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samedi 12 mai 2012

Propositions pour la recherche



Propositions pour la recherche

Le pouvoir précédent  n’a cessé d’opposer les organismes de recherches aux universités, et s’est efforcé de priver les premiers de leur rôle historique. La première tâche du nouveau gouvernement sera de rétablir un paysage institutionnel harmonieux.

1) Redonner leur autonomie et leur responsabilité aux grands organismes de recherche

L’ancien commissaire européen à la recherche Philippe Busquin (1999-2004) le constatait : «  la grande spécificité française, c’est la force de ses organismes de recherche… Le CNRS, le CEA, l’INRA, le CNES ou l’Inserm ont un réel rayonnement européen… Il sera important de préserver la liberté de recherche et la possibilité de travailler dans la durée qui existe dans ces organismes ».
Il faudra donc revenir résolument sur la volonté du précédent gouvernement de priver les organismes de recherche de leur autonomie pour les transformer en simple agence de moyens ;

2) Réaffirmer et conforter le rôle primordial  des Universités dans l’animation du tissu local d’innovation

Les Universités, par le souci qu’elles ont de l’avenir de leurs étudiant jouent un rôle primordial dans le tissu local d’innovation, et c’est un atout considérable pour le développement absolument nécessaire de l’innovation dans les PME et la formation sur tout le territoire de jeunes entreprises innovantes.

3) Débureaucratiser et revoir  les rôles de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) et de l’AERES (Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) pour les concentrer sur leurs missions essentielles

Le financement de la recherche finalisée a été augmentée de manière inconsidérée (900 M euros, multiplié par 3 en 4 ans) tandis que les crédits de recherche non finalisées ont été parfois réduits de 30%. Outre que l’on ne découvre pas la lampe à incandescence en perfectionnant la bougie, certaines recherches appliquées non applicables ne sont pas toujours  très utiles. L’ANR, très bureaucratique, pas toujours transparente, consomme de plus beaucoup d’énergie et de temps des chercheurs, et est responsable d’une montée inadmissible et néfaste de la précarité des chercheurs.
L’équilibre entre recherche finalisée et non finalisée sera revu en faveur de cette dernière, mission essentielle de la recherche publique. L’ANR se concentrera sur les grands problèmes d’intérêt public (Alzheimer, nanotechnologies, énergies nouvelles, toxicité environnementale), et ses procédures d’évaluation seront plus transparentes et plus simples.
L’AERES, autre monstre bureaucratique, organe suprême de la folie de l’évaluation, verra sa mission limitée à l’évaluation globale de la recherche française, notamment en faisant appel à des experts étrangers ; elle cessera de doublonner les organismes de tutelle pour l’évaluation individuelle des chercheurs et des laboratoires.

4) Le doctorat doit être reconnu dans les conventions collectives du privé et la grille de la fonction publique

 Le doctorat ne forme quasi exclusivement qu’aux carrières de recherche et d’enseignement et les docteurs formés par la recherche n’irriguent pas suffisamment les secteurs privés et public, contrairement à ce qui se passe chez la plupart de nos voisins (Allemagne, Angleterre).. C’est une des causes les plus certaines du déficit d’innovation en France. Par ailleurs, comment s’étonner que des étudiants et ingénieurs hésitent à s’engager dans des études aussi longues s’ils ne trouvent à la fin, que post doc après post doc et précarité ?
A titre d’exemple et pour diffuser la culture de l’innovation dans le publiet dans le privé, l’ENA devra recruter entre un tiers de ses promotions parmi les titulaires d’une thèse.

5) Améliorer les carrières des chercheurs

5a) Mettre fin à la précarité au début de la carrière des chercheurs

Selon les propres chiffres du ministère publie ( alors Mme Pécresse), un estimation : 37.000, soit un salarié sur 5 sont des précaires ! Cela touche principalement les jeunes, les thésards condamnés à enchaîner post doc sur post doc, dans des conditions quasi esclavagistes, souvent jusqu’à bien plus de trente ans, avant de trouver un poste hypothétique et est en partie dû à l’accroissement des financements ANR de recherche finalisée sur contrats courts
Un plan pluriannuel de recrutement dans les Grands Instituts sera mis en place, d’autant plus nécessaire qu’arrive le remplacement des générations recrutées lors de la montée en puissance de ces instituts.
Le recrutement devra être encouragée immédiatement après la thèse, au plus moins de deux ans en cas de post doc  formateur et correctement rémunéré

5b) augmentation des salaires

Les chercheurs allemands sont  mieux rémunérés, avec un salaire moyen annuel de près de 30 % supérieur aux salaires de leurs collègues français (35000 euros annuels en moyenne contre 45000). C’est également le cas en Angleterre, aux USA, en Hollande…
Les salaires des chercheurs dans le secteur public seront dans un premier temps alignés sur ceux de l’organisme le plus favorisé, ce qui de plus, permettra une plus grande mobilité.

5c) gestion des carrières

Il existe – et heureusement- une extrême diversité des tâches et des profils des enseignants chercheurs, entre ceux qui se consacrent entièrement à l’enseignement, la pédagogie, à l’insertion professionnelle de leurs étudiants, et ceux qui privilégient la recherche et ne donnent que quelques cours très spécialisés. Et un chercheur n’a pas forcément vocation à rester chercheur toute sa vie. Dans certaines périodes, les missions d’enseignement, de formation à haut niveau, de valorisation peuvent supplanter la recherche proprement dite ; De même.
Il faut donc encourager, entre l’enseignement et la recherche, une très grande flexibilité des parcours et une véritable gestion des carrières.  
Certains chercheurs peuvent souhaiter quitter la recherche, temporairement ou définitivement. L’expérience de la recherche, par la culture scientifique, par le goût et l’habitude de l’innovation, constitue un atout considérable dans beaucoup d’autres fonctions. L’Etat pourrait donner l’exemple en donnant  priorité d’accès à tout emploi de la fonction publique à tout chercheur souhaitant se reconvertir et ayant l’envie et les capacités d’occuper l‘emploi en question.


6) Financement de la recherche et redressement industriel

En France, le pourcentage des dépenses de recherche et de développement dans le PIB est de 2.2% (plutôt en diminution -2.33% en 1997- et très loin de l’objectif des 3% de l’agenda de Lisbonne…).
Cette faiblesse de l’investissement en recherche et développement est essentiellement dû  à l’anémie de la recherche privée. La part du public (0.76% du PIB) est dans la moyenne de l’OCDE, celle du privé est plus basse (1.3% contre 1.9 aux USA et 1.7 en Allemagne, 2.5 en Suède et au Japon). Par ailleurs, la recherche industrielle est concentrée dans des champions nationaux, et la France manque cruellement de grosses PME innovantes et exportatrices.
 6a) L’effort entrepris avec le crédit d’impôt recherche (CIR ,environ 5 milliards) doit être poursuivi ; il devrait être éventuellement recentré vers les PME et favoriser les interactions et projets collaboratifs entre PME et grands groupes.
6b) Le CIR doit être réservé aux firmes françaises ou européennes dans les pays où existent un dispositif analogues (NB la communauté européenne a imposé son extension à toute firme de la zone euro).
6c) les missions de valorisations de la recherche publique doivent être menées de manières plus professionnelles ; efforts, expériences, expertises doivent être mutualisées entre universités et organismes de recherche…plutôt que mis en concurrence
La France peine encore à valoriser les résultats de sa recherche publique, ce qui la prive de recettes importantes ;
6d) Pour favoriser la croissance de PME innovantes, un small business act à la française ( et si possible à l’européenne) doit être mis en place, favorisant l’accès des commandes publiques aux PME ou, à des collaborations PME - grands groupes, obligation pour la recherche externalisée des agences publiques d’en confier une partie aux PME… etc

7) Financement du développement et des innovations de rupture

 Le manque de grandes PME innovantes est aussi dû à de graves défauts de notre système de financement. Le capital risque est insuffisant, ainsi que  surtout les fonds d’amorçage permettant le développement des entreprises. En France, soit les entreprises innovantes échouent et ferment, soit elles réussissent… et ferment car vendues par des actionnaires soucieux de rentrer au plus vite dans leurs fonds et non de développer l’entreprise. Le financement public de l’innovation (OSEO principalement) pratique trop souvent un saupoudrage peu risqué et peu efficace, en tous cas insuffisant et rarement fondé sur des caractéristiques scientifiques. La prospective publique pour financer les innovations de rupture est quasiment absente- et la banque publique d’investissement pas pus qu’Oseo ne pourront hjouer ce rôle, qui est en dehors du rôle traditionnel des banques.
7a) Une fiscalité favorable à l’innovation, à l’amorçage et au développement des entreprises innovantes sera mise en place.
7b) Il faut recréer l’AII (Agence de l’Innovation Industrielle) préconisée par le rapport Beffa et qui a fonctionné de 2005 à 2008 pour favoriser les innovations de rupture c’est-à-dire comportant une rupture technologique qui a toutes chances de modifier les conditions de vie de demain, un risque technologique important et une  longue durée de développement (cinq-quinze ans) et nécessitant des partenariats entre grandes entreprises, laboratoires publics, et jeunes entreprises innovantes.


8) Sauver l’industrie du médicament

L’industrie du médicament représente 35 milliards d’euros de CA et emploie environ 100.000 salariés. Pour combien de temps encore ? Le rapport Marmot (Attractivité du Territoire pour les industries de santé, 2004) a mis en évidence une dégradation rapide qui s’est amplifiée, car aucune des mesures correctives n’a été prise

8a) Donner une visibilité économique aux entreprises du secteur
Le médicament est toujours le premier sacrifié des plans de santé, pour des raisons bassement électorales ; mais si les médicaments de l’avenir ne sont pas inventés et produits en partie en France, alors les patients français devront s’en passer ou les payer très chers à l’étranger pour ceux qui le pourront. Des déremboursements comme celui du traitement de l’hypertension artérielle grave sont inadmissibles.
Une politique de régulation basés sur des instruments vertueux comme les accords prix volumes (liant le prix à la quantité, utilisée) et sur les nécessités de santé publique sera mise en place
8b) Mettre en place un Institut du Médicament capable de fédérer la recherche préclinique et d’organiser sa cohérence avec la recherche clinique
 Le financement public de la recherche thérapeutique en France ne représente que 37 millions d’euros (pour 4.2 milliards de dépenses totales de R et D, soit 0.1%). Nous sommes très loin des 27 milliards de dollars du NIH et sa politique dynamique de partenariats public/privés ! (A titre indicatif, le budget de R et D du secteur aéronautique et spatial est un peu inférieur -3.8 milliards, mais le financement public en représente 30%).
Un effort couronné de succès a été fait pour encourager la recherche clinique, basée sur une très forte implication de l’Inserm et de l’APHP. Sur le même modèle, un Institut du Médicament devra être mis en place, qui fédérera la recherche préclinique effectuée au CNRS, à l’Inserm, au CEA, dans les facultés de pharmacie ou de médecine, aux instituts Curie et Pasteur…

9) Diffuser la culture scientifique et valoriser le patrimoine immatériel scientifique français
La France a aussi une riche et ancienne culture scientifique, que le remarquable Rapport sur l’économie de l’immatériel (Maurice Levy, Jean,-Pierre Jouyet, 2006) a un peu laissé de côté.
Le monde d’aujourd’hui a été créé par l’immense aventure du progrès scientifique et technique, et la France y a joué un rôle considérable. Pour comprendre le monde d’aujourd’hui et construire celui de demain,  pour que la France soit toujours présente dans cette aventure du progrès, il faut diffuser plus largement la culture scientifique et technique et valoriser le  patrimoine scientifique immatériel français.
9a)  Développer l’enseignement de l’histoire des sciences dans le primaire, le secondaire et le supérieur
9b) Recenser les enseignements scientifiques (cours, connaissances, méthodes pédagogiques) qui peuvent faire l’objet d’une valorisation dans le cadre de l’économie de l‘immatériel, en particulier dans des institutions comme les Grandes Ecoles (Normales, Polytechniques, le Collège de France  etc.
9c) Professionnaliser et accroître l’effort de communication de la recherche publique et l’ardente obligation de la vulgarisation.  Aujourd’hui, le chercheur ne peut se contenter de dialoguer avec les politiques, il doit aussi s’adresser l’opinion publique et contribuer à sa formation
Il faut aussi former des scientifiques à la vulgarisation, former des journalistes à la science. Un dispositif analogue à celui de certains instituts américains, finançant des bourses permettant à des journalistes de partager la vie d’un laboratoire pourrait être utile.
9d) La valorisation des richesses muséales et patrimoniales en matière scientifique

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