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vendredi 31 mars 2017

Sécurité du Médicament : comment sommes nous tombés si bas ?

Un problème international majeur

La contrefaçon de médicament est devenue un problème international majeur. C’est un marché très lucratif, jusqu’à présent sans grands risques dans lequel se sont engouffrés de véritables mafias. Un marché vingt fois plus lucratif que le trafic de drogue, avec des bénéfices estimés à 200 milliards de dollars et une répression peu efficace- à titre de comparaison, le chiffre d'affaire de l'industrie pharmaceutique est de 900 milliards de dollars, selon l’Institut International de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments (IRACM). Evidemment, les pays en voie de développement sont les plus touchés : on estime qu’on estime qu’en Afrique, un médicament sur trois en circulation est issu de la contrebande. On hésite à qui décerner la palme de l’ignoble. En 2013, les  faux traitements contre le paludisme, auraient entraîné la mort de 122 350 enfants africains âgés de moins de 5 ans (IRACM). Ou ceci : « Au Niger, il y a quelques années, 2500 enfants avaient été vaccinés avec de l’eau du fleuve », se souvient Bernard Leroy (IRACM). Ou encore cela :  des produits contre la toux à base d’antigel de voiture (84 décès au Nigeria en 2009). Toutes les  classes de médicaments majeurs sont concernés, avec des conséquences terribles : produits imitant des vaccins, des antibiotiques, des analgésiques, des antidiabétiques, des contraceptifs, des médicaments contre le cancer - les maladies infectieuses, paludisme, VIH, tuberculose, sont la proie privilégiée.
C’est déjà assez scandaleux ; mais jusqu’à présent on pouvait penser que la France était assez épargnée, grâce à la vigilance des autorités et partenaires du système de santé, à la distribution en pharmacie et à sa sécurisation etc.

Et la France : une plaque tournante majeure et maintenant un site de production de  faux médicaments

La France est déjà devenue une plaque tournante du trafic international, avec une explosion des saisies : en 2014, les douanes françaises ont intercepté plus de 2,5 millions de contrefaçons, contre 35.000 en 2010 et 95.300 en 2012 ; Les médicaments sont désormais en tête des produits les plus copiés, représentant près de 29,5% du total des contrefaçons saisies.
 Ensuite viennent les ventes illégales sur Internet, où un médicament sur deux est faux. Parmi les médicaments les plus concernés : amaigrissants, anabolisants, Viagra. Faute d’oser les demander à leur médecin, les adeptes préfèrent acheter sur internet.
Mais ça ne s’arrête pas là : la France est devenue aussi un point d’entrée pour des médicaments contrefaits, dans les circuits de distribution européens. Ainsi, à Marseille, les acteurs présumés d’un réseau parallèle responsable de l’introduction en Europe entre 2006 et 2009 de médicaments falsifiés fabriqués en Chine, Arnaud Bellavoine, 47 ans, gérant de fait d’une société offshore sur l’île Maurice, et Catherine Koubi, dirigeante de la société niçoise de courtage Keren SA, ont comparu pour une série d’infractions. Ils doivent répondre de tromperie aggravée par le danger qu’ils auraient fait courir aux patients. Au cours des seuls quatre premiers mois de 2007, ils auraient acheminé depuis la Chine plus de quatre tonnes de deux médicaments dont le principe actif était absent ou grandement sous-dosé, voire remplacé par du sucre. Les prévenus auraient ainsi revendu à des distributeurs grossistes de la chaîne d’approvisionnement de l’Union européenne de grandes quantités de contrefaçons de Plavix (un produit développé par Sanofi-Aventis, indiqué dans la prévention des risques cardio-vasculaires) et Zyprexa (fabriqué par l’américain Eli Lilly et prescrit contre la schizophrénie et les troubles bipolaires).

Pire encore : la France est aussi devenue un site de production de faux médicaments. Les médicaments contrefaits viennent en effet en grande partie d’usines indiennes ou chinoise, dont certaines travaillent parfois en partie à la fabrication de médicaments officiels correspondant aux standards internationaux, et, en dehors des horaires normaux, à des productions clandestines.

Un nouveau pas a été franchi avec la production en France même de faux médicaments sous le nom de First Immune. Deux ressortissants britanniques ont été arrêtés pour avoir organisé un vaste trafic à destination de plusieurs pays européens. C'est dans un corps de ferme près de Digosville, dans la Manche,  que les enquêteurs de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) ont découvert la base arrière d’un site internet spécialisé dans la vente de médicaments non autorisés. Les gendarmes ont aussi révélé l'existence d'autres laboratoires clandestins appartenant au même réseau dans les environs de Cherbourg. «Le nombre de laboratoires est impossible à dire à ce stade de l'enquête», a indiqué au Figaro une source judiciaire.

En dehors de ses implications gravissimes pour la santé, la contrefaction de médicaments représente un enjeu économique important. Un médicament sur dix vendus dans le monde serait une contrefaçon. Le manque à gagner pour l’industrie pharmaceutique en Europe est évalué à 10,2 milliards d’euros par an, selon un rapport de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) publié en 2016.

La contrefaction de médicaments, nouveau défi criminel

C’est une criminalité pharmaceutique en plein essor qu’il faut prendre au sérieux et combattre. Une Convention Médicrime, unique outil international qui criminalise la contrefaçon mais aussi la fabrication et la distribution de produits médicaux mis sur le marché sans autorisation ou en violation des normes de sécurité a été créée en 2011 et démarre poussivement - à ce jour, elle ne compte  que 26 Etats signataires. Combien faudra-t-il de mort, singulièrement dans les pays les plus pauvres avant qu’elle soit effective, même si cela heurte les intérêts de certains pays contrefacteurs. Certains pays (Algérie, Etats-Unis, Hongrie, Mexique,Russie)  ont récemment considérablement  alourdi les peines à l’encontre des trafiquants de faux médicaments. Constatons aussi que la multiplication de la fabrication de génériques dans des pays à bas coût de main d’œuvre a constitué une tentation peu résistible pour la fabrication de médicaments contrefaits.

En ce qui concerne la France, la sécurité des chaines de distributions exclusives ( répartiteurs et pharmacies) constitue encore une bonne protection, ainsi que le respect des emballages – des solutions de marquage plus sophistiquées pourraient le cas échéant être étudiées.. La multiplication des ventes hors pharmacies serait au contraire un danger à prendre au sérieux. Et surtout, cette fausse bonne idée, extrêmement dangereuse : la vente à l’unité des médicaments. Elle n’a aucun intérêt économique, car, rappelons-le, sauf cas particulier, ce n’est pas le  produit médicament lui-même (la pilute, le comprimé) qui coûte cher, mais la recherche qui a permis sa découverte : le déconditionnement et la vente à l’unité renchériraient le prix du médicament du coût des manipulations en officine ! Et surtout, ils mettraient en péril la sécurité de sa distribution en rompant les emballages- favorisant le reconditionnement de médicaments comprimés.


Si les Etats ne réagissent pas davantage, « la contrefaçon de médicaments risque de devenir un phénomène hors contrôle, menaçant à la fois l’Etat de droit et la santé publique », décrit Bernard Leroy, directeur de l’IRACM. Eh bien il est plus que temps d’agir !!


mardi 28 mars 2017

The future will be eugenics _ a challenge for Ethic Committees


In a recent blog, I wished good luck to the new President of the French Advisory National Ethics Committee, PR. Delfraissy, about a questionable judgment concerning the volunteering of umbilical blood donation policy adopted by the CCNE. But the end of the year 2016 brought two scientific important events, one fairly adverstised, the other more technical and rather unnoticed, that concern at the highest point, because both entail the impartial observer to a certainty. : our future societies will be eugenic, rest to know to what extent and why?

The first three parents babies

In April 2016 was born the first baby with three parents - but the birth was announced on 27 September 2016 by the American Society for Reproductive Medicine. An international medical team led by Dr. John Zhang, New Hope Fertility Center in New York, has used a novel genetic transfer technique to avoid mother to give birth to a child  with Leigh or Encephalomyopathie Subacute Necrotizing syndrome genes, causing a rapid loss of brain capacity and death after excruciating pain in a few year - sick children do seldom reach an age of seven/eight years. One of the most serious forms is the result of a genetic defect in mitochondria, the energy factory of the cell, and these defective  mitochondria, are only passed on by mothers- mitochondrial DNA is different from DNA in the nucleus of cells.

Dr. Zhang has invented a Protocol consisting in taking an ovule from a woman that can transmit the Leigh disease, removing the core and the genes it contains and transfering it into a healthy donor ovule, deprived of its nucleus, but keeping healthy mitochondrial DNA. The ovule was then fertilized by the father and carried by the mother. Thus the newborn has inherited genetic heritage of his  both parents and healthy mitochondrial DNA of the ovule donor. Five embryos were prepared in this way, one was healthy and has been successfully transferred. The operation is illegal in the USA, it was conducted at the Mexico - Fortunately, there was not wall yet !

The French and European press generally reported this success with a lot of reservations (a technique that poses serious questions etc.) Then, this: the couple who has resorted to this technique had already had two children who died of the disease of Leigh and the mother had suffered two other miscarriages.

So Welcome to the world to  little Abrahim Hassan, and hope for him –There are still uncertainties, for example  interferences between cell and mitochondrial DNA are not well known. But, if this technique works, Dr. Zhang and Hassan parents will be heroes of humanity as Pasteur and Joseph Meister. On behalf of what research and experimentation on this technique should be banned? In France and not in  England?  This  cannot hold any longer.

Hundreds of embryos from mice skin cells...

Another major  scientific event of last year was the result of the work of Professor Katsuhiko Hayashi of Kyushu University and his team. (Mouse eggs made from skin cells in a dish (Nature 538, 301 (20 October 2016) : mice ovules have been created  from embryonic stem cells and from reprogrammed skin cells taken from the tails of mice ! A chemical "soup" was then restored, reproducing the natural environment of an ovary to encourage the stem cells to turn into follicles. As expected, healthy ovules were harvested in these follicles.

The Japanese team then fertilized the ovules with mouse sperm, and thus obtained hundreds of embryos at the earliest stages of their development. then, 300 of them aged two days have been implanted in female mice "carriers".

In total, the experiment resulted in 11 embryos, all leading to birth of viable and fertile  mice, themselves able to become pregnant and give birth to a second generation. It's the first time that man has been able to develop in the lab fully mature and fertilized ovules and this from non sexual cells –skin cells !! Even if we are still far from the creation of human embryos from reprogrammed skin cells- this is coming ! “Someday this approach could be useful to women who lost their fertility at an early age, as well as to improve the more conventional infertility treatments,"says Richard Anderson Professor of science of clinical reproduction at the University of Edinburgh.

We already know how to sort embryos in the early stages to avoid certain malformations or genetic diseases... or choose the sex of a child. But real eugenics was severely limited by the number of embryo - sorting four, five, six embryos severely limit the possibilities. However, with the experience of Dr. Hayashi, it will be possible to obtain several hundred embryos; eugenics then becomes possible.

Eugenics becomes possible, then it will part of our future

So it will be. I don't see any example of technique invented by' man who has not been applied - and especially, and for good reason, if it allows to address dramatic problems such as mitochondrial diseases. And, as a good positivist, I also believe that intellectual, technical and moral progress go hand in hand and that, because we own the  intellectual knowledge and technical capabilities that allow eugenics, we will also use it wisely. Man has been able to limit the military  use of dum dum bullets (banned at the first Hague conference in 1899), as well as of chemical weapons, nuclear weapons.

But we should  realize what is happening, instead of indulging  in wasteful and dangerous denial, and  appreciate realistically benefits and  hazards issues. This  includes realizing the extreme danger that would represent for the human species the temptation to engineer allegedly perfect  prototypes that, in fact,  would put our species in great danger. We know from Darwin that diversity, including “imperfections”, is the best and only receipt for successful evolution -  unfavourable mutations, like thalassemia, helped save people against malaria; or gene mutation for  Chemokine  receptors (CCR5-Delta 32 Mutation), which can decrease immunity, protects against AIDS infection.

So a real job is necessary at the highest necessary point for exposure, discussion, evaluation of this future from scientists involved, ethics committees, in fact all  stakeholders. Will we make the grade? We should not wait too long to start!


lundi 27 mars 2017

Du corporatisme judiciaire à la tyrannie (3)

L’interférence de la justice dans les affaires politiques

Dans deux blogs précédents, j’ai évoqué la qualité douteuse de la justice rendue en France,  le droit que les juges s’accordent de ne pas respecter les lois, en l’occurrence de bioéthique, leur refus d’être mis en cause et de rendre des comptes au peuple français, au nom duquel pourtant la justice est censément rendue. Et ceci, au nom bien sûr de l’indépendance de la justice, en réalité d’un corporatisme qui devient insupportable et tyrannique. Et la colère que suscite ainsi, d’Outreau à Jacqueline Sauvage, des jugements contradictoires à propos des salariés uberisés à la main que prête la justice à la politique de harcèlement d’organisations tels le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF)

Je vais dans ce dernier blog évoquer le problème délicat de l’interférence  de la justice dans les affaires politiques. Pour commencer, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé Georges Bensoussan poursuivi par le CCIF pour avoir dénoncé l’antisémitisme dans certains milieux musulmans français, désavouant ainsi un procureur complice des censeurs, de ce qu’Alain Finkielkraut avait appelé « une catastrophe intellectuelle et morale.» et qui avait requis 1500 € d'amende à l'encontre de l'historien- au nom du peuple français, donc du mien. Eh bien je dis et je maintiens que le pouvoir politique a le droit, et même le devoir d’assurer la liberté d’expression, et donc de donner des instructions pour refuser d’engager des poursuites dans des cas comme celui-ci. Et que ce procureur, digne successeur de Mornet, devrait être sanctionné.

La justice française contre la liberté d’expression

En décembre 2015, Marine le Pen, en réponse à des propos de Jean-Jacques Bourdin comparant le Front National et Daech (parlant de « liens » et de « communauté d’esprit ») avait diffusé trois photos d'exactions commises par Daech, dont celles sur le journaliste américain James Foley et un pilote de l'armée de l'air de Jordanie, sans avertissement et sans masquer certaines zones des images avec le commentaire suivant : «Ça suffit. Cela commence à bien faire. Si ces attaques sont désormais la ligne de BFM, puisque Ruth Elkrief a osé le même rapprochement, il est temps que cela cesse ». La justice française a décidé de la poursuivre et a demandé et obtenu la levée de son immunité au Parlement Européen- Dimitrios Papadimoulis (GUE, extrême gauche) présidait les débats au Parlement Européen.
Eh bien, je dis que cette inculpation et ces poursuites, quoi que l’on pense de Marine Le Pen, constituent une atteinte grave à la liberté d’expression et sont inacceptables et scélérates.
Pour en rester avec la famille Le Pen, je dois dire que j’ai même du mal à trouver acceptable la dernière condamnation de Jean-Marie Le Pen à trois mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende pour avoir déclaré : « En France du moins, l’Occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés. »  La Cour Européenne des Droits de l’Homme a estimé que « la décision des tribunaux français s’est certes traduite par une ingérence dans la liberté d’expression » de M. Le Pen, mais celle-ci n’était pas « disproportionnée ». « Les juridictions nationales ont condamné le requérant à l’issue d’une analyse méthodique et approfondie des propos incriminés, en relevant que ceux-ci étaient loin de se limiter à une critique constructive mais tendaient en réalité à réhabiliter une organisation criminelle ».
Autrement dit, premièrement, la justice française oblige à considérer que « l’Occupation en France a été particulièrement inhumaine », sans doute plus qu’aux Pays-Bas, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Ukraine, en Russie… C’est non seulement faux, mais scandaleusement injurieux pour les victimes de ces pays. Et deuxièmement, on est condamné non pour ce qu’on dit réellement, mais pour ce que le tribunal suppose que l’on pense. Cette justice est dangereuse et inacceptable.
Passons à l’autre bout du spectre politique. Le tribunal de Boulogne sur Mer a, comme mesure provisoire, interdit à un certain Mathieu,  actif auprès des réfugiés de la «jungle» de Calais, qui aurait aidé des migrants à traverser la Manche en canot pneumatique une « interdiction d'entrer en contact avec «tous journalistes »
Le contrôle judiciaire permet au juge d'instruction d’imposer des obligations ou des restrictions aux mis en examen, par exemple, ne pas quitter une zone délimitée ou ne pas entrer en contact avec certaines personnes en lien avec la procédure. Que je sache, ce n’est pas le cas des journalistes !  Il s’agit donc là d’un abus de pouvoir, pour ne pas dire d’une forfaiture. Et pourtant, malgré la contestation de Mathieu, la décision du juge d’instruction a été confirmée. Et pourquoi pas, puisque nous sommes en tyrannie judicaire.

Affaire Fillon : quel est le pire danger pour la démocratie ?

Difficile évidemment de ne pas terminer par les affaires qui animent fâcheusement cette campagne politique.  Avec un peu de recul, on peut constater qu’on est loin des millions d’argent carrément très sale ( Chirac, Balladur) ou illégal (Sarkozy) qui ont déferlé sur les campagnes électorales précédentes. Quelle que soit la réalité des faits, j’ai du mal à croire que le Parquet Financier n’a pas de dossiers plus importants à traiter et l’on peut s’étonner d’une célérité assez inhabituelle. Tout cela ressemble quand même fortement à une volonté des magistrats de se payer des politiques.
Dans une tribune récente, Jean-Pierre Chevènement s’est déclaré «inquiet pour l'avenir de la démocratie» alors que la justice refuse de s'imposer une trêve électorale. Dénonçant la judiciarisation de  l’espace public, il affirme : « la république, c'est d'abord le suffrage universel et la sérénité avec laquelle les citoyens doivent pouvoir s'exprime ».
Disons-le autrement : la séparation  des pouvoirs, c’est aussi le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif non soumis pour leur mission propres au pouvoir judiciaire. Il serait temps de s’en souvenir.


La justice française à force de corporatisme, d’ arrogance  de refus de rendre des comptes devient inacceptable .  Deux solutions possibles :  1) que Le Conseil Supérieur de la Magistrature ne soient pas composés de magistrat mais de représentants désignés par l’Assemblée Nationale, le Sénat et la Présidence de la République pour un mandat donné, de façon à ce que les juges ne soient pas jugés par leurs pairs exclusivement 2) A défaut, ou peut-être en sus, que comme aux USA ou en Suisse, les juges soient élus.(cf  le blog d Aurane Reihanian sur Huffington Post)


samedi 25 mars 2017

Débattre sérieusement avec le Front National sur l’Euro

Se mobiliser pour l’Euro

Le débat ou plutôt l’absence de débat sur l’euro devient de plus en plus inquiétant, et surtout  l’impréparation et disons l’arrogance et le mépris envers le Front National qui mènent à la catastrophe.

Résumé à ma manière des épisodes précédents : Marine Le Pen annonce qu’elle préparerait une sortie de l’euro. Réponse reprise en perroquet par tous les arrogants : pauvre populiste à la petite cervelle, la dette, libellée en euro, va devenir insupportable.

Réponse de Marine Le Pen : eh bien non, la dette est libellée en monnaie nationale. La dette contractée en euros sera remboursée en nouveau franc quelle que soit sa valeur, et nul n’aura à y redire.

Eh bien tous durent convenir qu’elle a raison, et ce fut dévastateur.

Alors les arrogants, qui n’avaient pas compris la leçon et ne bossaient toujours pas leur sujet, répondirent. : Ah oui, mais dès le lendemain, il sera impossible d’emprunter, même à des taux rédhibitoires, sur les marchés.

Réponse de Marine Le Pen, toujours avec une longueur d’avance : Eh bien non, parce que justement nous n’emprunterons plus sur les marchés internationaux. Le retour au nouveau franc géré par la Banque de France permettra de revenir aux méthodes antérieures : la mobilisation de l’épargne des Français et surtout la libre impression de monnaie – la planche à billets ;

Et à nouveau les arrogants durent convenir que c’était possible ; et ce fut à nouveau dévastateur.

Ils répondirent alors que c’était enclencher les cycles infernaux de dévaluation/ inflation et la ruine des épargnants

Réponse de Marine Le Pen : Oui, mais voyez-vous l’euro depuis un an a baissé de près de 30% par rapport au dollar, et personne, dans la vraie vie courante, ne s’en est aperçu ! De telles dévaluations sont donc parfaitement supportables.

Et dans la bande des prestigieux économistes et grands dépendeurs d’ andouilles, il ne s’en n’est pas trouvé un pour lui faire remarquer qu’elle venait ainsi de sortir l’un des meilleurs arguments… en faveur de l’euro ! Rien ! Nada !

 Oui, L’un des meilleurs arguments… en faveur de l’euro pour au moins deux raisons. Car en effet, l’euro a bien perdu depuis un an près de 30% par rapport au dollar et cela n’a pas eu grand effet sur notre vie courante. Mais c’est que l’euro est la monnaie commune d’une zone économiquement intégrée dans laquelle, à la louche, chaque pays effectue plus de  70% de ses échanges avec les autres ! Il en irait tout autrement si par malheur les projets de nouveau franc de Mme Le Pen se concrétisaient – car c’est la quasi-totalité des échanges de la France, avec les autres pays européens qui s’en trouveraient affectés et la quasi-totalité de nos importations qui se renchériraient d’un coup, provoquant inflation, perte de pouvoir d’achat, spoliation des épargnants. Un des meilleurs arguments en faveur de l’euro car  il démontre qu’il est donc possible, si on le décide, de mener une politique de dévaluation compétitive de l’euro parfaitement supportable- surtout pour la France un peu moins sensible au cours du pétrole et du gaz que les autres, grâce au nucléaire. Mais la dévaluation compétitive du nouveau franc serait une catastrophe pour les Français et surtout les épargnants…
Cet argument, personne ne le lui a opposé ; et là encore, l’effet a été dévastateur.

L’ultime argument de Marine Le Pen

Cet argument de la dévaluation indolore de l’euro, nous ferions mieux de parier qu’elle aura l’intelligence de ne pas le reprendre ; et l’on peut prévoir quel sera le prochain, beaucoup plus redoutable :

Lorsqu’une monnaie se trouve beaucoup trop forte pour l’économie qui la sous-tend, il existe deux moyens pour y remédier et restaurer sa compétitivité  :  l‘un est la dévaluation, et c’est ce qui nous est  interdit par l‘euro, l’autre est la déflation, la réduction des coûts , des salaires, des filets de sécurité sociaux. C’est cette politique d’austérité qui a été menée avec une férocité inouïe, avec les conséquences que l‘on sait en  Europe du Sud, certes, mais aussi en Angleterre et en Allemagne, avec la multiplication des travailleurs pauvres, pour ne pas dire indigents.

Alors dira Marine Le Pen, quelle est donc la moins pire des deux politiques ?

Et la réponse est tout sauf évidente ; et à mon avis elle ne peut consister qu’à lui concéder ceci : oui, il faudra un changement total de la gestion de l’euro, ou alors, effectivement, il vaudra sans doute mieux en sortir. Mais heureusement, ce changement, même trop tardif, est en cours.

Une politique de l’Euro, pour sauver l’Euro

Mais la vraie réponse est me semble-t-il celle-ci : contrairement aux affirmations des déclinistes, nous ne sommes pas condamnés à une alternative entre deux solutions détestables. Il dépend encore de nous de sauver l’Euro, pour le meilleur.  Mais les arrogants devront reconnaître que, dans une zone euro hétérogène, la gestion de l’euro ne pouvait être qu’un compromis délicat, alors qu’il a été géré à la manière et au profit exclusif des Allemands, que c’était le meilleur moyen d’arriver à la catastrophe actuelle, et que cela doit changer. Cela a d’ailleurs commencé, et après avoir laissé se développer une crise grecque jusqu’au danger extrême une crise grecque  qui aurait dû être traitée à moindre mal, trop tardivement, le cap a complètement changé : mécanisme de stabilité monétaire, rachat massif des dettes, injections super massives de liquidités. Tout ce que la Banque Européenne s’interdisait, sous la pression allemande, elle l’a fait brutalement et rapidement, saisie d’une véritable débauche, sans que ce changement n’ait été expliqué et discuté. Il était surement nécessaire, mais jusque quand, à quel rythme, avec quelle ampleur ? Alors oui, il faudra que les dirigeants européens s’entendent sur une politique de l’euro et l’expliquent.

Et que l’on arrêt de croire et de faire croire que la politique monétaire n’est pas de la politique, et qu’une banque centrale ne fait pas de politique.

Et oui, l’Euro est aussi une question politique !  Et c’est une question d’indépendance ! Qui ne se souvient de cette déclaration cynique d’un Secrétaire d’Etat américain : le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème !. Eh bien, c’est aussi, et peut-être majoritairement contre cela que l’euro s’est fait- et qu’il doit continuer à exister.

Enfin, comment penser que le nouveau franc permettrait à la France, à la France seule, ô mânes de Maurras, de retrouver une souveraineté monétaire et économique ? Nous avons vu au contraire comment des firmes françaises et européennes ont été purement et simplement rackettées par le gouvernement américain en punition du non-respect d’embargo purement américains, sans légitimité internationale, contre certains pays…parce que ces échanges avaient  eu lieu en dollars ! Avec la politique néo isolationniste que semble prendre l’Amérique, la perte irrévocable de son statut d’hyper puissance,  il existe une vraie opportunité pour qu’un euro intelligemment géré devienne ce qu’il commence à être de plus en plus une véritable monnaie de réserve internationale qui permettra la fin d’un impérialisme américain brutal  et inacceptable. Il est possible et désirable de mettre fin à l’hégémonie du dollar tout en évitant de la remplacer par l’hégémonie d’une monnaie Asie pacifique que préparent lentement mais surement les Chinois. Le monde a besoin de plusieurs monnaies de référence, l’Europe a besoin de la sienne, et ce ne sera surement pas le nouveau franc de Mme Le Pen.

Je ne suis pas économiste, mais je suis avec passion les problèmes économiques et politique. J’ai peut-être mal employé quelques termes, me suis peut-être trompé sur le fond . Si quelqu’un peut et veut mieux faire, bienvenue !

Mais ce débat sur l’Euro avec le Front National, pas seulement d’ailleurs, avec tous les Français, il faut l‘avoir ! Et vite !


dimanche 5 mars 2017

Vous avez aimé Moi, Daniel Blake ? Votez Macron

Un acharnement antisyndical inédit

S’il y a une constante dans l’action de Macron, et qui explique sa popularité parmi le patronat le plus hostile à la régulation sociale, c’est sa volonté d’affaiblir voire même de supprimer les syndicats, ces corps intermédiaires bien embêtants qui empêchent les capitalistes si bien intentionnés de façonner la société à leurs besoins. C’était déjà bien l’intention de la loi travail, lorsqu’elle privilégie les accords d’entreprise aux accords de branche, laissant des salariés atomisés, privés de la force que peut amener une confédération syndicale.   Le programme qu’il a exposé sur les retraites et sur  l’assurance chômage met fin brutalement au paritarisme et va en pratique vers la suppression des syndicats.
Sur les retraites, à en croire son interview dans Le Parisien et ce qu'il a dit lors de sa conférence de presse de présentation de son programme ce jeudi matin, Emmanuel Macron veut créer «un vrai système universel de retraite» où «1 euro versé pour cotisation ouvrira droit aux mêmes droits» quels que soient le secteur, la catégorie ou le statut. «Les règles seront les mêmes pour tous les régimes, explique-t-il. Ce sera la vraie fin des inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé». Merveilleuse et sympathique justice ! Sauf que ces « inégalités » (tiens, en passant, pourquoi dénonce-t-on toujours les inégalités en visant de pseudo-privilégiés dont on veut abolir les pseudo-privilèges plutôt que d’aligner tout le monde sur le statut le plus favorable ?)  ces inégalités sont le produit de carrières, de sujétions, d’histoires très différentes, de compromis passés justement entre les syndicats et les employeurs pour régler des situations spécifiques. Le régime de retraite va basculer entièrement dans un système étatisé, ou ni syndicats, ni patrons n’auront leur mot à dire. Ce n’est pas un progrès. C’est une régression.
Et ne parlons même pas de la faisabilité- et il semble bien que le financier Macron parle sans expérience ni de la fonction publique, ni de l’industrie. En ce qui concerne par exemple les retraites de la fonction publique, il est impossible aujourd'hui de retracer la carrière des fonctionnaires au-delà de 5 ans en arrière car les données n'existent pas et sont détruites - c'est pour cela que les pensions sont calculées sur les 6 derniers mois de traitement, et non sur les 25 meilleures années comme dans le privé.  Se pose également la question de l'intégration des primes des fonctionnaires dans le salaire de référence  des primes  qui peuvent varier du simple au triple et représenter dans certains cas la moitié du traitement. Quand un régime plus généreux se rapproche du régime général, il paie une soulte à la CNAV et, en ce qui concerne les fonctionnaires la soulte représenterait des dizaines de milliards d’euros et serait financée par... les contribuables. L’alignement de la retraite des « privilégiés » de fonctionnaire va coûter très très cher !

Assurance chômage – vers l’étatisation, puis  la privatisation

Sur l'assurance-chômage, c'est la même chose, peu ou prou. M. Macron propose «un changement de philosophie complet» en sortant d'un système financé par les cotisations «pour aller vers un système universel financé par l'impôt et ouvert aux entrepreneurs, aux agriculteurs, aux indépendants, aux professions libérales. Et aussi aux salariés qui démissionnent, dans la limite d'une fois tous les cinq ans». Vous et moi avons chèrement, et en ce qui me concerne longtemps, cotisé à une assurance-retraite qui nous garantissait, en cas de chômage- de disposer pendant un certain temps d’un revenu de remplacement lié à mon ancien salaire. Dans le système étatisé de M. Macron, selon ses premiers projets,  ce ne sera plus le cas, et le revenu de remplacement …sera remplacé par des allocations minimales qui permettront une survie minimale. Pour les salariés en activité, c’est purement et simplement du vol ! Et le système sera plus restrictif  qu’actuellement, car, à supposer que vous puissiez vivre avec votre allocation minimale, celle-ci même vous sera coupée si vous refusez deux offres d’emploi crédibles !
L’Etatisation du système d’assurance chômage ne tardera pas à faire regretter le bon vieux temps du Paritarisme –, le bon temps des négos entre l’UIMM et la CGT- qui feraient bien de s’entendre rapidement sur une réforme de l‘assurance chômage avant la présidentielle, sauvant le paritarisme avant l’étatisation.
Mais bien sûr, il y a encore pire ! Car enfin, dans deux, trois quatre, ans, l‘Etat s’apercevra qu’il ne peut pas et ne sait pas gérer l’assurance chômage étatisée. Alors, il la privatisera et nous nous retrouverons dans l’état de Daniel Blake, le héros du dernier chef d’œuvre de Ken Loach, et de ces milliers de travailleurs anglais, gravement malade que l’assurance chômage privatisée contraint à rechercher un travail et qui en meurent !

En Marche, à rebours !


Oui, vous avez aimé Daniel Blake ? Votez Macron. Et rappelons qu’il y a un sens du progrès, celui qui va de la création de syndicats d’entreprises vers les fédérations de branches professionnelles, puis vers les Confédérations nationales, puis vers des confédérations syndicales au sein d’un espace économique commun ( les fédérations européennes), et enfin les fédérations internationales qui permettent d’éviter la surexploitation des travailleurs des pays pauvres. Et un sens rétrograde, inverse, qui atomise les travailleurs et ôtent toute efficacité à leurs organisations jusqu’à les rendre inutiles et les faire disparaître. C’est vers cela que Macron est en marche !





vendredi 3 mars 2017

Les génériques : des économies au détriment des patients ?

Infections mortelles sous Docétaxel générique. Sauver les génériques au détriment des patients ?

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) informe, dans un courrier adressé aux professionnels de santé, mercredi 15 février, de la survenue de 6 cas d’entérocolites sur terrain neutropénique, dont 5 ayant conduit au décès, chez des patientes traitées par docétaxel. Tous ces cas concernaient des femmes, âgées de 46 à 73 ans, atteintes d’un cancer du sein.

Au mois d’août 2016, des médecins de l’IGR (Institut Gustave Roussy) contactent l’Agence du médicament. Ils lui signifient que quatre femmes ont fait des chocs septiques après administration du générique du Docétaxel et que, parmi elles, trois sont décédées. Elles avaient entre 45 et 69 ans et,  fait observer un cancérologue, elles étaient «ni âgées ni fragiles», et le pronostic était plutôt favorable Deux autres sont mortes à Rennes. Enfin, si une autre patiente de 59 ans est morte à l’Institut Curie en juin 2016, puis une autre encore en février 2017. A chaque fois, le tableau d’infection grave est le même, totalement inhabituel, sans précédent. et le même médicament est impliqué : non pas le médicament orignal, le Docétaxel de Sanofi, mais le Docétaxel du génériqueur indien Accord.

On notera que les centres anticancéreux impliqués ont immédiatement remplacé le Docetaxel par le Paclitaxel. On notera aussi la longueur de la réaction de l'ANSM, et surtout que même, après le dernier décès, l’ANSM n’a formulé aucune recommandation : « Aucune recommandation n’est formulée à date en l’absence d’éléments complémentaires d’investigation… La suspension du générique d'Accord n'est « pas à l'ordre du jour !!! »,. Il faudra combien de morts ? Mais peut-être l’ANSM a-t-elle pris pour argent comptant la réaction du pharmacien (ir ?)responsable de Accord : « «Tous les médicaments ont des effets indésirables. Il n’y a rien de particulier. Il n’y a aucun problème. Le nombre de décès éventuellement rapporté au global en France est tout à fait dans les normes ». Et l’on ne sait toujours pas si des cas similaires ont été observés à l’étranger.

Et surtout, j’espère que la réaction très amortie de l’ANSM ne s’explique pas principalement par le souci de défendre coûte que coûte, et quelles que soient les conséquences pour les patients, la politique de substitution par les génériques. Car le recours, rendu obligatoire par les organismes payeurs au générique mortel d’Accord du Docétaxel résulte de cette politique et de la recherche forcenée d’économies. Sauver les génériques au détriment des patients ?

Pourquoi sommes-nous tombés si bas ?

Dans un blog récent (Médicaments_ Epidémies de pénuries), j’ai aussi rappelé les ruptures de stocks dans le domaine du médicament, de plus en plus nombreuses et parfois dramatiques ( par exemple, le Caelix, dérivé de la doxorubicine, indispensable pour les patients à risque cardiaque). En 2012, 80% des médecins traitant des cancers ont dû faire face à des pénuries de médicaments indispensables ; ces ruptures ont aussi touché des médicaments importants et très répandus, ainsi le Levothyrox pour les dérèglements de la thyroïde,- l’’agence du médicament a du autoriser en urgence un équivalent italien, mais, ce type de traitement est très sensible à de faibles variations de doses
C’est une situation dangereuse et anormale qui s’installe dans l’indifférence générale. Naguère (Il n’y a guère !)cette situation aurait paru incroyable, inacceptable ;l’industrie pharmaceutique se faisait gloire d’assurer sans défaut la distribution de ses médicaments, en partenariat avec les pharmaciens, et les agences de régulation y veillaient aussi soigneusement.
Mais le médicament, en dépit des services qu’il rend (combien d’opérations d’ulcères stomacaux ?)a toujours été le sacrifié prioritaire des politiques de santé. Il a fallu substituer systématiquement les génériques aux produits princeps (et non un générique n’est pas toujours équivalent au produit princeps !), puis des génériques moins chers que les autres génériques. Alors Les fabrications se font dans des pays en plus en plus exotiques et dans conditions pratiquement de moins en moins contrôlées, à flux tendus. D’où les problèmes de rupture d’approvisionnement et de qualité.

Des patients en meurent ! A quand une vraie politique du médicament !