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mercredi 2 mai 2012

Recherche Publique : Bilan, Perspectives, Idées

Recherche Publique : Bilan, Perspectives, Idées


Autonomie des Universités : une bonne idée sabotée

Donner plus de liberté et de responsabilité aux Universitaires dans la gestion et les orientations de leur université, permettre à chaque Université de mieux s’insérer dans le tissu économique de sa région était une réforme qui n’aurait pu être utile si elle n’avait pas été sabotée par un manque de concertation et de transfert de moyens. Ainsi, huit universités, dont l’une des plus importantes dans la recherche scientifique, l’Université Pierre et Marie Curie ont été placées sous tutelle budgétaire rectorale. Les financements de l’Etat et de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) ne paient pas les dépenses de personnel non chercheur et de fonctionnement des laboratoires, qui en viennent à consommer toutes les ressources financières.
L’ « autonomie » des Universités ainsi réalisée les place en fait, en matière de recherche, en situation de pénurie et de dépendance totale vis-à-vis de l’ANR ou de contrats privés.
Dans ces conditions, fusionner le corps des directeurs de recherche du CNRS et celui des professeurs d’Université, comme le proposent l’UMP et Terra Nova, est un piège grossier qui vise à faire prendre en charge par des organismes de recherche, déjà bien dépourvus, le financement du personnel universitaire, version même pas très sophistiquée du déshabiller Pierre pour habiller Paul.
Oui, donner d’avantage d’autonomie aux Universités est une bonne idée, une idée nécessaire, mais une idée sabotée qui reste à réaliser.

Autonomie de la recherche : débureaucratiser !

En matière de recherche, le gouvernement sortant a fait exactement le contraire de l’autonomie. Il a combattu constamment, avec persévérance et  violemment ce qui était à la fois une tradition et une force réelle, l’indépendance des grands organismes de recherche et de la recherche universitaire envers les ministères et le pouvoir politique. Le bras armé de cette politique a été l’Agence Nationale de la Recherche devenu un monstre bureaucratique « gérant » 9000 projets ; les chercheurs passent un temps considérable à chercher des… financements, à remplir d’innombrables dossiers dont beaucoup seront rejetés par des examinateurs moins compétents qu’eux. C’est un gaspillage incroyable de temps et d’énergie, bien moins efficace que l’ancien système qui donnait aux Universités et aux organismes de recherche la responsabilité de leur budget, sans compter que les chercheurs ont été transformés en mendiants perpétuels.
Il faut redonner la responsabilité de leur budget aux chercheurs et l’ANR jouera un rôle utile en se consacrant à faciliter et financer les collaborations entre instituts sur les grandes thématiques jugées prioritaires par le gouvernement par exemple Alzheimer, nanotechnologies, énergies nouvelles, toxicité environnementale – cette dernière bien négligée par l’actuel gouvernement…)
De même pour l’Aeres et la folie de l’évaluation que ce gouvernement a imposé. L’Aeres, autre « monstre bureaucratique qui se mêle de tout », selon l’ancien président de son comité des experts, le mathématicien espagnol Francisco Marcellan, qui  n‘apporte rien à la recherche et doublonne les évaluations menées par les recherches et les Universités. C’est une bonne idée que d’appeler des experts étrangers à donner leur opinion sur la recherche française, mais encore faudrait-il les écouter. L’Aeres ne doit pas se mêler de l’évolution des chercheurs et des laboratoires faites par les Universités et les Organismes de recherche, simplement valider leurs procédures internes propose Marcellan. En revanche, elle peut jouer un rôle utile en tant qu’instance de réflexion et de conseil sur l’organisation générale de la recherche, sur la politique de recherche et ses orientations, notamment grâce à des experts étrangers régulièrement renouvelés.

Carrière des chercheurs : mettre fin à la montée de la précarité !

Il a fallu qu’une étude syndicale estime entre 45000 et 50000 le nombre d’emplois précaires dans l’enseignement supérieur et la recherche pour que le ministère publie enfin une estimation : 37.000, soit un salarié sur 5 sont des précaires ! Cette explosion de la précarité est principalement due à la montée en puissance des financements ANR sur contrat à durée déterminés, au détriment du recrutement et du financement des grands instituts de recherche ( CNRS, INSERM, CEA…) . Ajoutons à cela la situation scandaleuse des thésards condamnés à enchaîner post doc sur post doc, dans des conditions quasi esclavagistes.
Au fait où en est la reconnaissance du doctorat dans les conventions collectives du privé et les grilles salariales du public ? Au point mort, et depuis des années !  C’est une justice élémentaire envers ces étudiants qui ont consenti des efforts particuliers, c’est en plus  un préalable essentiel à la société de l’innovation et de la connaissance, permettant d’irriguer toutes les fonctions de l’entreprise et de l’Etat de personnels formés à la recherche !
Cette précarité insupportable menace la qualité de la recherche par la course à la publications frénétiques de travaux peu aboutis et peu novateurs, par la multiplications de recherches sans risques. Plus grave encore, elle menace l’avenir. Comment s’étonner que les élèves des Ecoles d’Ingénieurs, que les meilleurs étudiants ne soient plus attirés par la recherche ?  Comment accepter des situations temporaires, précaires, exigeantes,  mal payées, un quasi-esclavage au service de mandarins – et ceci jusqu’à 30-35 ans ?
Pendant ce temps, l’Inde et la Chine font revenir massivement leurs post-doc en leur offrant des postes permanents, des laboratoires bien équipés, des rémunérations conséquentes. On parie sur l’avenir ?

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