Note de synthèse :https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-ns_-_biomasse_agricole_-_quelles_ressources_pour_quel_potentiel_-_29-07-21.pdf
But de l’étude : Fondé sur l’analyse des travaux et
données statistiques actuellement disponibles, ce travail doit permettre
d’évaluer la compatibilité de ces gisements avec les orientations de
développement de la biomasse-énergie prévues par la Stratégie nationale
bas-carbone (SNBC). Enfin, pour mieux évaluer le potentiel d’utilisation de la
biomasse sur le long terme, un essai de projection est réalisé à l’aide de
scénarios de mobilisation à l’horizon 2050.
L’essentiel :
les prédictions de la SNBC et de la PPE sont gravement dans les choux !
La biomasse agricole actuellement mobilisée pour des
usages énergétiques, tels que la combustion, la méthanisation ou l’usage de
biocarburants, représente près de 40 térawattheures (TWh). En tenant compte des
disponibilités additionnelles des gisements existants, comme les effluents
d’élevage, les résidus de cultures ou les surplus d’herbes, le potentiel
énergétique maximal identifié de la biomasse agricole pourrait, en théorie,
atteindre 120 TWh. Or, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) estime un
potentiel de production de biomasse agricole proche de 250 TWh. Cet objectif ne
pourrait donc pas être atteint en considérant uniquement ces disponibilités
supplémentaires.
Pour accroître davantage la biomasse énergétique, il
serait nécessaire d’augmenter significativement les prélèvements en résidus de
cultures, et de recourir massivement à certaines cultures dédiées. Cependant,
le potentiel de ces deux derniers leviers reste très incertain, du fait de leur
faisabilité — impliquant, entre autres, une redistribution majeure des terres
agricoles — et des impacts associés, tels que les changements d’affectation
des sols, qui s’ajoutent à la forte variabilité de la disponibilité de certains
résidus ainsi qu’aux besoins prioritaires (alimentation, agronomie, matériaux).
La SAU (superficie agricole utilisée) consacrée à la
production de biomasse non alimentaire est estimée
actuellement à environ 1,7 Mha (soit 6 % de la SAU totale). Pour couvrir
les besoins en biomasse projetés à long terme, il sera nécessaire de recourir
massivement aux résidus de cultures, aux surplus d’herbes et aux cultures
intermédiaires ne nécessitant pas de nouvelles surfaces spécifiques et
récoltables sur un minimum de 15 Mha
(plus de 50 % de la SAU estimée en 2050).
Nos
constats montrent que la mobilisation de la biomasse agricole dans le but
d’atteindre la neutralité carbone est possible, mais qu’elle ne l’est pas aux
niveaux fixés par la SNBC
NB : Le constat avait été fait il y a plus de 2
ans par le Collectif National Vigilance Méthanisation : « Une PPE à 10 %,
la moyenne basse de l’ADEME, c’est l’équivalent de la surface totale de 6
départements français moyens, qui servirait seulement à remplir le ventre des
méthaniseurs »
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/ravages-dans-nos-campagnes-apres-les.html
Autre
contraintes et contradictions certaines avec d’autres objectifs
L’exploitation industrielle de la biomasse est sur
certains points en contradiction avec l’agroécologie
Certains déterminants externes peuvent avoir des effets
sur la disponibilité de biomasse sur le long terme, comme le changement
climatique, la baisse du cheptel ou le développement de l’agroécologie, moins
productive pour une culture donnée que l’agriculture conventionnelle et
impliquant un retour de matière organique dans les sols plus important. Un
changement de pratiques agricoles sur le long terme pourrait donc
potentiellement influer sur le niveau de disponibilité de certaines ressources
et l’équivalent énergétique estimé.
Par ailleurs, cette disponibilité potentielle ne
serait totalement effective qu’en anticipant de possibles avancées techniques
et un développement accru des filières de valorisation, la majorité des potentiels
étant estimée atteinte d’ici à 2040. L’exemple le plus représentatif de cet
aspect temporel réside dans la mobilisation effective des effluents d’élevage,
gisement difficilement maîtrisable, ne pouvant être atteinte que sur le long
terme (à l’horizon 2050)
Plus
précisément :
Cultures
pérennes et alimentation :
Un déploiement à plus grande échelle des cultures pérennes à des fins
énergétiques peut cependant soulever des interrogations sur la concurrence avec
l’usage alimentaire des sols agricoles. De plus, es monocultures dédiées à la
production de biomasse énergie affectent également la biodiversité
Cultures
annuelles et compétition des usages : Les résidus de cultures annuelles sont une
ressource pouvant potentiellement faire l’objet de plusieurs usages (retours au
sol par broyage et enfouissement, alimentation animale, paillage, construction,
combustion, méthanisation ou encore biocarburants)….la ressource durablement
disponible risque d’être limitée et inférieure aux disponibilités estimées
Effluents
d’élevage et problèmes des digestats : les effluents d’élevage, cultures
intermédiaires et autres couverts végétaux présentent l’avantage de disposer de
gisements potentiellement disponibles sur l’ensemble du territoire. Les impacts
d’un retour des ressources prélevées, direct ou indirect sous forme de digestat
sur la qualité biologique du sol et les pollutions diffuses à long terme restent
encore à estimer. Une attention particulière s’impose quant à la présence
éventuelle de métaux lourds (chrome, mercure, zinc, cadmium, etc.) à des
niveaux critiques dans certains types de digestats. Ces contaminants sont à
risque pour la santé humaine, animale ou végétale (pollution diffuse dans les
sols et l’eau)
Effet d’un
développement des pratiques agroécologiques : Dans un système agricole (scenario B) où les
pratiques agroécologiques ont été développées à plus grande échelle
(allongement des rotations, développement des légumineuses, cultures associées,
couverts, limitation du travail au sol, développement de l’agroforesterie,
etc.) et où l’agriculture biologique représente au moins 60 % de la surface
agricole totale cultivée, le recul de l’agriculture conventionnelle se
caractérise principalement par une baisse des rendements, en considérant une baisse moyenne de 20 % entre
agriculture biologique et conventionnelle.
Le problème
des puits de carbone :
Selon la SNBC, d’ici à 2050, les puits
de carbone naturels devront être multipliés par 2 pour atteindre environ 65 Mt
CO2eq.
Les technologies et procédés industriels de captage,
de stockage et de réutilisation du carbone représenteraient une absorption de
15 Mt CO2eq en 2050. Le puits total, estimé à 80 Mt CO2eq, repose donc en
grande partie sur le stockage naturel du carbone, dans les forêts (35 Mt
CO2eq), les produits du bois (20 Mt CO2eq) et les autres terres (10 Mt CO2eq).
Si on exclut la forêt guyanaise, les écosystèmes
agricoles et forestiers représentant environ 75 % du territoire français
stockeraient actuellement 4 à 5 Gt de carbone (soit 15 à 18 Gt de CO2), dont
près d’un tiers dans la biomasse (principalement par le biais des arbres) et
plus de deux tiers dans les sols au sens strict. Ce chiffre peut atteindre 25
Gt de CO2 avec les quelque 8 millions d’hectares de la forêt guyanaise.
Ce stockage peut être accru et préservé à condition
de s’appuyer sur plusieurs pratiques agricoles (développement de couvertures
végétales, agroforesterie, prairies temporaires, plantation de haies,
réutilisation du compost et des déchets organiques, etc.),
NB : on aura droit au glyphosate pour les
couvertures végétales ? Parce que sinon…
La méthanisation industrielle gagne par KO contre la méthanisation à la ferme: les projets de méthanisation mis en place par de
petites exploitations agricoles d’élevages tendent ainsi à présenter une
rentabilité limitée, voire nulle ; le tout dans un contexte de hausse
croissante de la place des acteurs non agricoles dans la filière, du fait des
contraintes techniques propres aux distributeurs de gaz et tendant à favoriser de grands projets, ce qui limite la capacité des
agriculteurs à tirer un revenu satisfaisant de cette activité et aller à
l’encontre des intérêts des installations agricoles plus modestes.
D’un point de vue social, l’acceptation de nouvelles
voies et unités de valorisation représente aussi un aspect à ne pas négliger.
La vision de territoires maillés de méthaniseurs peut se heurter à de
nombreuses oppositions liées aux nuisances olfactives et aux impacts
environnementaux.
Et surtout reste le problème de la forêt , pas si renouvelable que ça : la durée nécessaire pour obtenir un bilan carbone positif en cas d’augmentation des prélèvements, couramment appelée « dette carbone », peut varier entre dix et cent ans.
Autres données :
Et on rappellera les
épisodes précédents sur les méthaniseurs: Des installations dangereuses et non
surveillées par l’administration ; des nuisances importantes en terme d’odeurs,
de pollution, de rondes infernales de camion ; le problème des digestats
et de la pollution des sols et des eaux ; la diminution de la biodiversité ;
les fuites de méthanes qui peuvent rendre complètement illusoires le bénéfice
climatique, voir l’inverser …
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/apres-les-margoulins-de-leolien-les_19.html
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/04/ravages-dans-nos-campagnes-apres-les.html
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