EDF :Audition de Luc
Rémont, PDG ( Mercredi 10 Avril) et Cedric Lewandoski ( Jeudi 4 Avril)
Luc
Rémont ; mercredi 10 avril : La modulation du nucléaire pour le suivi des ENR ne pose pas de
problèmes tant qu'on ne descend pas en-dessous de certaines limites (80%, deux
fois par jour) Si l'arrêt complet devait devenir la règle, par contre cela
devient réellement problématique et on "rentre en territoire
inconnu.". La modulation que fait EDF pour gérer au mieux son carburant
relève d’algorithmes extrêmement complexes
NB. l’arrêt
complet or c'est bien ce qui s'est produit le week-end du 13 avril 2024 où EDF
a dû arrêter 5 réacteurs nucléaires en raison d'une forte baisse de la demande
: Dampierre
4 (890 mégawatts [MW]), Golfech 2 (1 310 MW), Paluel 4 (1 330 MW), Tricastin 1
et 3 (915 MW chacun). Tous ont été déconnectés du réseau samedi matin pour être
reconnectés dimanche soir, à l’exception du réacteur Tricastin 1 remis en route
mardi soir.
On est
donc déjà en territoire inconnu, et ça va pas s’arranger avec l’augmentation
des ENR sur le réseau.. On entend également que la modulation pour gérer le
fuel nucléaire (et les arrêts de tranche) n’est compatible avec le suivi de
charge des ENR que si celui-ci n’est pas trop élevé ;
Péninsules
électriques : Dans
les "péninsules électriques" (Nice, Bretagne...), la déstabilisation
par les ENR est un risque sérieux et il sera par conséquent nécessaire soit de
garder des centrales thermiques, soit d'implanter des SMR (NB ce qui est prévu
à Cordemais)
Raccordements : Tous les renouvelables ne sont pas
équivalents pour le réseau. Essayons de hiérarchiser les raccordements les plus
utiles au système électrique. Pour l’éolien en mer, un euro d’investissement en
de production correspond à un euro de raccordement
Hinkley Point : heureusement qu'il y a eu Hinkley
Point, sans cela la capacité de l'industrie française à construire des
centrales nucléaires risquait de disparaître...
Nucléaire
et CfD : Pourquoi
des prix plafonds et pas de prix planchers pour les contrats long terme
proposés par EDF, qui ne sont donc pas des CFD ? Parce que la contrepartie
imposée par la Commission européenne, c'est le démantèlement d'EDF via un
scenario similaire au défunt Hercule.
Concessions
hydrauliques : sortir de
la situation de blocage en proposant à la Commission de passer à un système
d'autorisation
Nuward : premier béton en 2030 visé
Arenh : légalement, c'est un tiers de la
production qui est vendue au tarif ARENH, économiquement, ce sont les deux
tiers puisqu'il faut bien répliquer pour nos clients les tarifs des
concurrents
Cedric Lewandoski Jeudi 4 avril
Etat
du Parc Nucléaire : nous
sommes dans une phase de convalescence dynamique, e reconquête de notre performance
opérationnelle... Le but est de revenir à 350 TWh à fin 2025. La crise de
corrosion sous contrainte est toujours là, et des 900 MW seront concernés mais
elle est en cours de maîtrise industrielle-.
« Notre
conviction est que les 56 réacteurs du parc actuel tels qu'on les connait ont
la capacité d'aller à 60 ans »
Concernant
l’augmentation de la puissance délivrée par le parc nucléaire, un point
important est la capacité à allonger la durée des cycles de 12 mois à 18 mois.
En ce
qui concerne l’augmentation de puissance, deux cas sont à distinguer : celui des 900 MW et celui des 1300 MW. Pour les
900 MW, c’est relativement simple car il suffit de travailler sur la turbine. Le
gain final ne sera pas colossal, on
attend 5TWh.
Pour
les 1300 MW, c’est beaucoup plus complexe, il faut travailler sur le circuit
primaire; cela nécessitera environ sept
ans d’études d'ingénierie et on peut découvrir en chemin que cette augmentation
de puissance n'est pas souhaitable car
elle pourrait se payer en moindre
capacité à moduler, et/ou en rejets plus importants
Capacité
à aller au-delà de 60 ans :
aux USA 6 réacteurs de la même nature que les nôtres ont obtenu une licence
pour aller à 80 ans et d'autres dossiers sont en cours d'instruction. L’enjeu
est important si nous estimons à la fin que notre parc ne peut pas aller
au-delà de 60 ans, nous serons en 2050 à 17GW de nucléaire ; on change alors de monde…
Evolution
du facteur de charge :
record de production en 2016 et depuis il y eu le grand carénage et tous les
travaux post fukushima 5 à 7 visites décennales par an, c'est un grand chantier
énorme qui a impacté les facteurs de charge. La VD4 c'est cinq fois plus de travail que la vD3, et prêt d'un an d'arrêt. Nous
sommes les seuls au monde à mener ce type de chantier puisque nous exigeons d’amener
la sécurité des réacteurs après visite pratiquement au niveau de celle des
réacteurs les plus récents Nous sommes
les seuls au monde à avoir fait le choix
de se rapprocher le plus possible du niveau de sureté des EPR 2,
Fessenheim : On a perdu 10 TWH avec la fermeture de
Fessenheim
Les
arrêts de tranche :
un plan d’amélioration STAR 2025 est en
cours et fonctionne déjà
bien : le taux de réussite sur la
durée des mises à l’arrêt dans les délais prévus est passé de 2% à 64%; il
passe par la réinternalisation d'un
certain nombre de fonctions, nous avons trop poussé le curseur. Ce plan fait
partie de la trajectoire des 400TWH
dans les année 2030 : Flamanville 10
TWh, auugmentation de puissance 20 TWH; Star 2025 20TWh)
Effet
de la modulation sur le facteur de charge et l’usure des réacteurs: aujourd'hui, la réponse est qu’il n’ y
a aucun effet car les modulations qu'on
nous demande, qui sont très modestes, n'ont pas de conséquences sur l'outil
industriel. Ce n’est pas un hasard, nous avons les seuls réacteurs au monde à
offrir ce service de modulation. Nos réacteurs peuvent accepter deux baisses
par jour, avec une amplitude de 80%, atteignable en une trentaine de minutes.
Mais
le volume de modulation qu'on nous demande est de plus en plus impressionnant. Le week-end dernier (31 mars, Pâques),
on nous a demandé de passer de 43GW disponible à 24 ,. et nous sommes en mars.
Aujourd'hui, on nous a demandé de moduler 10GW dans le journée.. Le point que
nous redoutons c'est l'arrêt du réacteur. Là il faudra regarder techniquement
de très prêt…Une centrale nucléaire ne sera jamais un outil de gestion de
pointe.
Autrefois, la saison de
modulation, c'était le printemps qui nous permettait de préparer les arrêts de
l’été ; aujourd'hui il n'y a plus de saison.
Passage
de la pointe : RTE, dans son dernier bilan, à l'automne dernier, a dit très
clairement que nous allons manquer de 3 à 5 GW de pointe dès les années 30. Ce
sujet-là doit être pris en main rapidement;
Question du rapporteur : Aux
USA en Finlande,, on est à 30 dollar le Mwh nucléaire, en France, on ne sait pas trop, mais c’est
bien au-dessus : réponse : lié
à toutes les contraintes sur le plan sécuritaire...