Le métro, c’est pas bon pour vous, et
encore moins pour ses salariés !
Il
ne fait pas bon respirer l’air souterrain de Paris. Le taux de particules fines est en effet jusqu’à dix fois supérieur
dans les tunnels des transports en commun d’Ile-de-France qu’à l’air libre.
C’est ce que pointe le Monde, dans une enquête intitulée «Pollution : l’air
irrespirable des travailleurs du métro», publiée dans son édition de vendredi.
Premiers concernés, les 28 000 salariés – dont 26 000 en Ile-de-France – de la
RATP et de la SNCF : conducteurs de rames, agents de recette et de contrôle,
policiers, commerçants et, plus encore, les 8 000 travailleurs chargés de la
maintenance des infrastructures. Ces particules proviennent notamment du
freinage, des frictions entre les roues et les rails, et entre les rames et les
installations électriques, ainsi que des motrices Diesel encore parfois
utilisées. Le passage des rames dans les tunnels entraîne en outre une remise
en suspension des particules.
Le
4 juillet, un pic à 438 microgrammes (µg) de particules fines par mètre cube
d’air a été relevé entre 19 heures et 20 heures, selon les données du réseau
Squales de la RATP. Or, à l’extérieur, au même moment, la pollution
n’atteignait que 27 µg/m3 de particules dites PM10, selon Airparif. Soit 16 fois moins. La situation est
exacerbée lorsque des travaux sont effectués la nuit, parfois avec des groupes
électrogènes qui fonctionnent à l’essence et l’utilisation de motrices Diesel. Les
concentrations de PM10 ont par exemple dépassé les 1 000 µg/m3 le 31 mai entre
2 heures et 3 heures à la station Châtelet, et le 26 juin entre 3 heures et 4
heures à Auber (les données sont disponibles pour Châtelet, Auber et Franklin
D. Roosevelt) .
«Ceux
qui travaillent dans les tunnels, quand ils se mouchent, c’est tout noir, comme
s’ils bossaient à la mine» rapporte un syndicaliste. L’ANSES, dans un rapport
il y a deux ans avait déjà alerté sur la situation. « Les concentrations
en Particules Fines PM10 et PM 2.5 des enceintes ferroviaires souterraines sont
nettement supérieures à celles mesurées à l’air extérieur. L’Anses concluait à «conclut à l’existence
d’un risque sanitaire respiratoire et cardiovasculaire lié à l’exposition
chronique des travailleurs aux particules de l’air des enceintes ferroviaires souterraines
(EFS)», et invitait à des études
complémentaires. En parallèle, le conseil d’Etat a enjoint, au mois de juillet
2017, le gouvernement de «prendre toutes les mesures nécessaires pour ramener
les concentrations en dioxyde d’azote et en particules fines PM10 sous les
valeurs limites».
En
certains points du réseau, les
concentrations en particules fines sont régulièrement jusqu’à 7,5 fois plus
élevées qu’à l’extérieur. Or la
réglementation sanitaire en vigueur est nettement insuffisante, aux limites du
ridicule et de l’odieux.
Pour
les salariés : en raison d’une règle d’exception, inscrite dans le code du
travail, les salariés ne peuvent pas faire valoir leur droit de retrait : «Dans
les locaux à pollution spécifique, les concentrations moyennes en poussières
totales et alvéolaires de l’atmosphère inhalée par un travailleur, évaluées sur
une période de huit heures, ne doivent pas dépasser respectivement 10 et 5
milligrammes par mètre cube d’air» [soit 5 000 microgrammes] « , soit un seuil 100 fois supérieur au maximum
d’exposition aux particules PM10 fixé pour la population générale (50 µg/m3
et par jour) par le code de l’environnement.
Pour
les usagers, on mesure leur exposition finale en tenant compte du temps de
résidence moyen dans le métro, en accord avec une circulaire du ministère de la
santé datant de 2003. «Le fait de tenir compte du temps de résidence dans le
métro permet de pondérer les niveaux de pollution élevés auquel l’usager fait
face dans le métro (milieu confiné) en partant de l’hypothèse que, sorti du
métro, l’usager ne sera plus exposé à un air pollué. Ben Voyons.
Deux tiers des
salariés ne sont pas couverts par un CHSCT
Autrement
dit, lorsque Anne Hidalgo en décourageant par tous les moyens (c’est-à-dire en
pourrissant leur vie) les automobilistes franciliens et en les contraignant à
prendre le métro, et leur vie en danger puisqu’ils sont ainsi soumis à une
pollution supérieure à celle des pires endroits en surface- à quand des
poursuites contre Anne Hidalgo. Et quant aux travailleurs du métro, ils
subissent une situation extralégale qui doit rapidement s’arrêter.
Ces
information sur les risques sanitaires à la RATP, le moins qu’on puisse dire,
c’est qu’ils sont attendus depuis longtemps, et le déplorable état de l’air
irrespirable du métro n’est guère une surprise. Mais s’ils sont enfin établis
et publiés, c’est grâce à l’action du CHSCT de la RATP, du syndicat SUD, qui a
été moteur et de l’association Respire- les autres syndicats, dont la CFDT
ayant pris, mais avec quelque vigueur, le métro en marche et pris des mesures
pour les diffuser.
Merci
donc aux CHSCT et au rôle des syndicats dans les CHSCT, un organisme et un rôle
qui sont gravement mis en cause par les ordonnances scélérates de Macron. Il y
a depuis longtemps une action continue et sournoise du patronat le plus
rétrograde qui a aboutit à l’étranglement complet de la médecine du travail, à
l’amoindrissement de son rôle, à sa disparition quasi-totale pour une grande
partie des salariés.
Décidément, ces
CHSCT sont bien embêtants, direntt Macron et le MEDEF, il faudrait songer à réduire
leur rôle. C’est ce qui sera fait avec les prochaines ordonnances.
Alors
que c’est exactement le contraire qu’il faudrait faire, et qui représenterait
un véritable progrès. Pour la plupart des responsables syndicaux et des
experts, l'institution mérite d'être étendue. « Deux tiers des salariés ne sont pas couverts par un CHSCT »,
relève Alain Alphon-Layre, chargé des questions de santé à la direction
nationale de la CGT. « L'hygiène, la sécurité et la santé au travail
concernent l'ensemble des travailleurs, y compris ceux des PME et des
TPE », note également Jean-Marc Bilquez, responsable du secteur de la
protection sociale à Force ouvrière, qui revendique "un champ élargi à
l'ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille ».
Cette
revendication vise notamment les situations de sous-traitance des risques entre
les grandes entreprises donneuses d'ordres et leurs fournisseurs, pour
l'essentiel des PME dépourvues de toute forme de représentation des salariés. Des tentatives de CHSCT de site sont suivies avec attention par la CGT dans des
centres commerciaux, où cohabitent grandes enseignes et petites boutiques, mais
aussi dans l'industrie chimique et pétrolière autour de l'étang de Berre, près
de Marseille…
140 ans en arrière !
Evidemment,
le sens du progrès est celui d’une extension du rôle des CHSCT. Mais encore une fois, c’est au contraire sur le chemin d’une rétrogradation sans
précédent, dans ce domaine comme dans d’autres que nous emmènent les lois
Macrons. Et le chimiste que je suis ne peut pas oublier que la France fut un
pays fondateur de la protection de la santé, avec la traduction en 1777 par
Antoine Fourcroy (1755-1809), un des principaux collaborateurs de Lavoisier, de l’ouvrage de Ramazzini, Essai sur les maladies des artisans, traduction qui avec des ajouts qui en doublent le
volume, en font un nouvel ouvrage, beaucoup plus complet et mieux fondé
scientifiquement, un véritable acte de naissance de la médecine du travail.
Extrait de
la préface :
« Le
Traité de Ramazzini sur les Maladies des Artisans étant un de ces ouvrages
vraiment utiles qui ne peuvent être trop généralement répandus…! En effet, ces
hommes qui arrachent à la terre les métaux qu'elle recèle, ne périssent-ils pas
souvent sur l'or qu'ils retirent ?.. Telle est donc la malheureuse condition de
l'homme, que, pour se procurer les biens dont il a besoin dans l ordre de la
société, il s'expose aux plus grands maux. En effet, outre les maladies que sa
faible constitution, ses fautes dans le régime, l'air même qu'il est obligé de
respirer, lui causent, il en est une classe plus inévitable encore et plus
meurtrière, parce que la cause qui leur donne naissance agit sans cesse sur
lui. Ce sont les maladies auxquelles les arts exposent ceux qui les exercent.
On ne peut douter de l'existence de ces maladies particulières ; et les
malheureuses victimes de leur profession ne sont que trop fréquentes.. »
Voilà ;
Il y a cent quarante ans !
Naissance de la médecine du travail que le nouvel (dés)ordre social est
en train de faire disparaître.