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dimanche 27 mars 2022

Relance de l'Energie Nucléaire Civile: Ce que dit la science, Marc Fontecave, L’Humanité, 10 mars 2022

Extraits :

1) La fin de la procrastination : « Le président de la République, Emmanuel Macron, a, le 10février 2022, par un retournement qui semblait inimaginable il y a peu de temps, annoncé, à côté d’une politique de soutien à 1'énergie éolienne en mer et à 1'énergiephotovoltaïque, un grand programme nucléaire civil pour notre pays. Celui-ci prévoit, d'une part, la construction de 6 réacteurs pour 2035 et 1'étude de 8 réacteurs supplémentaires pour 2040 ; d'autre part, la prolongation au-delà de cinquante ans des réacteurs existants, après l’accord de l’Autorité de Sécurité nucléaire (ASN). Il était urgent qu’une telle décision soit prise, après des années de procrastination…Le programme qui vient d'être annoncé est assez précisément ce que préconisait l'Académie des sciences le 8 juillet 2021 dans un avis suivant la publication d'un rapport intitulé «Considérations sur l'électronucléaire actuel et futur» (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/07/avis-de-lacademie-des-sciences-8-mai.html)

2) Ce n’est pas remplacer  le nucléaire par les ENR qui nous permettra de répondre au défi climatique : « L'actualité de la question nucléaire est d'abord liée à la nécessité de définir pour l'avenir un mix électrique le moins émetteur de gaz à effet de serre. L'énergie nucléaire est la source d'énergie la moins carbonée à notre disposition, ce qui explique pourquoi les pays qui l'ont adoptée, en la combinant à1'énergie hydraulique, comme la France ou la Suède, sont les plus vertueux sur le plan des émissions de CO2.  Avec une énergie électrique décarbonée à plus de 90%, nous ne ferons jamais mieux, et ce n’est évidemment pas en remplaçant notre énergie nucléaire par des énergies éoliennes et solaire, cette dernière significativement plus carbonée, que nous améliorerons ce record. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant d'observer une évolution de l'opinion sur la place du nucléaire dans la production électrique, de récents sondages montrant que presque 60% des Français y sont favorables. »

3) un scénario 100% ENR n’est pas tenable « Ce qui est de mieux en mieux compris, également, c'est que la perspective d'un mix électrique très largement dominé par des énergies renouvelables intermittentes (et c'est encore plus vrai lorsque c'est à 100 %), dans le contexte d’une électrification croissante d’un grand nombre de secteurs (transport, habitat, industrie) à l'horizon 2050, n'est pas tenable, notamment en raison des risques sérieux d’insécurité d'approvisionnement électrique que de tels scénarios font prendre. C'est exactement ce que disait le rapport remis au gouvernement français, le 21 janvier 2021, par RTE.. »

4) Problème de l’intermittence et du stockage intersaisonnier : « Tout d'abord, il faut disposer de sources d'énergie mobilisables et décarbonées pour compenser l'intermittence de l’éolien et du solaire. Or, la seule source mobilisable et décarbonée est 1’énergie nucléaire. Cette problématique est bien illustrée par l’expérience des pays, comme l'Allemagne, qui se dénucléarisent et sont de plus en plus dépendants des énergies intermittentes : ils assurent leur approvisionnement électrique avec des centrales thermiques (charbon et gaz)…

En second lieu, il faut disposer de capacités de stockage d'énergie (de type batteries électriques et hydrogène) à très grande échelle, une perspective encore très lointaine en raison des contraintes scientifiques et technologiques. Dans un article récemment publié dans les « Comptes rendus» de l'Académie des sciences, nous avons évalué la quantité d'énergie annuelle qu'il faudrait stocker, dans les moments d'excès d'énergies solaire et éolienne, pour la redonner au réseau dans les périodes de défaut de ces énergies. Dans un scénario avec 100 % de renouvelables, cette quantité dépasse la centaine de térawattheures (TWh) quand elle est aujourd'hui d'environ l0 TWh, assurée pour l'essentiel (7 TWh) par les Step (stations de transfert d'énergie par pompage). Cette étude montre également que le problème majeur est le stockage intersaisonnier, qui ne pourrait être dans l'état actuel des technologies assuré que par l’hydrogène. Malheureusement, la technologie Power-to-112-to-Power n’a qu'un très faible rendement de 25% »

La troisième condition est la stabilisation de la fréquence du système électrique, qui ne peut pas être assurée avec une production exclusivement éolienne et solaire… »

NB :  sur ces questions et le développement du réseau, voir Rapport IEA/RTE : Conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l‘horizon 2050, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/rapport-iearte-conditions-et-prerequis.html

5) Le nucléaire, un atout majeur pour l’avenir : « Pour toutes ces raisons, l'énergie nucléaire est, pour la France, un outil majeur de sécurisation de l'approvisionnement électrique…Il est urgent en effet de relancer une industrie nucléaire française, la troisième filière derrière l’aéronautique et l'automobile, qui a montré sa capacité à fournir au pays sur le long terme une électricité bon marché, une sécurité d’approvisionnement et une indépendance énergétique. Elle contribuera à réussir la nécessaire électrification et décarbonation du monde de demain »






samedi 26 mars 2022

Sondage Opinion Way pour Sites et Monuments de France : Les Français, l’impact des éoliennes, les solutions : vers un moratoire ?

 NB : Sites & Monuments, association nationale créée en 1901, reconnue d’utilité publique en 1936 et agréée pour la protection de l’environnement depuis 1978, défend les paysages depuis sa fondation. Elle est ainsi à l’origine du vote, en 1906, de la première loi de protection des sites naturels en France.

https://www.sitesetmonuments.org/

https://www.opinion-way.com/fr/component/edocman/opinionway-pour-la-sppef-les-franc-ais-et-l-impact-des-e-oliennes-mars-2022/viewdocument/2820.html?Itemid=0

https://www.opinion-way.com/fr/component/edocman/opinionway-pour-la-sppef-les-franc-ais-et-l-impact-des-e-oliennes-mars-2022/viewdocument/2820.html?Itemid=0

Faut-il s’en étonner ? Le résultat est assez différent des sondages que les lobbyistes éoliens  relâchent à flots continus sur l’opinion des Francais sur l’éolien. Les raisons : ces sondages commencent systématiquement par un exposé sur le réchauffement climatique et les éoliennes sont présentées comme une solution auquel nul ne saurait s’opposer…Et ensuite vient un vague questionnement "l’image" qu’ont les Français de cette énergie…

Ceux qui se livrent à ces manipulations feraient bien de garder en mémoire cette remarque de  Mme Marjolaine Meynier Millefert Députée LREM, Rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables : 

«  comprendre que 80 % des gens qui vous disent que le développement des ENR électriques en France soutient la décarbonation  et finalement la transition écologique en France je pense que ce n’est pas bon non plus parce que le jour où les gens vont vraiment comprendre que cette transition énergétique ne sert pas la transition écologique vous aurez une réaction de rejet de ces politiques en disant vous nous avez menti » (Colloque National Éolien 2019)

Au contraire , Sites & Monuments a posé des questions précises sur l’impact des éoliennes sur les paysages, l’environnement, la qualité de vie, le vivre ensemble, l’attractivité des territoires, la perte de valeur des propriétés.

Et face à ces questions précises, les résultats ne sont pas du tout les mêmes !


Avis largement négatif sur tous les sujets santé des personnes, qualité de vie, santé des animaux.  Et plus de 70% négatif pour l ‘attractivité touristique, la beauté des paysages, la biodiversité, calme et silence des campagnes, valeur des habitations

-Les hommes ont une perception  un peu plus négative de l’impact des éoliennes que les femmes (79 contre 66%

-Les aspects négatifs de l’éolien sont même reconnus par la majorité des électeurs écologistes ( à plus de 65% pour la beauté des paysages, le calme, la valeur immobilière, l’entente entre les habitants, la santé des animaux…

Plus de 60% des français sont favorables à un éloignement  de 5km au moins  pour des éoliennes de 200m de haut…



On notera que même les électeurs écologistes sont en majorité 55% favorables à un éloignement de plus de 5km, et que 

Seuls 11% des écologiques ( 4%  des Français) soutiennent le maintien de la distance actuelle de 500 m ! ( rappelons que l’Académie des science set l’Académie de médecine et l’Académie des technologies se sont prononcées pour un éloignement de l’ordre de dix fois la hauteur.)

On notera que même les électeurs écologistes sont en majorité 55% favorables à un éloignement de plus de 5km, et que seuls 11% des écologiques ( 4%  des Français) soutiennent le maintien de la distance actuelle de 500 m ! ( rappelons que l’Académie des science set l’Académie de médecine et l’Académie des technologies se sont prononcées pour un éloignement de l’ordre de dix fois la hauteur.

Cf . Académie des sciences, Académie des Beaux-Arts, Académie des Sciences Morales et Politiques : Quelle place pour les éoliennes dans le mix énergétique français ?

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2022/03/academie-des-sciences-academie-des.html

Plus de 62% des Français sont favorables à l’interdiction des éoliennes dans les zones Natura 2000 (si, si ça se fait, et même beaucoup, en particulier pour l’éolien en mer !) Et surtout en France, très peu chez nos voisins.

Les Français ne veulent pas que 50 ans d’effort de protection de la nature soient jetées aux oubliettes  et que des zones protégées soient transformées en zones industrielles pour le plus grand profit des margoulins de l’éolien


Là aussi, sans appel : 80% des Français veulent que l’on impose pas des éoliennes aux communes dont le conseil municipal les refuse ou les citoyens s’y opposent par référendum – ce qui va complètement à l’encontre des pratiques de l’Etat, du Ministère de l’écologie et des préfets aux ordres.

Une majorité de près de 70 % est favorable à la destruction d’éoliennes existantes créant des nuisances et de façon intéressant, 69% des  Français sont favorables à un moratoire sur l’éolien terrestre.


A noter que sur le respect de la démocratie locale, même les électeurs écologistes y sont favorables en très grande majorité 70%

Le lobby des margoulins de l’éolien a du souci à se faire ! Car on est loin de leur revendication d’alléger fortement  les contraintes ! 

vendredi 25 mars 2022

La biomasse agricole : quelles ressources pour quel potentiel énergétique ? Etude de France Stratégie

 Note de synthèse :https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-ns_-_biomasse_agricole_-_quelles_ressources_pour_quel_potentiel_-_29-07-21.pdf

Etude complète : https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-dt_-_biomasse_agricole_-_quelles_ressources_pour_quel_potentiel_energetique_-_29-07-21.pdf

But de l’étude : Fondé sur l’analyse des travaux et données statistiques actuellement disponibles, ce travail doit permettre d’évaluer la compatibilité de ces gisements avec les orientations de développement de la biomasse-énergie prévues par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Enfin, pour mieux évaluer le potentiel d’utilisation de la biomasse sur le long terme, un essai de projection est réalisé à l’aide de scénarios de mobilisation à l’horizon 2050.

L’essentiel : les prédictions de la SNBC et de la PPE sont gravement dans les choux !

La biomasse agricole actuellement mobilisée pour des usages énergétiques, tels que la combustion, la méthanisation ou l’usage de biocarburants, représente près de 40 térawattheures (TWh). En tenant compte des disponibilités additionnelles des gisements existants, comme les effluents d’élevage, les résidus de cultures ou les surplus d’herbes, le potentiel énergétique maximal identifié de la biomasse agricole pourrait, en théorie, atteindre 120 TWh. Or, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) estime un potentiel de production de biomasse agricole proche de 250 TWh. Cet objectif ne pourrait donc pas être atteint en considérant uniquement ces disponibilités supplémentaires.

Pour accroître davantage la biomasse énergétique, il serait nécessaire d’augmenter significativement les prélèvements en résidus de cultures, et de recourir massivement à certaines cultures dédiées. Cependant, le potentiel de ces deux derniers leviers reste très incertain, du fait de leur faisabilité — impliquant, entre autres, une redistribution majeure des terres agricoles — et des impacts associés, tels que les changements d’aff­ectation des sols, qui s’ajoutent à la forte variabilité de la disponibilité de certains résidus ainsi qu’aux besoins prioritaires (alimentation, agronomie, matériaux).

La SAU (superficie agricole utilisée) consacrée à la production de biomasse non alimentaire est estimée actuellement à environ 1,7 Mha (soit 6 % de la SAU totale). Pour couvrir les besoins en biomasse projetés à long terme, il sera nécessaire de recourir massivement aux résidus de cultures, aux surplus d’herbes et aux cultures intermédiaires ne nécessitant pas de nouvelles surfaces spécifiques et récoltables sur un minimum de 15 Mha (plus de 50 % de la SAU estimée en 2050).


Nos constats montrent que la mobilisation de la biomasse agricole dans le but d’atteindre la neutralité carbone est possible, mais qu’elle ne l’est pas aux niveaux fixés par la SNBC

NB : Le constat avait été fait il y a plus de 2 ans par le Collectif National Vigilance Méthanisation : « Une PPE à 10 %, la moyenne basse de l’ADEME, c’est l’équivalent de la surface totale de 6 départements français moyens, qui servirait seulement à remplir le ventre des méthaniseurs »

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/ravages-dans-nos-campagnes-apres-les.html

Autre contraintes et contradictions certaines avec d’autres objectifs

L’exploitation industrielle de la biomasse est sur certains points en contradiction avec l’agroécologie

Certains déterminants externes peuvent avoir des e­ffets sur la disponibilité de biomasse sur le long terme, comme le changement climatique, la baisse du cheptel ou le développement de l’agroécologie, moins productive pour une culture donnée que l’agriculture conventionnelle et impliquant un retour de matière organique dans les sols plus important. Un changement de pratiques agricoles sur le long terme pourrait donc potentiellement influer sur le niveau de disponibilité de certaines ressources et l’équivalent énergétique estimé.

Par ailleurs, cette disponibilité potentielle ne serait totalement effective qu’en anticipant de possibles avancées techniques et un développement accru des filières de valorisation, la majorité des potentiels étant estimée atteinte d’ici à 2040. L’exemple le plus représentatif de cet aspect temporel réside dans la mobilisation effective des effluents d’élevage, gisement difficilement maîtrisable, ne pouvant être atteinte que sur le long terme (à l’horizon 2050)

Plus précisément :

Cultures pérennes et alimentation : Un déploiement à plus grande échelle des cultures pérennes à des fins énergétiques peut cependant soulever des interrogations sur la concurrence avec l’usage alimentaire des sols agricoles. De plus, es monocultures dédiées à la production de biomasse énergie affectent également la biodiversité

Cultures annuelles et compétition des usages : Les résidus de cultures annuelles sont une ressource pouvant potentiellement faire l’objet de plusieurs usages (retours au sol par broyage et enfouissement, alimentation animale, paillage, construction, combustion, méthanisation ou encore biocarburants)….la ressource durablement disponible risque d’être limitée et inférieure aux disponibilités estimées

Effluents d’élevage et problèmes des digestats : les effluents d’élevage, cultures intermédiaires et autres couverts végétaux présentent l’avantage de disposer de gisements potentiellement disponibles sur l’ensemble du territoire. Les impacts d’un retour des ressources prélevées, direct ou indirect sous forme de digestat sur la qualité biologique du sol et les pollutions di­ffuses à long terme restent encore à estimer. Une attention particulière s’impose quant à la présence éventuelle de métaux lourds (chrome, mercure, zinc, cadmium, etc.) à des niveaux critiques dans certains types de digestats. Ces contaminants sont à risque pour la santé humaine, animale ou végétale (pollution diffuse dans les sols et l’eau)

Effet d’un développement des pratiques agroécologiques :  Dans un système agricole (scenario B) où les pratiques agroécologiques ont été développées à plus grande échelle (allongement des rotations, développement des légumineuses, cultures associées, couverts, limitation du travail au sol, développement de l’agroforesterie, etc.) et où l’agriculture biologique représente au moins 60 % de la surface agricole totale cultivée, le recul de l’agriculture conventionnelle se caractérise principalement par une baisse des rendements, en considérant une baisse moyenne de 20 % entre agriculture biologique et conventionnelle.




Le problème des puits de carbone : Selon la SNBC, d’ici à 2050, les puits de carbone naturels devront être multipliés par 2 pour atteindre environ 65 Mt CO2eq.

Les technologies et procédés industriels de captage, de stockage et de réutilisation du carbone représenteraient une absorption de 15 Mt CO2eq en 2050. Le puits total, estimé à 80 Mt CO2eq, repose donc en grande partie sur le stockage naturel du carbone, dans les forêts (35 Mt CO2eq), les produits du bois (20 Mt CO2eq) et les autres terres (10 Mt CO2eq).

Si on exclut la forêt guyanaise, les écosystèmes agricoles et forestiers représentant environ 75 % du territoire français stockeraient actuellement 4 à 5 Gt de carbone (soit 15 à 18 Gt de CO2), dont près d’un tiers dans la biomasse (principalement par le biais des arbres) et plus de deux tiers dans les sols au sens strict. Ce chiffre peut atteindre 25 Gt de CO2 avec les quelque 8 millions d’hectares de la forêt guyanaise.

Ce stockage peut être accru et préservé à condition de s’appuyer sur plusieurs pratiques agricoles (développement de couvertures végétales, agroforesterie, prairies temporaires, plantation de haies, réutilisation du compost et des déchets organiques, etc.),

NB : on aura droit au glyphosate pour les couvertures végétales ? Parce que sinon…

 La méthanisation industrielle gagne par KO contre la méthanisation à la ferme: les projets de méthanisation mis en place par de petites exploitations agricoles d’élevages tendent ainsi à présenter une rentabilité limitée, voire nulle ; le tout dans un contexte de hausse croissante de la place des acteurs non agricoles dans la filière, du fait des contraintes techniques propres aux distributeurs de gaz et tendant à favoriser de grands projets, ce qui limite la capacité des agriculteurs à tirer un revenu satisfaisant de cette activité et aller à l’encontre des intérêts des installations agricoles plus modestes.

D’un point de vue social, l’acceptation de nouvelles voies et unités de valorisation représente aussi un aspect à ne pas négliger. La vision de territoires maillés de méthaniseurs peut se heurter à de nombreuses oppositions liées aux nuisances olfactives et aux impacts environnementaux.

Et surtout reste le problème de la forêt , pas si renouvelable que ça : la durée nécessaire pour obtenir un bilan carbone positif en cas d’augmentation des prélèvements, couramment appelée « dette carbone », peut varier entre dix et cent ans. 

Autres données :






Et on rappellera les épisodes précédents sur les méthaniseurs: Des installations dangereuses et non surveillées par l’administration ; des nuisances importantes en terme d’odeurs, de pollution, de rondes infernales de camion ; le problème des digestats et de la pollution des sols et des eaux ; la diminution de la biodiversité ; les fuites de méthanes qui peuvent rendre complètement illusoires le bénéfice climatique, voir l’inverser …

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/apres-les-margoulins-de-leolien-les_19.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/ravages-dans-nos-campagnes-apres-les.html

dimanche 13 mars 2022

Académie des sciences, Académie des Beaux-Arts, Académie des Sciences Morales et Politiques : Quelle place pour les éoliennes dans le mix énergétique français ?

 https://www.academie-sciences.fr/fr/Rapports-ouvrages-avis-et-recommandations-de-l-Academie/quelle-place-pour-les-eoliennes-dans-le-mix-energetique-francais.html#:~:text=La%20France%20produit%20une%20%C3%A9lectricit%C3%A9,et%20le%20photovolta%C3%AFque%20(2%25).

1) Le constat : un mix électrique fortement décarboné grâce au nucléaire et qui devra le rester

Le questionnement actuel sur la place des éoliennes dans le mix électrique français a conduit les Académies des sciences, des beaux-arts et des sciences morales et politiques de l’Institut de France à croiser leurs appréciations dans l’objectif d’établir un état des lieux et de formuler des recommandations.

La France produit une électricité décarbonée à 92%, assurée majoritairement par le nucléaire (71%), l’hydroélectricité (11%) et, dans une moindre mesure, par l’éolien (6%) et le photovoltaïque (2%). Cette production nationale est insuffisante dès que les températures hivernales sont basses et, sans vent, la France ne peut alors assurer ses besoins qu’en important de l’électricité provenant de sources fossiles.

La production d’électricité éolienne et photovoltaïque se caractérise par une intermittence qui, dans l’état actuel des capacités de stockage de l’électricité, empêche de s’affranchir des combustibles fossiles. Ces derniers, quand ils sont importés, pèsent sur la balance commerciale du pays et alourdissent sa dépendance énergétique.

Si l’électricité produite en France était exclusivement d’origine éolienne, sa production serait en dents de scie avec de fréquentes coupures incompatibles avec une indispensable sécurité globale d’approvisionnement

L’implantation d’éoliennes terrestres et littorales se heurte à des résistances de plus en plus grandes du fait des nuisances qu’elles occasionnent : bruits, dénaturation et défiguration des paysages, perte de valeur patrimoniale des biens immobiliers ou d’attrait touristique des régions concernées.

Les éoliennes doivent être installées dans des territoires où le vent est en moyenne suffisamment fort pour être efficace et suffisamment constant pour être utilisable. Cela conduit à les construire en nombre et à les concentrer dans certaines régions, indépendamment des besoins énergétiques locaux, accentuant ainsi un sentiment d’injustice territoriale. Ces zones choisies sont le plus souvent également importantes pour la protection de la biodiversité car, moins peuplées, elles abritent des espèces rares et parfois sensibles dans des milieux moins perturbés par les actions humaines.

Pour faire face au changement climatique, l’état actuel des connaissances et des technologies impose la mise en place d’un mix électrique bas-carbone nécessairement complexe, combinant énergies renouvelables et nucléaire. Cette dernière devra continuer d’occuper une part importante du mix énergétique car elle reste la principale source d’électricité décarbonée non intermittente.

Concernant les énergies renouvelables, en plus du potentiel dont dispose toujours le photovoltaïque, les éoliennes offshore, plus susceptibles d’être acceptées par les populations que leurs équivalentes terrestres, offrent des perspectives intéressantes : dotées d’une puissance et d'une disponibilité nettement plus élevées que celles de l’éolien terrestre, elles permettent d’envisager une participation de l’éolien à la hauteur de 25% du mix électrique de 2050.

2) Recommandations et remarques diverses

2_1) Garder un mix énergétique de 50 à 70 % de nucléaire :

Prévoir le déploiement de l’éolien dans un mix énergétique complexe offrant toujours un niveau élevé de source non intermittente bas carbone afin de faire face aux enjeux climatiques en assurant la sécurité d’approvisionnement du pays : cette double garantie est offerte par les centrales nucléaires aujourd’hui.

L’optimisation de leur contribution au mix énergétique reste cependant conditionnée par des innovations et des investissements importants dans le domaine du stockage de l’énergie et du recyclage de leurs matériaux ainsi que par la démonstration qu’elles ne perturbent pas profondément la biodiversité des milieux où elles sont déployées

Le maintien d’une proportion élevée d'électricité à partir du nucléaire reste nécessaire, une proportion de 50 à 70 % signifiant la construction d’une à deux centrales par an. Il s’agit d’un défi industriel qui implique notamment une reconstitution rapide des expertises susceptibles d’avoir été perdues depuis la construction des centrales actuellement en activité. Une stratégie industrielle compatible avec cette nécessité devra donc être mise en place.

Investir dans le développement du stockage de l’énergie avec des stratégies cohérentes dans le contexte français. Ceci reste une des conditions nécessaires au déploiement des énergies renouvelables intermittentes et notamment de l’éolien offshore…

2-2) Des ordres de grandeur à garder en tête

Le scénario qui fait appel à la plus petite quantité de renouvelables (il porte le numéro NO3), satisferait à la consommation électrique prévue par RTE, avec 43 GW d’éolien terrestre et 22 GW d’éolien en mer. Pour apprécier ce que cela signifie, il suffit de retourner aux puissances indiquées ci-dessus : ces puissances demandent environ 15 000 éoliennes terrestres et 44 grands parcs d’éoliennes off-shore du type de celui qui est prévu pour la baie de Saint-Brieuc (bloqué pour l’instant). Notons que les puissances citées ici sont des “puissances-crête’’ dont la production effective est à pondérer par les facteurs de charge !

Et il ne faut pas oublier les besoins de stockage qui vont avec : « Dans un scénario comme le N03 à 50% nucléaire, les auteurs de l’article cité ci-dessus indiquent qu’il faudrait pouvoir stocker 70 TWh/an (et plus du double dans un scénario 100% ENR) par un accroissement simultané des stations de pompage hydraulique, des centres de stockage électrochimiques (batteries) de grande dimension, et des électrolyseurs capables de produire de l’hydrogène puis de le comprimer. »

Le problème du rendement de ces installations devient alors crucial. C’est ainsi que le stockage sous forme ‘d’hydrogène vert’ produit par électrolyse de l’eau, le procédé ‘Power-to-H2-toPower’, n’a qu’un rendement de 23% : on consomme 4 kWh électriques pour ne produire in fine qu’1 kWh développées ci-dessous, ces chiffres mettent en évidence des stratégies qui semblent irréalisables, si on adoptait une politique 100% ENR, en particulier à cause de l’absence de moyens de stockage adaptés à l’intermittence.


2-3) le mur du démantèlement des pales : peu compatible avec la faible empreinte environnementale !

La durée de vie d’une éolienne est courte, de l’ordre de 20 ans, et impose un démantèlement ou une remise en état régulière des installations. un défi majeur actuellement dans le recyclage des pales. En effet, sans innovation importante dans ce domaine, le démantèlement des parcs français déjà installés (dès les années 2025-30) et de ceux à venir promet des gisements considérables de déchets peu compatibles avec la faible empreinte environnementale annoncée pour les énergies renouvelables. Le déploiement des parcs éoliens est conditionné par un indispensable soutien à l’innovation des filières industrielles à l’origine de nouveaux matériaux composites pouvant intégrer des circuits de recyclage et de revalorisation à forte valeur économique.

Le démantèlement des parcs éoliens (dès 2025 pour les parcs existants et les années suivantes) nécessite le développement de nouvelles solutions sans lesquelles des gisements considérables de déchets seront créés, rendant cette technologie peu compatible avec la faible empreinte environnementale que l’on souhaite attribuer aux énergies renouvelables.

2-4) Un coût de déconstruction largement sous-estimé

La question de la somme provisionnée pour le démantèlement d'une éolienne : selon l'étude faite par un cabinet d'architecture (agence Dominique Perrault), ce démantèlement pourrait aller sur terrain plat jusqu'à 400 000€. Et si le terrain est accidenté le coût peut s'avérer nettement plus important. Quant à la somme provisionnée pour le démantèlement elle ne semble pas s'élever à plus de 100 000€, donc elle reste bien insuffisante.

NB : A cela ajoutons des montages financiers complexes, des parcs vendus et revendus, des sociétés mises en faillite au moment opportun qui rendent parfois très aléatoire le financement du démantèlement définitif.

2-5) Pour l ’acceptabilité des éoliennes, les éloigner !

Les nouveaux projets d'implantation de centrales électriques éoliennes doivent nécessairement faire l'objet d'une meilleure concertation avec les populations locales, et notamment avec les riverains, au sujet de leurs conséquences paysagères et de leurs nuisances potentielles. Seul un plus grand éloignement des éoliennes terrestres et littorales par rapport aux habitations pourrait adoucir le contexte de dégradation du paysage qui met les populations humaines en souffrance.

 Certaines nuisances pourraient également être amoindries : avec une distance minimale de 1500 m aux habitations (comme c'est le cas dans certains Länders allemands), au lieu des 500 m prévus par la réglementation en France, la nuisance sonore serait divisée par neuf. Il s’agira cependant de ne pas réaliser les implantations dans les zones où la biodiversité est encore préservée et pourrait être affectée.

A ce sujet, l’Académie nationale de médecine avait notamment recommandé le respect d’une distance minimale de 1500 mètres par rapport aux habitations, (avis de l’Académie nationale de médecine en date du 9 mai 2017 https://www.academie-medecine.fr/wpcontent/uploads/2017/05/Rapport-sur-les-%C3%A9oliennes-M-Tran-ba-huy-version-3-mai-2017.pdf)

2-6) Des études paysagères et sur la biodiversité qui ne sont que des simulacres

L’implantation des éoliennes conduit, par ailleurs, à une diminution de la valeur patrimoniale des biens immobiliers situés à proximité et à la dénaturation profonde des paysages. Or ceux-ci, constituent justement l’un des principaux attraits touristiques de la France, qui est, faut-il le rappeler, la première destination touristique mondiale avec les forts revenus économiques qui en résultent.

 Pour obtenir le permis de construire, les entreprises responsables de l'implantation des éoliennes terrestres et littorales sur une commune sont pourtant tenues de présenter une étude paysagère. Cette dernière n'est qu'un simulacre d'intégration plastique. Par conséquent, il n'est pas étonnant que se développe, chez les populations concernées, le sentiment de vivre dans un territoire sacrifié par une politique autoritaire dont le ressort leur apparaît avant tout idéologique. L'apparition de nombreuses associations de défense du paysage et l'intensité des débats en leur sein témoignent de cette résistance grandissante à l'implantation des éoliennes

Qui plus est, en parfaite contradiction avec la loi de protection de la Nature de 197619 et celle de la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016, les études d’impact des éoliennes sur la biodiversité ont, dans le passé, démarré le plus souvent une fois l’implantation des projets décidée, négligeant la phase « évitement » de la séquence « éviter-réduire-compenser » telle que décrite dans la loi. Cette approche apparaît comme la norme des nouveaux projets d’éoliennes marines21, mais d’ambitieux programmes de recherche doivent être entrepris pour répondre aux nombreux questionnements encore sans réponse sur leur impact environnemental.

NB : c’est vrai aussi pour les études d’impact sur la vie des riverains. Ainsi, notent les Académie, le projet de la baie de Saint-Brieuc prévoit 62 éoliennes de 8 MW, soit une puissance moyenne de 178 MW (62x8x0,36). En revanche ce projet fait pour l’instant l’objet d’une opposition forte des pêcheurs de la baie. Le fait que l’enquête d’impact ait suivi la décision d’implantation, au lieu de la précéder, n’a pas été très heureuse… En effet !


2-7) Méconnaissance des effets environnementaux des grands parc éoliens, en particulier off shore

Il est nécessaire d’élaborer des programmes de grande ampleur, faisant appel aux nouvelles méthodes de suivi des déplacements des animaux aériens comme marins afin de mieux comprendre l’impact possible des parcs éoliens, en fonction de leur localisation, de leur envergure et des conditions environnementales. Une attention particulière devra être apportée aux modifications des courants marins et des mouvements d’air générées par l’implantation de parcs éoliens de grande envergure.

Enfin, « La modification de la force des vents en aval des éoliennes peut avoir des effets insoupçonnés sur les équilibres atmosphériques (en induisant des sécheresse locales) ou des modifications des courants marins sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Ces effets sont de plus en plus identifiés et connus, cf Perrow MR. 2017. Wildlife and Wind Farms, Conflicts and solutions. 3: Offshore: Potential Effects. Pelagic Publishing, Exeter, UK. et Perrow MR. 2019. Wildlife and Wind Farms, Conflicts and solutions. 1: Onshore: Potential Effects. Pelagic Publishing, Exeter, UK.

En effet, cf. Déjà bien traité dans https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/06/ils-nous-volerent-les-paysages-et-ils.html. Selon Norcowe, , les méga parcs éoliens auraient la même influence sur l’environnement et la trajectoire des vents que de petites montagnes. »

2-8) Un sacrifice des paysages et de nos vies qui doit être justifié

Par leur présence répétée et disproportionnée se détachant sur le ciel, leur répartition régulière et uniforme, les éoliennes créent un impact considérable sur le paysage. Le plan esthétique est communément admis comme étant subjectif et donc indéfiniment discutable. C’est la raison qui l’amène à être souvent écarté des débats. Cependant l'impact visuel des éoliennes est si fort qu'il dépasse le seuil du subjectif et nous oblige à remettre en cause la validité de leur implantation.

L'implantation des éoliennes suppose un sacrifice considérable et généralisé à toute la population. Au vu des conséquences la décision de leur implantation est d’une responsabilité énorme et ne peut être prise qu’avec la certitude absolue de son bien-fondé. Face au sacrifice consenti ce serait une faute impardonnable de la part de nos décideurs que de nous obliger dans quelques années à assister partout en France aux spectacles désolant de champs d’éoliennes abandonnés parce qu’inutiles ou non rentables. Tel risque d'être le paysage que nous laisserons aux générations futures.



jeudi 3 mars 2022

Compte rendu du débat EOS (Eoliennes Flottantes en Méditerranée)

 Commentaire de la présidente de la CNDP (Mme Chantal Jouanno) et Compte-rendu du débat public

https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-Bilan-CNDP-1.pdf, https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-CR-2021_bd.pdf

Le projet EOS, premier grand parc éolien en Méditerranée !

Il consiste en la réalisation, pour une durée de 25 à 30 ans, de deux parcs éoliens flottants commerciaux de 250 MW chacun et de leurs extensions, de 500 MW chacune. Les premiers parcs comporteraient chacun une vingtaine d’éoliennes flottantes, leurs systèmes d’ancrage, un poste électrique en mer et le raccordement au réseau. Avec l’évolution de la technologie, leur extension représenterait une trentaine d’éoliennes supplémentaires, soit une cinquantaine au total par parc.

Le public a été amené à se prononcer sur l’opportunité, les alternatives et les caractéristiques de ce projet sur quatre zones en mer, pré-identifiées par l’État, d’une surface totale de 3300 km2. Les deux parcs représenteraient environ 10 % de cette surface et pourraient se situer à une distance comprise entre 15 et 55 kilomètres des côtes.

« Installer des éoliennes importantes en nombre et en taille (de 250 à 270 m de haut) dans cette mer n’a encore jamais été fait : ce serait un tournant pour notre rapport à la mer, perçue « 

(NB l’Espagne a un très grand  projet au large de la baie de Rosas …qui pourrait d’ailleurs interférer avec l’une des zones proposées…)

En Méditerranée, autant et même plus qu’ailleurs, la mer n’est pas vide, et elle n’est pas libre !


Un calendrier bien positionné… pour éviter le problème du tourisme 

« Dès la saisine initiale fin juillet 2020, les Commissaires ont interrogé son calendrier. Compte tenu de l’impact potentiel des projets sur le tourisme, il était opportun que le débat se tienne une partie de l’été. La saisine était trop tardive pour que cela ait pu avoir lieu en 2020. Par ailleurs, le report des élections régionales en juin 2021 a conduit les responsables de projet à  demander en avril un report du lancement du débat après les élections. »  (Chantal Jouanno) 

Un débat accéléré …pour tenter de pousser la décision. Et toujours cette question : pourquoi ne pas attendre le retour d’expérience des fermes pilotes ?

« L’accélération du calendrier de déploiement des parcs éoliens en mer Méditerranée a questionné la fiabilité de la parole de l’État. Les projets de fermes pilotes –au large de Leucate, Gruissan et du Golfe de Fos – avaient tous été présentés par l’État comme les préalables nécessaires à l’éventuel déploiement de parcs industriels. Or, l’annonce des projets de grande ampleur n’a pas attendu le retour d’expérience de ces premiers parcs. Se sont ajoutées de nombreuses interrogations sur l’engagement réel de l’État à tenir compte des conclusions de ce nouveau débat public » (Chantal Jouanno)

Les trois projets pilotes sont prévus au large de Leucate, de Gruissan et du Golfe de Fos et composés chacun de trois éoliennes flottantes de 8 à 10 MW. L’accélération du calendrier dans le développement des projets commerciaux est rendue d’autant plus problématique qu’énormément de retard a été pris sur les fermes pilotes. Elles devaient sortir en2019, elles vont sortir peut-être en 2023

Et lorsque ce projet avait été présenté, il avait été affirmé ceci : « Le suivi des fermes pilotes et de leurs impacts, à la fois sur le milieu et les écosystèmes marins ainsi que sur les activités socio-économiques préexistantes à ces fermes, demeure la condition préalable au déploiement commercial. En effet, un suivi négatif de ces fermes pilotes pré-commerciales d’éoliennes flottantes ne pourrait permettre un agrandissement des parcs à une échelle industrielle » (Document de planification - Le développement de l’éolien en mer Méditerranée, Préfet maritime de la Méditerranée, Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur MARITIME, avril 2015).

En effet, pour reprendre la formule de Mme Jouanno : la fiabilité de la parole de l’Etat est vraiment questionnable !

Et le bilan carbone ?

L’éolien flottant, une énergie vraiment verte ? Le public du débat s’est interrogé sur l’analyse du cycle de vie de l’éolien flottant et son vrai coût environnemental. L’absence de consensus sur ce point, malgré les différents éclairages apportés par des experts, a conduit à la demande, par la CPDP, d’une expertise complémentaire sur le bilan carbone de l’éolien flottant en comparaison des autres énergies. Les résultats de cette expertise, commandée par la CNDP et réalisée par un expert indépendant, indiquent que le bilan carbone de l’éolien flottant commercial se situerait aux alentours de 19 g CO2/kwh. Un niveau légèrement supérieur au bilan carbone de l’éolien marin posé (entre 14 et 18 g CO2/kwh) ou de l’éolien terrestre (12,7 g CO2/kwh).

(NB pour le nucléaire en France c’est 6 g CO2/kwh ; donc, si on remplace du nucléaire par de l’éolien, surtout offshore, c’est plus carboné et beaucoup plus cher, voir ci après )

Facteur de charge, productivité, coût : des affirmations  très, très contestable 

Le facteur de charge, c’est à dire le pourcentage de production de l’éolienne par rapport à son maximum théorique à plein régime, qui est annoncé par le porteur de projet est de 50%. Or ce chiffre ne paraît pas réaliste à tous, l’opportunité du projet n’étant pas la même si ce facteur de charge est inférieur à celui annoncé par le porteur de projet ou s’il se rapproche de celui de l’éolien terrestre (25- 35%). L’État et RTE soutiennent la pertinence de ce chiffre de 50%, sans en avoir démontré le calcul, en s’appuyant sur les industriels qui semblent convaincus, au vu des expériences étrangères, qu’il sera, dans les faits, peut-être même supérieur… (Ben voyons)

NB : on pourra se reporter à ce petit communiqué Oersted : 

« Fin 2019, les cours du géant danois Oersted, pionnier de l’éolien offshore ont plongé en fin d’année en raison de la réévaluation de la production de son parc éolien en mer. Ce dernier aurait sous-évalué les pannes à répétition entraînées par les vents violents du large. Les marchés s’interrogent donc sur la viabilité de ce business model dont la robustesse financière reste encore à démontrer. Selon l’agence environnementale américaine, le coût actualisé de l’énergie éolien en mer reste 2,7 fois plus élevé que l’éolien conventionnel. 

Très confraternel, Orstedt  qu’il baissait son taux de rendement interne prévu pour plusieurs projets en Europe et à Taïwan. La question sous-jacente est une sous-estimation des effets de sillage et de blocage. Son porte-parole a  insisté sur le fait que le problème n’est pas propre à l’entreprise, mais plutôt à l’ensemble de l’industrie, ajoutant que ses prévisions sont généralement plus prudentes que celles de ses concurrents.

« Notre tâche principale est de nous assurer que nous ne prenons que des projets où nous créons effectivement de la valeur. Il n’est dans l’intérêt d’aucun actionnaire, ni de notre organisation d’opérer avec des prévisions de production gonflées et de gagner des projets sur cette base  

Derrière ce débat sur l’augmentation des coûts de l’énergie, pointe aussi le soupçon que les bénéfices économiques de ces opérations profitent à des grosses entreprises.  Les porteurs du projet et la filière industrielle annoncent chercher ensemble une réduction des prix, et espèrent une convergence des prix entre l’éolien flottant et l’éolien posé à terme.

Mais en attendant, la filière va être soutenue par l’usager au travers des finances publiques et du TURPE (Tarif d’Utilisation du Réseau Public d’Électricité qui représente 25 % de la facture de l’usager) à un tarif élevé (110€/MWh) pendant vingt années.

NB :  et ca parait plutôt optimiste. Il faut plutôt compter entre 230 et 150 €/MWh . Et il faut ajouter le côut du raccordement : typiquement  25% pour un poste en mer à  30 km. des côtes,   30% ou plus à 50 km.



NB : L'arrêté du 9 avril 2020 fixe les conditions de rachat de l'électricité produite par les quatre fermes pilotes éoliennes flottantes pour une durée de vingt ans. Le taux de rentabilité interne d'un projet ne devra pas excéder 8,5 % après impôts. Si cette rentabilité est supérieure, « les gains additionnels sont partagés à 50 % entre l'État et le producteur, en tenant compte de l'évolution des conditions économiques de fonctionnement de l'installation »

Si cet arrêté est appelé à faire école, 8.5% c’est pas mal comme garantie… 

Un parc et après : « Apocalypse Eoliennes ! A terme 27% de l’espace marin régional selon EELV ! 

Une centaine d’éolienne, c’est pas assez et ceux qui les acceptent doivent savoir qu’en fait, il y en aura beaucoup plus.  La  ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, n’a pas caché l’intention d’aller plus loin sur cette façade : « Le potentiel pour le développement de l’éolien en mer en Méditerranée s’établit au-delà de 1,5 GW, d’autres projets devraient à l’avenir y être envisagés si la France et les Régions veulent atteindre leurs objectifs de neutralité carbone ».

Un objectif chiffré de production est avancé dans les deux schémas régionaux PACA et Occitanie : 5 GW en 2050, si on les additionne, « 27% de l’espace marin régional, soit 3 750 km2 sur les 14 000 km2 du plateau continental, c’est ce que devraient couvrir les parcs éoliens à l’horizon 2050 » alerte EELV dans son Cahier d’acteurs. Si les deux projets en débat ne sont qu’un début, à quel rythme, jusqu’où et pour quels besoins projetés envisage-t-on la suite ?

NB : C’est ce que la CNPN (Commission Nationale de protection de la Nature), très critique sur l’éolien maritime appelle la stratégie des poupées russes : le cumul de parcs sur un même secteur choisi initialement au vu du seul impact du parc initial. Attention, un parc peut toujours en cacher un autre.

NB2 : tiens, EELV commence à prendre position contre l’éolien maritime et ses abus. Intéressant

http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn_eolien_offshore_france_du_06_juillet_2021.pdf

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/conseil-national-de-la-protection-de-la.html

 

Biodiversité/migration des oiseaux : il y a sans doute un problème, mais on verra après ! 

La  Camargue est un haut lieu à la fois de l’hivernage, de la reproduction et de la migration des oiseaux » (Audition d’experts) : y a-t-il un risque de perte d’habitat et de mortalité accrue ?

Eh ben, on sait pas ! « Conscient de la fragilité des données à sa disposition, l’État a initié en 2021 un programme de recherche baptisé MIGRALION, dont l’objectif est la « caractérisation de l’utilisation du golfe du Lion par les migrateurs terrestres et l’avifaune marine ». Ce programme, porté par l’Office Français de la Biodiversité et dix partenaires scientifiques et industriels, permettrait « de savoir ce qui va se passer en mer » (Audition d’experts). 

Mais les résultats étant attendus en 2024-2025, le public se demande comment ceux-ci peuvent être pris en compte quand on veut aujourd’hui décider d’une localisation.

En effet ! 

Des éoliennes dans des aires marines protégées ? Eh oui, c’ est possible ! 

Une grande partie du plateau continental du golfe du Lion est concernée par diverses mesures de protection (sites Natura 2000, réserves, parc naturel marin…). « La zone A est un parc marin, je ne comprends même pas pourquoi cette zone a été proposée, ça n’a pas de sens ! » (Débat mobile, Sète).

La contradiction a été également relevée lors du Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Marseille début septembre 2021 : « la France, pays hôte, s’est engagée à (...) parvenir à 30% d’aires protégées au niveau national d’ici 2022, et protéger fortement 5% de ses aires maritimes méditerranéennes d’ici 2027, soit une augmentation de 25 fois par rapport à aujourd’hui. » (Manifeste de Marseille).

Le Conseil national pour la protection de la Nature a estimé « incompatible » cet engagement avec le programme de développement éolien en mer de l’État : « L’adéquation des objectifs éoliens offshore avec l’objectif de zéro perte nette de biodiversité inscrit aux articles L. 110- 1 et L. 163-1 du code de l’environnement paraît difficile voire impossible à atteindre au regard de la connaissance actuelle des incidences et surtout des moyens techniques d’expertise et de pilotage permettant d’y remédier efficacement, ainsi que l’objectif de préservation du paysage marin. »

A cela le ministère répond : « Toutes les aires protégées ne sont pas pour autant sanctuarisées : la réglementation vise la régulation des usages, non pas leurs strictes exclusions » 

Cohabitation des usages : gros problème pour les pêcheurs : 

On voit tout de suite pourquoi :



Donc, les pêcheurs réclament :

 - une implantation hors des macro-zones B et C et au-delà de la limite des 20 milles nautiques, étant donné le caractère indispensable de ces zones dans l'économie de la pêche. Ces zones représentent des secteurs de forte dépendance pour les pêcheurs de la Sa.Tho.An. Une implantation dans un de ces secteurs de forte dépendance serait donc très préjudiciable pour eux. 

Aucune suppression de zones de pêche sans récupération équivalente dans un autre secteur ; 

- L'élaboration d'un retour d'expérience complet des fermes pilotes avant le lancement d'un projet de plus grande envergure dans un milieu fragile ; 

En fait, « le secteur de la pêche et ses représentants souscrivent largement à la proposition d’un report » et veulent attendre le retour d’expérience des parcs pilotes

L’impact potentiel sur la ressource halieutique est trop crucial pour leur activité : « La profession attend beaucoup de ces projets pilotes. En effet, ces derniers devaient apporter des réponses aux nombreuses interrogations concernant de potentiels impacts, tant sur l’environnement que sur les ressources halieutiques, (...). Or, les projets pilotes ont pris du retard (...) et le débat public relatif à l’installation d’importants parcs éoliens commerciaux en Méditerranée se fait sans que les acteurs puissent obtenir les réponses à ces nombreuses interrogations. Plusieurs craintes ont été exprimées par la profession, et le manque de retour d’expérience ne permet pas d’apporter de réponses concrètes sur les effets potentiels » 

Au-delà de la pêche, la Commission rappelle que la « grande bleue » n’est vide et libre qu’en apparence et que  les parcs éoliens s’implanteraient dans un golfe du Lion « surexploité », investi par une multiplicité d’acteurs : cargos, tankers, porte-conteneurs, filets de pêche, câbles sous-marins, bâtiments de la marine nationale, yachts, navires de croisière, jet skis …

Les conflits d’usage sont donc latents et nombreux :le développement de l’éolien se traduira immanquablement par plus de réglementations, moins de liberté de circulation, et donc moins de zones à pêcher.  

Quant aux représentants de la SNSM (les Sauveteurs en mer), ils posent la question de la sécurité dont les contours restent flous. Quelles seront les conditions de navigation dans les parcs et aux abords ? Qui assurera la surveillance ?  La marine nationale ? La gendarmerie maritime ? L’exploitant ?

Le raccordement terrestre : un point négligé 

Le raccordement terrestre a soulevé peu de questions bien que l’on ait parlé de l’installation d’un poste de compensation pouvant occuper jusqu’à 3 ou 4 hectares de terres à proximité du littoral, ou de travaux terrestres pouvant impacter des terres agricoles. Seule FNE Languedoc-Roussillon a alerté dans son cahier d’acteurs sur la nécessaire préservation de la « stricte intégrité des hauts de plage, des cordons dunaires et des lidos qui ne peuvent être coupés ou remaniés même momentanément » et sur la limitation au maximum de « l’artificialisation d’espaces à forte valeur patrimoniale et paysagère ».

Le grand large, faisable techniquement et supportable économiquement.

« La faisabilité technique d’une implantation au grand large a été confirmée par plusieurs industriels. Ils estiment transposable à l’éolien l’expérience des plateformes pétrolières, par exemple le recours à des chaînes d’ancrage en polyester permettant d’atteindre de grandes profondeurs. Pour eux, c’est de toute façon la logique de l’éolien flottant que d’ouvrir des zones beaucoup plus éloignées des côtes, et donc beaucoup plus vastes à leur implantation. Et la profondeur de la plaine abyssale, qui oscille entre 2 000 et 2 500 m de fond, est comparable aux profondeurs d’ancrage des plateformes pétrolières les plus récentes. 

Ce choix aurait bien sûr un coût, notamment dû au raccordement.. Pour le raccordement en particulier, l’éloignement au grand large nécessiterait d’installer le poste de transformation sur flotteur, et des évolutions techniques des câbles dynamiques. RTE alerte sur ces verrous technologiques, sur lesquels il a engagé plusieurs projets de recherche et développement.

Ce coût pourrait être atténué, voire compensé, par un accroissement du facteur de charge des turbines grâce à des vents plus forts et plus constants au large ; en outre il pourrait être complètement compensé si des puissances plus importantes étaient installées (nombre de parcs, nombre de mâts par parc...). Les coûts de maintenance sont supposés être proportionnels à la distance à la côte (plus de carburant pour les bateaux, plus de temps/homme…) mais les progrès technologiques attendus permettent de penser qu’en 2030, année prévue d’installation des parcs si le projet se réalisait, des solutions de maintenance locale (automatisée) pourraient réduire les déplacements humains au strict minimum.

 « On a les techniques pour relever le défi de la profondeur, il ne faut donc pas s’interdire d’aller chercher les opportunités qu’offre l’éloignement de la côte, en particulier une moindre interaction avec les nombreuses activités maritimes davantage concentrées sur la frange littorale » (Technip Energies - audition d’experts). Nous avons au Mexique installé les fondations d’une ligne d’ancrage à plus de 2 900 mètres… L’enjeu est avant tout la maîtrise de coûts et l’impact sur la densité des fermes que l’on met en avant plus que la faisabilité technique elle-même que nous considérons comme acquise » (Technip Energies) »

La question de l’emploi : comme d’hab, du non dit sur les emplois perdus et des illusions sur les emplois gagnés

« Les acteurs du tourisme se sont peu exprimés directement dans le débat, notamment du fait de la période estivale où ils ont indiqué être très peu disponibles. Ce sont donc les élus locaux qui ont relayé leurs inquiétudes. Par le biais des cahiers d’acteurs et des avis publiés, et aussi de manière plus informelle pendant les réunions de proximité, les collectivités ont rappelé le poids du tourisme dans l’économie locale, notamment sur le littoral occitan, où l’économie touristique est très dominante, et ont exprimé de fortes inquiétudes quant à l’impact des projets à l’impact des projets sur l’image touristique et l’activité hôtelière. »

NB : c’était quand même bien pratique de faire cette concertation l’été

Mais, alerte une étude de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités Occitanie, les métiers les plus représentés tels que technicien de maintenance, marins-pilote, coffreur béton, soudeur chaudronnier, « sont aujourd’hui déjà en tension dans les territoires. Le développement de fermes éoliennes risque de renforcer ces tensions ».

Donc, en fait, peu d’emploi local Et aussi ces remarques pleines de bon sens de certains intervenants

« La maintenance sera effectuée par une main d’œuvre étrangère qui habitera sur le bateau, comme pour tous les autres travaux d’installation d’éoliennes en mer. Comment justifiez-vous les 100 ou 125 emplois locaux pour une usine de 500 MW ? » 

NB : c’est effectivement ce qui se passe en Ecosse ! 

« Maintenant il ne faut pas rêver. La filière a démarré il y a une dizaine d’années sur la côte Atlantique et la Manche. Des usines ont été construites, il n’y en aura pas d’autres chez nous. »

« L’éolien en mer en France est dominé par des consortiums majoritairement étrangers, comme en baie de Saint-Brieuc. Ces opérations accentuent la dérégulation du service public de l’électricité, en cassant le monopole dont EDF a longtemps bénéficié, qui était la garantie de l’égalité d’accès des citoyens à ce service public »

NB : effectivement, c’est un autre problème à considérer !

Bilan : un moratoire sur l’éolien flottant ! 

Que ce soient les questions techniques qui restent à régler pour une technologie non mature et très coûteuse, les incertitudes profondes sur l’équations économiques, les effets non documentés sur la biodiversité, les oiseaux,  la pêche, les zone Natura 20000, le manque de données fiables sur les emplois gagnés et perdus,  l’incertitude même sur l’intérêt climatique, les évolutions techniques qui pourraient permettre d’aller plus au large, etc. tout pousse à un moratoire sur l’éolien flottant et à des expériences pilotes.

C’est d’ailleurs bien l’avis de la CNDP, cf. commentaire de Mme Jouanno :

L’accélération du calendrier de déploiement des parcs éoliens en mer Méditerranée a questionné la fiabilité de la parole de l’État. Les projets de fermes pilotes –au large de Leucate, Gruissan et du Golfe de Fos – avaient tous été présentés par l’État comme les préalables nécessaires à l’éventuel déploiement de parcs industriels. 

L’étude de contexte menée par la commission a révélé que ces projets de parcs éoliens en mer n’étaient pas connus localement par le grand public.

L’absence d’informations environnementales suffisantes et le refus de demander un cadrage préalable à l’Autorité environnementale n’ont pas permis à l’État de répondre à une question récurrente: ces projets sont-ils compatibles avec l’exigence affichée de préservation de la biodiversité? Tous les débats publics sur des projets de parcs éoliens en mer se confrontent à cette même question et à cette même difficulté.

« Un nombre important d’expressions dans le débat demandent de reporter la décision en opportunité et/ou le choix des zones préférentielles. Loin d’être une opposition de principe, cette position considère que les conditions d’une meilleure décision seront réunies dans un délai finalement assez court au regard de la vie d’un projeté

Et même les associations habituellement  les plus pro-éoliennes demandent un report  !

Ainsi, la FNE locale: «  À France Nature Environnement, on pense qu’il faut vraiment accepter de retarder d’environ trois ou quatre ans la décision du site que l’on va choisir. Ce qui est important dans la séquence ERC, c’est le E, c’est-à-dire Éviter. À 80 %, cela dépend du site où l’on va mettre les éoliennes. Quel que soit ce que l’on fera après, si on choisit le site dans les six mois qui viennent, dans la phase d’incertitude complète… »

En conclusion, une dernière remarque sur le site : « Nous nous apprêtons à défigurer 200 km de côte, avec des éoliennes visibles à 50 km, pour gagner l’équivalent de deux cinquièmes d’une centrale nucléaire. Cela vaut-il la peine ? »