Commentaire de la présidente de la CNDP (Mme Chantal Jouanno) et Compte-rendu du débat public
https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-Bilan-CNDP-1.pdf, https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-CR-2021_bd.pdf
Le projet EOS, premier grand parc éolien en Méditerranée !
Il consiste en la réalisation, pour une durée de 25 à 30 ans, de deux parcs éoliens flottants commerciaux de 250 MW chacun et de leurs extensions, de 500 MW chacune. Les premiers parcs comporteraient chacun une vingtaine d’éoliennes flottantes, leurs systèmes d’ancrage, un poste électrique en mer et le raccordement au réseau. Avec l’évolution de la technologie, leur extension représenterait une trentaine d’éoliennes supplémentaires, soit une cinquantaine au total par parc.
Le public a été amené à se prononcer sur l’opportunité, les alternatives et les caractéristiques de ce projet sur quatre zones en mer, pré-identifiées par l’État, d’une surface totale de 3300 km2. Les deux parcs représenteraient environ 10 % de cette surface et pourraient se situer à une distance comprise entre 15 et 55 kilomètres des côtes.
« Installer des éoliennes importantes en nombre et en taille (de 250 à 270 m de haut) dans cette mer n’a encore jamais été fait : ce serait un tournant pour notre rapport à la mer, perçue «
(NB l’Espagne a un très grand projet au large de la baie de Rosas …qui pourrait d’ailleurs interférer avec l’une des zones proposées…)
En Méditerranée, autant et même plus qu’ailleurs,
la mer n’est pas vide, et elle n’est pas libre !
Un calendrier bien positionné… pour éviter le problème du tourisme
« Dès la saisine initiale fin juillet 2020, les Commissaires ont interrogé son calendrier. Compte tenu de l’impact potentiel des projets sur le tourisme, il était opportun que le débat se tienne une partie de l’été. La saisine était trop tardive pour que cela ait pu avoir lieu en 2020. Par ailleurs, le report des élections régionales en juin 2021 a conduit les responsables de projet à demander en avril un report du lancement du débat après les élections. » (Chantal Jouanno)
Un débat accéléré …pour tenter de pousser la décision. Et toujours cette question : pourquoi ne pas attendre le retour d’expérience des fermes pilotes ?
« L’accélération du calendrier de déploiement des parcs éoliens en mer Méditerranée a questionné la fiabilité de la parole de l’État. Les projets de fermes pilotes –au large de Leucate, Gruissan et du Golfe de Fos – avaient tous été présentés par l’État comme les préalables nécessaires à l’éventuel déploiement de parcs industriels. Or, l’annonce des projets de grande ampleur n’a pas attendu le retour d’expérience de ces premiers parcs. Se sont ajoutées de nombreuses interrogations sur l’engagement réel de l’État à tenir compte des conclusions de ce nouveau débat public » (Chantal Jouanno)
Les trois projets pilotes sont prévus au large de Leucate, de Gruissan et du Golfe de Fos et composés chacun de trois éoliennes flottantes de 8 à 10 MW. L’accélération du calendrier dans le développement des projets commerciaux est rendue d’autant plus problématique qu’énormément de retard a été pris sur les fermes pilotes. Elles devaient sortir en2019, elles vont sortir peut-être en 2023
Et lorsque ce projet avait été présenté, il avait
été affirmé ceci : « Le suivi
des fermes pilotes et de leurs impacts, à la fois sur le milieu et les
écosystèmes marins ainsi que sur les activités socio-économiques préexistantes
à ces fermes, demeure la condition
préalable au déploiement commercial. En effet, un suivi négatif de ces
fermes pilotes pré-commerciales d’éoliennes flottantes ne pourrait permettre un
agrandissement des parcs à une échelle industrielle » (Document de
planification - Le développement de l’éolien en mer Méditerranée, Préfet
maritime de la Méditerranée, Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur
MARITIME, avril 2015).
En effet, pour reprendre la formule de Mme Jouanno : la fiabilité de la parole de l’Etat est vraiment questionnable !
Et le bilan carbone ?
L’éolien flottant, une énergie vraiment verte ? Le public du débat s’est interrogé sur l’analyse du cycle de vie de l’éolien flottant et son vrai coût environnemental. L’absence de consensus sur ce point, malgré les différents éclairages apportés par des experts, a conduit à la demande, par la CPDP, d’une expertise complémentaire sur le bilan carbone de l’éolien flottant en comparaison des autres énergies. Les résultats de cette expertise, commandée par la CNDP et réalisée par un expert indépendant, indiquent que le bilan carbone de l’éolien flottant commercial se situerait aux alentours de 19 g CO2/kwh. Un niveau légèrement supérieur au bilan carbone de l’éolien marin posé (entre 14 et 18 g CO2/kwh) ou de l’éolien terrestre (12,7 g CO2/kwh).
(NB pour le nucléaire en France c’est 6 g CO2/kwh ; donc, si on remplace du nucléaire par de l’éolien, surtout offshore, c’est plus carboné et beaucoup plus cher, voir ci après )
Facteur de charge, productivité, coût : des affirmations très, très contestable
Le facteur de charge, c’est à dire le pourcentage de production de l’éolienne par rapport à son maximum théorique à plein régime, qui est annoncé par le porteur de projet est de 50%. Or ce chiffre ne paraît pas réaliste à tous, l’opportunité du projet n’étant pas la même si ce facteur de charge est inférieur à celui annoncé par le porteur de projet ou s’il se rapproche de celui de l’éolien terrestre (25- 35%). L’État et RTE soutiennent la pertinence de ce chiffre de 50%, sans en avoir démontré le calcul, en s’appuyant sur les industriels qui semblent convaincus, au vu des expériences étrangères, qu’il sera, dans les faits, peut-être même supérieur… (Ben voyons)
NB : on pourra se reporter à ce petit communiqué Oersted :
« Fin 2019, les cours du géant danois Oersted, pionnier de l’éolien offshore ont plongé en fin d’année en raison de la réévaluation de la production de son parc éolien en mer. Ce dernier aurait sous-évalué les pannes à répétition entraînées par les vents violents du large. Les marchés s’interrogent donc sur la viabilité de ce business model dont la robustesse financière reste encore à démontrer. Selon l’agence environnementale américaine, le coût actualisé de l’énergie éolien en mer reste 2,7 fois plus élevé que l’éolien conventionnel.
Très confraternel, Orstedt qu’il baissait son taux de rendement interne prévu pour plusieurs projets en Europe et à Taïwan. La question sous-jacente est une sous-estimation des effets de sillage et de blocage. Son porte-parole a insisté sur le fait que le problème n’est pas propre à l’entreprise, mais plutôt à l’ensemble de l’industrie, ajoutant que ses prévisions sont généralement plus prudentes que celles de ses concurrents.
« Notre tâche principale est de nous assurer que nous ne prenons que des projets où nous créons effectivement de la valeur. Il n’est dans l’intérêt d’aucun actionnaire, ni de notre organisation d’opérer avec des prévisions de production gonflées et de gagner des projets sur cette base
Derrière ce débat sur l’augmentation des coûts de l’énergie, pointe aussi le soupçon que les bénéfices économiques de ces opérations profitent à des grosses entreprises. Les porteurs du projet et la filière industrielle annoncent chercher ensemble une réduction des prix, et espèrent une convergence des prix entre l’éolien flottant et l’éolien posé à terme.
Mais en attendant, la filière va être soutenue par l’usager au travers des finances publiques et du TURPE (Tarif d’Utilisation du Réseau Public d’Électricité qui représente 25 % de la facture de l’usager) à un tarif élevé (110€/MWh) pendant vingt années.
NB :
et ca parait plutôt optimiste. Il faut plutôt compter entre 230 et 150 €/MWh
. Et il faut ajouter le côut du raccordement : typiquement 25% pour un poste en mer à 30 km. des côtes, 30% ou plus à 50 km.
NB : L'arrêté du 9 avril 2020 fixe les
conditions de rachat de l'électricité produite par les quatre fermes pilotes
éoliennes flottantes pour une durée de vingt ans. Le taux de rentabilité
interne d'un projet ne devra pas excéder 8,5 % après impôts. Si cette
rentabilité est supérieure, « les gains additionnels sont partagés à 50 % entre
l'État et le producteur, en tenant compte de l'évolution des conditions
économiques de fonctionnement de l'installation »
Si cet arrêté est appelé à faire école, 8.5% c’est pas mal comme garantie…
Un parc et après : « Apocalypse Eoliennes ! A terme 27% de l’espace marin régional selon EELV !
Une centaine d’éolienne, c’est pas assez et ceux qui les acceptent doivent savoir qu’en fait, il y en aura beaucoup plus. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, n’a pas caché l’intention d’aller plus loin sur cette façade : « Le potentiel pour le développement de l’éolien en mer en Méditerranée s’établit au-delà de 1,5 GW, d’autres projets devraient à l’avenir y être envisagés si la France et les Régions veulent atteindre leurs objectifs de neutralité carbone ».
Un objectif chiffré de production est avancé dans les deux schémas régionaux PACA et Occitanie : 5 GW en 2050, si on les additionne, « 27% de l’espace marin régional, soit 3 750 km2 sur les 14 000 km2 du plateau continental, c’est ce que devraient couvrir les parcs éoliens à l’horizon 2050 » alerte EELV dans son Cahier d’acteurs. Si les deux projets en débat ne sont qu’un début, à quel rythme, jusqu’où et pour quels besoins projetés envisage-t-on la suite ?
NB : C’est ce que la CNPN (Commission
Nationale de protection de la Nature), très critique sur l’éolien maritime
appelle la stratégie des poupées russes : le cumul de parcs sur un même
secteur choisi initialement au vu du seul impact du parc initial. Attention, un
parc peut toujours en cacher un autre.
NB2 : tiens, EELV commence à prendre position contre l’éolien maritime et ses abus. Intéressant
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/conseil-national-de-la-protection-de-la.html
Biodiversité/migration des oiseaux : il y a sans doute un problème, mais on verra après !
La Camargue est un haut lieu à la fois de l’hivernage, de la reproduction et de la migration des oiseaux » (Audition d’experts) : y a-t-il un risque de perte d’habitat et de mortalité accrue ?
Eh ben, on sait pas ! « Conscient de la fragilité des données à sa disposition, l’État a initié en 2021 un programme de recherche baptisé MIGRALION, dont l’objectif est la « caractérisation de l’utilisation du golfe du Lion par les migrateurs terrestres et l’avifaune marine ». Ce programme, porté par l’Office Français de la Biodiversité et dix partenaires scientifiques et industriels, permettrait « de savoir ce qui va se passer en mer » (Audition d’experts).
Mais les résultats étant attendus en 2024-2025, le public se demande comment ceux-ci peuvent être pris en compte quand on veut aujourd’hui décider d’une localisation.
En effet !
Des éoliennes dans des aires marines protégées ? Eh oui, c’ est possible !
Une grande partie du plateau continental du golfe du Lion est concernée par diverses mesures de protection (sites Natura 2000, réserves, parc naturel marin…). « La zone A est un parc marin, je ne comprends même pas pourquoi cette zone a été proposée, ça n’a pas de sens ! » (Débat mobile, Sète).
La contradiction a été également relevée lors du Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Marseille début septembre 2021 : « la France, pays hôte, s’est engagée à (...) parvenir à 30% d’aires protégées au niveau national d’ici 2022, et protéger fortement 5% de ses aires maritimes méditerranéennes d’ici 2027, soit une augmentation de 25 fois par rapport à aujourd’hui. » (Manifeste de Marseille).
Le Conseil national pour la protection de la Nature a estimé « incompatible » cet engagement avec le programme de développement éolien en mer de l’État : « L’adéquation des objectifs éoliens offshore avec l’objectif de zéro perte nette de biodiversité inscrit aux articles L. 110- 1 et L. 163-1 du code de l’environnement paraît difficile voire impossible à atteindre au regard de la connaissance actuelle des incidences et surtout des moyens techniques d’expertise et de pilotage permettant d’y remédier efficacement, ainsi que l’objectif de préservation du paysage marin. »
A cela le ministère répond : « Toutes les aires protégées ne sont pas pour autant sanctuarisées : la réglementation vise la régulation des usages, non pas leurs strictes exclusions »
Cohabitation des usages : gros problème pour les pêcheurs :
On voit tout de suite pourquoi :
Donc, les pêcheurs réclament :
- une implantation hors des macro-zones B et C et au-delà de la limite des 20 milles nautiques, étant donné le caractère indispensable de ces zones dans l'économie de la pêche. Ces zones représentent des secteurs de forte dépendance pour les pêcheurs de la Sa.Tho.An. Une implantation dans un de ces secteurs de forte dépendance serait donc très préjudiciable pour eux.
- Aucune suppression de zones de pêche sans récupération équivalente dans un autre secteur ;
- L'élaboration d'un retour d'expérience complet des fermes pilotes avant le lancement d'un projet de plus grande envergure dans un milieu fragile ;
En fait, « le secteur de la pêche et ses représentants souscrivent largement à la proposition d’un report » et veulent attendre le retour d’expérience des parcs pilotes
L’impact potentiel sur la ressource halieutique est trop crucial pour leur activité : « La profession attend beaucoup de ces projets pilotes. En effet, ces derniers devaient apporter des réponses aux nombreuses interrogations concernant de potentiels impacts, tant sur l’environnement que sur les ressources halieutiques, (...). Or, les projets pilotes ont pris du retard (...) et le débat public relatif à l’installation d’importants parcs éoliens commerciaux en Méditerranée se fait sans que les acteurs puissent obtenir les réponses à ces nombreuses interrogations. Plusieurs craintes ont été exprimées par la profession, et le manque de retour d’expérience ne permet pas d’apporter de réponses concrètes sur les effets potentiels »
Au-delà de la pêche, la Commission rappelle que la « grande bleue » n’est vide et libre qu’en apparence et que les parcs éoliens s’implanteraient dans un golfe du Lion « surexploité », investi par une multiplicité d’acteurs : cargos, tankers, porte-conteneurs, filets de pêche, câbles sous-marins, bâtiments de la marine nationale, yachts, navires de croisière, jet skis …
Les conflits d’usage sont donc latents et nombreux :le développement de l’éolien se traduira immanquablement par plus de réglementations, moins de liberté de circulation, et donc moins de zones à pêcher.
Quant aux représentants de la SNSM (les Sauveteurs en mer), ils posent la question de la sécurité dont les contours restent flous. Quelles seront les conditions de navigation dans les parcs et aux abords ? Qui assurera la surveillance ? La marine nationale ? La gendarmerie maritime ? L’exploitant ?
Le raccordement terrestre : un point négligé
Le raccordement terrestre a soulevé peu de questions bien que l’on ait parlé de l’installation d’un poste de compensation pouvant occuper jusqu’à 3 ou 4 hectares de terres à proximité du littoral, ou de travaux terrestres pouvant impacter des terres agricoles. Seule FNE Languedoc-Roussillon a alerté dans son cahier d’acteurs sur la nécessaire préservation de la « stricte intégrité des hauts de plage, des cordons dunaires et des lidos qui ne peuvent être coupés ou remaniés même momentanément » et sur la limitation au maximum de « l’artificialisation d’espaces à forte valeur patrimoniale et paysagère ».
Le grand large, faisable techniquement et supportable économiquement.
« La faisabilité technique d’une implantation au grand large a été confirmée par plusieurs industriels. Ils estiment transposable à l’éolien l’expérience des plateformes pétrolières, par exemple le recours à des chaînes d’ancrage en polyester permettant d’atteindre de grandes profondeurs. Pour eux, c’est de toute façon la logique de l’éolien flottant que d’ouvrir des zones beaucoup plus éloignées des côtes, et donc beaucoup plus vastes à leur implantation. Et la profondeur de la plaine abyssale, qui oscille entre 2 000 et 2 500 m de fond, est comparable aux profondeurs d’ancrage des plateformes pétrolières les plus récentes.
Ce choix aurait bien sûr un coût, notamment dû au raccordement.. Pour le raccordement en particulier, l’éloignement au grand large nécessiterait d’installer le poste de transformation sur flotteur, et des évolutions techniques des câbles dynamiques. RTE alerte sur ces verrous technologiques, sur lesquels il a engagé plusieurs projets de recherche et développement.
Ce coût pourrait être atténué, voire compensé, par un accroissement du facteur de charge des turbines grâce à des vents plus forts et plus constants au large ; en outre il pourrait être complètement compensé si des puissances plus importantes étaient installées (nombre de parcs, nombre de mâts par parc...). Les coûts de maintenance sont supposés être proportionnels à la distance à la côte (plus de carburant pour les bateaux, plus de temps/homme…) mais les progrès technologiques attendus permettent de penser qu’en 2030, année prévue d’installation des parcs si le projet se réalisait, des solutions de maintenance locale (automatisée) pourraient réduire les déplacements humains au strict minimum.
« On a les techniques pour relever le défi de la profondeur, il ne faut donc pas s’interdire d’aller chercher les opportunités qu’offre l’éloignement de la côte, en particulier une moindre interaction avec les nombreuses activités maritimes davantage concentrées sur la frange littorale » (Technip Energies - audition d’experts). Nous avons au Mexique installé les fondations d’une ligne d’ancrage à plus de 2 900 mètres… L’enjeu est avant tout la maîtrise de coûts et l’impact sur la densité des fermes que l’on met en avant plus que la faisabilité technique elle-même que nous considérons comme acquise » (Technip Energies) »
La question de l’emploi : comme d’hab, du non dit sur les emplois perdus et des illusions sur les emplois gagnés
« Les acteurs du tourisme se sont peu exprimés directement dans le débat, notamment du fait de la période estivale où ils ont indiqué être très peu disponibles. Ce sont donc les élus locaux qui ont relayé leurs inquiétudes. Par le biais des cahiers d’acteurs et des avis publiés, et aussi de manière plus informelle pendant les réunions de proximité, les collectivités ont rappelé le poids du tourisme dans l’économie locale, notamment sur le littoral occitan, où l’économie touristique est très dominante, et ont exprimé de fortes inquiétudes quant à l’impact des projets à l’impact des projets sur l’image touristique et l’activité hôtelière. »
NB : c’était quand même bien pratique de faire cette concertation l’été
Mais, alerte une étude de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités Occitanie, les métiers les plus représentés tels que technicien de maintenance, marins-pilote, coffreur béton, soudeur chaudronnier, « sont aujourd’hui déjà en tension dans les territoires. Le développement de fermes éoliennes risque de renforcer ces tensions ».
Donc, en fait, peu d’emploi local Et aussi ces remarques pleines de bon sens de certains intervenants
« La maintenance sera effectuée par une main d’œuvre étrangère qui habitera sur le bateau, comme pour tous les autres travaux d’installation d’éoliennes en mer. Comment justifiez-vous les 100 ou 125 emplois locaux pour une usine de 500 MW ? »
NB : c’est effectivement ce qui se passe en Ecosse !
« Maintenant il ne faut pas rêver. La filière a démarré il y a une dizaine d’années sur la côte Atlantique et la Manche. Des usines ont été construites, il n’y en aura pas d’autres chez nous. »
« L’éolien en mer en France est dominé par des consortiums majoritairement étrangers, comme en baie de Saint-Brieuc. Ces opérations accentuent la dérégulation du service public de l’électricité, en cassant le monopole dont EDF a longtemps bénéficié, qui était la garantie de l’égalité d’accès des citoyens à ce service public »
NB : effectivement, c’est un autre problème à considérer !
Bilan : un moratoire sur l’éolien flottant !
Que ce soient les questions techniques qui restent à régler pour une technologie non mature et très coûteuse, les incertitudes profondes sur l’équations économiques, les effets non documentés sur la biodiversité, les oiseaux, la pêche, les zone Natura 20000, le manque de données fiables sur les emplois gagnés et perdus, l’incertitude même sur l’intérêt climatique, les évolutions techniques qui pourraient permettre d’aller plus au large, etc. tout pousse à un moratoire sur l’éolien flottant et à des expériences pilotes.
C’est d’ailleurs bien l’avis de la CNDP, cf. commentaire de Mme Jouanno :
L’accélération du calendrier de déploiement des parcs éoliens en mer Méditerranée a questionné la fiabilité de la parole de l’État. Les projets de fermes pilotes –au large de Leucate, Gruissan et du Golfe de Fos – avaient tous été présentés par l’État comme les préalables nécessaires à l’éventuel déploiement de parcs industriels.
L’étude de contexte menée par la commission a révélé que ces projets de parcs éoliens en mer n’étaient pas connus localement par le grand public.
L’absence d’informations environnementales suffisantes et le refus de demander un cadrage préalable à l’Autorité environnementale n’ont pas permis à l’État de répondre à une question récurrente: ces projets sont-ils compatibles avec l’exigence affichée de préservation de la biodiversité? Tous les débats publics sur des projets de parcs éoliens en mer se confrontent à cette même question et à cette même difficulté.
« Un nombre important d’expressions dans le débat demandent de reporter la décision en opportunité et/ou le choix des zones préférentielles. Loin d’être une opposition de principe, cette position considère que les conditions d’une meilleure décision seront réunies dans un délai finalement assez court au regard de la vie d’un projeté
Et même les associations habituellement les plus pro-éoliennes demandent un report !
Ainsi, la FNE locale: « À France Nature Environnement, on pense qu’il faut vraiment accepter de retarder d’environ trois ou quatre ans la décision du site que l’on va choisir. Ce qui est important dans la séquence ERC, c’est le E, c’est-à-dire Éviter. À 80 %, cela dépend du site où l’on va mettre les éoliennes. Quel que soit ce que l’on fera après, si on choisit le site dans les six mois qui viennent, dans la phase d’incertitude complète… »
En conclusion, une dernière remarque sur le site : « Nous nous apprêtons à défigurer 200 km de côte, avec des éoliennes visibles à 50 km, pour gagner l’équivalent de deux cinquièmes d’une centrale nucléaire. Cela vaut-il la peine ? »
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