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samedi 28 mai 2022

Quelques considérations sur l’éolien

 1) La décarbonation de l’électricité n‘est pas le sujet en France, et ne le sera jamais si on redéveloppe le nucléaire Le problème c’est la décarbornation des transports, du chauffage, de l’industrie, de l’agriculture

 2) Comme le montrent l’exemple de l’Allemagne et de l’Espagne, les ENR ( ou plus exactement Energie Variables Intermittentes) ne permettent pas de décarboner significativement l’électricité.

Et les derniers évènements d’Ukraine confirment que les éoliennes, qu’une transition à l’allemande,  c’est plus de gaz, et plus de charbon…

cf. L’Allemagne pourrait réactiver 15 centrales à charbon (900g de CO2/kWh) mais veut toujours fermer ses 3 derniers réacteurs nucléaires (12g CO2/kWh) en fin d’année  

https://twitter.com/ValerieFaudon/status/1529688946480926721

Quitte même à aller le chercher au Bostwana ! Un record d’émissions de CO2 !

https://twitter.com/BjrnPeters3/status/1524523156383358978

3) Conséquence : ainsi que sans cesse rappelé par M. J M Jancovici, il existe mille et mille moyens d’utiliser l’argent mis dans les Energies Variables Intermittentes pour des actions de décarbonation sur les énergies thermiques, une action plus efficace climatiquement, plus rentable économiquement, plus soutenable socialement.

Et il faudrait quand même s’habituer à compter le coût de la tonne de CO2 évitée !!

4) Corollaire heureux : on peut se passer en grande partie  de transformer nos plus beaux paysages y compris côtiers en zones industrielles éoliennes, de sacrifier nos pêcheurs, de rendre infernale la vie des voisins… (500m, la distance minimale aux éoliennes la plus faible d’Europe)

A croire que ceux qui veulent s’imposer cela à eux et surtout aux autres recherchent surtout l'exploitation d'un sentiment masochiste d’expiation pour l’utilisation des ressources fossiles.et le "capitalisme dévastateur".

Leur cas est bien décrit par Janco dans le Monde sans fin ! Chef d'œuvre.!


Quelques citations..

« Par conséquent, à mon sens, développer en France les énergies renouvelables électriques ne présente pas le moindre intérêt sur aucun plan. Les seules bonnes énergies renouvelables dont on doit s’occuper en France, ce sont les énergies renouvelables chaleur. Les énergies renouvelables électriques n’ont strictement aucun intérêt, sauf pour les antinucléaires."

Jancovici devant la Commission Aubert

"L’analyse de la situation de l’Allemagne et de l’Espagne me conduisent à conclure clairement qu’augmenter les énergies non pilotables dans un réseau électrique ne permet pas de baisser significativement la capacité pilotable."

Jancovici devant la Commission Aubert

" L’éolien offshore aujourd’hui, c’est 25 milliards d’euros qui vont partir dans ce dispositif qui a encore moins d’intérêt que l’éolien terrestre. S’il y a un truc qu’il faut arrêter tout de suite, c’est bien ça ! Avec ces 25 milliards d’euros vous avez de quoi payer 6000 euros de prime de conversion du fuel en pompe à chaleur aux quatre millions de ménages français qui sont chauffés au fuel qui sont souvent des ruraux, souvent précaires. Qu’on augmente mon taux d’imposition pour ça, moi je veux bien ! Mais qu’on me prélève un centime de plus pour payer l’éolien offshore, ce truc de Shadock »….

« J’aurais fourni la totalité de la pompe à 10 à 15 millions de ménages français. J’aurais sorti la totalité du fioul et les deux tiers du gaz et gagné une partie de ma course contre la montre. J’aurais évité 15 % des importations de pétrole, donc, selon les années, de 3 à 6 milliards d’euros, voire 9 milliards d’euros J’aurais évité la moitié des importations de gaz, créées macroéconomiquement de l’emploi et évité du CO2 »

Jancovici devant la Commission Aubert

"En 2009, j’étais présent à la COP 15 à Copenhague. Le dimanche, il n’y avait pas de réunions de négociations. J'en ai profité pour assister par curiosité à un colloque organisé par les gaziers. …Tous les dirigeants défilaient à la tribune pour dire : l’éolien, c’est génial…parce qu’il y a besoin de gaz pour compenser son intermittence"

Jancovici, Le Monde sans fin, p 159.

Les subventions pour l’éolien et le solaire coûtent 150 milliards. Sinon, doubler tout le réseau ferroviaire français couterait 150 milliards. Les bénéfices pour le climat sont bien supérieurs. "

Jancovici, Le Monde sans fin, p 159

« Le développement des énergies renouvelables est très rapide en Allemagne. En 2021, la puissance installée des parcs éoliens (63 GW) et solaires (56 GW) est, pour chacun, équivalente à celle du parc nucléaire français (61 GW) et a plus que doublé en une dizaine d’années... Entre les années 2000 et 2020, la puissance installée des centrales à combustibles fossiles (charbon ou gaz) a augmenté, passant de 71 GW à 74 GW, pendant que le nucléaire diminuait, passant de 22 GW à 8 GW. Le développement des renouvelables n’a pas permis de sortir des énergies fossiles."

F-M Bréon.https://www.afis.org/La-transition-du-secteur-electrique-en-Allemagne

5) Et parlons coût

Un calcul a été fait par le cabinet @RolandBerger dans le cadre du rapport commandité par le @_Cereme_  Il en résulte que le prix de la tonne de CO2 évitée par l'éolien est de l’ordre de 550 € !

6) Et parlons acceptation des éoliennes…et des réseaux qui vont avec

Par exemple : Récapitulatif des référendums locaux et consultations locales organisés en France sur des projets d'éoliennes


« La transition en Allemagne freinée par le réseau électrique : Sur les 7 700 kilomètres de lignes à haute tension nécessaires, 1 750 km seulement ont été approuvés et 950 réalisés.( https://www.la-croix.com/Economie/Economie-et-entreprises/transition-Allemagne-freinee-reseau-electrique-2019-03-04-1201006339) »

« Le plan actuel de développement du réseau de transport , entré en vigueur en mars 2021, prévoit environ 12 200 km terrestres (nouvelles lignes, renforcement des lignes existantes).Selon la dernière mise à jour du rapport monitoring de l´Agence Fédérale des Réseaux, seuls 1.771 km soit environ 14,5% des 12.239 km ont été réalisés mi-2021 » https://allemagne-energies.com/2021/11/02/la-modernisation-des-reseaux-electriques-talon-dachille-de-lenergiewende/ »

 7) Et parlons rente des profiteurs éoliens et économie

« Appliqués sur un cas similaire au système français, dans son contexte européen et avec des hypothèses de coût voisines, des modèles ont été développés par différentes équipes de chercheurs : au DIW de Berlin, à l'OCDE, au MIT et à l'Université Dauphine….

Dans leurs travaux, le nouveau nucléaire (EPR), même cher, bat économiquement les ENR qui n'occuperaient alors à terme qu'une part très limitée du mix électrique.

Les quatre modèles cités testent chacun un scénario dans lequel les énergies renouvelables se développent uniquement par le marché, c'est-à-dire sans dispositifs d'appui et d'aide assurés par l'État et garantissant les revenus des investisseurs, et dont le coût est financé par une taxe sur les consommations d'électricité. Elles restent dans un tel cas confinées à une part de production modeste, de l'ordre de 10 %.

En effet, à partir de ce niveau, la rémunération des ENR à apports variables retirée des marchés électriques ne permet plus de couvrir les coûts d'investissement….

Il s'ensuit que le nouveau nucléaire (EPR), même à un coût de 4 000 €/kW et un prix de revient de 75-80 €/MWh, domine le mix électrique à l'horizon 2050 : de 70 à 75 % dans le modèle de Dauphine ; 60 à 65 % dans le modèle de l'OCDE et celui du MIT quand la part des ENR est de 10 %.

 La raison en est simple : la rémunération que toute nouvelle centrale dite « pilotable » - comprendre qui peut fonctionner au moment où on le commande et quelle que soit l'heure de l'année - retire des marchés est suffisamment haute pour permettre de recouvrir des coûts fixes très élevés et d'assurer ainsi la rentabilité des investissements.

 Dit autrement, les ENR que sont le vent et le soleil ne parviennent pas à évincer le nouveau nucléaire, même cher, car la valeur économique de l'énergie et des services qu'elles produisent ne supporte pas la compétition avec celle de centrales pilotables qui peuvent produire à pleine puissance toute l'année. « 

François Lévêque, Mines ParisTech et Dominique Finon, Centre national de la recherche scientifique https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/pour-une-juste-estimation-du-cout-du-tout-renouvelable-813679.html

Et ne parlons même pas de l’éoline offshore

8) L’équation économique difficile de l’éolien off shore

Le Monde (18 février 2022) : « Energie : « Tempête financière pour l’éolien en mer » : «

Extraits : Les leaders du secteur en Europe sont à la peine. Le métier est peu rentable, les prix explosent et les investisseurs sont méfiants »

 « Avec seulement trois acteurs non chinois de taille mondiale (Vestas, Siemens et GE), les résultats ne sont pas au rendez-vous. Le danois Vestas a prévenu que, en 2022, sa marge bénéficiaire serait au maximum de 4 % et pourrait tutoyer le zéro. L’allemand Siemens Gamesa anticipe, lui, une marge négative de 4 % cette année. Début février, le patron a été évincé par les actionnaires. Il faut dire que les chéris de la Bourse ne le sont plus vraiment. En un an, le cours de l’action Siemens Gamesa a perdu la moitié de sa valeur, et Vestas a plongé de 40 % depuis ses plus hauts de novembre 2020. Sans parler des déboires du parapétrolier italien Saipem, dont la reconversion dans l’éolien est en train de prendre l’eau, au large de l’Ecosse, dans un projet géant conduit par EDF

https://www.forbes.fr/environnement/leolienne-en-mer-le-nouvel-eldorado-des-energies-renouvelables

https://www.greentechmedia.com/articles/read/orsted-warns-industry-not-to-ignore-forecast-downgrades

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/02/leolien-off-shore-avis-de-tempete.html

Fin 2019, les cours du géant danois Orsted, pionnier de l’éolien offshore ont plongé en fin d’année en raison de la réévaluation de la production de son parc éolien en mer. Ce dernier aurait sous-évalué les pannes à répétition entraînées par les vents violents du large. Les marchés s’interrogent donc sur la viabilité de ce business model dont la robustesse financière reste encore à démontrer. Selon l’agence environnementale américaine, le coût actualisé de l’énergie éolien en mer reste 2,7 fois plus élevé que l’éolien conventionnel.

Très confraternel, Orstedt  qu ’il baissait son taux de rendement interne prévu pour plusieurs projets en Europe et à Taïwan. La question sous-jacente est une sous-estimation des effets de sillage et de blocage. Son porte-parole a  insisté sur le fait que le problème n’est pas propre à l’entreprise, mais plutôt à l’ensemble de l’industrie, ajoutant que ses prévisions sont généralement plus prudentes que celles de ses concurrents

« Notre tâche principale est de nous assurer que nous ne prenons que des projets où nous créons effectivement de la valeur. Il n’est dans l’intérêt d’aucun actionnaire, ni de notre organisation d’opérer avec des prévisions de production gonflées et de gagner des projets sur cette base »

https://www.theguardian.com/business/2021/apr/29/rsted-says-offshore-uk-windfarms-need-urgent-repairs

Oersted a récemment averti que ses 10 parcs offshore auront besoin de réparations urgentes, les câbles s’usant prématurément en raison du frottement contre le plancher rocheux…L’opérateur dit qu’il pourrait avoir besoin de dépenser 350 millions de livres sterling sur deux ans pour réparer les dommages aux câbles causés par les roches du fond marin

Et pour ce qui concerne plus spécifiquement la France, et même la Bretagne ( projet Bretagne Sud, 60 éoliennes entre Groix et Belle-Île)

Naval Group : début février 2021, Naval Group met fin à sa diversification (Naval Energies) dans le secteur des énergies marines renouvelables qu’il estime immature  : «Malgré les efforts de toutes et de tous, ces projets, engagés depuis près de 12 ans ne présentent pas aujourd'hui suffisamment d'assurance de succès économique à court, moyen ou long terme. L'éolien flottant représente des investissements considérables pour une rentabilité incertaine, voire inatteignable »

https://actu.fr/normandie/cherbourg-en-cotentin_50129/emr-naval-group-decide-de-jeter-l-eponge_39284292.html

Saipem et EDF en Ecosse (qui a d’ailleurs repris Naval Energies): « Derrière l’avertissement choc sur les bénéfices de Saipem la semaine dernière se cache la perte importante sur un contrat de fourniture de fondations d’éoliennes pour un projet d’EDF au large de la côte est de l’Écosse.

Saipem est en retard dans la livraison des fondations en acier  pour 54 éoliennes, ce qui aggrave les retards potentiels du projet EDF, ont déclaré des personnes proches du dossier. Les pertes de Saipem pourraient dépasser la valeur de son contrat d’une valeur d’environ 550 millions d’euros (630 millions de dollars), ont déclaré les gens, demandant à ne pas être nommés car l’affaire est privée. »

https://www.energiesdelamer.eu/2022/02/10/les-pertes-sur-le-contrat-fondations-de-saipem-pour-edf-en-ecosse-ont-largement-pese/

 8) Et des nuisances de l’éolien off shore

« Contrairement à certains pays européens où la biodiversité est prise en compte en amont dans le choix des localisations de parcs, comme l’Allemagne, ce n’est pas le cas jusqu’à présent en France où ce choix s’est fait en fonction des contraintes socio-économiques ou militaires, la démarche ERC (Eviter, Réduire, Compenser)  ne s’effectuant que trop tardivement lors des études d’impact… On ne comprend pas pourquoi tous les parcs actuellement décidés l’ont été dans la zone des 12 miles de la côte, à une distance de 10 à 20 km de celles-ci. S’éloigner des côtes (notamment avec l’éolien flottant) est une nécessité »  

« La transgression de ce principe de non installation de parcs éoliens en zones NATURA 2000 par la France (à notre connaissance il n’y a qu’un seul parc éolien dans une ZPS en Europe, en Allemagne) et d’absence d’étude d’incidence préalable au niveau des macro-zones, contredisent toutes les positions ministérielles antérieures au ministère Ségolène Royal. Trois projets de parcs sont en infraction à ce principe, Dunkerque, Port-Saint Louis du Rhône (face à la Camargue) et le projet d’Oléron » 

http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn_eolien_offshore_france_du_06_juillet_2021.pdfhttps://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/conseil-national-de-la-protection-de-la.html 

CSSPP spécialement sur Bretagne Sud : « Certains membres de la Commission remarquent que malheureusement le choix final de la « zone ministre » pour lancer l’appel d’offre notamment en Bretagne sud est encore trop près des côtes, alors que la technologie de l’appel d’offre concerne l’éolien flottant et que la macro-zone s’ouvrait bien plus au large. Pourtant dès les premiers débats publics, l’enjeu paysager a été au cœur des échanges, et a cristallisé les oppositions et les principaux recours juridiques. »

https://www.sitesetmonuments.org/Avis-du-16-juin-2021-de-la-Commission-superieure-des-sites-perspectives-et-paysages-CSSPP-sur-l-eolien-en-mer

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/des-environnementalistes-contre-leolien.html

En fait, on comprend très bien, cela a été expliqué par Fabrice Loher, Maire de Lorient défendant le projet Bretagne sud de 60 éoliennes entre Groix et Belle Ile : « Fabrice Loher, le maire de Lorient : « D’où l’importance d’une implantation à moins de douze miles nautiques du littoral morbihannais  afin que nous bénéficiions de la taxe de l’éolien en mer.  

Alors, c’est vrai d’autres pays ont des projets éoliens ambitieux…Exemple ! 

Le développeur irlandais Simply Blue Group a dévoilé mercredi 19 mai deux importants projets de parc éolien flottant en Suède. Le projet Skidbladner de 2 GW sera situé à 100 km au sud-est de Stockholm et le projet Herkules de 2,75 GW implanté à environ 60 km au sud-est de l’île de Gotland.

 

NB : En Europe, la moyenne des distances des parcs éoliens off shore à la côte est de 40km)

vendredi 27 mai 2022

Consultation Publique du Ministère de la Transition Ecologique sur le Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGMDR) 2022-2026

 ! La consultation se termine le 16 juin 2022 !

Contribution : L’énergie nucléaire restera, et pour longtemps encore, la seule source d’énergie pouvant fournir en abondance une électricité  de base pilotable et décarbonée  (à part l’hydraulique, limité par la géographie). Elle peut seule nous permettre de répondre au défi climatique de manière climatiquement efficace,  économiquement soutenable et socialement juste.

L’énergie nucléaire génère des déchets radioactifs  ;  ceux-ci sont très étroitement contrôlés et gérés. Contrairement aux déchets du charbon, et, dans une moindre mesure, du gaz, ils ne finissent pas dans nos poumons ; et il existe nombre de déchets chimiques à durée de vie bien plus longues et  plus toxiques dont il serait souhaitable qu’ils soient géré avec le même sérieux.

Par conséquent le stockage selon des conditions adaptées à leur nature des déchets radioactifs est une condition essentielle à la simple poursuite de l’activité du parc nucléaire actuel, et bien plus encore à son développement. Or, une certaine procrastination, voire lâcheté des dirigeants politiques nous ont conduit dans un état critique  où la poursuite de l’activité nucléaire peut être rapidement mise en cause.

 Le président de l’ASN, M. Bernard Doroszczuk, s’exprimait  ainsi devant le Sénat  (7 avril 2021)

« Nous en sommes au 5e plan et les plans précédents ont défini de nombreuses études, demandé des comparaisons, des hypothèses, des avantages et des inconvénients, mais la tendance a plutôt été à la procrastination et aucune décision n'a été prise. Or, aucune filière de gestion des déchets ne sera opérationnelle dans vingt ans si nous ne prenons pas de décision dans les cinq ans à venir… »

« Quant à la filière des déchets de haute activité et à vie longue (HA-VL), porté par le projet Cigéo, à Bure, la décision n'est pas encore totalement prise. Pourtant, il y a eu des lois, des discussions, des débats. »

« Pour les déchets de faible activité et à vie longue (FA-VL) - bitumés, graphites -, de nombreuses études ont été menées et un site d'accueil a été fléché il y a dix ans, celui de Soulaines, mais aucune décision n'a encore été prise. Un jour, les élus diront qu'ils ne sont plus d'accord… »

Il y a donc urgence à agir, et par conséquent de

- réaffirmer le soutien à la politique de  recyclage des combustibles usés, domaine dans lequel la France est pionnière et exemplaire qui permet de réduire le volume et la nocivité des déchets radioactifs

- lancer le plus rapidement possible le nouvel entreposage centralisé sous eau à La Hague, dont l’urgence a été affirmée par l’ASN, pour  une mise en exploitation vers 2030, le site de La Hague s’imposant comme le plus logique pour un déploiement rapide

- Pour les déchets Faible Activité et faible Activité Vie Longue, débuter effectivement le projet étudié depuis plus de dix ans à Vendeuvre-Soulaines. Cette solution centralisée offre bien plus de garanties et moins de risques qu’un stockage décentralisé proche des centrales

- Commencer immédiatement la phase pilote de Cigéo. L’enfouissement géologique profond des déchets de forte activité fait consensus chez tous les pays disposant de production nucléaire et chez toutes les autorités sûreté, et envers et même la Commission Européenne, après expertise de  Centre Commun de Recherche de la Communauté Européenne a dû l’admettre : il permet d’ isoler définitivement de la biosphère des déchets hautement radioactifs le temps que leur radio-toxicité disparaisse naturellement. En Europe, la Finlande, la Suède, la Suisse ont des projets avancés. Nous ne pouvons nous permettre d’attendre plus longtemps, aprés trente ans  de recherches et une approbation du gpuvernement et du Parlement en 2006 d’attendre plus longtemps.

Au surplus, il s’agit d’une solution dont la nature elle-même a démontré la validité avec le site d’Oklo au Gabon où les déchets d’un réacteur nucléaire naturel sont restés parfaitement confinés pendant plus de deux milliards d’années, ne migrant que de quelques centimètres.

Ces décisions concernant les déchets nucléaires sont impératives et urgentes, sans quoi le parc nucléaire devra s’arrêter. Les groupes antinucléaires en sont parfaitement conscients et s’efforcent par tous les moyens, y compris  les plus violents, depuis des années, de les entraver ; ainsi, lors du débat organisé en 2019 par  la CNDP (Commission Nationale du Debat Public) sur le PNGMDR, certaines des réunions n’ont pas pu se tenir ; ainsi, en 2017,  à Bure, un hôtel restaurant où dormaient des personnels de l’ANDRA a fait l’objet d’une attaque et d’une tentative d’incendie par quarante émeutiers ; et encore au début de cette année, la concertation locale sur le projet « piscine » d’Orano n’ a pu être mené à bien en raison de l’opposition de perturbateurs.

Un certain nombre de débats (sur la 5G, sur les OGM et sur le nucléaire notamment) ont été ainsi entravés par des groupes faisant appel à la violence. La démocratie ne peut alors s’exercer. Les organisations approuvant ou justifiant ces actions devraient se voir privées a minima de tout financement public .

vendredi 20 mai 2022

Audition de l’ASN devant le Sénat, 17 mai 2002 : l’ASN alerte sur « l’impasse d’une politique énergétique mal calibrée »

Bernard Doroszczuk, président de l’ASN, s’est montré rassurant sur l’état de sûreté des centrales, mais inquiétant sur les fermetures de réacteurs qui seront nécessaires pour maintenir ce niveau de sûreté. Les pouvoirs publics doivent d’après lui les prendre en compte pour ne pas tomber dans « l’impasse d’une politique énergétique mal calibrée. »

Corrosion sous contrainte : un « phénomène sérieux » ; Bernard Doroszczuk : « D’abord parce qu’il concerne des parties de tuyauterie directement connectées au circuit primaire principal, et des tronçons pas isolables. Il n’y a donc pas d’organe de coupure, en cas de rupture de ces canalisations, c’est le circuit primaire principal qui est avec une brèche. 

Mais pas un phénomène de vieillissement ! D’ après l’ASN paradoxalement, les réacteurs les plus anciens (les 900 MWe) « pourraient ne pas être touchés », alors que les réacteurs les plus récents (les N4 et les 1300 MW) sont les plus sévèrement atteints. Les experts de l’ASN estiment selon Bernard Doroszczuk, que cela serait lié « à la géométrie des lignes », « différente entre les réacteurs de paliers de 900 MW et les designs de réacteurs 1300 MW et N4 où le design initial de Westinghouse [entreprise américaine, ndlr] a été francisé. Cette nouvelle géométrie des lignes favorise un phénomène de stratification thermique du fluide en haut et en bas de tuyau, ce qui génère une contrainte dans les zones de soudure. »

La  poursuite de fonctionnement des réacteurs nucléaires ne doit pas être conçue comme la variable d’ajustement d’une politique énergétique mal calibrée…au risque de la sécurité !  

L’ASN n’est pas alarmiste sur la capacité d’EDF à assurer la sûreté de ses centrales. En revanche, garantir un niveau de sûreté suffisant supposera de mettre des réacteurs à l’arrêt,

RTE présente un mix électrique avec une part d’électricité nucléaire de 50 % en 2050, qui repose sur un programme ambitieux de construction et la prolongation des réacteurs existants à plus de 60 ans. » ; « Ce scénario est non-justifié à ce stade et présente un risque d’engager le système électrique dans une impasse, dans le cas où le nombre de réacteurs aptes à fonctionner au-delà de 60 ans serait finalement insuffisant ou ne serait connu que trop tardivement. » Pour l’ASN, il ne faudrait pas que, faute d’anticipation suffisante, la poursuite de fonctionnement des réacteurs nucléaires soit conçue comme une variable d’ajustement d’une politique énergétique mal calibrée. » 

Un point de basculement. Un plan Marshall pour le nucléaire !

En plus de maintenir le parc actuel en état de fonctionnement, EDF va devoir réussir à relancer le parc nucléaire français. « Nous sommes à point de basculement, nous sortons d’une ère post-Fukushima et rentrons dans une ère de relance du nucléaire », analyse Olivier Gupta, directeur général de l’ASN, après les nouvelles orientations prises par Emmanuel Macron en fin de quinquennat. « Au regard de l’ampleur des projets nouveaux et de la poursuite d’exploitation des réacteurs actuels, il va falloir redimensionner les objectifs en termes de ressources humaines et financières, et en termes d’investissements.

Le président de l’ASN en appelle à un « Plan Marshall pour rendre industriellement soutenable cette perspective et faire en sorte que les entreprises de la filière disposent des compétences et des moyens financiers en temps voulu. » D’après lui, on passe « d’une période où l’on n’imaginait pas assez de projets, à une période où l’on a plein de projets, il faut le planifier, sinon les engagements affichés ne seront pas tenables. » Cela requiert notamment « un engagement de la part des pouvoirs publics, puisqu’il « va falloir payer d’avance le recrutement, la formation, avant de pouvoir disposer des ressources. »

NB : Et les moyens financiers, ça passe par la taxonomie !

» https://www.publicsenat.fr/article/politique/prolongation-des-reacteurs-nucleaires-l-asn-alerte-sur-l-impasse-d-une-politique

mercredi 18 mai 2022

Repower EU : la réponse de la Commission au défi russe.

 REPower EU : La réponse de la Commission au défi russe… est une réponse allemande aux problèmes allemands qui aggraverait et généraliserait à toute l’Europe la catastrophe de l’Energiewende. Une  course aveugle derrière l’EnergieWende allemande : gaz ( et encore charbon) au mépris des engagement climatiques, marche forcée aux Energies Variables Intermittentes malgré les échecs et les réticences de plus en plus fortes des opinions), absence du nucléaire (le mot ne figure pas dans le document  REpower EU, aucune allusion à la solution évidente de la prolongation des centrales), biométhane à gogo (mais quid des cultures alimentaires )…et le miracle hydrogène !

 Beaucoup de généralités et de  vœux pieux

 « REPowerEU vise à réduire rapidement notre dépendance aux combustibles fossiles russes en accélérant la transition propre et en unissant nos forces pour parvenir à un système électrique plus résilient et à une véritable union de l’énergie... Nous pouvons réduire considérablement notre dépendance aux combustibles fossiles russes dès cette année, tout en veillant à ce que toutes nos politiques et tous nos investissements soient adaptés à l’avenir et accélèrent la transition énergétique. Le paquet Fit for 55 apportera une partie de la réponse, mais l’Europe doit faire plus.

Alors que certains États membres ont déjà annoncé leur intention de mettre fin aux importations de fossiles en provenance de Russie, aucun État membre ne peut relever ce défi isolément. Grâce à l’évaluation et à la planification conjointes des besoins, aux achats conjoints et à une coordination renforcée, nous pouvons faire en sorte que l’ambition de mettre fin à la dépendance de la Russie à l’égard des combustibles fossiles soit à la fois réalisable et abordable pour tous les États membres. C’est pourquoi la Commission présente un plan SAVE de l’UE, avec une approche à deux volets: réaliser des économies d’énergie à court terme grâce à un changement de comportement et accélérer et renforcer le changement structurel grâce à des mesures d’efficacité énergétique à moyen et à long terme. D’après les commentaires des intervenants, on estime que ces types de mesures à court terme pourraient permettre de réduire de 5 % la demande de gaz et de pétrole.

Le moment est venu de réduire la dépendance énergétique stratégique de l’Europe. REPowerEU accélère la diversification et davantage de gaz renouvelables, utilise les économies d’énergie et l’électrification avec le potentiel de fournir d’ici 2027 au moins l’équivalent des combustibles fossiles que l’Europe importe actuellement de Russie chaque année. Elle le fait avec une planification coordonnée, dans l’intérêt commun et avec une forte solidarité européenne. L’urgence de parvenir à réduire la dépendance énergétique de l’Europe est double. Alors que la crise climatique a été gravement aggravée par une crise de sécurité dans le voisinage immédiat de l’UE, l’UE ne peut pas permettre que sa demande d’énergie soit utilisée comme une arme économique ou politique. »

 Commentaire : Bien, bien…mais ce n’est pas en poursuivant la politique énergétique allemande qu’on y arrivera ! (voir ci après)

 Une plateforme commune pour le gaz.

 « À la suite du mandat du Conseil européen, la Commission et les États membres ont mis en place une plateforme énergétique volontaire de l’UE pour l’achat groupé de gaz, de GNL et d’hydrogène. La plateforme est également ouverte à l’Ukraine, à la Moldavie, à la Géorgie et aux Balkans occidentaux. »

 Commentaire : Plutôt une bonne idée, à voir comment cela va fonctionner en cas de crise sévère?

 Des objectifs affichés …qui seront tenus ?

 « À moyen et à long terme, la mise en œuvre intégrale des propositions Fit for 55 présentées en juillet dernier réduirait notre consommation de gaz de 30 % d’ici 2030, plus d’un tiers de ces économies provenant de la réalisation de l’objectif de l’UE en matière d’efficacité énergétique proposé dans la proposition de refonte de la directive sur l’efficacité énergétique…

 La modélisation du scénario REPowerEU montre qu’une réduction de 13 % de la consommation d’énergie d’ici à 2030, contre 9 % dans la précédente proposition de directive sur l’efficacité énergétique, serait rentable et contribuerait de manière substantielle à la réalisation de l’objectif REPowerEU au niveau de l’Union. La Commission invite donc les colégislateurs à modifier la proposition de refonte de 2021 afin de porter l’objectif contraignant de la directive sur l’efficacité énergétique à au moins 13 %. »

 Commentaire : Bon, pourquoi pas ? Mais on est tellement habitué à l’affichage d’objectifs que ne sont jamais tenus ?

 Repower EU c’est du gaz et du renouvelable, c’est  l’Energiewende en plus grand et en plus vite. Pour quel succès ?

 « Remplacer la dépendance de l’UE à l’égard des combustibles fossiles russes nécessitera une augmentation massive de l’électricité, des gaz et des combustibles renouvelables dans la production d’électricité, l’industrie, les bâtiments et les transports… Le temps presse. Afin de garantir que les objectifs en matière d’énergies renouvelables à l’échelle de l’UE soient accélérés conformément au plan REPowerEU et sur la base de sa modélisation des incidences et de la faisabilité, la Commission propose de porter l’objectif fixé dans la directive sur les énergies renouvelables de 40 % actuellement à 45 % d’ici 2030 et d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables. »

 Commentaire : Alors là on rentre dans le cœur du problème : repower EU c’est du gaz et du renouvelable, c’est  l’Energiewende en plus grand et en plus vite. Pour quel succès ?

 « Le développement des énergies renouvelables est très rapide en Allemagne. En 2021, la puissance installée des parcs éoliens (63 GW) et solaires (56 GW) est, pour chacun, équivalente à celle du parc nucléaire français (61 GW) et a plus que doublé en une dizaine d’années. Mais la puissance d’une installation de production d’énergie est un indicateur incomplet, voire trompeur

Le solaire et l’éolien sont des sources d’énergie dont la production est variable et ce de manière non pilotable. Elles ne peuvent donc pas, seules, faire face à la demande. C’est pourquoi l’Allemagne a, malgré l’énorme augmentation des énergies renouvelables, conservé un parc de production pilotable qui lui permet d’assurer la production pendant les périodes de vent faible ou d’ensoleillement limité. La sollicitation de ces différents moyens de production est très variable en fonction de la demande en énergie, mais aussi de la météorologie. La production du solaire photovoltaïque est bien sûr nulle pendant la nuit, mais peut monter au-delà de 40 GW au milieu d’une belle journée d’été. De même, la production éolienne peut descendre à moins de 1 GW, mais aussi dépasser les 45 GW. Ces variations considérables sont compensées en petite partie par l’hydraulique, mais surtout par les productions fossiles (charbon et gaz).

 Ainsi, entre les années 2000 et 2020, la puissance installée des centrales à combustibles fossiles (charbon ou gaz) a augmenté , passant de 71 GW à 74 GW, pendant que le nucléaire diminuait, passant de 22 GW à 8 GW. Le développement des renouvelables n’a pas permis de sortir des énergies fossiles.

En 2020, il y a eu une forte diminution de la consommation électrique en Allemagne, comme dans l’immense majorité des pays, du fait de l’épidémie de Covid-19. Cette diminution s’est répercutée pour l’essentiel sur la production d’électricité d’origine fossile puisque les énergies renouvelables sont prioritaires, avec donc une baisse des émissions de CO2 . Cet événement fortuit a permis à l’Allemagne de respecter l’objectif qu’elle s’était donné d’une diminution de 40 % des émissions sur la période 1990-2020. Avec la fin des contraintes liées à la gestion de l’épidémie, mais aussi du fait de la flambée des prix du gaz qui ont favorisé l’usage du charbon, les émissions ont fortement réaugmenté en 2021 (par rapport à leur niveau de 2020) et l’objectif sur les émissions de CO2 ne sera plus tenu. »

F-M Bréon, https://www.afis.org/La-transition-du-secteur-electrique-en-Allemagne

Commentaire :  Avec son Energiewende tout renouvelable, l’Allemagne n’a en valeur absolue pas  baissé d’un pouce ses émissions de CO2 par habitant qui restent supérieures d’un tiers à celles de la France. Quant aux émissions de CO2 pour la production électrique, elles sont 6 à 8 fois supérieures à celles de la France !

 Le plan Repower EU ,c’est d’abord du gaz ( et encore du charbon)

 Le plan REPowerEU  comprend une substitution du gaz russe par du GNL.

 1) Climatiquement, c’est tout simplement catastrophique. Les émissions carbone du GNL américain sont près 1.4 fois plus élevés que celles du gaz russe délivré par gazoduc !

2) Du point de vue géostatégique, c’est remplacer une dépendance russe par une dépendance américaine. Dans l’immédiat, c’est peu discutable ? Mais qui sait ce que réserve le futur ? On aura pas la cruauté de rappeler les déclarations des dirigeants allemands qualifiant Poutine de démocrate sans faille (Schröder) , le soutien à l’élection ukrainienne douteuse de Viktor Ianoukovitch, et leurs illusions sur l’évolution de la Russie.

3) L’un des principaux obstacles au développement renforcé des ENR , c’est aussi l’un des grands échecs de l’Energiewende, le réseau ;

En 2020, l’estimation du coût de l’adaptation du réseau aux ENR  était estimée à 110 milliards d’euros pour 2050, soit un quintuplement de l’estimation initiale ; et cette valeur est elle-même déjà caduque. Et le principal problème est que ce réseau ne se fait pas : sur 3600 km de réseau supplémentaire prévus pour  2015, seuls 17% étaient réalisés en 2019! Or l’ Energiewende complète exigerait 11.000 km.

 Les éoliennes de la mer du nord ne sont toujours pas reliées aux centres industrielles du sud, et les surplus éoliens, lorsqu’ils existent se déversent chez les Tchèques et les Polonais, qui n’en ont nul besoin et doivent s’en protéger

Le fait est que cette extension du réseau se heurte à un immense problème d’acceptabilité ; et l’on ne voit pas comment cela serait compatible avec une accélération des ENR

4) Stabilité du réseau : graves conséquences

A supposer même que les ENR puissent se substituer davantage aux pilotables à rythme accéléré (« remplacer le gaz russe) ; c’est la quasi-certitude de risques énormes d’effondrement du réseau. Ceci a été pointé en termes assez peu diplomatiques par la Cour des Comptes Fédérale Allemande (« Les hypothèses du ministère des Affaires économiques concernant la sécurité d'approvisionnement en électricité sont "en partie trop optimistes et en partie invraisemblables »)et en France par un rapport de France Stratégie qui a eu un certain écho (Quelle sécurité d’approvisionnement électrique en Europe à horizon 2030 ?:

«La fermeture programmée en Europe de capacités pilotables doit être mieux prise en compte pour garantir la sécurité d’approvisionnement avant 2030… dès 2030 et vraisemblablement à une date plus rapprochée, si les tendances actuelles se maintiennent, les seuls moyens pilotables ne seront pas en mesure de satisfaire toutes les demandes de pointe moyennes »

Et pour terminer, un ordre de grandeur : le redémarrage d'un seul réacteur nucléaire existant aurait le même effet que la fourniture d'un million de tonnes de #GNL (gaz naturel liquéfié) supplémentaire par an sur le marché mondial.

5) Enjeux matières premières : très critique !

Que ce soit l’Ademe (Les réseaux électriques choix technologiques, enjeux matières et opportunités industrielles, 2020), l’AIE (Clean energy progress after the Covid-19 crisis will need reliable supplies of critical minerals, RTE (« Futurs énergétiques 2050 », 12.3 Les ressources : des tensions possibles sur l’approvisionnement en ressources minérales,l’IFP (Les métaux dans la transition énergétique) et plus récemment l’université de Leuwen (Europe’s Green Deal requires massive amounts of battery metals, 2022), tous pointent sur des problémes massifs et critiques d’approvisionnement en métaux et minéraux (cuivre, aluminium , lithium, platinoides, silicium, cobalt, nickel, terres rares). L’accélération massive de la transition vers les ENR ne fera disparaitre le problème bien au contraire !




https://www.iea.org/articles/clean-energy-progress-after-the-covid-19-crisis-will-need-reliable-supplies-of-critical-minerals

6) Un coût qui doit être économiquement soutenable et socialement acceptable

La solution allemande et vers laquelle la Commission Européenne veut orienter l’Europe consiste à doubler un parc pilotable par un parc ENR est l’une des plus couteuses qui soit, et de fait l’Allemagne a structurellement le coût le plus élevé d’Europe pour l’électricité.


7) Une certaine hypocrisie et toujours un antinucléarisme dogmatique et intransigeant.

Quelques nouvelles glanées dans l’actualité :

6a) A aucun moment, le mot nucléaire ne figure dans le document REPowerEU. Ni pour le court terme ( prolongation des centrales existantes), ni pour le moyen terme, ni pour le long terme.

6b) Visite d’Urusla Van Der Leyen en Inde : “Energy security is one of the most pressing topics for India and Europe. The EU will diversify away from Russian fossil fuels and will invest heavily in clean renewable energy. So 🇪🇺 🇮🇳 cooperation on solar and green hydrogen is key

Pas un mot sur les projets d’EPR en Inde où pourtant la France a remis une "offre engageante » en vue de la construction de six (réacteurs) EPR sur le site de Jaitapur qui deviendrait alors la plus puissante centrale nucléaire au monde. Clairement, il ne faut attendre aucun soutien de cette Commision sous influence allemande pour ce type de projet.

6c) Ce que ne dit pas Repower EU, c’est que c’est aussi un plan procharbon !

Ainsi, on apprend : « Le Botswana a été inondé de requêtes pour fournir du charbon à l’Europe et estime que la demande des pays occidentaux pourrait dépasser un million de tonnes par an, a déclaré mardi le président Mokgweetsi Masisi, alors que la guerre en Ukraine oblige l’Europe à se tourner davantage vers l’Afrique pour les ressources énergétiques. »

Et quasi simultanément, on apprend :

« Le ministre ougandais en charge de l’énergie a annoncé le 11 mai l'acquisition d'un terrain en vue de la construction de la première centrale nucléaire d’Afrique de l’Est (2000 MW).

Quelle ironie !https://www.reuters.com/business/energy/europe-seeks-million-tonnes-per-year-botswana-coal-says-president-2022-05-10/?s=09 ; https://www.connaissancedesenergies.org/louganda-prevoit-de-construire-la-premiere-centrale-nucleaire-dafrique-de-lest-220513

Le Miracle hydrogène : ne peut pas pallier les défauts des énergies variables intermittentes !

Le miracle hydrogène a été suscité parce qu’au fond, les dirigeants allemands savent bien que les énergies variables et intermittentes (éolien et solaire) ne leur permettront jamais de se passer à la fois du charbon et du nucléaire. C’est toujours la course aveugle derrière l’EnergieWende, avec un problème non résolu : l’hydrogène est un vecteur énergétique, pas une source. Donc, il faut le produire !

« L’hydrogène jouera un rôle clé pour remplacer le gaz naturel, le charbon et le pétrole dans les applications difficiles à décarboniser dans l’industrie et les transports. REPowerEU propose un « accélérateur d’hydrogène » fixant un objectif de 10 millions de tonnes de production nationale d’hydrogène renouvelable et de 10 millions de tonnes d’importations d’hydrogène renouvelable d’ici 2030. Afin d’atteindre cet objectif, il est proposé d’accélérer les efforts conjoints au niveau de l’UE et des États membres pour finaliser les cadres réglementaires et les projets relatifs à l’hydrogène, stimuler le déploiement de l’électricité renouvelable et les capacités de fabrication d’électrolyseurs dans l’UE, et faciliter la transition vers l’hydrogène… Des cadres réglementaires sont nécessaires de toute urgence pour permettre au développement de l’économie de l’hydrogène dans l’UE. Conjointement avec cette communication, la Commission a publié pour réaction du public deux actes délégués sur la définition et la production d’hydrogène renouvelable Il est également urgent d’accélérer les travaux sur les normes manquantes en matière d’hydrogène, en particulier pour la production, les infrastructures et l’utilisation finale de l’hydrogène ... »

Commentaire : sur la question de l’hydrogène renouvelable, la Commission ignore visiblement toutes les études démontrant que la production d’hydrogène à partie d’énergies renouvelables se fait à un coût prohibitif… ou avec beaucoup de gaz puisque le coût de structure des hydrogénateurs est archidominant et que ceux-ci doivent être utilisés de façon continue. On restera discret par charité sur les délires de classification taxonomique de la Commission sur les différentes types hydrogènes (gris, bleu, vert, jaune , rose _l’hydrogène produit à partir du nucléaire, considéré évidemment comme non renouvelable).

L’absence de cadres pour les normes n’est pas qu’un obstacle bureaucratique, c’est un problème technique fondamental lié à la dangerosité spécifiques de l’hydrogène (explosibilité, diffusibilité) A part les usages industriels de l’hydrogène, le dangers sont loin d’être négligeables, identifiés et maitrisés. Ainsi, en Norvège, l’explosion en juin 2019 d’une station-service en Norvège a mis fin à la vente de véhicules à hydrogène par Toyota et Hyundai…

« « L’utilisation massive d’hydrogène comme stockage intermédiaire d’énergie électrique intermittente (éolien et solaire) dans la chaîne Power-to-Gas-to-Power se heurte à des obstacles rédhibitoires tenant aux volumes considérables des stockages d’hydrogène requis et au faible facteur de charge des électrolyseurs et piles à combustible de la chaîne « conversion-stockage-conversion » qui obère considérablement les coûts… Dans tous les cas, le stockage d’une électricité renouvelable variable sous forme d’hydrogène entraine des pertes de conversion de 70 %, à terme peut-être seulement 40 ou 50 %. Dans un environnement disposant de larges réseaux de gaz ou d’électricité les perspectives de rentabilité pour ces solutions semblent très lointaines, à des niveaux de coût carbone bien supérieurs à ce qu’ils sont actuellement. »

(Comité de prospective de la CRE_ Le vecteur hydrogène ; Les enjeux de l’Hydrogène,  rapport de l’Académie des Technologies)

Très clairement, selon la vision allemande, une grande partie de l’hydrogène européen serait produit dans des pays tiers. Les plans allemands de giga production au Sahel, basés sur le solaire,  ont fait chou blanc, ils sont remplacés par d’autre gros projets en Namibie, au Congo, etc. Outre les nouvelles dépendances qui en résultent, on peut s’interroger sur ce que l’ancien expert de la Commission Samuele Furfari a qualifié d’ « écocolonialisme au pays du surréalisme »

Autres remarques

Ouverture vers le gaz de schiste en Europe ?

« L’un des principaux objectifs de REPowerEU est d’assurer un approvisionnement en gaz alternatif adéquat pour couvrir la demande de gaz de l’Europe en diversifiant les approvisionnements extérieurs. La production nationale de gaz naturel au sein de l’UE pourrait compenser dans une certaine mesure la réduction des importations en provenance de Russie à court terme »

Commentaire : Intéressant :l’un des objectifs est-il d’autoriser la production de gaz de schiste en Europe ?

Le biogaz et les conflits d’usages : concurrence avec les cultures alimentaires, c’est pas réglé du tout !

« Porter la production de biométhane à 35 milliards de mètres cubes d’ici 2030 [objectif de 2028] est une voie rentable pour réaliser notre ambition de réduire les importations de gaz naturel en provenance de Russie. Afin d’accroître la capacité de production de biogaz dans l’UE et de promouvoir sa conversion en biométhane, les besoins d’investissement estimés s’élèvent à 36 milliards d’euros sur la période, qui peuvent être cofinancés par la politique agricole commune à condition que les États membres incluent les projets dans leurs plans stratégiques. »

Commentaire : Le détournement de la politique agricole commune vers les besoins énergétiques surprend : c’est assez maladroit et angoissant à un moment où la guerre en Ukraine révèle des fragilités et dépendances alimentaires plutôt inquiétantes.

Déjà en Allemagne la lutte pour la terre entre production alimentaire et production énergétique a provoqué un net ralentissement du biogaz. En France, France Stratégie (Quelle place pour le gaz dans la transition énergétique ?, 2020 ; Biomasse agricole : quelles ressources pour quel potentiel ? (2022)  a pulvérisé les prévisions très optimistes de l’Ademe :

« Le remplacement du gaz fossile par du gaz renouvelable relève encore largement du pari...Même pour l’industrie seulement, « il n’est pas certain qu’une offre de gaz renouvelable puisse répondre à ces besoins spécifiques en gaz, aussi limités soient-ils in fine. De fait, les trois technologies disponibles pour produire du gaz renouvelable n’ont pas encore fait la preuve de leur rentabilité dans une perspective de développement à grande échelle. »

« Le potentiel énergétique maximal identifié de la biomasse agricole pourrait, en théorie, atteindre 120 TWh. Or, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) estime un potentiel de production de biomasse agricole proche de 250 TWh. »

« La SAU (superficie agricole utilisée) consacrée à la production de biomasse non alimentaire est estimée actuellement à environ 1,7 Mha (soit 6 % de la SAU totale). Pour couvrir les besoins en biomasse projetés à long terme, il sera nécessaire de recourir massivement aux résidus de cultures, aux surplus d’herbes et aux cultures intermédiaires ne nécessitant pas de nouvelles surfaces spécifiques et récoltables sur un minimum de 15 Mha (plus de 50 % de la SAU estimée en 2050). »

 On fait comment ?