Contraception
Entendu sur France-Inter ce matin (mardi 19 février) qu’on observait une augmentation des demandes d’IVG, conséquence d’un arrêt de prise de la pilule.
La pilule, de quelque génération qu’elle soit, présente moins de risque d’accident thrombo-emboliques que la grossesse (6 cas par an pour 10.000 femmes contre 3 à 4 sous pilule de troisième ou quatrième génération, 2 pour les générations plus anciennes).
Pour cette raison, le Président de l’Agence du médicament a, malgré le battage médiatique, conseillé aux femmes sous contraception de ne surtout pas abandonner leur contraception, quelle qu’elle soit, quitte à prendre un rendez-vous avec leur gynécologue pour en discuter Les femmes qui arrêtent la pilule et se retrouvent enceintes, ont, si l’on peut dire, tout gagné. Merci Debré, merci Even !
Cholestérol
Lu dans le Monde daté mardi 19 février un placard signé des associations de spécialistes, de patients et de sociétés savantes en cardiologie un placard intitulé « cholestérol, attention danger ! » « exprimant leur plus vive inquiétude devant la réaction de patients qui, à la suite de deux livres récents, ont décidé d’interrompre leur traitement pour excès de cholestérol (statines) ou diabètes (gliptines et analogues) »
Là encore merci Debré, merci Even !
Ils défendent notamment en effet l’idée que « les risques d'un excès de cholestérol sont "fabriqués" par l'industrie pharmaceutique pour vendre les Statines (anticholesterolemiants), qui certes, ne sont pas dépourvues de danger »
Deux grandes méta-analyses ont été publiées sur les statines. L’une sur 34 272 patients ayant de multiples facteurs de risque cardiovasculaire montre une réduction de la mortalité, ainsi qu'une diminution des évènements cardiovasculaires majeurs (Taylor F, Ward K, Moore THM et Als. Statins for the primary prevention of cardiovascular disease, Cochrane Database of Systematic Reviews 2011, Issue1). L’autre, sur 42 848 patients tirés de la population générale – dont 80 % au moins n'avaient pas connaissance d'avoir une maladie cardiovasculaire - montre une diminution des évènements coronaires majeurs, des évènements cérébro-vasculaires et des revascularisations, mais pas de la mortalité générale (puissance statistique et/ou durée d’observation insuffisante) (Primary prevention of cardiovascular diseases with statin therapy, Paaladinesh Thavendiranathan,et al, Arch Intern Med. 2006;166:2307-2313.)
Donc, dans un cas, un effet prouvé sur la morbidité et la mortalité (patients à risque multiples), dans l’autre un effet prouvé sur la morbidité et statistiquement non significatif sur la mortalité.
Suite et fin
Debré et Even, et pour le diabète, et pour la contraception, et pour l’hypertension, et pour la dépression, et pour le cholestérol, et pour les antiinflammatoires auraient raison contre la communauté des spécialistes de chacune de ces aires thérapeutiques, eux qui ne sont spécialistes en rien, et, en tous cas, pas en ces domaines ?
Il arrive certes que quelqu’un ait raison une fois contre une communauté scientifique entière, mais enfin c’est très rare, et, désolé, c’est plus souvent un jeune chercheur qu’un mandarin aigri privé de poste honorifique.
Les media aussi ont leur part de responsabilité, car enfin, la moindre enquête montre à quel point les affirmations des duettistes sont fausses. Mais il est tellement plus vendeur -croient-ils- d’inviter le menteur iconoclaste que le terne spécialiste. Au moins devraient-il prendre soin – et l’élémentaire honnêteté - de leur opposer des contradicteurs compétents.
Ainsi en arrive-t-on à cette situation où les autorités légitimes, les spécialistes, les associations de patients ne sont plus entendus, et se trouvent contraint, dans l’intérêt des patients, de publier des placards publicitaires.
Pour Debré et Even, les épithètes de malfaisance et de malfaiteurs s’imposent. Je les laisse face à leurs responsabilités, éventuellement pénales (car enfin, les patients qui interrompent leur traitement et se verront confronter aux conséquences seront fondé à les attaquer), et ne m’exprimerai plus sur eux.
Voir aussi sur le Huffington post, un billet courageux d’Elise Soli : « Est-ce que nous nous acheminons vers un système de santé ou deux professeurs retraités peuvent lancer une fatwa contre les médecins irresponsables, les patients inconscients, les agences de surveillance incompétentes et l'industrie pharmaceutique diabolique?"
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