Europe et Eurokom
Suite de la série précédente : légèrement énervé par
Macron proclamant que « l’Europe nous a donné la Paix » et face aux politiciens truqueurs qui
sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique,
historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions
(notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand
marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de
différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la
Communauté Européenne
La Directive secret des affaires : « la légitimation de l’opacité »
La proposition de
loi déposée par les députés de La République en marche le 19 février ne recèle
guère de surprises : elle suit le texte de la directive européenne de 2016.
Elle rend illégale l’obtention, l’utilisation ou la divulgation d’une
information qui répond à ces trois critères : 1) Elle n’est pas connue ou
aisément accessible à des personnes extérieures à l’entreprise ; 2) Elle revêt
une valeur commerciale parce qu’elle est secrète ; 3) Elle a fait l’objet de
mesures de protection « raisonnables » de la part de l’entreprise.
Rappelons que les entreprises disposent déjà de nombreux
et déjà contestables possibilités ; ainsi récemment Conforama a réussi à
faire retirer un article de l’hebdomadaire Challenges faisant état de ses
difficultés financières selon une disposition du code du commerce français qui
interdit de rendre publiques les procédures de « mandat ad hoc ». Cet abus a
même indigné le très flegmatique et business friendly Dominique Seux, des Echos
et de France Inter.
On peut estimer que compte tenu d’un certain nombre
d’affaires touchant soit à la corruption, soit à l’ »optimisation »
fiscale , soit à la désinformation volontaire sur des problématiques de santé ou
d’environnement, l’urgence serait plutôt à renforcer la transparence qu’à
l’empêcher. Eh bien, ce n’est pas l’avis de la Commission Européenne.
Le vague des incriminations possibles (pas aisément
accessibles ; valeur commerciale, protection raisonnable) rend possible
des stratégies d’intimidation puisque si une source ou un journaliste
"viole" ce "secret des affaires", des sommes colossales
pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des
milliards d’euros - les dommages-intérêts correspondent au préjudice réellement
subi. On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays.
Contrairement à ce qui est affirmé, les journalistes seront peu protégés
puisque eux ou leurs patrons ne peuvent être que très sensibles à ces risques.
De plus, la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des
libertés fondamentales autorise des restrictions à la liberté de la presse dans
le cas de » la protection de la réputation ou des droits d’autrui » et «
la divulgation d’informations confidentielles ».
Les lanceurs d’alertes ne seront plus protégés que dans
le cas extrêmement restreint de la dénonciation d’activités illégales ;
mais plus pour la révélation au nom de l’intérêt général de faits légaux mais
contraires à l’éthique : ce fut par exemple le cas dans l’affaire LuxLeaks, avec
la mise au jour d’accords fiscaux secrets conclus entre l’administration
luxembourgeoise et le cabinet PricewaterhouseCoopers, et pour nombre aussi de
scandales sanitaires ( amiante, perturbateurs endocriniens…)
Les salariés aussi sont
visés : ils pourront être poursuivis s’ils obtiennent des informations
internes sur leur entreprise et les transmettent à leurs représentants (des délégués
syndicaux, par exemple) et que cette divulgation de l’information n’est pas
jugée « nécessaire » à l’exercice des fonctions du
représentant du salarié. Là encore, des possibilités d’incrimination très
vastes et vagues, qui visent à dissuader fortement.
Bref une « directive liberticide » qui « au prétexte de protéger les intérêts
économiques des entreprises, organise une véritable légitimation de l’opacité «
. Voir et signer la pétition en ligne initiée par Elice Lucet et la CGT , par
exemple https://cgtcemp.fr/index.php/2018/04/10/petition-loi-secret-des-affaires
Barroso, Neely Kroes et les autres – les conflits d’intérêts
Après avoir été Président de la Commission
Européenne pendant dix ans (2004-2014) a intégré la banque Goldman Sachs. L’ancien
président de la Commission européenne n’a pas violé les règles «
d’intégrité et de réserve » de l’Union européenne en acceptant un poste à
la banque d’affaires Goldman Sachs. Voilà ce qu’estime le « comité d’éthique »
de l’UE dans un avis publié le 31 octobre. « Sur la base des
informations fournies par M. Barroso dans une lettre adressée au président
Juncker, et considérant le Code de conduite pour les commissaires, il n’y a pas
d’éléments suffisants pour établir une violation du devoir d’intégrité et de
réserve. » Tout juste estime-t-il que José-Manuel Barroso « n’a
pas fait preuve du bon jugement que l’on pourrait attendre de quelqu’un qui a
occupé un poste à haute responsabilité pendant de si longues années ». Ben
voyons !
Rappelons aussi que Mario Monti, commissaire à la concurrence dans
sa Commission, a été embauché en 2008 par Goldman Sachs et surtout la manière
dont Goldman Sachs a aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics de 1997 à
2001, provoquant la pire crise de la zone euro.
Ben voyons, y a pas de problèmes ? Qui
en voit ?
D'après les documents en possession du quotidien
allemand Süddeutsche Zeitung et du fameux Consortium international des
journalistes d'investigation ICIJ (responsable de la diffusion des "Panama
Papers"), Neelie Kroes a été directrice de Mint Holdings Ltd., une
entreprise offshore établie aux Bahamas, "du 4 juillet 2000 au 1er
octobre 2009", ont révélé les quotidiens néerlandais Trouw et
Het Financieele Dagblad. Or, sur cette même période, elle a été
commissaire à la Concurrence entre 2004 et 2009 (avant d'être vice-présidente
de la Commission européenne jusqu'en 2014). Neelie
Kroes est restée 9 ans à la tête d'une société des Bahamas sans rien
déclarer, avec de forts soupçons de conflit d'intérêts.
Ben voyons, y a un problème ? Qui en
voit un ?
Et pourtant Neely Kroes n’a pas
hésité encore récemment à monter au créneau contre l'amende de 13 milliards
d'euros infligée à Apple, essayant au passage de tacler celle qui
(après Joaquín Almunia) lui a succédé à la Commission, Margrethe
Vestager. Faut-il aussi rappeler que M. Barroso avait tout fait pour
la protéger lors de sa désignation comme commissaire européenne, alors que le
Parlement européen soulevait de nombreux cas de risque de conflit d'intérêts !
Des milliards perdus dans les paradis fiscaux protégés par la Commission
La liste publiée
par Oxfam contient 35 pays hors de l'Union, mais aussi quatre pays membres de l'UE: l'Irlande, les Pays-Bas, Malte et
le Luxembourg,
qui devront figurer également dans la liste officielle si l'UE applique ses
critères "de manière objective, "sans céder à la pression politique".
Et pourtant l’Irlande
continue à pratiquer une ficalité de pirate, Malte vend sa nationalité. Oxfam classe le Luxembourg à la septième position
des 14 « paradis fiscaux les plus agressifs utilisés par les entreprises à
travers le monde » grâce à des prêts artificiels que les multinationales utilisent
pour transférer leurs bénéfices entre
leurs filiales.
Les Pays-Bas sont
classés comme le troisième "pire paradis fiscal" par l’ONG Oxfam,
juste derrière les Bermudes et les îles Caïmans ! Ils facilitent
l’existence de 'sociétés boîtes aux lettres' qui n’ont en fait pas d’activité
réelle. Parfois, ils ont négocié avec des entreprises multinationales des taux
d’imposition tout à fait ridicules, validés ensuite dans des accords fiscaux, En
faisant cela, ils favorisent l’accueil sur leur territoire d’entreprises qui
n’y ont pas forcément d’activité réelle mais qui échappent à l’impôt dans
d’autres pays où ils ont une véritable activité (le mécanisme de "double domiciliation"
rend les entreprises tricheuses invisibles aux yeux du fisc. )
Et aucun de ces
pays ne figure sur la liste noire des paradis fiscaux de la Commission
Européenne.
Il y a
un problème ?
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