Rapport GIEC 2022 : Quelles solutions face au réchauffement climatique ? 1) Quelques commentaires et 2) Que dit le Giec sur le nucléaire ?
Pour la 1ére partie, voire https://vivrelarecherche.blogspot.com/2022/05/giec-2022-quelles-solutions-face-au.html
affirmations validées par le Giec sur le
nucléaire
Cf. thread Clément Jaffrelot :
https://twitter.com/synth_ethics/status/1513976505298300945?t=QLoTpR-ORFDzAOkZl4vdPw&s=09
Intérêt climatique du nucléaire : confirmé : »
Le nucléaire est, comme l'hydraulique, une technologie à l’efficacité prouvée .
La production nucléaire a augmenté de 9% entre 2015 et 2019, pour représenter
10% de la production d'électricité mondiale en 2019 (2790 TWh).
Le nucléaire est en capacité de
produire de l'énergie bas carbone à grande échelle. Pour ce faire, il faudra
améliorer la gestion des constructions de conceptions de réacteurs qui
promettent des coûts plus bas et des utilisations plus larges »
Autres utilisations : « La chaleur requise par
le captage direct du carbone et son stockage (DCCAS) pourrait être efficacement fournie par l’énergie thermique
des centrales nucléaires, améliorant ainsi l’efficacité globale du système. Flexibilité de la production : il y a
déjà des développements importants dans l’augmentation de la flexibilité des
centrales nucléaires, par exemple en France (Office de l’énergie nucléaire
2021) et le développement de petits réacteurs modulaires pourrait soutenir
l’équilibrage du système. Hydrogène : L’énergie nucléaire
pourrait également fournir de l’hydrogène
propre par électrolyse ou fractionnement thermochimique de l’eau. »
Ressources en uranium : pas un
problème : « Il
existe des ressources substantielles pour augmenter considérablement le
déploiement nucléaire. Les estimations des ressources d’uranium identifiées
n’ont cessé d’augmenter au fil des ans. Les ressources conventionnelles en
uranium ont été estimées suffisantes pour plus de 130 ans d’approvisionnement
au niveau d’utilisation actuel (contre 100 en 2009). Dans le cas d’une pénurie future
d’uranium, le thorium ou le recyclage du combustible usé pourraient être
utilisés comme solutions de rechange. L’intérêt pour ces solutions de rechange
a diminué avec une meilleure compréhension des gisements d’uranium, de leur
disponibilité et des prix bas. »
Plusieurs options technologiques pour 2030-2050 :
Gros réacteurs : « l’industrie est
entrée dans une nouvelle phase de construction de réacteurs basée sur des
conceptions évolutives. Ces réacteurs apportent des améliorations par rapport
aux conceptions précédentes grâce à des modifications petites à modérées, y
compris une redondance améliorée, une application accrue des fonctions de
sécurité passive et des améliorations importantes à la conception du
confinement afin de réduire le risque d’accidents majeurs. Les exemples
incluent l’EPR européen, le APR1400 coréen, l’AP1000 américain, le HPR1000
chinois ou le VVER1200 russe »
Exploitation à long terme (LTO) de la flotte actuelle :
« la poursuite de la production à partir de l’énergie nucléaire dépendra
en partie de la prolongation de la durée de vie du parc existant. D’ici la fin
de 2020, les deux tiers des réacteurs nucléaires seront opérationnels depuis
plus de 30 ans. ... Les évaluations techniques ont établi que les réacteurs
peuvent fonctionner en toute sécurité plus longtemps si des composants de
remplacement clés (par exemple, générateur de vapeur, équipement mécanique et
électrique, instrumentation et pièces de contrôle) sont changés ou remis à
neuf. La première prolongation de la durée de vie envisagée dans la plupart des
pays est généralement de 10 à 20 ans. »
Petits réacteurs nucléaires (SMR) : « Il
existe plus de 70 conceptions de SMR à différents stades d’examen et de
développement, de la phase conceptuelle à l’autorisation et à la construction
d’installations uniques en leur genre. En raison de la plus petite taille des
unités, les coûts totaux d’investissement des PRM devraient être inférieurs,
bien que le coût par unité de production puisse être plus élevé que celui des
grands réacteurs conventionnels. La modularité et la pré-production hors site
peuvent permettre une plus grande efficacité dans la construction, des délais
de livraison plus courts et une optimisation globale des coûts. Les conceptions
SMR visent à offrir une capacité accrue de suivi de charge qui les rend aptes à
fonctionner dans des systèmes plus petits et dans des systèmes avec des parts
croissantes de sources d’ERV. Le développement du marché d’ici le début des
années 2030 dépendra fortement du déploiement réussi des prototypes au cours
des années 2020. »
Coût du nucléaire : « Les coûts de l’énergie
nucléaire varient considérablement d’un pays à l’autre. Les projets en
construction, des prototypes, en Amérique du Nord et en Europe ont été marqués
par des retards et des dépassements de coûts. Les délais de construction ont
dépassé 13 à 15 ans et les coûts ont dépassé 3 à 4 fois les prévisions budgétaires
initiales. En revanche, la plupart des
projets récents en Asie de l’Est (dont la construction a commencé à partir de
2012) ont été mis en œuvre dans un délai de 5 à 6 ans. »
« Outre les facteurs
propres à chaque région, les coûts nucléaires futurs dépendront de la capacité
de bénéficier de l’expérience accumulée dans le contrôle des principaux
facteurs de coûts. Les facteurs de coûts se répartissent en quatre catégories :
la maturité de la conception, la gestion de projet, la stabilité et la prévisibilité
réglementaires, et les effets multi-unités et séries. Avec les leçons tirées de
projets uniques en leur genre, le coût de l’électricité provenant des nouvelles
constructions devrait se situer entre 42 et 102 USD / MWh selon la région. »
« Les prolongations de
durée de vie sont nettement moins chères que les nouvelles constructions et
compétitives par rapport aux autres technologies à faible émission de carbone. Les coûts au jour le jour des prolongations
de la durée de vie sont estimés entre 390 et 630 USD / kWe pour l’Europe et
l’Amérique du Nord, et le LCOE entre 30 et 36 / MWh pour les extensions de 10 à
20 ans. «
« Les possibilités de
réduction des coûts, telles que la normalisation de la conception et les
innovations dans les approches de construction, devraient rendre les SMR
compétitifs par rapport aux grands réacteurs d’ici 2040. Comme les SMR sont en
cours d’élaboration, il existe des incertitudes importantes concernant les
coûts de construction. Les fournisseurs ont estimé le LCOE prototype à USD
131-190/MWh. Les effets de l’apprentissage... devraient réduire le LCOE
prototype de 19 à 32 %. »
Les déchets nucléaires : « L’activité normale d’un
réacteur nucléaire se traduit par un faible volume de déchets radioactifs, ce
qui nécessite un stockage strictement contrôlé et réglementé. À l’échelle
mondiale, environ 421 kilotonnes de combustible nucléaire irradié ont été
produites depuis 1971. Sur ce volume, 2 à 3% sont des déchets radioactifs de
haute activité, qui présentent des défis en termes de radiotoxicité et de
longueur de vie et impliquent finalement un stockage permanent »
« La viabilité à long terme de l’énergie nucléaire peut
dépendre de la démonstration au public et aux investisseurs qu’il existe une
solution à long terme au combustible nucléaire irradié. Les données provenant
de pays qui progressent régulièrement vers les premiers rejets définitifs
(Finlande, Suède et France) suggèrent qu’un large soutien politique, des
politiques cohérentes en matière de déchets nucléaires et un processus
décisionnel bien géré et consensuel sont essentiels pour accélérer ce
processus. »
La prolifération : « Les
préoccupations en matière de prolifération entourant l’énergie nucléaire sont
liées aux cycles du combustible (enrichissement de l’uranium et traitement du
combustible usé). Ces processus sont mis en œuvre dans un nombre très limité de
pays en suivant des normes et des règles nationales et internationales strictes
telles que les lignes directrices, les traités et les conventions de l’AIEA. La
plupart des pays qui pourraient introduire l’énergie nucléaire à l’avenir pour
leurs avantages en matière d’atténuation du changement climatique n’envisagent
pas de développer leur propre cycle du combustible, ce qui réduirait
considérablement les risques qui pourraient être liés à la prolifération. »
L’énergie nucléaire est écologique : « L’énergie
nucléaire s’avère favorable en ce qui concerne l’occupation des terres (Cheng
et Hammond 2017, Luderer 2019) et les impacts écologiques (Brook et Bradshaw
2015, Gibon et al, 2017). De même, les besoins en matériaux par unité d’énergie
produite sont faibles (par exemple, aluminium, cuivre, fer, métaux des terres
rares (Ludere et al 2019). Les centrales nucléaires intérieures à forte
intensité d’eau peuvent contribuer au stress hydrique localisé et à la
concurrence pour les utilisations de l’eau. Le choix des systèmes de
refroidissement (en boucle fermée plutôt qu’une fois) peut réduire
considérablement les taux de prélèvement de l’eau douce (Jin et al, 2019). Les
réacteurs situés au bord de la mer ne sont pas touchés par les problèmes de
pénurie d’eau. Les études d’analyse du cycle de vie suggèrent que les impacts
globaux sur la santé humaine (en termes d’années ajustées en fonction de
l’incapacité -DALY) de l’exploitation normale des centrales nucléaires sont
considérablement inférieurs à ceux causés par les technologies des combustibles
fossiles et sont comparables aux sources d’énergie renouvelables (Gibon, 2017) »
Impact du réchauffement climatique sur les diverses sources
d’énergie : ce n’est pas forcément le nucléaire le plus impacté :
Mais quelques avertissements :
Acceptation publique : « Dans le même temps, l’énergie nucléaire
continue d’être affectée par des dépassements de coûts, des besoins élevés en
investissements initiaux, des défis liés au stockage définitif des déchets
radioactifs et des niveaux variables d’acceptation du public et de soutien
politique. »
« L’énergie nucléaire
continue de bénéficier d’un soutien public et politique limité dans certains
pays. Le soutien public à l’énergie nucléaire est systématiquement inférieur à
celui des énergies renouvelables et du gaz naturel et, dans de nombreux pays,
aussi faible que le soutien à l’énergie produite à partir du charbon et du
pétrole... »
« Dans le même temps, certains groupes
considèrent le nucléaire comme une source d’énergie fiable, bénéfique pour
l’économie et utile pour l’atténuation du changement climatique. Le soutien du
public à l’énergie nucléaire est plus élevé lorsque les gens sont préoccupés
par la sécurité énergétique, y compris les préoccupations concernant la disponibilité
de l’énergie et les prix élevés de l’énergie (Gupta, 2019) et lorsqu’ils
s’attendent à des avantages locaux. Le soutien du public augmente également
lorsque la confiance dans les organes de gestion est plus élevée. De même, des
processus décisionnels transparents et participatifs améliorent l’équité
procédurale perçue et le soutien du public. »
Commentaire : bon, ben on
sait ce qu’il reste à faire ! Au travail Patrimoine Nucléaire et Climat,
Voix du nucléaire, Sauvons le Climat, Cérémé, Ecologistes pour le
nucléaire…pardon pour ceux que j’oublie.
Investissements et rôle de l’Etat :
En raison de l’ampleur des investissements requis..., près de 90% des centrales
nucléaires en construction sont gérées par des entreprises appartenant à l’État
ou contrôlées par des gouvernements assumant une part importante des risques et
des coûts. Pour les pays qui choisissent
l’énergie nucléaire dans leur portefeuille énergétique, des conditions
politiques stables et un soutien, des régimes réglementaires clairs et un cadre
de financement adéquat sont essentiels pour une mise en œuvre réussie et
efficace
Une idée : signer la
pétition : https://www.change.org/ingénieurspourlenucléaire
Des mesures mal conçues en faveur des ENR déstabilisent le nucléaire : « De nombreux pays ont adopté des politiques spécifiques à la technologie pour des cours d’énergie à faible émission de carbone, et ces politiques influencent la compétitivité de l’énergie nucléaire. Par exemple, les tarifs de rachat et la prime de rachat pour les énergies renouvelables largement appliqués dans l’UE ou les normes relatives aux portefeuilles d’énergies renouvelables aux États-Unis ont une incidence sur le prix de gros de l’électricité (conduisant parfois à des prix bas, voire négatifs), qui affectent les revenus des centrales nucléaires et autres existantes. (Lesser 2019) »
Background : les investissement mondiaux : « Le total des investissements mondiaux dans l’énergie était d’environ 1940 milliards USD par an en 2019. Ce total peut être divisé en catégories suivantes : approvisionnement en énergie fossile (pétrole, gaz, charbon) 990 milliards USD, énergies renouvelables (principalement solaire et éolienne) : 340 milliards USD ; énergie nucléaire : 40 milliards USD et efficacité énergétique au stade de l’utilisation finale : 270 milliards USD »
Commentaire : il reste une
sérieuse marge pour financer davantage le nucléaire compte-tenu de ses
avantages.
Bilan proposé par https://twitter.com/synth_ethics/status/1513976505298300945?t=QLoTpR-ORFDzAOkZl4vdPw&s=09
Dans un thread très complet
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