son président, qui a su faire reconnaître son indépendance et sa compétence grâce à sa force de caractère. Un modèle pour d’autres institutions similaires à établir ?

La principale conclusion a été que les installations françaises présentent un niveau de sécurité suffisant pour que l’Autorité ne recommande aucune fermeture, Fessenheim compris. Dans ces conditions, je souhaite bon courage aux candidats qui imposeraient  d’emblée, pour des raisons purement politiques une fermeture et pour l’expliquer aux habitants des communes avoisinantes. Au passage, M. Lacoste rappelle que Superphénix (le surrégénérateur) a été fermé pour des raisons purement politiques, et non pour des raisons de sécurité. Le gouvernement français, celui de M. Jospin, a ainsi sacrifié une filière d’avenir du nucléaire, dans laquelle la France était pionnière et qui commençait à démontrer sa rentabilité, à un accord avec les Verts, dont les conséquences électorales n’ont peut-être pas été à la hauteur de ses espérances.
Pour l’avenir, l’Autorité de Sûreté exige que soient tirés les conclusions de Fukushima, en exigeant une adaptation aux conditions extrêmes. Ceci comprend notamment  la création de centres de gestion de crise bunkerisés, la mise en place de groupes électrogènes Diesel d’ultime secours 30 à 50 millions d’euros par unité), celle de dispositifs assurant que les combustibles usagés stockés en piscine soient toujours noyés.
L’Autorité de Sûreté demande aussi la création d’une force d’action rapide nucléaire, capable d’intervenir en moins de vingt-quatre heures sur tout site accidenté. Elle comprendra plusieurs centaines de personnes spécialisées et expérimentées, sous la responsabilité d’EDF, premier exploitant nucléaire mondial.
La mise en œuvre de ces dispositions  ne constitue pas seulement une condition indispensable à la sécurité nucléaire en France, elle sera aussi une opportunité formidable pour le nucléaire français de se positionner comme champion du nucléaire sûr, et donc de conquérir les immenses marchés de l’équipement nucléaire en Asie, Inde et Chine comprises,  en Amérique latine, aux USA, dans la péninsule arabique. Soit ce que voulait faire Areva en exportant l’EPR, le contraire de ce que voulait faire Proglio, avec du nucléaire low cost…
En ce qui concerne Fessenheim, l’Autorité demande notamment le renforcement du radier- la dalle sous le réacteur. Si l’exploitant en juge le coût trop élevé, libre à lui de fermer Fessenheim. Mais la situation énergétique française et l’absence de solutions de remplacement  à moyen terme exigera alors la construction d’un autre EPR.

Une partie du rapport de l’Autorité est passée plus inaperçue, et c’est dommage car elle met en cause l’exploitation des centrales. L’Autorité insiste sur la nécessité de maintenir des compétences essentielles dans l’entreprise, et  celle du contrôle étroit des conditions de travail et de sécurité des différents personnels. Elle s’interroge donc sur la politique d’externalisation d’EDF, qu’elle appelle à revoir et qu’elle contrôlera sans doute plus étroitement à l’avenir. Les leçons de Fukushima ne sont pas seulement d’ordre technique, elles portent aussi sur les conditions d’exploitation, et posent carrément la question de la possibilité d’une gestion privée d’un parc nucléaire – et c’était déjà le cas pour Three Mile Islands

Prix de l’électricité : pocker – menteur, Cour des Comptes et loi NOME

 Quel est le coût des mesures envisagées ? Les investissements de maintenance réclamés par l’Autorité de Sûreté ont été estimé à 5 milliards, estimation validée par la Cour des Comptes, ce qui représente un alourdissement de 10% de ce qui était prévu par EDF entre 2011 et 2015 pour étendre la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans, donc une augmentation de 10% de l’électricité. La Cour des Comptes (1er février 2012) a aussi estimé qu’il existe de très grandes incertitudes sur les coûts de démantèlement des centrales et de stockage des déchets, mais qu’un doublement de ces coûts entraînerait respectivement des augmentations de 5% et de 1% du coût de l’électricité. L’électricité nucléaire française resterait donc de très loin l’une des moins chère (aujourd’hui, 107 euros le MW.h, contre 269 au Danemark et 228 en Allemagne)
Nous assistons sur les prix de électricité à une partie de pocker-menteur, très bien décrite par le journaliste environnementaliste Frédéric Denhez. EDF prévoit d’augmenter ses tarifs de 30% d’ici 2016. Cette augmentation n’est absolument pas justifiée, nous l’avons vu, par les investissements nécessaires à la sûreté de la production nucléaire, ni même par les aventures coûteuses et improductives d’EDF dans certains pays étrangers, mais par le mécanisme absurde et idéologique de la loi NOME (nouvelle organisation du marché de l’électricité, résultant d’une directive européenne de 2009). Par la volonté idéologique de créer un marché concurrentiel artificiel dans des conditions impossibles (un bien non stockable, avec une forte intensité de capital fixe), l’investissement réalisé par le contribuable français dans le parc nucléaire est indûment confisqué par Direct Energie et autres Poweo (« les prix de l'électricité en France sont anormalement bas » ! explique Charles Beigbeder), le prix payé par le consommateur est indûment relevé, et, plus grave encore, les capacités d’investissement en recherche et en production d’EDF sont gravement obérées et ne lui permettront plus de préparer le nucléaire de l’avenir. En effet, EDF est contraint par la loi NOME à vendre à  ses concurrents l’électricité à prix bradé et bien en-dessous du coût de production ( 42 euros le MWh – pas gênés, les concurrents en question réclamaient 32 euros), et se verra donc contraint d’augmenter ses propres tarifs pour le public – et d’autant plus que ses concurrents remporteront des parts de marché , vive la concurrence !). Avec la loi NOME, nous assistons à la destruction du service public voulu par le Conseil National de la Résistance et au vol du contribuable au profit de gangs proches du pouvoir. Quant à l’Allemagne, autre grand pays visé par l’absurde directive européenne, elle s’est simplement assise dessus en jouant de sa constitution fédérale.
Ce pillage doit cesser ; EDF doit avoir les moyens d’assurer la sécurité de son exploitation annuelle et de préparer l’avenir par la recherche dans le nucléaire et le solaire.


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