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lundi 13 octobre 2014

Politique énergétique et changement climatique


Les éoliennes, c’est du vent

Article décoiffant sur les éoliennes dans Marianne (3 octobre 14) ; rien de très original, mais une synthèse honnête et efficace. Résumons pour la situation dans les campagnes : « Jalousies, médisances, rumeurs, partout où passe l’éolien et ses promesses de revenu garantis pour les uns et de nuisances assurées pour les autres, Clochemerle s’installe et sème la division »

Tout d’abord, avant 2007, des éoliennes construites à moins de 500 mètres des habitations et, même avec la nouvelle réglementation,  des habitants rendus fous par le bruit, les sifflements, l’effet stroboscopique, les lumières dans la nuit, le paysage gâché, et autres nuisances diverses, jour et nuit. Des sociétés qui se revendent les implantations et les projets les unes aux autres, puis disparaissent, laissant les habitants face aux malfaçons.

Tout ça pour quoi ? Dans un rapport publié par la revue Commentaire, un ancien directeur d’administration centrale, Nicolas Saudray affirme : « Dans l’ensemble de la France de 2013, la capacité des aérogénérateurs n‘a été utilisée qu’à raison de de 23 %. La plupart du temps, ils sont en effet arrêtés ou tournent au ralenti… Cet effet d’intermittence est aggravé par le fait que les engins ne produisent rien quand la consommation d’électricité est au plus haut (pic de froid sans vent en hiver). .. Afin de régulariser la discontinuité éolienne, il convient de mettre en place des installations complémentaires, dont la production doit pouvoir être accrue rapidement » ; et là, il n’y a guère le choix, ce sont des centrales thermiques, de préférence à gaz.

Bilan de l’éolien, il coûte cher, le lobbying du très actif  Syndicat de Energies Renouvelables ayant obtenu un tarif de rachat garanti par l’Etat très avantageux (au détriment d’EDF et in fine des consommateurs), il n’est pas rentable… et surtout il n’est pas écologique car contreproductif en ce qui concerne le réchauffement climatique, puisqu’il impose une augmentation des centrales à gaz. La fédération Environnement durable a bien raison de parler de rente indue pour les producteurs, et il est temps d’arrêter.

L’éolien ne convient pas à la géographie et au peuplement français (pas plus que les gaz de schistes), ne lutte pas contre le réchauffement climatique, est générateur de nuisances insupportables et de profits douteux. Le soutien à l’éolien est le contraire de ce qu’il faut faire en matière de politique énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique

Le charbon, ça continue

C’est assez peu connu, mais le marché international du charbon n’a cessé de croître. En quarante ans, depuis 1973, il a été multiplié par sept !  (de 200 tones à 2400 tonnes) et l’accroissement continue, voire s’accélère : de 2005 à 2010, il est passé de 800 à 1100 tonnes, et de 2010 à 2013 de 1100 à 1400 tonnes ( soit un doublement sur la dernière décennie). Les principaux consommateurs sont la Chine et l’Inde. La part du charbon a aussi augmenté en valeur relative : 25% des approvisionnements en énergie en 1973 , 30% en 2013.

Or le consensus général est que du  point de vue environnemental, tant  pour la pollution que pour le réchauffement climatique, le charbon est la pire des sources d’énergie, et que l’urgence est de décarboner notre croissance. Inde et Chine se tournent massivement vers la seule énergie aujourd’hui disponible qui leur permette de continuer à améliorer leur niveau de vie tout en limitant le réchauffement climatique, le nucléaire. Et c’est à ce moment que nous, la France, mais plus encore l’Europe, limiterions notre recours au nucléaire ? voire que, comme en Allemagne,, on arrête le nucléaire pour remettre en service des centrales à gaz… et à charbon. C’est tout simplement proclamer que l’on se moque du réchauffement climatique et de ce qu’il provoquera chez les peuples  qui seront les plus exposés à ses conséquences, c’est saboter et faire sombrer dans le ridicule la prochaine conférence de Paris sur le réchauffement climatique, comme celle de Copenhague, en 2004.

Le solaire - il faut avancer

 C’est évidemment l’énergie de l’avenir, la seule énergie renouvelable, propre, et qui  nous soit fournie par la nature en quantité suffisante pour nos besoins. Là encore, des erreurs ont été commises à ne pas renouveler. L’équipement en solaire domestique est certainement intéressant, mais d’effet modeste. Il a été encouragé hors de toute proportion raisonnable par une collusion entre des milieux écolo-affairistes et un gouvernement manipulé. Alors que le coût du MégaWatt heure solaire est de 200 €, le prix de rachat imposé à EDF a varié entre 314 € et 580 € suivant les installations, extraordinaire rente de situation aux dépens des consommateurs. On aurait pu au moins éviter de faire pire que l’Allemagne, qui a imposé un prix de rachat à parité avec le prix moyen de l’électricité. Si le solaire domestique est utile pour l’utilisation domestique, c’est une aberration que de permettre de le vendre, avec des profits astronomiques sur le réseau.  

Autre absurdité, ce sont les producteurs de panneaux chinois qui ont massivement profité des subventions allemandes et français, avec des productions de faible qualité dans des conditions sociales et environnementales critiquables, alors que les fabricants européens ont fait faillite en série. Pourquoi ? Parce que l’on a subventionné larga manu, sans se préoccuper d’avoir au préalable créé une filière industrielle – une autre erreur à ne pas répéter.

Le solaire, bien sûr, mais il exigera de nouvelles percées technologiques et des choix réfléchis. Le solaire industriel passera-t-il par le stockage et la consommation sous forme d’hydrogène ? Ce sera alors toute une nouvelle économie à bâtir, mais qui semble technologiquement à notre portée.  Sous une autre forme  (nouvelles batteries, stockage calorique ?). La conception et l’utilisation industrielle d’OGM (d’algues par exemple) optimisées pour la photosynthèse de carburants est une autre voie prometteuse d’utilisation de l‘énergie solaire.  Tout cela exigera du temps et des développements technologiques, raison de plus pour commencer rapidement et massivement.

Des progrès continus et significatifs sont accomplis. Ainsi,  une équipe de Lausanne a présenté une cellule photoélectrique à base de perovskite, un matériau abondant et peu cher, capable d’obtenir un rendement de plus de 12% de transformation d’énergie solaire en hydrogène, ce qui peut être estimé à douze fois le rendement de la photosynthèse naturelle (Science, Gratzel et al, 26 sep 14). Oui, il est grand temps d’avoir un programme ambitieux et coordonné sur le solaire

La fusion nucléaire ? Stopper Iter ?

Le gigantesque programme Iter, bien mal géré et de façon très opaque par la communauté européenne ne cesse d’accumuler les problèmes non prévus – un des derniers en date, la détritiation qui, faute d’un système efficace et  sûr, a entrainé le blocage de l’assemblage du réacteur par l’ASN (autorité de sécurité nucléaire). Iter devait être achevé en 2016 !. Le budget prévisionnel pour arriver à un démonstrateur était initialement estimé à 10 milliards, il a maintenant doublé ! Un rapport d’évaluation sévère, publié en février 2014, a listé onze recommandations essentielles  qui, en creux, dessinent un projet en crise profonde:  créer une culture de projet (il serait temps), instiller une culture de sûreté nucléaire ( il serait aussi temps) , développer un planning réaliste du projet  (idem)  et simplifier et réduire la bureaucratie. En juillet 14, le Sénat américain en a tiré les conclusions en ordonnant  au Département de l’Énergie de travailler avec le Département d'État pour se retirer du projet ITER ». 2016 au départ ? Aujourd’hui, le Directeur général, Osamu Motojima, pourtant partisan convaincu de la fusion annonce (juillet 2014) : «  Si la date de mise en service est 2025, le projet ITER n’y survivra pas ».

Iter ne sera pas au rendez-vous des nouvelles technologies, et encore moins de la lutte contre le réchauffement climatique. Un réexamen drastique du programme s’impose rapidement, tout délai supplémentaire est de l’argent, et beaucoup d’argent perdu, qui pourrait être utilisé à meilleur escient. Il aboutira probablement un fort ralentissement et une priorité revue nettement à la baisse, voire l’arrêt total.

L’échec n’est pas une option

La lutte contre le réchauffement climatique n’est pas un choix, c’est une exigence pour la survie de nos sociétés. Nous ne pouvons pas nous permettre l’échec du sommet de Paris, après celui de Copenhague.  Elle est affaire de politique scientifique. Scientifique, elle doit se baser sur une évaluation solide et sûre des possibilités techniques, de leurs chances d’aboutir, de ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas apporter dans un avenir proche, de leurs conséquences. La France, l’Europe devraient dès maintenant organiser des états généraux scientifiques, le travail de groupes d’experts, qui, sur le modèle du GIEC, ne se contenteront plus d’établir la réalité du réchauffement anthropique, mais  proposeront des solutions et des scenarios. Politique, elle doit impliquer des personnalités gouvernementales fortes et s’adresser à l’opinion publique, par l’information sur les enjeux, sur les conséquences des différents choix techniques possibles. Les scientifiques doivent dire ce qui est possible, l’opinion dire ce qu’elle veut et les politiques organiser le dialogue entre les deux, dégager les consensus et agir []
 

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