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dimanche 20 mai 2018

Energies renouvelables : le rapport décoiffant de la Cour des Comptes 2018


Déjà il y a cinq ans, la Cour des comptes  fustigeait le caractère « difficilement atteignable » des objectifs de la France en matière d'implantation d'éoliennes, panneaux solaires et autres dispositifs de production d'énergie verte, ainsi que le « montant très élevé des engagements financiers consentis par l'État ». Cinq ans après, le constat a empiré et ils fustigent une politique qui reste incohérente, inefficace et extrêmement coûteuse et  réclame enfin une stratégie énergétique cohérente.

Energies renouvelables : De l’argent qui a coulé à flot pour un résultat nul

Pour la seule année 2016, la Cour des comptes estime la somme des dépenses publiques consacrée aux énergies renouvelables à 5,3 milliards d'euros. En 2023, si l'effort se poursuit, cette somme pourrait atteindre 7,5 milliards. Cette facture s'explique par un soutien financier massif de l’Etat très mal calibré. Surtout avant 2011, il a mis en place des aides, comme des tarifs garantis de rachat de l'électricité ou des subventions pour des résultats dont le moins qu’on puisse dire est qui ne sont pas à la hauteur, dénonce la Cour des comptes :

l'État doit ainsi payer chaque année 2 milliards d'euros pour produire par le solaire... 0,7 % du mix électrique français !!!. Soit, d'ici à 2030, la bagatelle de 38,4 milliards d'euros, pour une goutte d'eau énergétique.

Plusieurs appels d'offres pour des éoliennes implantées en mer sont remis en cause par le gouvernement actuel, tant les conditions tarifaires étaient avantageuses. L'éolien offshore est l'archétype de ces dysfonctionnements. Aux tarifs accordés en 2012 et 2014, les six parcs d'ores et déjà attribués au large des côtes françaises devraient coûter 2 milliards d'euros par an sur 20 ans, soit un montant total de 40,7 milliards, pour une part de 2% du mix énergétique !!! Alors que les parcs ne verront pas le jour avant 2020 ou 2021, ces tarifs (de 190 euros/MWh en moyenne) apparaissent aujourd'hui exorbitants

Aller, on compare au nucléaire pour s’amuser ? Eh ben, solaire plus éolien, c’est davantage sur cette période que le grand carénage (50 à75 milliards). Mais le nucléaire, lui, produit 80% de l’électricité et, en fait, ne devrait pas diminuer beaucoup (et rester largement au-dessus de 50%)

Et tiens, une autre donnée pour s’amuser : l’équivalent en photovoltaïque de la production d’électricité d’une centrale nucléaire de 1 300 MW nécessiterait une surface au sol de l’ordre de 68 km2 . la superficie de la commune de Nantes !!!!

Une politique incohérente….

L’incohérence, c’est la très démagogique et imbécile décision de descendre à 50% de nucléaire. La Cours des Comptes confrme une évidence : « Ce dernier objectif [la baisse du nucléaire] n'est pas compatible avec la trajectoire d'augmentation des capacités d'énergies renouvelables. » En clair : on n'arrivera pas à réduire si rapidement la part du nucléaire en si peu de temps, parce que les capacités hydrauliques, éoliennes ou solaires ne seront pas suffisantes. D'où la leçon administrée par la Cour des comptes : « Il conviendrait donc de définir une stratégie énergétique cohérente »...En effet !

Bien plus, la diminution du nucléaire serait négative pour les engagements climatiques français. Pour atteindre l’objectif de 50 % de nucléaire d’ici 2025, la France devrait fermer 23 à 27 réacteurs nucléaires et,serait obligée de recourir à des centrales à charbon et à des centrales au gaz pour assurer sa sécurité d’approvisionnement, ce qui conduirait à une hausse des émissions de gaz à effet de serre. Ce serait une folie pure, économique et écologique, et, souligne la Cour, « les acteurs du monde de l’énergie – même au sein des administrations intéressées – sont nombreux à ne pas avoir cru dans les objectifs et la trajectoire définis par la PPE (Programmation de la Politique Energétique) En effet !

Qui n’a pas permis de faire émerger des champions nationaux

Malgré les milliards déversés, la Cour des Comptes constate que faute d’avoir établi une stratégie claire et des dispositifs de soutien stables et cohérents, le tissu industriel français ait peu profité du développement des Energies Renouvelables et que la France ne soit pas parvenue à se doter de champions européens dans ce secteur. La France ne compte aujourd’hui aucun ensemblier d’éoliennes terrestres et a perdu ses champions sur l’éolien, partis chez Siemens ou chez General Electric ; et pour le solaire, ce sont les Chinois qui grâce à une politique industrielle volontariste et rationnelle et à leurs terres rares ont tout emporté ! Quelques petit innovateurs subsistent :  Compte-R (chaudière biomasse de grande puissance), Poma70 (éoliennes terrestres renforcées ou adaptées aux plafonds aéronautiques bas), DualSun (panneaux solaires hybrides), Photowatt (fabrication intégrée de modules photovoltaïques)…

Autres incohérences : emploi et coûts réels

Emplois : La Cour fustige également le flou considérables des prévisions  ( déjà démenties par le flop  industriel décrit ci-dessus) et même du suivi des emplois créés par les Energies Renouvelables ; l’ADEME estimait le nombre d’emplois directs liés aux marchés des EnR hors biocarburants sur le territoire national en 2016 à 79 000, en hausse de 30 % par rapport à l’année 2006…mais seuls 15 % (12 000) peuvent ainsi être considérés comme des emplois industriels. Face à cela, on ne met jamais en balance le nombre d’emplois industriels bien payés qui seront détruits dans le nucléaire (220 000 emplois directs et indirects)

Coûts : la Cour signale que pour l’instant les coûts d’adaptation du réseau à l’arrivée des énerges renouvelables n’est jamais mentionné, ni pris en compte.  L’Ademe l’estime de 13 à 18 €/MWh pour 30% d’eénergies renouvelable- ce qui double le coût de l’acheminement  et représente de 15 à 20% d’augmentation automatique et inévitable !
De même, les solutions d’autoconsommation ont aujourd’hui une attractivité financière qui repose en partie sur l’absence de paiement du tarif d’utilisation du réseau.

Enfin, il y a tout de même une incohérence fondamentale à vouloir réduire le poids du nucléaire tout en expliquant que c’est une énergie qui, du fait de sa compétitivité, perturbe la concurrence….

Des problèmes différents selon les pays :

La Cour des comptes met en cause également la cohérence des aides de l'Etat, concentrées pour l'essentiel (4,4 milliards d'euros) sur les EnR électriques, alors que 567 millions seulement vont vers les EnR thermiques, qui représentent pourtant 60% de la production nationale… Plus de la moitié de l’énergie consommée en France l’est sous forme de chaleur (50,6 %), devant l’électricité (34,2 %) et les transports (13,2 %). D4autre part La prépondérance de l’énergie de source nucléaire en France conduit en effet à ce que l’électricité française produite soit décarbonée à 98 % et que les émissions de gaz à effet de serre françaises du fait de la production électrtique soient donc limitées comparativement aux autres pays de l’UE.

En France, pour lutter contre la pollution, contre le réchauffement climatique et pour faire des économies, ce n’est pas à la production électrique qu’il faut s’intéresser, mais au thermique et au transport ! En Allemagne et en Angleterre, c’est le contraire !

L’exemple suédois est souvent mis en avant, mais si les Energies Renouvelables ont atteint en Suéde  en 2016 près de 54 % de la consommation énergique finale de la Suède.c(est parce que celle-ci dispose d’une énergie renouvelable pilotable et stockable, c’est l’énergie hydroélectrique qui représente  47 % de l’électricité produite en Suède.  Et  contrairement à beaucoup de pays européens, ce n’est pas grâce à la multiplication de dispositifs de soutien que la Suède est parvenue à développer massivement sa production d’énergies renouvelables mais, dès 1991, via une taxe carbone élevée (120 €/tCO2)

Recommandations de la Cour des Comptes :

Afin d’éclairer les décisions publiques prises à l’avenir, la Cour considère désormais indispensable de calculer et révéler le coût complet du mix énergétique programmé et les soutiens publics induits, et d’asseoir les décisions de programmation énergétique sur ces informations. En effet- et de le comparer au nucléaire !

La Cour formule en outre les recommandations suivantes : accroître les moyens du fonds chaleur pour atteindre les objectifs de développement fixés aux EnR thermiques ; définir une stratégie énergétique cohérente entre les objectifs de production d’énergies renouvelables (EnR) électriques et le nucléaire dans le mix ; - clarifier les objectifs industriels français associés au développement futur des EnR.



vendredi 18 mai 2018

Raisons de détester l’Eurokom 5 : Grands problèmes avec l’euro


Europe et Eurokom

Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.

L’euro, c’est l’austérité

Soyons clair, dès le début, il a été entendu que l’euro devait être géré comme l’était le deutschmark, avec cette volonté de l’Allemagne, pour des raisons historiques obsessionnelles d’avoir un « euro » fort. Résultat : lorsqu’une monnaie se trouve beaucoup trop forte pour l’économie qui la sous-tend, celle de l’ensemble de la zone euro, il existe deux moyens pour y remédier et restaurer sa compétitivité :  l‘un est la dévaluation, et c’est ce qui nous est  interdit par l‘euro, l’autre est la déflation, la réduction des coûts , des salaires, des filets de sécurité sociaux. C’est cette politique d’austérité qui a été menée avec une férocité inouïe, avec les conséquences que l‘on sait en  Europe du Sud, en Grèce, en Espagne, en Italie, certes, mais aussi en Angleterre et en Allemagne, avec la multiplication des travailleurs pauvres, pour ne pas dire indigents – et c’est cela que l’on nous propose comme modèle !

Et ne parlons même pas du traitement indigne qui a été infligé à la Grèce, un traitement avec la volonté de punir et d’humilier, tellement que même le FMI  s’était indigné d’une méthode contreproductive qui a fini par coûter beaucoup plus cher à toute l’Europe. Là, l’Euro, ce n’est plus l’austérité, c’est la sauvagerie ! : forte hausse du chômage dans toutes les catégories sociales, doublement des cas de suicides, une hausse des homicides, une augmentation de 50 % des infections au virus HIV, des gens, des morts faute de soin.

Et la crise grecque a rapporté près de 8 milliards à la BCE !

 La réalité de l’euro, c’est l’explosion de l’Europe, pas la convergence      
 
Patrick Artus au Rendez-vous de l’Histoire de Blois (1017) : l’idée vendue par les promoteurs de l’euro que celui-ci entrainerait une convergence des économies n’était qu’une escroquerie, démentie par les théories économiques les plus solides. Une même monnaie pour des économies hétérogènes entraine au contraire une divergence et une spécialisation des économies. Donc ce qui était prévisible, avec l’Euro, l’Allemagne renforce son industrialisation, l’Espagne et l’Italie se désindustrialisent et se spécialisent… dans quoi : le tourisme et les primeurs et fruits à bas coût… Et la France dans quoi ? le tourisme, la viticulture, la gastronomie, quelques services publics, un peu d’agriculture.-(cf Houellebecq !)

Si des pays se spécialisent à l’excès, leurs structures économiques deviennent très différentes. Cela entraîne une divergence des niveaux de revenus entre les différents pays, prévisible et inévitable ! Il était assez naïf de croire que du moment qu’on a la même monnaie on a la même économie… c’est une terrible erreur d’analyse de ne pas avoir réfléchit à l’hétérogénéité engendrée par la spécialisation des nations membres.

Donc, le principal bénéfice attendu de l’euro, le marché unique, a en fait très mal fonctionné, et seulement au profit de l’Allemagne. L’Euro, c’est comme l’Allemagne et le foot du monde d’avant , tout le monde joue, à la fin c’est l’Allemagne qui gagne

La zone euro meurt d’un manque de solidarité et de l’égoïsme allemand

Pour remédier à l’hétérogénéité engendrée par la spécialisation des économies, il faut à l’intérieur d’une union monétaire hétérogène un mécanisme qui permet des transferts massifs et automatiques  des fonds des zones les plus riches vers les zones les plus pauvres. C’est exactement ce qu’on observe aux Etats-Unis où les transferts entre Etats sont énormes ; si un Etat perd un euro, le système fédéral lui rapporte 60 cents (en Europe, pour un euro perdu c’est un cent seulement…)

La grande crise pour l’Europe de 2011 à 2014 résulte de ce que l’Allemagne a cessé de prêter au pays du Sud. De façon brutale, le déficit extérieur de ces pays n’a plus été financé, ce qui les a obligé à le réduire en contractant les dépenses intérieures. L’austérité européenne est en fait une conséquence de l’arrêt brutal du financement allemand, soit l’égoïsme d’une des nations les plus riches qui a le plus bénéficié des avantages du marché unique sans en subir les inconvénients. Et pourtant, l’Allemagne n’a pas hésité .à ces transferts massifs pour financer sa réunification, que les autres pays européens dont la France ont aussi financés par des taux d’intérêts anormalement élevés…Mais fallait-il s’attendre à autre chose ?

L’euro a raté son internationalisation

Un des grands arguments en faveur de l’euro était la volonté d’échapper à l’hégémonie du dollar en matière de règlements internationaux.- le dollar, c’est notre monnaie, mais c’est votre problème proclamait le ministre des Finances de Nixon !

Or l’euro a complètement raté son internationalisation, et les échanges. En fait, depuis  sa création en janvier 1999, la place de l’euro dans les échanges internationaux n’a cessé de décliner ! – au point qu’il est clair aujourd’hui que la monnaie qui fera inexorablement concurrence au dollar, c’est le yuan que la Chine internationalise très progressivement et prudemment.

Sur ce plan là aussi, l’euro est un échec. Et un échec qui nous coûte cher :- En 2014, la banque BNP Paribas a ainsi dû verser 8,9 milliards de dollars pour des transactions menées hors des États-Unis, avec des pays sous embargo américain, comme l'Iran. Et nous le réalisons à nouveau, avec la rupture par les USA de l’accord avec l’Iran et, par exemple ; Total qui se voit contraint de céder ses parts de champ pétrolier …à la Chine.

Une anecdote : Poutine, lors de l’affaire Ukrainienne, au pire de ses relations avec l’administration Obama, menace Mme Clinton de transférer ses contrats pétroliers et gaziers du dollar vers l’Euro. Réponse de Mme Clinton : c’est beau, la solidarité orthodoxe, mais vous voulez vraiment utiliser la monnaie de la Grèce ! Et Poutine ne fit rien.



dimanche 13 mai 2018

Anne Hidalgo et Smovengo ; l’histoire d’un désastre !


Un désastre pour les Parisiens

Après avoir géré pendant dix ans le service de vélo en libre-service parisien, l’entreprise JCDecaux a perdu l’appel d’offres en avril 2017 au profit de Smovengo (qui réunit la PME montpelliéraine Smoove, les espagnols Mobivia et Moventia et Indigo, leadeur du parking). Le plannig initial était le suivant : Le planning officiel était le suivant : fin du dématèlement des Cvlocity (Decaux) fin janvier 2018,installation de la moitié des Smovengo en janvier et l’autre moitié au cours du premier trimestre. Mi mai 2016,  nous en sommes à lors que le mouvement social est entré dans sa quatrième semaine, seules 675 stations sont ouvertes alors que le plan initial prévoyait la mise en place de 1400 stations fin mars. Mais station ouverte ne signifie pas que l’on puisse y prendre des vélos : Smovengo a annoncé le retrait de 1500 à 2000 vélos électriques et 3000 vélos bloqués en station en raison d'erreurs informatiques, notamment, sur environ 9000 déployés ! Seules 11 stations électrifiées sont en état de marche ; la solution provisoire des stations sur batterie se révèle un bricolage répugnant qui ne fonctionne pas. Et les vélos électriques sont pour l’instant retirés !

 Le printemps arrive et les parisiens ne peuvent pratiquement pas utiliser de velib- le service a d’ailleurs proposé, pour ceux qui en font la demande, de rembourser les trois premiers mois ; c’est bien le minimum, mais encore faut-il que les abonnés le demandent en s’inscrivant sur le site

Un désastre pour les salariés

A la catastrophe industrielle se joint une catastrophe sociale. Il faut voir avec quelle morgue le président du consortium Smovengo , Yann Marteil, dans un article du Monde du 6 novembre 2017 s’adressait aux salariés de Velib Decaux: « Les anciens JC Decaux doivent postuler sans tarder  à Smovengo », en expliquant que, contrairement aux pratiques habituelles, les salariés ne seront pas repris, leurs contrats de travail ne seront pas transférés, ils doivent démissionner pour être repris, et il n‘y aura pas de la place pour tout le monde !
Et effectivement sur ce terrain là, c’est aussi une catastrophe au point que depuis le 17 avril, soit plus de trois semaines, les nouveaux salariés de Smovengo sont en grève, , franchement, on les comprends : sous-effectifs, et pas qu’un peu : « On est passé de trois cents agents de terrain sous la direction de JC. Decaux, à moins d’une centaine actuellement. ». « On nous avait dit qu’on nous reprenait aux mêmes conditions, mais Smovengo nous a imposé de nouveaux horaires ». 70 % des agents travaillent de nuit ; or  la majoration des salaires de nuit a considérablement baissé, passée de 45 % à Cyclocity à 10 % à Smovengo. Et pour les week-end, il n’y a plus du tout de majoration, zero ! Le panier-repas, lui, est passé de 12 euros à 5,73 euros. Les arrêts de travail se sont multipliés amplifiant un sous-effectif chronique…d’autant que les agents sont en première ligne pour éprouver la mauvaise humeur des parisiens, certes justifiée, mais pas contre eux.

 Résultat : pour arranger le tout, une grève des salariés de Smovengo- une cinquantaine, soit 85 % ! des agents de terrain, selon les responsables du mouvement) à faire grève. Et pour gaire mieux : Smovengo a assigné 37 employés grévistes sont assignés au tribunal correctionnel de Paris.

Un gaspillage écœurant

Commentaire d’un internaute : Si on résume : on avait un système qui fonctionnait globalement bien qu'on fout en l'air. On avait des bornes qui auraient pu être adaptées à d'autres vélos, on les détruit et on les change avec des travaux colossaux. On avait des vélos qui remplissaient leur fonction, on les jette. On avait un abonnement raisonnable, il augmente... On avait des salariés qui connaissaient leur boulot, on les vire !! Qu'est ce qu'on dit ? MERCI HIDALGO !!

Un appel d’offre étrange

En effet ; et l’on peut se demander quel mécanisme d’appel d’offre peut au juste  arriver à un tel désastre ; ce n’est ni le mieux disant ni en terme de services, ni de prix, ni pour les salariés. Challenge (7 juillet 2017) rapporte de bien curieux ou affligeants renseignements : La décision s’est faite essentiellement sur le coût , et contre l’avis de la SNCF et de la RATP ;  entre les deux offres  « s'est fondé sur un dumping social, avec une proposition excluant la reprise de l'ensemble des personnels et reposant sur de nouvelles équipes inexpérimentées, moins nombreuses et à des conditions sociales et salariales dégradées ".  Et les dirigeants de JCDecaux, assez furieux, «  n'ont pas compris pourquoi le tribunal administratif n'avait pas fait grief à Smoovengo de refuser de s'engager à reprendre leurs 350 salariés, en conformité avec le Code du travail, et n'avait pas jugé décisif le fait que Nicolas Mercat, qui a participé à l'élaboration de l'appel d'offres par le syndicat francilien, soit le frère de Laurent Mercat, patron de Smoove et porte-parole du groupement vainqueur ».

Et il n’y pas que cela, mais aussi une gouvernance financière pour le moins étrange. Toujours, Challenge (7 juillet 2017) : Dans l'alliance Smoovengo, il y a aussi le groupe de services automobiles Mobivia, l'espagnol Moventia et Indigo (ex-Vinci Park). Quels sont leurs liens financiers? "Je ne sais pas qui est qui et qui fait quoi, reconnaît Véronique Haché, la bien peu curieuse directrice du syndicat Autolib'Vélib'Métropole, qui a signé et gérera le contrat. Ce qui nous importe, c'est d'avoir eu des garanties financières ». Et en fait, la fameuse start up Smoove (qui dira le mal qu’a fait l’éloge imbécile systématique des start-up- seuls survivent les 0.1% qui réellement le méritent !) parait maintenant complètement effacée car intégrée dans Mobivia, qui appartient à la galaxie Mulliez (Norauto, Midas, Drivy).

Autre bizarrerie : le Figaro du 01/01/2918 testait les vélos Smoove à Montpellier, là où ils sont nés ; le moins qu’on puisse dire est que le résulat n’était guère convaincant : « ce matin là une panne affectait l'ensemble du réseau, ce qui rendait toute location impossible. De plus, un tiers des vélos que nous avons ensuite utilisé avait un problème technique: absence de freins ou vitesses cassées pour la plupart. Autre gros souci: nous nous sommes trouvés plusieurs fois face à des stations pleines ou des stations... vides. Par conséquent, impossible de prendre ou de rendre un vélo selon le cas. Nous avons également rencontré plusieurs problèmes avec des vélos qui ne se débloquaient pas facilement de leur point d'attache. Le service de communication de société TaM qui exploite les transports publics de Montpellier avec Transdev n'a pas souhaité répondre à nos demandes malgré une dizaine de tentatives. Quant à la société Smoove, son dirigeant Laurent Mercat, que nous avons rencontré, rejette les responsabilités de ces dysfonctionnements sur TaM…

 Rendez-nous Decaux ! Decaux, lui, avait rempli plus que correctement le contrat de dix ans qu'il avait conclu en 2007, donnant son essor à un nouveau mode de transport urbain, en rapportant toujours de l'argent à Paris, au point que Bertrand Delanoë, lorsqu'il était maire, a pu en faire profiter les communes voisines. Mais le fiasco en est à un tel point que même ce retour parait impossible.

Un fiasco total qui jette espérons-le le dernier pavé sur la tombe des espoirs de réélection d’Anne Hidalgo : Ya basta !

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Raisons de détester l’Eurokom 4 : Petits problèmes avec la démocratie


Europe et Eurokom

Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.

Le vers était dans la graine- l’histoire mouvementée des traités européens

Traité de Maastricht en 1992 : Pour trois pays, la population vote directement - Eh bien sur les trois, deux se prononcent de justesse,  l’Irlande et la France – bon, on va pas chipoter mais qui pourra nier ce que ce oui timide doit à la prostate de Mitterrand, l’annonce de sa maladie venant briser la dynamique du non en voie de l’emporter ? Et un, le Danemark s’y oppose ! c’est non ! Alors ce traité gravé dans le marbre, qu’on ne peut pas toucher sans tout détruire, eh bien, on va accorder au Danemark des conditions tout à fait particulières : l’accord d’Édimbourg de 1992 octroie au Danemark des options de retrait concernant la monnaie unique, la politique de sécurité et de défense commune, la coopération judiciaire et policière, et la citoyenneté européenne.

Et pourquoi seulement au Danemark ?

Le traité de Nice, en 2001, a été rejeté par les Irlandais, le premier peuple à voter ! Les dirigeants de l’Union européenne, craignant la contagion à d’autres pays, déclarent que toute renégociation du Traité de Nice est exclue et que le calendrier des adhésions de nouveaux membres est maintenu – Tout se fit alors par voie parlementaire et l’on évita soigneusement les referendums. . La faible participation irlandaise a alors servi de prétexte à la tenue d’un nouveau référendum, qui a donné une majorité en faveur du traité - pour aider à ce résultat, les dirigeant européens, avec la déclaration du Conseil européen de Séville (21 juin), garantissent la neutralité de l’Irlande alors que l’Union commence à élaborer une Politique étrangère.

Et ça s’améliore pas avec  les traités de Rome en 2004 puis de Lisbonne en 2007 : le premier ayant été refusé par référendum par les Néerlandais et les Français, le traité de Lisbonne, assez similaire, a été directement ratifié par les parlements (sauf en Irlande, où il y eut un referendum).

 Pour la France, de nombreux observateurs considèrent que cet événement provoqua une  crise ouverte de la démocratie en France, avec des élites politiques coupées des peuples, poursuivant obstinément des projets qui ne sont plus approuvés par ceux-ci, et des partis que le système de vote rends ultra majoritaires ne pouvant plus prétendre représenter les électeurs sur des sujets primordiaux.
La notion de la démocratie professée par les principaux responsables européens parait assez problématique, cf. M. Jean-Claude Juncker à la suite du rejet du traité de Rome : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » Et M. Junker est un multirécidiviste sur ce point !

L’action de la Troïka en Grèce

L’intervention de la Troïka (es experts représentant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) a été marquée par des relations de conditionnalité entre États et par un fonctionnement empreint d’opacité.
Critique de Joseph Stiglitz ( Le Monde03.07.2015) : « L’euro fonctionne sur la base de règles contraires à la démocratie… Ce que l'on voit aujourd'hui, 16 ans après que l'eurozone a institutionnalisé les relations entre ses membres, est l'antithèse de la démocratie : de nombreux leaders européens veulent voir la fin du gouvernement de gauche mené par Aléxis Tsípras ».  Dans un article dans La Tribune, le journaliste Romaric Godin affirme que la BCE « sort de son rôle purement monétaire et devient un acteur politique de l'affaire grecque. Elle tente de maintenir la Grèce dans la zone euro en se débarrassant du gouvernement Tsípras » en ayant gelé le plafond de l'accès des banques grecques à la liquidité d'urgence (le programme ELA), ce qui a conduit à la mise en place d'un contrôle des capitaux et à la fermeture des banques, de manière à peser sur le scrutin en faveur du « oui »,

Raté : les Grecs ont voté très majoritairement : Non !  (61%). Mais ça n’a servi à rien. Le lendemain du résultat, le ministre des finances grec,Yánis Varoufákis, héros de la campagne du non, qui insupportait les dirigeants de l’Union Européenne démissionnait et le gouvernement Tsipras se trouvait contraint en fait de suivre la politique qu’il avait refusé par referendum.

 Le Parlement européen et les assistants parlementaires eurosceptiques

En 2014, le Parlement Européen, sur dénonciation anonyme, lance une enquête de l’Office antifraude sur l’utilisation du financement des assistants parlementaires par le Front National, qui n’auraient pas vraiment travaillés pour l’Europe, ou pas beaucoup, ou pas seulement - 20 des 24 assistants parlementaires des députés européens FN figuraient dans l'organigramme du parti.  En attendant un éventuel procès, le Front National  se voit forcé de rembourser des sommes importantes.
A cela,  le Front national avait beau jeu de répondre que, mandatés par ses électeurs, ses élus ne sont pas censés travailler pour les institutions européennes, mais assez généralement contre elles ! Il y avait évidemment là comme un parfum de règlement de compte politique, car enfin, le Parlement Européen n’avait ciblé que deux partis eurosceptiques, l’UKIP et le Front National. On ne pouvait qu’être assez confondu par ces attaques extrêmement ciblées contre des partis hostiles à l’‘Europe institutionnelle actuelle (rien, nada, nichts, niente…  d’équivalent à reprocher à aucun autre parti, dans aucun autre pays ??).

Nous n’avons pas tardé à avoir la réponse : le Front National, mauvais joueur,  s’est livré à une dénonciation assez efficace et argumentée du Modem, qui avait à peu près les mêmes pratiques, dénonciation vite confirmée par les enquêtes des media. Premier résultat : la  position impossible des ministres Modem dans le gouvernement français et démission générale en particulier de M. Bayrou et de Mme de Sarnez !

En fait, il est clair que les Institutions Européennes ont un vrai problème de démocratie, et qu’elles ont visiblement du mal à comprendre que des députés élus par des électeurs qui contestent ces institutions remplissent leur mandat conformément au vœu de leurs électeurs. Il y a quelque paradoxe à reprocher aux élus Front national de ne pas se comporter en partisans de l’Eurocom !

Catalogne – des élections avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil !

Et pour finir, un spectacle inouï que l’on croyait impossible dans notre grande Europe démocratique : des élections « libres » avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil ! C’est en Catalogne où les élections régionales menées sous l’impulsion de Madrid qui a pris le contrôle des institutions gouvernementales catalanes se sont déroulés en 2018 avec huit ex-ministres régionaux, dont l’ancien vice-président Oriol Junqueras, en prison, et 5 ex-ministres, dont l’ancien président Carles Puigdemont en exil.

Depuis le temps que l’Eurokom, la grande Europe démocratique, ne  cesse de vouloir affaiblir les Etats en encourageant les grandes régions à davantage d’autonomie, en finançant des représentations, des organisations culturelles et politiques autonomistes,  des ambassades des régions, on se serait attendu à des réactions de condamnation. Mais voilà, les indépendantistes catalans ne sont décidément plus en odeur de sainteté depuis que Madrid obéit très bien aux injonctions européennes.
Alors, la communauté Européenne annonce qu’ une Catalogne indépendante - même si sa séparation d'avec l'Espagne était reconnue, ce qui est loin d'être le cas - serait automatiquement exclue de l'UE.  Et palme de l’humour gris, M. Junker, représentant du Luxembourg (400.00 habitants) prend position contre l’indépendance de la Catalogne au motif que « l’Union européenne deviendrait trop complexe pour gouverner si elle était pleine de petits pays. » Il semble d’ailleurs que des fonds de l’Union Européenne aient été utilisés pour financer plus ou moins directement Ciudadamos, le parti indépendantiste, via  le Fonds Européen de développement régional !!! (http://gentiumlaw.com/news/jean-claude-juncker-et-la-crise-catalane/)

Il faut sortir de cet Eurokom là !



mercredi 9 mai 2018

Les cadres à la SNCF et ailleurs- malaise et colère- vers la révolte


La grosse colère de la CFE-CGC ferroviaire : défense du service public

Pour la première fois peut-être, la CFE-CGC de la SNCF sympathise nettement avec les grévistes et a fortement critiqué le rapport Spinetta. La colère est claire et nette  sur le thème de la défense d’un service public sans concurrence déloyale, renforcée par les mensonges et manipulations comme celui consistant à disqualifier la SNCF et ses personnels en leur jetant à la tête une dette…dont l’Etat est responsable. Ainsi, la CFE-CGC ferroviaire s’indigne-telle contre le rapport Spinetta et contre ce qu’on lui fait dire pour justifier la fin de la SNCF en tant que société nationale chargée du service public ferroviaire. Ils soulignent que  le rapport Spinetta et le système de libéralisation et de concurrence qui se met en place de par la volonté de la secte libérale au pouvoir à Bruxelles.

- entrainera le report des voyageurs et du frêt  du rail vers les routes et les autoroutes par la fermeture de milliers de kilomètres de lignes peu ou non  rentables, mais pourtant vitales au tissu économique des régions. Adieu le principe du développement durable ; du ferroutage, des engagements climatiques. Rappelons que la comparaison entre le rail et le transport routier est largement faussé par l’absence de pris en compte économique des externalités négatives de la route !

- fait croire que l’ouverture à la concurrence est un levier indispensable pour faire baisser le prix du transport ferroviaire- c’est faux, partout où elle est en œuvre, il a augmenté !

- Prétendre que changer les  Etablissement publics de la réforme pourtant très récente de 2014 en Société Anonyme améliorera le redressement des comptes- mais le vrai problème, c’est la dette d’équipement que l’Etat a refilé à la SNCF pour rentrer dans les critères de Maastricht. Aucune société ne peut vivre avec une dette de plusieurs milliards d’euros.

- Manipule la question du statut des cheminots, pour discréditer les actions syndicales en cours qui visent à défendre un service public ferroviaire- en aucun cas, le statut n’est responsable de la dette abyssale ! La fin du statut remet en cause la spécificité du ferroviaire et les contraintes de production. Rappelons par ailleurs que dans le privé, les conducteurs de train verront leur salaire multiplié par 1.5 ou 2.

- rappelle à M. Spinettta que le modèle du transport aérien n(est pas transposable au transport ferroviaire, beaucoup plus rigide par nature -  les trains circulent tous sur les mêmes voies !

- appelle à maintenir la notion d’un service public ferroviaire pour tous, garant de l’égalité territorial et du développement durable.

Pour une  série de tracts et de documents à la virulence peu commune , voire le site internet de la CFE CGC ferroviaire !

La CFE-CGC ou le miroir des cadres en colère

« C’est le titre d’un article de Guy Groux publié sur Telos (https://www.telos-eu.com/fr/societe/la-cfe-cgc-ou-le-miroir-des-cadres.html) Extraits
Lors des discussions sur la loi El Khomri ou les « ordonnances Macron », le discours de la CFE-CGC était presqu’aussi radical que celui de la CGT. Elle voyait dans ces textes et lois un démantèlement du droit du travail, une machine en faveur de la précarité ou une réponse purement libérale aux mutations de l’emploi qui favorisait le patronat. La CFE-CGC semblait ainsi passer du camp syndical réformiste à un « front du refus » incarné par la CGT et SUD. S’agit-il là d’errements de la part de la direction de ce syndicat tant il est vrai que l’opinion des cadres en général reste plutôt modérée ou favorable face aux réformes sociales faites depuis deux ans ? Ou d’une stratégie liée au projet de réforme du statut des cadres qui doit être négociée en 2018 ? Voire à la disparition annoncée du régime de retraites spécifique aux cadres, l’AGIRC ? »

Commentaire : bon constat ! mais pourquoi parler d’errements ? Qu’en sait-il que l’opinion des cadres est modérée voire favorable aux réformes en cours (  1) pas la mienne, ni l’un, ni l’autre en tous cas ! -2° n’ya-t-il pas surtout un très fort conformisme des cadres dans leur expression, mais pas sur le fond ?) Et pourquoi y voir une tactique face à des menaces catégorielles et spécifiques et non une révolte réelle ?

« Ruse de l’histoire ? En 1946, à la veille de la guerre froide, Roger Pascré, un ingénieur mais aussi militant communiste et dirigeant du Cartel confédéral des cadres de la CGT, écrivait : « Un nombre croissant d’ingénieurs et de cadres de plus en plus spécialisés dans une économie dirigée moins par des techniciens que par des financiers a conduit ces derniers à considérer l’ingénieur comme « masse » et non plus comme individualité et à voir en lui un élément compressible du prix de revient et non plus un des agents essentiels de la prospérité économique » (Travail et technique, organe du Cartel des cadres CGT, n°3, août-septembre 1946). Au moment où l’économie allait beaucoup s’appuyer sur les ingénieurs, les cadres et les couches moyennes salariées qui devaient amplement bénéficier des fruits de la croissance au niveau matériel comme dans l’éducation, l’analyse de Roger Pascré semblait relever de l’idéologie la plus pure »

Commentaire ; ben oui, et aujourd’hui ce constat, ce discours serait sans doute approuvé par une très large majorité de cadres y compris de la CFE-CGC.
Dans le public, ils n’en pleuvent plus de l’idéologie de la secte libérale qui déconsidère toute forme de service public, qui ment et calomnie, comme on le voit avec la SNCF et EDF, qui étouffe par le manque de moyen pour mieux dépecer ensuite, ne gardant que ce qui est rentable.
Dans le privé, ils sont écœurés de la financiarisation des entreprises, de la perte de pouvoir des ingénieurs et cadres au profit de managers mercenaires chargés de dégager le maximum de valeur pour l’actionnaire le plus rapidement possible, quitte à mettre l’entreprise en péril, au refus de considérer le long terme et des projets mobilisateurs au profit du court-termisme boursier .

Et, tous les sondages le montrent, ils sont de plus en plus nombreux à ne pas adhérer à la stratégie de leur entreprise, à en être écœurés voire à se révolter contre elle. Cette révolte prend pour l’instant plus souvent la forme d’un épuisement psychologique que d’une action ouverte- jusque quand ? Le résultat inattendu du sondage d’Air France ayant abouti à la démission du président devrait faire réfléchir….


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lundi 7 mai 2018

Raisons de détester l’Eurokom 3– une certaine odeur d’affairisme


Europe et Eurokom

Suite de la série précédente : légèrement énervé par Macron proclamant que « l’Europe nous a donné la Paix »  et face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne

 La Directive secret des affaires : « la légitimation de l’opacité »

La  proposition de loi déposée par les députés de La République en marche le 19 février ne recèle guère de surprises : elle suit le texte de la directive européenne de 2016. Elle rend illégale l’obtention, l’utilisation ou la divulgation d’une information qui répond à ces trois critères : 1) Elle n’est pas connue ou aisément accessible à des personnes extérieures à l’entreprise ; 2) Elle revêt une valeur commerciale parce qu’elle est secrète ; 3) Elle a fait l’objet de mesures de protection « raisonnables » de la part de l’entreprise.

Rappelons que les entreprises disposent déjà de nombreux et déjà contestables possibilités ; ainsi récemment Conforama a réussi à faire retirer un article de l’hebdomadaire Challenges faisant état de ses difficultés financières selon une disposition du code du commerce français qui interdit de rendre publiques les procédures de « mandat ad hoc ». Cet abus a même indigné le très flegmatique et business friendly Dominique Seux, des Echos et de France Inter.

On peut estimer que compte tenu d’un certain nombre d’affaires touchant soit à la corruption, soit à l’ »optimisation » fiscale , soit à la désinformation volontaire sur des problématiques de santé ou d’environnement, l’urgence serait plutôt à renforcer la transparence qu’à l’empêcher. Eh bien, ce n’est pas l’avis de la Commission Européenne.

Le vague des incriminations possibles (pas aisément accessibles ; valeur commerciale, protection raisonnable) rend possible des stratégies d’intimidation puisque si une source ou un journaliste "viole" ce "secret des affaires", des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros - les dommages-intérêts correspondent au préjudice réellement subi. On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays. Contrairement à ce qui est affirmé, les journalistes seront peu protégés puisque eux ou leurs patrons ne peuvent être que très sensibles à ces risques. De plus, la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales autorise des restrictions à la liberté de la presse dans le cas de » la protection de la réputation ou des droits d’autrui » et « la divulgation d’informations confidentielles ».

Les lanceurs d’alertes ne seront plus protégés que dans le cas extrêmement restreint de la dénonciation d’activités illégales ; mais plus pour la révélation au nom de l’intérêt général de faits légaux mais contraires à l’éthique : ce fut par exemple le cas dans l’affaire LuxLeaks, avec la mise au jour d’accords fiscaux secrets conclus entre l’administration luxembourgeoise et le cabinet PricewaterhouseCoopers, et pour nombre aussi de scandales sanitaires ( amiante, perturbateurs endocriniens…)

Les salariés aussi  sont visés : ils pourront être poursuivis s’ils obtiennent des informations internes sur leur entreprise et les transmettent à leurs représentants (des délégués syndicaux, par exemple) et que cette divulgation de l’information n’est pas jugée « nécessaire » à l’exercice des fonctions du représentant du salarié. Là encore, des possibilités d’incrimination très vastes et vagues, qui visent à dissuader fortement.

Bref une « directive liberticide » qui « au prétexte de protéger les intérêts économiques des entreprises, organise une véritable légitimation de l’opacité « . Voir et signer la pétition en ligne initiée par Elice Lucet et la CGT , par exemple https://cgtcemp.fr/index.php/2018/04/10/petition-loi-secret-des-affaires

Barroso, Neely Kroes et les autres – les conflits d’intérêts

Après avoir été Président de la Commission Européenne pendant dix ans (2004-2014) a intégré la banque Goldman Sachs. L’ancien président de la Commission européenne n’a pas violé les règles « d’intégrité et de réserve » de l’Union européenne en acceptant un poste à la banque d’affaires Goldman Sachs. Voilà ce qu’estime le « comité d’éthique » de l’UE dans un avis publié le 31 octobre. « Sur la base des informations fournies par M. Barroso dans une lettre adressée au président Juncker, et considérant le Code de conduite pour les commissaires, il n’y a pas d’éléments suffisants pour établir une violation du devoir d’intégrité et de réserve. » Tout juste estime-t-il que José-Manuel Barroso « n’a pas fait preuve du bon jugement que l’on pourrait attendre de quelqu’un qui a occupé un poste à haute responsabilité pendant de si longues années ». Ben voyons !

Rappelons aussi que  Mario Monti, commissaire à la concurrence dans sa Commission, a été embauché en 2008 par Goldman Sachs et surtout la manière dont Goldman Sachs a aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics de 1997 à 2001, provoquant la pire crise de la zone euro.

Ben voyons, y a pas de problèmes ? Qui en voit ?

D'après les documents en possession du quotidien allemand Süddeutsche Zeitung et du fameux Consortium international des journalistes d'investigation ICIJ (responsable de la diffusion des "Panama Papers"), Neelie Kroes a été directrice de Mint Holdings Ltd., une entreprise offshore établie aux Bahamas, "du 4 juillet 2000 au 1er octobre 2009", ont révélé les quotidiens néerlandais Trouw et Het Financieele Dagblad. Or, sur cette même période, elle a été commissaire à la Concurrence entre 2004 et 2009 (avant d'être vice-présidente de la Commission européenne jusqu'en 2014). Neelie Kroes est restée 9 ans à la tête d'une société des Bahamas sans rien déclarer, avec de forts soupçons de conflit d'intérêts.

Ben voyons, y a un problème ? Qui en voit un ?

Et pourtant Neely Kroes n’a pas hésité encore récemment à monter au créneau contre l'amende de 13 milliards d'euros infligée à Apple, essayant au passage de tacler celle qui (après Joaquín Almunia) lui a succédé à la Commission,  Margrethe Vestager. Faut-il aussi  rappeler que M. Barroso avait tout fait pour la protéger lors de sa désignation comme commissaire européenne, alors que le Parlement européen soulevait de nombreux cas de risque de conflit d'intérêts !

Des milliards perdus dans les paradis fiscaux protégés par la Commission

La liste publiée par Oxfam contient 35 pays hors de l'Union, mais aussi quatre pays membres de l'UE: l'Irlande, les Pays-Bas, Malte et le Luxembourg, qui devront figurer également dans la liste officielle si l'UE applique ses critères "de manière objective, "sans céder à la pression politique". 

Et pourtant l’Irlande continue à pratiquer une ficalité de pirate, Malte vend sa nationalité. Oxfam  classe le Luxembourg à la septième position des 14 « paradis fiscaux les plus agressifs utilisés par les entreprises à travers le monde » grâce à des prêts artificiels que les multinationales utilisent  pour transférer leurs bénéfices entre leurs filiales.

Les Pays-Bas sont classés comme le troisième "pire paradis fiscal" par l’ONG Oxfam, juste derrière les Bermudes et les îles Caïmans ! Ils facilitent l’existence de 'sociétés boîtes aux lettres' qui n’ont en fait pas d’activité réelle. Parfois, ils ont négocié avec des entreprises multinationales des taux d’imposition tout à fait ridicules, validés ensuite dans des accords fiscaux, En faisant cela, ils favorisent l’accueil sur leur territoire d’entreprises qui n’y ont pas forcément d’activité réelle mais qui échappent à l’impôt dans d’autres pays où ils ont une véritable activité (le  mécanisme de "double domiciliation" rend les entreprises tricheuses invisibles aux yeux du fisc. )

Et aucun de ces pays ne figure sur la liste noire des paradis fiscaux de la Commission Européenne.

 Il  y a un problème ?