Bernard Doroszczuk, président de l’ASN, s’est montré rassurant sur l’état de sûreté des centrales, mais inquiétant sur les fermetures de réacteurs qui seront nécessaires pour maintenir ce niveau de sûreté. Les pouvoirs publics doivent d’après lui les prendre en compte pour ne pas tomber dans « l’impasse d’une politique énergétique mal calibrée. »
Corrosion sous contrainte : un « phénomène
sérieux » ; Bernard Doroszczuk :
« D’abord parce qu’il concerne des parties de tuyauterie directement
connectées au circuit primaire principal, et des tronçons pas isolables. Il n’y
a donc pas d’organe de coupure, en cas de rupture de ces canalisations, c’est
le circuit primaire principal qui est avec une brèche.
Mais pas un phénomène de vieillissement ! D’ après l’ASN paradoxalement, les
réacteurs les plus anciens (les 900 MWe) « pourraient ne pas être
touchés », alors que les réacteurs les plus récents (les N4 et les 1300
MW) sont les plus sévèrement atteints. Les experts de l’ASN estiment selon
Bernard Doroszczuk, que cela serait lié « à la géométrie des lignes »,
« différente entre les réacteurs de paliers de 900 MW et les designs de
réacteurs 1300 MW et N4 où le design initial de Westinghouse [entreprise
américaine, ndlr] a été francisé. Cette nouvelle géométrie des lignes favorise
un phénomène de stratification thermique du fluide en haut et en bas de tuyau,
ce qui génère une contrainte dans les zones de soudure. »
La
poursuite de fonctionnement des réacteurs nucléaires ne doit pas être
conçue comme la variable d’ajustement d’une politique énergétique mal
calibrée…au risque de la sécurité !
L’ASN
n’est pas alarmiste sur la capacité d’EDF à assurer la sûreté de ses centrales.
En revanche, garantir un niveau de sûreté suffisant supposera de mettre des
réacteurs à l’arrêt,
RTE
présente un mix électrique avec une part d’électricité nucléaire de 50 %
en 2050, qui repose sur un programme ambitieux de construction et la
prolongation des réacteurs existants à plus de 60 ans. » ; « Ce
scénario est non-justifié à ce stade et présente un risque d’engager le système
électrique dans une impasse, dans le cas où le nombre de réacteurs aptes à
fonctionner au-delà de 60 ans serait finalement insuffisant ou ne serait connu
que trop tardivement. » Pour l’ASN, il ne faudrait pas que, faute
d’anticipation suffisante, la poursuite de fonctionnement des réacteurs
nucléaires soit conçue comme une variable d’ajustement d’une politique
énergétique mal calibrée. »
Un point de basculement. Un plan
Marshall pour le nucléaire !
En
plus de maintenir le parc actuel en état de fonctionnement, EDF va devoir réussir
à relancer le parc nucléaire français. « Nous sommes à point de
basculement, nous sortons d’une ère post-Fukushima et rentrons dans une ère de
relance du nucléaire », analyse Olivier Gupta, directeur général de l’ASN,
après les nouvelles orientations prises par Emmanuel Macron en fin de
quinquennat. « Au regard de l’ampleur des projets nouveaux et de la
poursuite d’exploitation des réacteurs actuels, il va falloir redimensionner
les objectifs en termes de ressources humaines et financières, et en termes
d’investissements.
Le président de l’ASN en
appelle à un « Plan Marshall pour rendre industriellement soutenable cette
perspective et faire en sorte que les entreprises de la filière
disposent des compétences et des moyens financiers en temps voulu. » D’après lui, on passe « d’une période
où l’on n’imaginait pas assez de projets, à une période où l’on a plein de projets,
il faut le planifier, sinon les engagements affichés ne seront pas
tenables. » Cela requiert notamment « un engagement de la part des
pouvoirs publics, puisqu’il « va falloir payer d’avance le recrutement, la
formation, avant de pouvoir disposer des ressources. »
NB : Et les moyens financiers, ça passe par la taxonomie !
» https://www.publicsenat.fr/article/politique/prolongation-des-reacteurs-nucleaires-l-asn-alerte-sur-l-impasse-d-une-politique
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