Les
éoliennes, c’est du vent
Article décoiffant sur
les éoliennes dans Marianne (3 octobre 14) ; rien de très original, mais
une synthèse honnête et efficace. Résumons pour la situation dans les campagnes :
« Jalousies, médisances, rumeurs, partout où passe l’éolien et ses promesses
de revenu garantis pour les uns et de nuisances assurées pour les autres,
Clochemerle s’installe et sème la division »
Tout d’abord, avant
2007, des éoliennes construites à moins de 500 mètres des habitations et, même
avec la nouvelle réglementation, des
habitants rendus fous par le bruit, les sifflements, l’effet stroboscopique, les
lumières dans la nuit, le paysage gâché, et autres nuisances diverses, jour et
nuit. Des sociétés qui se revendent les implantations et les projets les unes
aux autres, puis disparaissent, laissant les habitants face aux malfaçons.
Tout ça pour quoi ?
Dans un rapport publié par la revue Commentaire,
un ancien directeur d’administration centrale, Nicolas Saudray affirme : « Dans
l’ensemble de la France de 2013, la capacité des aérogénérateurs n‘a été
utilisée qu’à raison de de 23 %. La plupart du temps, ils sont en effet arrêtés
ou tournent au ralenti… Cet effet d’intermittence est aggravé par le fait que
les engins ne produisent rien quand la consommation d’électricité est au plus
haut (pic de froid sans vent en hiver). .. Afin de régulariser la discontinuité
éolienne, il convient de mettre en place des installations complémentaires,
dont la production doit pouvoir être accrue rapidement » ; et là, il
n’y a guère le choix, ce sont des centrales thermiques, de préférence à gaz.
Bilan de l’éolien, il
coûte cher, le lobbying du très actif
Syndicat de Energies Renouvelables ayant obtenu un tarif de rachat
garanti par l’Etat très avantageux (au détriment d’EDF et in fine des
consommateurs), il n’est pas rentable… et surtout il n’est pas écologique car
contreproductif en ce qui concerne le réchauffement climatique, puisqu’il
impose une augmentation des centrales à gaz. La fédération Environnement
durable a bien raison de parler de rente indue pour les producteurs, et il est
temps d’arrêter.
L’éolien ne convient
pas à la géographie et au peuplement français (pas plus que les gaz de
schistes), ne lutte pas contre le réchauffement climatique, est générateur de
nuisances insupportables et de profits douteux. Le soutien à l’éolien est le
contraire de ce qu’il faut faire en matière de politique énergétique et de
lutte contre le réchauffement climatique
Le
charbon, ça continue
C’est assez peu connu,
mais le marché international du charbon n’a cessé de croître. En quarante ans,
depuis 1973, il a été multiplié par sept ! (de 200 tones à 2400 tonnes) et l’accroissement
continue, voire s’accélère : de 2005 à 2010, il est passé de 800 à 1100 tonnes,
et de 2010 à 2013 de 1100 à 1400 tonnes ( soit un doublement sur la dernière
décennie). Les principaux consommateurs sont la Chine et l’Inde. La part du
charbon a aussi augmenté en valeur relative : 25% des approvisionnements
en énergie en 1973 , 30% en 2013.
Or le consensus général
est que du point de vue environnemental,
tant pour la pollution que pour le
réchauffement climatique, le charbon est la pire des sources d’énergie, et que
l’urgence est de décarboner notre croissance. Inde et Chine se tournent
massivement vers la seule énergie aujourd’hui disponible qui leur permette de
continuer à améliorer leur niveau de vie tout en limitant le réchauffement
climatique, le nucléaire. Et c’est à ce moment que nous, la France, mais plus
encore l’Europe, limiterions notre recours au nucléaire ? voire que, comme
en Allemagne,, on arrête le nucléaire pour remettre en service des centrales à
gaz… et à charbon. C’est tout simplement proclamer que l’on se moque du réchauffement
climatique et de ce qu’il provoquera chez les peuples qui seront les plus exposés à ses
conséquences, c’est saboter et faire sombrer dans le ridicule la prochaine conférence
de Paris sur le réchauffement climatique, comme celle de Copenhague, en 2004.
Le
solaire - il faut avancer
C’est évidemment l’énergie de l’avenir, la
seule énergie renouvelable, propre, et qui
nous soit fournie par la nature en quantité suffisante pour nos besoins.
Là encore, des erreurs ont été commises à ne pas renouveler. L’équipement en
solaire domestique est certainement intéressant, mais d’effet modeste. Il a été
encouragé hors de toute proportion raisonnable par une collusion entre des milieux
écolo-affairistes et un gouvernement manipulé. Alors que le coût du MégaWatt
heure solaire est de 200 €, le prix de rachat imposé à EDF a varié entre 314 €
et 580 € suivant les installations, extraordinaire rente de situation aux
dépens des consommateurs. On aurait pu au moins éviter de faire pire que
l’Allemagne, qui a imposé un prix de rachat à parité avec le prix moyen de l’électricité.
Si le solaire domestique est utile pour l’utilisation domestique, c’est une aberration
que de permettre de le vendre, avec des profits astronomiques sur le réseau.
Autre absurdité, ce
sont les producteurs de panneaux chinois qui ont massivement profité des
subventions allemandes et français, avec des productions de faible qualité dans
des conditions sociales et environnementales critiquables, alors que les
fabricants européens ont fait faillite en série. Pourquoi ? Parce que l’on
a subventionné larga manu, sans se préoccuper d’avoir au préalable créé une
filière industrielle – une autre erreur à ne pas répéter.
Le solaire, bien sûr,
mais il exigera de nouvelles percées technologiques et des choix réfléchis. Le
solaire industriel passera-t-il par le stockage et la consommation sous forme d’hydrogène ?
Ce sera alors toute une nouvelle économie à bâtir, mais qui semble
technologiquement à notre portée. Sous
une autre forme (nouvelles batteries,
stockage calorique ?). La conception et l’utilisation industrielle d’OGM (d’algues
par exemple) optimisées pour la photosynthèse de carburants est une autre voie
prometteuse d’utilisation de l‘énergie solaire.
Tout cela exigera du temps et des développements technologiques, raison
de plus pour commencer rapidement et massivement.
Des progrès continus et
significatifs sont accomplis. Ainsi, une équipe de Lausanne a présenté
une cellule photoélectrique à base de perovskite, un matériau abondant et peu
cher, capable d’obtenir un rendement de plus de 12% de transformation d’énergie
solaire en hydrogène, ce qui peut être estimé à douze fois le rendement de la
photosynthèse naturelle (Science, Gratzel et al, 26 sep 14). Oui, il est grand
temps d’avoir un programme ambitieux et coordonné sur le solaire
La
fusion nucléaire ? Stopper Iter ?
Le gigantesque
programme Iter, bien mal géré et de façon très opaque par la communauté
européenne ne cesse d’accumuler les problèmes non prévus – un des derniers en
date, la détritiation qui, faute d’un système efficace et sûr, a entrainé le blocage de l’assemblage du
réacteur par l’ASN (autorité de sécurité nucléaire). Iter devait être achevé en
2016 !. Le budget prévisionnel pour arriver à un démonstrateur était initialement
estimé à 10 milliards, il a maintenant doublé ! Un rapport d’évaluation
sévère, publié en février 2014, a listé onze recommandations essentielles qui, en creux, dessinent un projet en crise profonde: créer
une culture de projet (il serait temps), instiller une culture de sûreté
nucléaire ( il serait aussi temps) , développer un planning réaliste du
projet (idem) et simplifier et réduire la bureaucratie. En
juillet 14, le Sénat américain en a tiré les conclusions en ordonnant au Département de l’Énergie de travailler avec
le Département d'État pour se retirer du projet ITER ». 2016 au départ ?
Aujourd’hui, le Directeur général, Osamu Motojima, pourtant partisan convaincu
de la fusion annonce (juillet 2014) : « Si la date de mise en
service est 2025, le projet ITER n’y survivra pas ».
Iter ne sera pas au
rendez-vous des nouvelles technologies, et encore moins de la lutte contre le
réchauffement climatique. Un réexamen drastique du programme s’impose
rapidement, tout délai supplémentaire est de l’argent, et beaucoup d’argent perdu,
qui pourrait être utilisé à meilleur escient. Il aboutira probablement un fort
ralentissement et une priorité revue nettement à la baisse, voire l’arrêt total.
L’échec
n’est pas une option
La lutte contre le
réchauffement climatique n’est pas un choix, c’est une exigence pour la survie
de nos sociétés. Nous ne pouvons pas nous permettre l’échec du sommet de Paris,
après celui de Copenhague. Elle est
affaire de politique scientifique. Scientifique, elle doit se baser sur une évaluation
solide et sûre des possibilités techniques, de leurs chances d’aboutir, de ce
qu’elles peuvent ou ne peuvent pas apporter dans un avenir proche, de leurs
conséquences. La France, l’Europe devraient dès maintenant organiser des états
généraux scientifiques, le travail de groupes d’experts, qui, sur le modèle du
GIEC, ne se contenteront plus d’établir la réalité du réchauffement
anthropique, mais proposeront des
solutions et des scenarios. Politique, elle doit impliquer des personnalités
gouvernementales fortes et s’adresser à l’opinion publique, par l’information
sur les enjeux, sur les conséquences des différents choix techniques possibles.
Les scientifiques doivent dire ce qui est possible, l’opinion dire ce qu’elle
veut et les politiques organiser le dialogue entre les deux, dégager les consensus
et agir []
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