À
fin 2019, l’Europe disposait de 5 047 éoliennes offshore connectées aux réseaux
électriques de 12 pays. Le Royaume-Uni et l’Allemagne comptent respectivement
pour 44% et 34% de l’ensemble des éoliennes offshores implantées en
Europe ; derrière suivent le Danemark (45 éoliennes, 374 MW), la Belgique
(44 éoliennes, 370 MW) et le Portugal (1 éolienne de 8 MW). La France dispose à l'heure actuelle d'une
seule installation connectée au réseau électrique (démonstrateur de
Floatgen de 2 MW). Siemens Gamesa et MHI Vestas ont fourni 90% des nouvelles
éoliennes connectées au réseau électrique en Europe en 2019. Le groupe danois
Ørsted est quant à lui le premier exploitant de parcs éoliens offshore en
Europe (16% du total à fin 2019), devant RWE (12%), Vattenfall et Macquarie
Capital (7% chacun)
.
Tout
cet effort pour 2% de toute l’électricité consommée en Europe. Et
encore, rappelons qu’il s’agit d’une énergie intermittente qui produit quand le
vent souffle, et pas forcément quand vous avez besoin d’électricité.
Et
qu’il s’agit d’une énergie chère, très chère et hautement subventionnée (voir
la suite)
Jancovici : S’il y a un truc qu’il faut arrêter
tout de suite, c’est bien ça !
Alors,
la France doit-elle se lancer dans un programme éolien off-shore ? Ben la
réponse de Jean-Marc Jancovici est claire : « L’éolien offshore aujourd’hui, c’est 25 milliards d’euros
qui vont partir dans ce dispositif qui a encore moins d’intérêt que
l’éolien terrestre. S’il y a un truc
qu’il faut arrêter tout de suite, c’est bien ça ! Avec ces 25 milliards
d’euros vous avez de quoi payer 6000 euros de prime de conversion du
fuel en pompe à chaleur aux quatre millions de ménages français qui
sont chauffés au fuel, qui sont souvent des ruraux, souvent précaires. Qu’on
augmente mon taux d’imposition pour ça, moi je veux bien ! Mais qu’on me
prélève un centime de plus pour payer l’éolien offshore, ce truc de
Shadock »….J’aurais fourni la
totalité de la pompe à 10 à 15 millions de ménages français. J’aurais
sorti la totalité du fioul et les deux tiers du gaz et gagné une partie de ma
course contre la montre. J’aurais évité 15 % des importations de pétrole,
donc, selon les années, de 3 à 6 milliards d’euros, voire
9 milliards d’euros. J’aurais évité la moitié des importations de gaz,
créées macroéconomiquement de l’emploi et évité du CO2 »
Les conditions de l’éolien en mer
expliquent des coûts particulièrement élevés. Une éolienne en mer doit résister non seulement au
vent (ça il vaut mieux !) mais aussi aux vagues, à la corrosion du sel, et donc
il faut utiliser plus de matériaux et plus de traitements à puissance installée
égale, sans parler du support immergé.
A
cause de ces raisons, et aussi de la zone d’implantation, la construction en
mer augmente la dépense en carburant par rapport à la construction à terre, et
augmente aussi la dépense en carburant pour la maintenance.
Il
résulte de ces « surcoûts » à la construction que l’éolien off-shore, malgré un
taux de charge augmenté (Vesta annonce de 30% à 50%, ce qui soit dit en passant
correspond peut-être au cas du Danemark mais pas au cas de la France, où les
meilleurs sites dépassent tout juste 35% de facteur de charge), fournit certes
une énergie plus importante par éolienne installée, mais avec un « contenu en carbone par kWh » qui reste à
peu près identique. Les éoliennes soient off-shore ou à terre, elles
produisent toujours de l’électricité intermittente. De ce fait, dès qu’il y a 1
MW d’éolien installé quelque part, il faut obligatoirement, pour assurer la
continuité de la fourniture d’électricité, installer un peu moins de 1 MW «
d’autre chose » ailleurs. Installer 24 GW d’éolien suppose donc d’avoir «
ailleurs » pas loin de 20 GW de puissance de pointe provenant d’une autre
source pour pallier les variations du vent, et au surplus cette « autre source
» devra fonctionner 70% à 80% du temps pendant que l’éolien assurera sur 20% à
30% du temps.
Éolien en mer : le tour de
passe-passe de Macron – la charge du raccordement au réseau
La Cour des
Comptes estimait en 2018 (Rapport sur le coût des ENR) que les
six parcs d'ores et déjà attribués au large des côtes françaises devraient
coûter 2 milliards d'euros par an sur 20 ans, soit un montant total de 40,7
milliards, pour une part de 2% du mix énergétique !!!
Donc, on
était parti pour 40
milliards d’euros (Md€) ce qui élevait le coût de production de l’électricité à
22 c€/kWh, alors que cette
électricité est vendue… 4 à 6 c€/kWh
sur le marché.Ca faisait quand même un peu cher ( d’où Jancovici : il faut
arrêter tout cela), alors, miracle macronien et roulement de tambour : le
président Macron a annoncé le 20 juin 2018 que, après négociations avec les
promoteurs, leur coût a été ramené de 40 Md€ à 25 Md€ par miracle, sans
qu’aucun des opérateurs ne se plaignent ou ne se retirent des projets. On nous
fait même savoir qu’on les a menacé de relancer les appels d’offres.
Un
miracle, on vous dit…Sauf que, changement : les raccordements des éoliennes off-shore au réseau d’électricité
seront à la charge de RTE, alors que ces opérations coûteuses destinées à
ramener l’électricité à terre vers le réseau RTE par câbles « ensouillés » sont
normalement à la charge du producteur.
Donc,
le miracle n’est en fait qu’un vrai tour de passe passe qui en fait arrange
bien les producteurs. Ces coûts de raccordements sont assez peu prédictibles,
d’autant que la France a des systèmes
côtiers plus compliqués que les sites peu profonds et souvent sableux de la Mer
du Nord et de la Baltique. . En particulier, les producteurs veulent installer
des éoliennes flottantes ancrées sur des fonds de grande profondeur au large de
l’Aude et des Pyrénées Orientales (la meilleure région française pour le vent),
mais l’opération se révélait onéreuse et risque. Eh bien, risque et coût seront
pris en charge par le réseau et donc le contribuable, selon la bonne recettte
des affairistes et des margoulins de l’éoline : risque publics, profits privés. C’est pas beau !
Et voilà comment, par
un tour de passe-passe, Macron a faussement réduit la facture de 40 Md€ à 25
Md€ ! La méthode est détestable car elle camoufle le véritable coût de l’éolien
off-shore. Cette
dépense considérable va augmenter le coût du TURPE payé par tous les
consommateurs d’électricité pour subventionner les énergies renouvelables, en
plus de la célèbre taxe « CSPE » toujours en vigueur sur les factures
d’électricité de tous les Français.
Mais la
Commission Européenne, d’habitude si
sourcilleuse, considérant qu’il n’y a pas (trop) « distorsion de concurrence »
vient de valider les aides très substantielles que la France (donc ses
contribuables) accorde aux promoteurs de ses six premiers champs éoliens
offshore : 22,3 milliards d’euros
pour 3GWe installés ! Le document bruxellois contient d’ailleurs une phrase
foncièrement révélatrice indiquant que la Commission donne finalement son
accord, car le total de la contribution de ces six champs (estimée à 2% de la production électrique nationale) restera marginal,
en se gardant bien de mettre ce chiffre en regard des montants extravagants des
aides accordées.
Si l’éolien
terrestre coûte cher, l’éolien en mer coûte un pognon de dingue. Beaucoup plus
que l’EPR !
Et comme d’habitude, les comptes
fantatisques de l’Ademe !
« L’Agence
de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) vient d’actualiser
son étude sur les coûts des technologies renouvelables, nous annonce-t-on. Pour
les six parcs attribués lors des deux premiers appels d’offre (2011 et 2013),
les tarifs moyens pondérés sont après la renégociation de 2018, 148 €/MWh et
134 €/MWh respectivement, sur 20 ans d’exploitation. »
Commentaire : ben oui, on a vu ci-dessus
le tour de passe- passe. Le raccordement à la chatrge du réseau. L’électricité
la plus chère de toutes, pour 2ù, at pas quand on en a besoin, quand le vent
veut bien…
« L’étude
indique qu’en se basant sur la littérature existante, le coût complet de
production d‘un megawatt-heure, plus connu sous l’appellation de LCOE (Levelized
Cost Of Energy) d’un parc en exploitation pourrait être de 56 à 88 €/MWh, en
2030, et descendre entre 35 et 54 €/MWh en 2050 ».
Commentaire ; on dit on répète ;
pour l’électricité, le LCOE n’est pas pertinent, et ne peut en aucun cas servir
de base à quelque comparaison que ce soit. Parce que l'unité vraiment
pertinente n'est pas le MWh produit, mais le MWh livré en un lieu donné à une
date donnée… Parce que, quelle que soit la solution adoptée pour pallier
l'intermittence, elle a un coût. Or celui-ci n'est pas inclus dans le calcul du
LCOE (cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/11/nucleaire-parlons-finances-2-la-grande.html ; https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/les-couts-lisses-de-l-electricite-774441.html)
Et surtout, vous ne pouvez comparer ainsi une énergie intermittente qui vous fournit de l’électricité quand ça
veut bien (20% du tps) et pas quand vous en avez besoin (au point qu il faut
parfois payer pour que quelqu’un la prenne) et une énergie pilotable comme le
nucléaire.
« En revanche,
le tarif d’achat pour le projet de Dunkerque accordé l’an dernier à EDF
Renouvelables /Innogy / Enbridge est de 44 €/MWh sur 20 ans, devant huit
candidats. »
Commentaire : alors, là, c’est vraiment
louche ! Incroyable ! Ah oui, c’est EDF qui a répondu ? Donc
quand même, ce petit soupçon : est-ce qu’une fois de plus EDF n’aurait pas
été un peu racketté , juste pour faire plaisir à l’Ademe ?
Eolien
off shore : si j’étais investisseur…eh bien, je me méfierais ! Un
eldorado pas si doré et les malheurs de Dong.
Dans
un article intitulé Eolien en mer, le nouvel eldorado ? ( avec un point
d’interrogation, notez !) Forbes pose quelques questions sur l’éolien
maritime aux USA. Revenant sur un
précédent rapport très optimiste, le Ministère de l’Energie américain (DOE)
a réduit l’estimation du potentiel de développement de l’éolien offshore de 2,000 GW à 54 GW, du fait des
contraintes géologiques, océanographiques et légales.
C’est
qu’il existe de nombreux freins au
développement de l’éolien en mer. Les permis de construire des projets
off-shore sont tout aussi difficiles à obtenir que pour les projets on-shore.
Le bureau de l’énergie océanique américain (BOEM) a déjà retardé de plusieurs
mois le lancement des projets Empire State et Vineyard. L’organisation fédérale
se fait également le porte-voix de nombreuses activités marines telles que le
transport ou la pêche, qui s’inquiètent du bouleversement de leur cadre de
travail. Ainsi, en Nouvelle Angleterre, navigateurs et marins s’élèvent contre
l’édification de 84 turbines au milieu de leurs routes et zones de pêches.
Au-delà
des mécontentements des riverains, l’éolien en mer nécessite de nombreux
investissements dans les infrastructures portuaires et électriques. Autre
frein : plus de la moitié de la côte californienne – là où le vent souffle
le plus fort – est en zone militaire protégée.
Cela
vaut aussi peut-être la peine de s’intéresser aux malheurs du leader de
l’éolien maritime Ørsted (anciennement DONG Energy). Autrefois propriétaire de
l’Etat Danois, la firme n’est plus nationalisée qu’à 51%. En 2014, le
gouvernement danois a autorisé Goldman Sachs à prendre une participation de 18
% dans le capital de la société, décision qui a provoqué un mécontentement
populaire et la démission de plusieurs ministres du Parti populaire socialiste
(écosocialiste) opposés au projet. (En mars la presse danoise révèle que le
prix de la participation aurait été largement sous-évalué, faisant perdre le
pouvoir aux sociaux-démocrates).
Fin
2019, les cours du géant danois Orsted,
pionnier de l’éolien offshore ont plongé en fin d’année en raison de la
réévaluation de la production de son parc éolien en mer. Ce dernier aurait
sous-évalué les pannes à répétition entraînées par les vents violents du large.
Les marchés s’interrogent donc sur la viabilité de ce business model dont la
robustesse financière reste encore à démontrer. Selon l’agence environnementale
américaine, le coût actualisé de l’énergie éolien en mer reste 2,7 fois plus
élevé que l’éolien conventionnel.
Très
confraternel, Orstedt qu ’il baissait son
taux de rendement interne prévu pour plusieurs projets en Europe et à Taïwan. La
question sous-jacente est une sous-estimation des effets de sillage et de
blocage. Son porte-parole a insisté sur
le fait que le problème n’est pas propre
à l’entreprise, mais plutôt à l’ensemble de l’industrie, ajoutant que ses
prévisions sont généralement plus prudentes que celles de ses concurrents.
« Notre tâche principale est de nous
assurer que nous ne prenons que des projets où nous créons effectivement de la
valeur. Il n’est dans l’intérêt d’aucun
actionnaire, ni de notre organisation d’opérer avec des prévisions de
production gonflées et de gagner des projets sur cette base »
Bon
ben voilà, les investisseurs sont prévenus.
Impossible de terminer ce billet sur les éoliennes off shore sans rappeler tout de même leurs nuisances.
(« un port comme Le Tréport, c’est 200 marins, il est
fréquenté par 75 navires de pêche sur l’année et représente un chiffre
d’affaires de 11 millions d’euros. Lorsqu’on nous a présenté le projet, nous
avons tout de suite compris que s’ils mettaient les éoliennes là, nous signions
notre arrêt de mort. Uniquement avec le chantier nous serions obligés d’arrêter
de travailler pendant 2 ou 3 ans…
Katherine Poujol de « Gardez les Caps » conclut en se
référant au rapport du député Aubert : « pas d’éoliennes dans les zones
de pêches artisanales et une distance d’éloignement minimale de 50 km en mer. »
Une distance qui, au demeurant, en ferait de vrais projets offshores.
Nous
avons organisé un voyage dans un parc éolien en activité bénéficiant de
conditions similaires aux nôtres, avec une courantologie et des fonds marins
comparables. En mars 2017, nous avons ainsi visité le parc de Thannet
sur proposition de l’Institut maritime de prévention (IMP) et nous
étions une dizaine de pêcheurs. Nous sommes revenus en pleurant : le
port de pêche s’est vidé, il n’y a plus que du fileyeur, nous n’avons vu aucun
bateau de pêche en activité. »
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