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mardi 16 septembre 2014

Plaidoyer pour la Chimie


Je m’étonnais depuis quelque temps du nombre de firmes ukrainiennes et russes dans le domaine de la chimie, qui vendent notamment des composés élaborés pour la recherche, des chimiothèques,  de bonne qualité. La réponse à l’énigme se trouve dans le no de juin 2014 de l’Actualité Chimique, à travers un article sur les Olympiades Internationales de Chimie. La France y inscrit bon an mal an 250 candidats, contre 10.000 pour les USA, 250. 000 pour l’Ukraine, et 500.000 pour la Russie.

L’engouement pour la Chimie (qui commençait autrefois avec les mallettes de petit chimiste, (avant qu’on ne puisse plus rien y mettre d’excitant pour cause de réglementation) semble avoir largement quitté la France pour prospérer ailleurs. Pourtant, ce fut assez largement une science française, fondée dans sa version moderne par Lavoisier.

Alors, pour redonner du baume au cœur aux professeurs de Chimie, ces citations de deux disciples de Lavoisier :

Fourcroy 1800, dans son Tableau synoptique de chimie, qui se lance dans un éloge de la  chimie médicinale : « La Chimie… découvrira la nature et la composition des matières animales. Elle déterminera précisément les réactions chimiques qui se produisent chez l’animal vivant, comme Spallanzani a élucidé les mécanismes de la digestion et Lavoisier, la respiration. Par l’analyse des organes altérés, elle découvrira ce qui se produit dans les blessures organiques et en quoi les maladies consistent. Elle permettra de découvrir les moyens de prévenir les maladies à leur commencement. Elle simplifiera les remèdes pharmaceutiques, écartera les substances inactives, rendra leur formule plus exacte et plus reproductible… »

Et Chaptal, pour la Chimie Industrielle : « Avant que la Chimie n’eut ramené à des principes généraux les nombreuses opérations de l’industrie, les fabriques, les manufactures étaient, pour ainsi dire, l’apanage de quelques nations et la propriété d’un petit nombre d’individus. Le secret le plus absolu couvrait chaque procédé du voile du mystère; les formules et les pratiques se transmettaient en héritage de générations en générations. La chimie a tout dévoilé ; elle a rendu le domaine des arts le patrimoine de tous, et, en peu de temps, on a vu tous les peuples chez lesquels cette science a été cultivée s’enrichir des établissements de leurs voisins. Les préparations de plomb, de cuivre, de mercure; les travaux sur le fer, la fabrication des acides; l’apprêt des étoffes; l’impression des couleurs sur toile; la composition des cristaux, des terres cuites et des porcelaines; tout cela a été tiré du secret, et forme aujourd’hui une propriété commune...Ainsi, depuis vingt ans, la chimie a créé plusieurs branches d’industrie ».

Ludique, spectaculaire, passionnante, ubiquitaire…

Comme toute science bien faite, la Chimie est un langage, et celui qui n’en connait pas les rudiments ne peut comprendre grand-chose à la biologie, aux médicaments, aux textiles, aux colorants, aux encres, aux plastiques, à la photographie, à la géologie et à ses merveilleux cristaux, à l’air, à l’eau et à leurs polluants, aux cosmétiques, aux métaux et à leurs transformations, aux verres de plus en plus techniques, au pétroles et à ses éventuels substituts, à l’agrochimie et  ses engrais, insecticides, herbicides aujourd’hui décriés, mais qui ont sauvé l’Humanité des famines, aux végétaux et aux étonnantes substances qu’ils fabriquent – le magasin du Bon Dieu, disait Pierre Potier, l’inventeur du taxotère ; et les couleurs des tableaux, et les odeurs des fleurs et des parfums ; tout cela sans la Chimie est incompréhensible.

Alors peut-être peut-on rappeler que l’enseignement de la chimie peut-être passionnant, spectaculaire, ludique et qu’il est sans doute à revoir. Que ce langage peut en partie être acquis assez tôt sous une forme assez  ludique, élémentaire au départ.  Les revues professionnelles sont pleines d’idées de TP intéressant – il faudrait que les enseignants aient avantage de temps à consacrer à la chimie expérimentale.  Il serait sans doute aussi possible de construire une vidéothèque d’expériences spectaculaires – une expérience de chimie périodique en TP, je n’y crois pas trop. Certains aspects se prêtent bien à des simulations ou à des présentations amusantes sur ordinateur.

Sans doute conviendrait-il de commencer assez tôt au collège ou en seconde par un panorama des différents domaines de la chimie. Et peut-être faudrait-il aussi davantage spécialiser les enseignants- séparer la physique et la Chimie ? ou, du moins permettre à ceux que passionnent la chimie de l’enseigner en priorité.

Rien d’impossible : Fourcroy enseignait la Révolution Chimique de Lavoisier devant des auditoires passionnés de 1500 personnes ; il avait fallu pour cela agrandir l’amphithéâtre de Buffon au Muséum d’Histoire Naturelle (Jardin du Roi)
 

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