1) L’indécence des margoulins
des ENR par temps de Covid- 1) l’AREHN
On commence par la demande de syndicats professionnels
des ENR, tels l’A.N.O.D.E de rompre les contrats ARENH, demande d’abord à la
CRE (Commission de Regulation de l’Electricité), qui les a envoyé bouler, puis
en référé au Conseil d’Etat (requête en référé déposée par des concurrents
d'EDF « visant à obtenir la suspension de contrats d'approvisionnement en
électricité nucléaire à un prix préalablement fixé pour tenir compte de chute
de la demande à la suite des mesures de confinement liées à la crise sanitaires. »faisant
suite à l’avis de la CRE qui avait déjà indiqué » qu'elle n'était pas
favorable au déclenchement de la clause de force majeure. »
Sur l’ARENH, il y a déjà pas mal de choses sur ce blog cf.
par exemple
Donc je rappelle brièvement : l’ARENH permet aux
fournisseurs alternatifs d’acheter à bas prix de l’électricité nucléaire d‘EDF
lorsque le prix marché de l’électricité est élevée et de se tourner vers
d’autres sources lorsque ce n’est pas le cas. Comme les temps changent, et
rapidement ! En janvier encore, les prix de marché étaient élevés, les
concurrents d'EDF se ruaient sur
l'ARENH, il n’y en avait pas assez pour tous et ils trouvaient le système
tellement profitable qu’ils engageaient une intense action de lobbying pour
augmenter le plafond de l’ARENH, voire le déplafonner totalement. Et
maintenant, retournement COVID, la consommation baisse l’électricité est
surabondante et les concurrents (concurrents qui rappelons-le, produisent très peu)
d’EDF veulent se dégager des contratARENH.
C’est tellement fort de café que même un syndicat
habituellement assez calme, comme la CFE-CGC s’est un peu excité dans un
communiqué de presse - et ce sont eux qui ont parlé d’indécence :
« En pleine crise,
la concurrence frise l’indécence totale ! (09/04/2020) ».
Extraits :
« Alors que
la CRE a rejeté fin mars la demande
d’activation de la clause de force majeure des achats d’électricité à
l’AReNH, les fournisseurs alternatifs sur le marché français de l’électricité dont, entre
autres, ENI, Vattenfall, ekWateur et
Endesa, viennent, via leurs deux associations ANODE et AFIEG, d’attaquer
cette décision devant le Conseil d’État.
En confirmant une
politique de dividendes plus que
généreuse au moment où Bruno LE MAIRE appelle les entreprises françaises
à faire preuve de responsabilité, le groupe Total ne semble pas faire face
au moindre souci de trésorerie. Pourtant, il n’a pas hésité à
s’associer à cette action des
fournisseurs alternatifs.
Il faut rappeler
que ces fournisseurs alternatifs se comportent comme de
véritables passagers clandestins du
système électrique : ils vivent de
la subvention que constitue l’ARENH, sans prendre le moindre risque et sans
investir le moindre centime dans le système électrique français et donc
pour la sécurité énergétique des Français.
La
collectivité nationale n’a pas à protéger la concurrence de la « main invisible
du marché ».
Cet épisode est une nouvelle preuve que l’AReNH est un dispositif régulatoire
mortifère qui revient à imposer au service public de subventionner la
concurrence. Aussi la CFE Énergies soutient la position responsable
défendue par la CRE qui refuse les effets d’aubaine.
En
effet, EDF n’a pas vocation à être l’assureur de ses concurrents contre la
volatilité des marchés (baisse des prix avec
épisodes de prix négatifs, du fait de la baisse de la demande
d’électricité et de l’effondrement des prix du pétrole) alors que ni EDF ni le
Gouvernement ne songent à remettre en cause les contrats d’obligation d’achat
dont bénéficient les énergies renouvelables malgré la faiblesse des prix de
marché.
Par conséquent, cette demande de la concurrence à vivre sans fin
aux crochets de la collectivité et à être protégée du marché est indécente.
Pire, au moment où les énergéticiens français et leurs salariés sont pleinement
mobilisés pour assurer la sécurité d’approvisionnement
en énergie du pays, la CFE Énergies ne
peut que dénoncer cette volonté
des fournisseurs alternatifs de se
soustraire à leurs responsabilités et de profiter de la crise actuelle pour
préserver leurs marges. »
Ajoutons que les pauvres concurrents d’EDF qui ont
demandé la suspension des contrats ARENH sont notamment Total, Eni, Vattenfall,
Butagaz…Et aussi Enercoop lié à Greenpeace (pour être juste, Enercoop ne
demande pas à bénéficier de l’ARENH, mais c’est quand même assez farce de les
retrouver via l’A.N.O.D.E aux côtés de Total
2) L’indécence
des margoulins des ENR par temps de Covid- 2) les prix garantis et la priorité
d’accès au réseau
Une autre réaction salutaire et roborative, c’est la lettre d’un polytechnicien
au PDG de NEOEN, qui a beaucoup circulé sur le net :
Elle constitue une réponse à une
tribune dans les Echos, dans laquelle NEOEN affirmait que « grâce à nos contrats de long terme on a du chiffre d’affaires qui rentre
malgré la crise » ou ailleurs : « Notre activité est désormais
très compétitive sur la plan économique »
(Syndicat des Energies Renouvelables)
Extraits : « Aujourd’hui, tu nous vends ta production électrique 80 €/
MWh »
« Patron de la société
cotée NEOEN, opérateur d’énergie qui parsème nos campagnes d’éoliennes, le 26
mars, 10ième jour du confinement national, tu t’es fendu d’un entretien dans le
journal « Les Echos ».
Échange de bons procédés sans doute, il
s’agit de quelques lignes de publicité rédactionnelle pour ce journal qui doit
absolument remplir ces colonnes, en ces temps de sinistrose avec des articles
porteurs d’espoir … Si c’est effectivement ce que recherchait le journal,
penses-tu sincèrement avoir atteint l’objectif ?
Je te cite : « grâce à nos contrats de long terme qui fixent le prix de vente de
l’électricité produite dans nos centrales pour 10 ou 15,20 ou 25 ans, on a du
chiffre d’affaires qui rentre malgré la crise… ».
L’économie mondiale est littéralement à
l’arrêt ; chaque mois de confinement provoque une contraction de 3 à 4% des PIB
; tu nous expliques que, quoiqu’il arrive, le chiffre d’affaires de ta société
est préservé. Cela laisse rêveur, sur quelle planète es-tu ?
Penses–tu vraiment redonner de l’espoir aux
lecteurs de ce quotidien ou ton message s’adresse t'il à d’autres cibles ?...
Aujourd’hui,
tu nous vends ta production électrique 80 €/ MWh. Dans le même temps, le prix
de marché du MWh – indicateur avancé de l’activité économique- s’est effondré
passant de 40 €/MWh (octobre 2019) à 20 €/MWh ; il va
rester probablement scotché à ces niveaux.
De sorte que la subvention dont bénéficie ton produit - ce produit que le client est obligé
d’acheter même s’il n’en a pas besoin - est passée de 40 €/MWh (80 € -40 €) à
60 €/MWh (80 €-20 €) : + 50% en quelques mois ! Penses-tu que la situation
puisse perdurer ? Crois-tu sincèrement que cette subvention pour un produit
inutile, parce que non- pilotable, sera assurée pour 10, 15, 20, 25 ans, comme
tu nous l’expliques dans ton interview ?
Les 2 mois de confinement de la population mondiale se
traduiront par une contraction de 7 à 8 % du PIB mondial annuel. La sortie de crise se traduira par une
révision drastique de la politique des États ; ils devront se réveiller de la léthargie mortifère dans laquelle les
avaient plongés les écologistes anti-nucléaires, les technocrates inconséquents
et les financiers peu scrupuleux. »
Pour de nombreux ménages, la sortie de crise devra se
traduire par un retour aux fondamentaux : se nourrir, se déplacer, se vêtir,
pourvoir aux besoins élémentaires des siens ; l’énergie fait effectivement
partie des besoins vitaux.
Les
milliards de subvention accordés à ton secteur d‘activité en pure perte par la
communauté nationale exsangue devront être réaffectés et c’est
tant mieux.
Tu te rappelles la devise de notre École : Pour la
Patrie, les Sciences et la Gloire… »
« PS : Par arrêté en février 2020, la
préfète de Charente vient, hélas, de t’autoriser à ériger un site éolien de
15MW à Courcôme. C’est un projet de 20 millions d’euros de matériels importés ;
pour le mener à bien, tu as constitué une société (Eoliennes Courcôme) au
capital de 5.000 euros ; 5.000 euros risqués face à 20 m€ investis en matériels
importés, cela en dit long sur l’effet de levier financier que tu vas
rechercher.
Et comme d’habitude, tu dois tabler sur un
chiffre d’affaires cumulé sur les 20 ans d’une cinquantaine de millions d’euros
subventionné à plus de 70%.
On ne sait pas si les associations de
défense de l’environnement arriveront à bloquer ce projet en Cour d’Appel mais
le meilleur espoir réside maintenant dans une révision enfin de la politique
énergétique qui se fera jour en sortie de crise. »
3)
Quelques données complémentaires ; très cher soutien aux trop chères ENR
Sources : Rapport de la CRE sur le soutient aux
énergies renouvelables, Sauvons Le Climat
Le coût total du soutien à
la production d’électricité renouvelable représente 5 315 M€, 68 % de l’ensemble
des charges de service public de l’énergie au titre de 2019. Ce montant augmente de 5 % par rapport à la
prévision actualisée pour l’année 2018 (5 047 M€) et de 16 % par rapport aux
charges constatées au titre de l’année 2017 (4 596 M€).
Autrement dit, à la louche, un demi EPR par an pour une énergie intermittente non pilotable!
Selon Sauvons le climat : On
peut calculer des €/MWh en divisant le soutien public aux ENR par l’électricité
qu’elles produisent.
Coût du soutien ENR en 2019 / prod ENR en 2019 : 5312/55.6
= 95 €/MWh !!
On inclut PV, éolien, bioénergies.
Si on sépare techno par techno, le PV culmine à 2544/11.6
= 219 €/MWh !
Et pour compléter, on peut aller voir l’excellent site Paye ton vent qui, semaine après
semaine fait le point sur ce que nous coûtent les rentables ENR
4) Covid et ENR : le
danger de l’effondrement du réseau
En dehors même des considérations économiques, la crise
actuelle doit aussi être l’occasion de revenir sur les très réels risques de
black out, d’effondrement du réseau que fait courir le développement des ENR à
un point dangereux (Sup 30%). Que se passerait-il si en plus du Covid, les hôpitaux
devaient subir des coupures de courant (comme en Australie du Sud), les réseaux
informatiques s’évanouir, nos appartement être privés d’électricité ?
Ce serait l’effondrement total et des millions de morts. Donc lutter contre les profiteurs des ENR, leurs
méga profits, leur cynisme et leurs mensonges, préserver pour la France,
développer pour l’Europe la part du nucléaire énergie bas carbone, pilotable et
économique, devient clairement aussi une priorité sanitaire !
C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé récemment Fatih Birol, Directeur exécutif de l’Agence internationale de
l’énergie (AIE), qui attirait notamment l’attention sur le risque accru de
blackout en période de faible consommation, telle que celle entraînée par les
mesures de confinement. Pour la raison que
la part d’énergies intermittentes est augmentée du fait de leur priorité sur le
réseau et qu’on peut d’autant moins compter sur la flexibilité de la
consommation industrielle pour rétablir l’équilibre que cette consommation
est réduite.
Fatih Birol a rappelé la dépendance
croissante de nos sociétés à l’électricité et les conséquences d’une rupture
d’approvisionnement au cours d’une crise telle qu’aujourd’hui : les moyens pilotables restent
indispensables pour satisfaire la
consommation en l’absence de vent et de soleil alors que les productions
intermittentes liées aux conditions météorologiques ruinent leur modèle
économique. Il considère également qu’une situation telle que celle
d’aujourd’hui est l’occasion d’observer les conséquences de l’augmentation
prévue de la part des énergies renouvelables (EnR) puisque cette part est
désormais induite par la baisse de consommation et la priorité des EnR sur le
réseau. Enfin, Fatih Birol dénonce le risque de multiplication de tout petits
producteurs d’EnR, notamment des particuliers qui ne disposent pas d’un
niveau suffisant de cybersécurité.
Et ce n’est pas paroles en l’air ! Le 23 avril 2020, en plein crise COVID, la France
a échappé de justesse à un black out avec
une fréquence descendue à 49, 8801 Hz à 10 heures et 10 secondes ! En
cause, exactement ce qui était annoncé, la
priorité sur le réseau des ENR et leur brusque variation
Commentaire désinvolte du très politique pésident
du réesau, François Brottes : c’est « une sorte de nouveau sport »
consistant à « éviter les surtensions » en raison du risque
d'écroulement"…."Cette
situation a amené quelques surprises car on n'avait jamais connu une telle
profondeur".
Voilà le résultat de votre politique pro
ENR, Mme Borne : une menace de coupure générale du réseau en plein Covid. Cette
politique était absurde climatiquement, économiquement, socialement,
écologiquement, elle est maintenant tout
simplement criminelle.
Pour vous, ça va finir en Haute Cour de Justice ou équivalent, comme Mme
Georgina Dufois !
Sur cette question :
Cf. Covid 19 et le risque de black-out
électrique, Jean Pierre Riou
Sur le danger de black out induit par les ENR, nombreuxbillets sur ce blog,
notamment :
Alors Mme Borne, ceci que
vous proclamez triomphalement est indécent :
« Face à la crise #COVID19, nous soutenons la
filière des énergies renouvelables électriques
Délais
supplémentaires pour les chantiers en cours.
Tarifs d’achat maintenus pour les petits projets photovoltaïques.
288 lauréats à des appels d’offre.