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dimanche 10 juin 2012

Rio plus vingt, réchauffement climatique et politique énergétique


Rio plus vingt, réchauffement climatique et politique énergétique

Les scenarii de l’Agence internationale de l’énergie

Il est aujourd’hui établi que nous vivons un réchauffement climatique d’une vitesse et d’une ampleur inégalée, dont les conséquences sur le monde commencent à être appréhendées. Une importante étude multidisciplinaire de l’Université de Berkeley pointe ainsi que, dans ce siècle, « les climats rencontrés sur 10à48% de la planète auront disparu, et ue des condirions climatiques qui n’ont jamais été rencontrées par les organismes actuels régneront sur 12 à 39% de la surface de la planète». Ce qui se passera ? On peut déjà l’appréhender par la disparition quasi-totale des coraux en plusieurs endroits de la planète. Et par la disparition de 30% de la banquise arctique d’été.
Une partie de ce réchauffement est liée aux énergies fossiles… de plus en plus rares. En 1980, la demande mondiale en énergie primaire était de 7 milliards de TEP (tonnes équivalent pétrole), en 2009, elle a augmenté à 12 milliards de TEP, dont 81% d’énergie fossile (pétrole, charbon, gaz), et la demande des pays émergents n’est pas prête de s’arrêter. Clairement, cette évolution n’est tout simplement pas durable, ni en ce qui concerne l’effet climatique, ni en terme de disponibilité des sources d’énergie.
L’Agence Internationale de l’Energie travaille sur trois scénari. Politiques Actuelles prolonge la tendance actuelle, avec 18 milliards de TEP en 2035, dont 80% d’énergie fossile. Nouvelles Politiques ( 16 milliards de TEP en 2035) suppose que le programme de Rio et les promesses actuelles des Etats soient respectées, soit,  pour l’Europe, une baisse de 20% des gaz à effets de serre en 2020. Dans ces deux scenari, le réchauffement climatique se prolonge pour dépasser 4°C. Seul le troisième scenario de l’AIE  (450 ppm) permettrait de contenir le réchauffement à en dessous de 2°C. Il se caractérise par une consommation de 14.5 à 15 Milliards de TEP, avec une forte augmentation du nucléaire (1,6 milliards de TEP contre 0.7 actuellement) et des énergies renouvelables (4 milliards de TEP contre 1,6 actuellement), dont 2,3 milliards pour la biomasse, les déchets, les biocarburants(contre 1,2 actuellement), 0.52 milliards pour l’hydraulique contre 0.28 actuellement, et 1,1 milliards pour les autres renouvelables – solaire essentiellement- contre 0.099 actuellement).
Le seul scenario pour limiter le réchauffement, c’est donc du nucléaire (230% d’augmentation), des biocarburants de deuxième/troisième génération (200%d’augmentation)- ne concurrençant pas les aliments) et une explosion du solaire (par 100)
De ce point de vue, l’abandon du nucléaire par l’Allemagne est une très mauvaise décision,, qui signifie tout simplement que l’Allemagne ne va pas même diminuer mais augmenter considérablement ses émissions de gaz à effet de serre. En effet, en raison de leur intermittence, les  productions électriques  solaires et éoliennes devront pour longtemps encore être couplées à des productions type nucléaire ou émettant des gaz à effet de serre (gaz, pétrole, charbon) . Par contre la Chine et l’Inde font preuve d’un comportement responsable vis-à-vis de leurs engagements climatiques en confirmant un programme nucléaire ambitieux(plus de cinquante nouvelles centrales en Chine d’ici dix à vingt ans)

Et le Solaire ? L’échec français.

Reste à développer la seule énergie renouvelable qui permette à terme un développement économique soutenable, le solaire. En ce qui concerne le solaire domestique il va falloir tirer les leçons des échecs français et allemands ; malgré une politique extrêmement coûteuse de subvention, qui a certes abouti à un bond des équipements individuels, les fabricants de panneaux solaires allemands (Solon, Qcell, Solarworld) et français (Photowatt)  sont en faillite, en quasi-faillite ou ont disparu. Ce sont les producteurs de panneaux chinois qui ont massivement profité des subventions allemandes et français, avec des productions de faible qualité dans des conditions sociales et environnementales critiquables.
Il y a là une leçon à tirer, et une politique à ne pas reproduire, résultat d’une étrange collusion entre un gouvernement de droite et un milieu d’affairistes écologistes, remarquable par son habilité à tirer des profits des subventions à tous niveaux de la vie politique . Alors que le coût du MégaWatt heure solaire est de 200 €, le prix de rachat imposé à EDF a varié entre 314 € et 580 € suivant les installations, extraordinaire rente de situation aux dépens des consommateurs. On aurait pu au moins éviter de faire pire que l’Allemagne, qui a imposé un prix de rachat à parité avec le prix moyen de l’électricité (ce qui faisait que les spéculateurs du solaire n’avaient au moins pas intérêt à revendre leur production, mais simplement à l’utiliser).
Cette erreur provient de ce que l’on a subventionné larga manu, sans se préoccuper d’avoir au préalable créé une filière industrielle. Cela n’avait rien d’impossible ou d’inéluctable, ainsi que le prouve le succès relatif de l’entreprise française Solaire direct, qui a d’emblée visé un marché international avec beaucoup de détermination.
Face aux défis nécessaires et importants du solaire, le ministère du redressement industriel ne devra pas se contenter d’une stratégie défensive. Les enjeux climatiques et énergétiques exigent la mise en place d’une véritable politique de recherche et de développement. Il faudra notamment développer la production massive d’énergie solaire, par des centrales à concentration pour le solaire thermique, et aussi par d’autres systèmes permettant de coupler le solaire à l’électrique, ou à d’autres formes nouvelles comme l’hydrogène. Un exemple particulièrement intéressant, dans une région qui pourrait assez rapidement devenir un modèle et un laboratoire du solaire, la Corse, est le projet de centrale élaborée « à trackers » des sociétés Exosun et Compagnie du vent.


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