Viv(r)e la recherche se propose de rassembler des témoignages, réflexions et propositions sur la recherche, le développement, l'innovation et la culture



Rechercher dans ce blog

mercredi 29 août 2018

Le modèle suédois, une protection sociale inclusive


Réformes des retraites, conditions de ressources pour les pensions de réversions, plafonnement des indemnités chômage pour les cadres: toutes ces réformes ont en commun de substituer à un système d’assurance profitant à l’ensemble du pays un système de filet de sécurité très minimal. C’est conforme à l’idéologie de la secte libérale au pouvoir, et c'est très intéressant pour ceux qui veulent promouvoir des assurances privées ;  ce n’est pas conforme à une saine compréhension du fonctionnement des sociétés, c’est contraire à la façon dont nous avons bâti l’Etat social en France, basé sur le paritarisme et un système assurentiel qui est un placement différé. Cette conception est contraire aux principes du système de protection sociale à la fois le plus efficace, le plus juste et le mieux adapté aux sociétés européennes, le modèle suédois.

Suède : une forte protection sociale et un pays performant

L’indicateur de « dépenses totales des administrations publiques » en pourcentage du PIB s’établit en moyenne des pays de l’UE‐27 à 46,3%, mais avec une forte dispersion : 54,3% en Suède, 52,7% en France, 51,2% en Danemark, respectivement 34,2% en Estonie, 33, 8 en Irlande, 33,6% en Lituanie. Le modèle suédois a connu une crise importante et la Suède s’est s'engagée dans une réforme radicale de l'Etat pour améliorer l'efficacité de ses interventions. Résultat : la Suède est devenue l'un des pays développés les plus performants, avec un taux de croissance annuel de plus de 3 % en moyenne sur les trois dernières années, et des finances publiques rééquilibrées.
Et les Suédois ont opéré cette transformation tout en demeurant fidèle à l’essentiel des principes de leur protection sociale et  l'un des pays les moins inégalitaires au monde : en 2010, l'indicateur Gini, qui mesure le degré d'équité dans la distribution des revenus après impôts, place la Suède en seconde position mondiale.

Ceci n’est peut-être pas dû au hasard : Le taux de syndicalisation est élevé (80 %) et le taux de couverture par les conventions collectives atteint 90 %. En outre, ces ratios sont restés remarquablement stables malgré les turbulences que l’économie suédoise a connues après 1990.
Eh oui quand on veut faire une politique sociale, il faut des syndicats forts, avec qui l’o négocie ; et, par corollaire, quand on veut faire une politique libérale et anrtiscociale, il faut affaiblir les syndicats et ne pas discuter avec eux.

Et les Suédois ont opéré cette transformation tout en demeurant l'un des pays les moins inégalitaires au monde : en 2010, l'indicateur Gini, qui mesure le degré d'équité dans la distribution des revenus après impôts, place la Suède en seconde position mondiale

Un système inclusif qui prend en compte les classes moyennes : la doctrine Möller

C’est Gustav Möller, ministre des Affaires sociales de 1924 à 1926  puis de 1932 à 1951 quasiment sans interruption qui a façonné la doctrine sociale de la Suède.

Cette doctrine est universaliste :  Son but est de simplifier la gestion de l’aide sociale et oter les stigmates associés à celle-ci, et pour cela faire bénéficier toute le population riches et pauvres de prestations de qualité. L’accent est mis sur le développement de services publics universels plutôt que de développer des prestations en espèces  ( et l’on pourrait traduire aujourd’hui : plutôt que des assurances) :  1) parce que le fait d’offrir des prestations en espèces ne garantit nullement que le marché réponde efficacement à la demande 2) parce que cela ne permet de garantir un même accès et une même qualité de service à toute la population.

Le principe avancé par Möller est  d’offrir des services identiques pour tous mais de qualité élevée afin que ne se développe une demande alternative pour des services privés chez les plus riches.
En incluant pauvres et riches dans un même système de services publics de qualité, il s’agit d’éradiquer les inégalités de traitements liées aux inégalités sociales, non pas en focalisant l’aide sur les plus démunis, mais en s’assurant le soutien des classes moyennes et aisées en les incluant dans des programmes d’assurance et des services publics universels et de qualité.

Ainsi fut décidée la mise en place, à partir des années 50, au sein du système universel d’assurance sociales d’indemnités proportionnelles au revenu pour éviter que les plus aisés ne mettent en place leurs systèmes d’assurances privées. Ce point est essentiel pour comprendre l’Etat providence suédois et sa forte capacité redistributive.  En effet le système repose sur un apparent paradoxe ; au lei de focaliser l’aide sur les plus démunis, l’Etat Providence suédois redistribue les ressources à toute la population, et proportionnellement plus aux plus aisés qu’aux plus démunis.  Pourtant, loin de constituer une dilution des ressources, une telle stratégie permet au contraire une plus forte redistribution et surtout une plus grande égalisation des conditions et des chances, en tirant vers le haut ceux qui sont moins bien dotés.

Ce paradoxe de la redistribution tient au fait qu’en incluant toute la population dans un même système universel généreux, on augmente le consentement des plus riches à contribuer au système, permettant ainsi d’augmenter la masse des ressources à distribuer et de garantir la légitimité du système en donnant la possibilité aux plus démunis de bénéficier non pas simplement d’un filet de sécurité, mais de prestations de qualité qui satisfont également les classes moyennes et aisées.  Pour G. Möller, un tel système universel permet non seulement une plus forte redistribution des ressources, mais offre aussi un meilleur rapport coût-efficacité puisqu’il réduit les coûts élevés liés au contrôle des ressources ainsi que les coûts de gestion associés à des assurances privées multiples.

Ce discours s’oppose radicalement et très consciemment à ceux de la Troisième Voie Blairiste. Pour ceux-là, il s’agit de réduire les sécurités pour promouvoir le changement ; la stratégie suédoise, à l’inverse, met l’accent sur la protection, l’idée est qu’on ne peut promouvoir le changement sans, en même temps, assurer la sécurité des individus, l’insécurité étant perçue comme une source d’inefficacité et comme une entrave à la croissance.

Ces principes de base du système suédois étaient assez proches du système français en terme d’assurance –maladie, de retraite et d’assurance chômage. Ce système universel, juste et efficace est à l’opposé des orientations que prend le gouvernement Macron, plus anglosaxonnes et américaines : un filet de sécurité pour les plus désavantagés, des assurances de luxe très couteuses pour les plus riches, et, entre les deux, des classes moyennes qui se débrouillent comme elles peuvent : soit un système non universel, injuste et inefficace, dont les seuls gagnants seront les assureurs privés.

Résultat de recherche d'images pour "suede modele social"

lundi 27 août 2018

L’écrasement des classes moyennes crée des monstres politiques


Trois exemples de mesures avancées récemment par le gouvernement Macron vont toujours dans le même sens : l’écrasement des classes moyennes au profit d’une minorité de très très aisés et de ‘un filet de sécurité de plus en plus maigre pour de plus en plus de gens laissés de côté.

Les pensions de réversion : les pensions féminines sont en moyenne inférieures de 26% à celles des hommes, soit un écart de supérieur à celui des salaires - 24%. Mais les réversions couvrent à elles-seules 15% d’écarts des pensions et de droits familiaux, et donc, sans elles, l’écart serait de 41%. ! C’est dire que l’idée  de supprimer ces pensions de réversion ou de les limiter à un minimum vital conditionné à l’inexistence d’autres ressources ajoute de l’injustice aux injustices.

Les retraites des cadres menacées : dans un régime par point, les cadres perdront beaucoup car les progrès au cours de leur carrière ne seront plus pris en compte (carrières ascendantes) : plus de règles des 26 meilleures années, ou pour la fonction publique, des 6 derniers mois. A cela s’ajoute le projet d’un plafonnement du régime Agirc-Arcco.

A cela s’ajoute un hold-up annoncé sur les caisses de retraite du régime Agirc-Arcco dont les réserves seraient basculées dans les caisses du nouveau régime universel et compenseraient  ainsi les déficits d’autres régimes. Or les salariés cotisants à ce régime ont fait ces dernières années de douloureux efforts pour assurer son équilibre et sa durabilité et ont accumulé 71 milliards d’euros de réserves, soit un an de pensions. Et ceci dans le cadre d’une gestion paritaire avec le Medef,  qui ne coûte rien à l’Etat, puisque, en cas de pépins, ce régime ne peut pas compter sur l’Etat pour le renflouer. Alors, c’est dire que si l’Etat met la main sur ces réserves, c’est purement et simplement du vol.

L’indemnisation du chômage des cadres

Le gouvernement a confirmé envisager   une réduction progressive du plafond de l’allocation chômage pour les cadres, mais aussi à une réduction de leur durée d’indemnisation. lLe député LaREM Aurélien Taché a suggéré une dégressivité à partir de six mois» des allocations chômage pour les hauts cadres et également évoqué un plafonnement  « à hauteur de 3000 euros par mois»,

La CEF CGC, qui n’est tout de même pas le plus révolutionnaire des syndicats,  a fait savoir au patronat et au gouvernement qu’il y aura une ligne blanche à ne pas franchir, à savoir le  plafonnement d’indemnisation des cadres. Il faut en effet rappeler que la partie ncadre est bénéficiaire et rapporte de l’argent à l’assurance chômage ! S’attaquer à nos populations - encadrement et cadres - ne serait dès lors que pure démagogie...

Les propositions de la CFE-CGC consistent en le déplafonnement des cotisations et la création d’une contribution exceptionnelle sur les très hauts revenus. La Centrale rappelle que  le déséquilibre dont souffre le régime vient notamment de l’utilisation excessive que les entreprises font des CDD et de l’intérim et proposer la mise en place d’un système de bonus-malus pour limiter les recours aux contrats courts.

Toutes ces réformes ajoutent encore au matraquage des classes moyennes et des retraités, deux catégories électorales dont le pouvoir est tellement sûr qu’ils ne voteront pour ses adversaires qu’il se permet de les traiter ainsi. Mais l’histoire a ses leçons et elles sont assez claires : la démocratie est liée à l’existence d’une classe moyenne fortes et l’évolution de la société française, avec une classe moyenne en diminution, de plus en plus fragilisée et qui craint le déclassement et une polarisation entre une petite minorité hyperiche qui accumule les privilèges et ceux qui ne sont pas premiers de cordée,  cette situation n’est pas saine.

 L’écrasement des classes moyennes crée des monstres politiques.

Autre élément : toutes ces réformes ont en commun de substituer à un système d’assurance profitant à l’ensemble du pays un système de filet de sécurité très minimal. C’est conforme à l’idéologie de la secte libérale au pouvoir, et c'est très intéressant pour ceux qui veulent promouvoir des assurances privées ce n’est pas conforme à une saine compréhension du fonctionnement des sociétés, c’est contraire à la façon dont nous avons bâti l’Etat social en France, basé sur le paritarisme et un système assurentiel qui est un placement différé. Cette conception est contraire aux principes du système de protection sociale à la fois le plus efficace, le plus juste et le mieux adapté aux sociétés européennes, le modèle suédois.

Ce sera l’objet du prochain blog, Le modèle suédois, une protection sociale inclusive.

Résultat de recherche d'images pour "macron premiers de cordée"


samedi 25 août 2018

Grandes manœuvres autour du service public de l’électricité ou comment le lobby libéral désinforme


Les tarifs réglementés validés par le Conseil d’Etat :


Le 18 mai 2018, le Conseil d’Etat français validait le principe des tarifs réglementés de l’électricité. Ces tarifs étaient attaqués par Engie et d’autres fournisseurs d’électricité au motif qu’ils allaient à l’encontre des Directives européennes sur la libéralisation du marché de l’électricité et la libre concurrence. Les raisons invoquées par le Conseil d4Eta sont les suivantes :

Le Conseil d’Etat « estime que l’entrave que constitue la réglementation des prix de vente de l’électricité est justifiée, dans un contexte de forte volatilité et s’agissant d’une énergie non substituable constituant un bien de première nécessité, par la poursuite de l’objectif de garantir aux consommateurs un prix de l’électricité plus stable que les prix de marché. Ce seul objectif suffisant à justifier une entrave à la concurrence au regard du droit de l’Union européenne ». Le Conseil d’État « juge ensuite que cet objectif de stabilité des prix ne pourrait être atteint par une intervention étatique moins contraignante qu’une régulation générale du prix de vente au détail de l’électricité. La forte volatilité qui caractérise le marché de l’électricité est en effet due à des facteurs multiples et difficiles à anticiper, et elle est susceptible de se répercuter à tout moment sur les prix du marché de détail. En outre, les offres à prix fixe sur deux ou trois ans qui sont proposées aux consommateurs sont le plus souvent indexées sur les tarifs réglementés, qui permettent d’offrir une visibilité de long terme. Dans ces conditions, la suppression des tarifs réglementés risquerait d’entraîner une volatilité des prix qui ne pourrait être encadrée de manière appropriée par des mesures temporaires.

Autrement dit, il s‘agit, concernant un bien essentiel non substituable, de protéger les consommateurs contre des offres de margoulins proposant de l’électricité pas chère lorsqu’on en a pas besoin, et des prix qui s’envolent…lorsque vous en avez vraiment besoin.

Merci au Conseil d’Etat qui ne nous avait pas habitué à contrer ainsi  la doxa libérale et européenne.

Les fédérations syndicales de l’énergie, toutes unies, CFE-CGC et même CFDT compris, CGT, FO ont salué cet arrêt et rappelé la nécessité « de tirer les leçons de 20 années d'ouverture des marchés de l'énergie, bien de première nécessité ». Et ils ont appelé à la plus grande vigilance vis-à-vis du paquet énergie propre que la Commission Européenne veut imposer : « Il est nécessaire que le paquet "énergie propre" actuellement en discussion "ne perde pas de vue les questions de service public, de long terme, de sécurité énergétique et d'intérêt général qui sont trop souvent occultées par les logiques de concurrence et de marché ».

Le gros mensonge statistique : prix de l’électricité et coût du nucléaire

Cet arrêt du Conseil d’Etat a rendu fou furieux les idéologues de la libéralisation et ceux qui voudraient bien démanteler les services publics pour leur plus grand intérêt. Et ils se sont lancés dans le gros mensonge, le mensonge statistique.
Ainsi, la plupart des media ont en août fait des gros titres sur « le prix de l’électricité pour les ménages français est plus élevé que dans quinze pays de l'Union Européenne ». Mensonge ! Manipulation !

En fait, ce sont les familles de seize pays de l'UE, et non quinze, payent leur kWh moins chère qu'en France. Il s'agit pour la plupart des pays de l'Est européen additionnés de la Grèce. Les factures d'électricité conviennent à un niveau de vie nettement plus bas que chez nous. Une augmentation du prix du courant, il y a quelques années en Bulgarie a provoqué des émeutes et la chute du gouvernement.
Ces seize pays représentent moins de 140 millions d'habitants sur les 510 millions  de l'UE. Presque les 3/4 des Européens payent donc  leur courant plus cher qu'en France.
En particulier, l'Allemagne est désormais  le pays de l'Union Européenne où le kWh pour les ménages est le plus cher.: 30,48 centimes d'euros  (le double du prix français !!!) suivi par le Danemark (30,10).
 L'Allemagne,  le Danemark et l'Australie du Sud, ont les prix les plus élevés de l'électricité au monde, pour les nations avancées. Les parts des renouvelables intermittents (solaire et éolien) y sont aussi les plus élevées. Comme dit le média financier Forbes « Pourquoi les renouvelables si bon marché donnent-elles de l'électricité si chère? »

Ce qui nous conduit à la deuxième manipulation : l’attaque contre le nucléaire, cœur de la production française et du service public de l’électricité

En 2017, les ménages français  payaient leur kWh de 16 à 17% moins cher que la moyenne européenne. Mais en 2010, ils le payaient 31% moins cher. Que s'est-il passé ? Les taxes ont bondi, surtout du fait des aides aux renouvelables et représentent désormais 35% des factures. L'acheminement (transport et distribution, 30% des factures) a augmenté aussi. Désormais près du tiers  des investissements du transport sont dus, comme le dit excellemment notre Réseau de Transport d'Electricité (RTE) "à l'adaptation à la transition énergétique", bref en grande partie liée aux renouvelables.

Il est exact que la France perd progressivement ses prix attractifs dus au nucléaire. La raison n'est pas une perte de compétitivité de ce dernier, mais les aides aux renouvelables.

Et voilà brillamment démontré comment les media manipulent l’information.

Et cela s’explique très bien ; c’est que, au moins en Europe, même les libéraux les plus fous ne proposent pas de privatiser la production nucléaire, qui devient un vrai caillou dans leurs gros sabots ; d’où cette curieuse alliance des lobby libéraux et des bigots rétrogrades écolo et ces campagnes de presse incessantes.

Merci à Lionel Taccoen et à la Lettre "Géopolitique de l'Electricité" d’où est repris ce décodage indispensable. (sur www.geopolitique-electricite.com)

Résultat de recherche d'images pour "EPR"

A bas le progrès ! : l’Europe, la génétique et les obscurantistes


Zinc Finger, CRISPR-Cas9, Talen- La nouvelle révolution des NBT

La génétique a fait ces dernières années d’énormes progrès. Trois enzymes récemment découvertes,  les nucléase à doigt de zinc (ZFN), les nucléases effectrices de type activateur de transcription (TALEN) et surtout CRISPR-Cas9 (enzymes jouant un rôle dans l’immunité bactérienne) permettent maintenant d’éditer de façon précise le génome (l’ADN) d’une cellule, de la couper en certains endroits sélectionnés, de changer la place d’un gène et son niveau d’expression, de corriger un éventuel défaut. Leur utilisation en médecine pour soigner des maladies génétiques,  bien que complexes s’avère déjà prometteuse et donnera un espoir à des malades  qu’on ne savait à présent ni guérir, ni même soulager.

Leur utilisation en agriculture est plus simple. Elles permettent de créer des variétés soit plus résistantes à certaines maladies (un million de morts dus au mildiou en Irlande pendant la grande famine de 1845-1848), une meilleure adaptation à de nouvelles conditions climatiques (tiens, ça on risque maintenant d’en avoir vraiment besoin), ou bien augmentant leurs qualités nutritionnelles. Ainsi, CrispR_Cas 9 a permis de créer une variété de maïs résistante à la nécrose létale du maïs et de  de favoriser l'expression d'un gène connu pour accroître la tolérance du maïs à la sécheresse en remplaçant le promoteur associé par un promoteur augmentant sa fréquence d'expression. Les TALENs sont utilisées pour développer la résistance du riz aux bactéries xanthomonas et également  pour inactiver un gène en partie responsable de la synthèse d'acides gras chez le soja, augmentant ainsi la part des acides mono-insaturés et réduisant celle des acides gras saturés, améliorant ainsi la qualité nutritionnelle de l'huile extraite de la variété de soja concernée.

Ces nouvelles techniques sont regroupées sous le nom de NBT (New Breeding Techniques), pour les différencier du génie génétique et de la notion d’organismes génétiquement modifiés. Il s’agit certes de techniques de génétiques, mais dans ces cas, il n’y pas d’insertion de gènes extérieurs, seulement une réorganisation pouvant réprimer ou au contraire augmenter l’action de certains gènes déjà présents. Ces techniques reproduisent fidèlement les phénomènes de mutation (mutagénèse) à l’origine de la sélection par croisement, telles que les pratiquent de manière immémoriale éleveurs et cultivateurs. Simplement, l’empirisme est remplacé par une démarche plus sûre, plus rationnelle, plus efficace, ce  qui nous permettra de répondre en temps utiles aux défis qui se posent. Par exemple, il  a fallu plus de vingt ans aux chercheurs de l’INRA pour créer par croisements interspécifiques une vigne résistante au mildiou, ce qui laisse largement le temps aux catastrophes et aux ruines de se produire ; les techniques actuelles le permettraient en moins de trois ans.


Il faut clarifier la directive sur les OGM pour bénéficier des nouvelles techniques de mutagenèse

Or, la Cour de justice de l’UE a récemment assimilé ces nouveaux organismes NBT à des OGM, alors que ce sont des organismes dont le génome a été altéré sans y insérer un ADN étranger.  Pour l’ex-député Jean-Yves Le Déaut et la sénatrice Catherine Procaccia, ex président et actuelle vice –présidente de l’Office Parlementaire des choix scientifiques et technologiques, il est urgent de clarifier la directive pour bénéficier des nouvelles techniques de mutagénèse. Ils ont signé dans Le Monde du 21/08/2018 une tribune courageuse et assez détonante intitulée Il faut clarifier la directive sur les OGM. Extraits :

Etats et Commission des responsabilités non assumées :  « Depuis près de dix ans, l’incertitude prévaut dans l’Union européenne sur la qualification juridique des nouvelles biotechnologies (New Breedings Techniques, NBT). En droit européen, la « directive 2001/18 » exempte les techniques de mutagénèse de ces dispositions, considérant que pour ces techniques, « la sécurité est avérée depuis longtemps ». C’est ce que précise un récent arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) tout en soulignant que la législation de l’Union n’a pas été modifiée au regard de l’évolution de ces techniques.
En repassant ce dossier épineux à des comités d’experts successifs, puis maintenant au juge européen, la Commission et les Etats membres n’ont pas assumé leurs responsabilités car ce n’est pas au juge de définir la politique de l’Union européenne sur un sujet aussi important. Il s’agit d’une décision de nature politique, qui relève de la compétence de la Commission européenne, en lien avec les Etats et leurs comités d’experts »

Sur les OGM : « L’activisme d’associations qui depuis plus de vingt ans ont frappé l’opinion publique en parlant de risques sanitaires a petit à petit produit ses effets, y compris dans l’arrêt de la Cour Européenne de Justice. Pourtant aujourd’hui, avec vingt ans de recul, les agences nationales, européennes, internationales, les académies concluent toutes à l'absence de risques sanitaires. Les responsables politiques et les gouvernements qui se sont succédé depuis vingt ans ont souvent reculé ou démissionné et petit à petit le dossier OGM s’est enlisé. Cela risque de recommencer avec les nouvelles technologies »

« Les NBT constituent une révolution, puisqu’elles sont à la fois simples, rapides, précises puissantes, peu coûteuses, universelles et très prometteuses, notamment dans les domaines de la médecine et de l’agriculture. C’est une ère post-OGM qui s(annonce pour l’agriculture. »

«  Il serait paradoxal que, comme pour les OGM, l’Union Européenne et ses Etats membres s’accommodent du départ des chercheurs vers ces pays (USA, Chine, Brésil…) et de l‘importation de produits issus de ces techniques venant de ces pays, tout en interdisant sur notre territoire la recherche, l’expérimentation et la culture. Une nouvelle fois, l’Europe va être pénalisée. »

«  Avec la prolifération de la fausse science, c’est la nature même du progrès qui est remise en cause. Cette évolution inquiétante prend sa source dans la confusion de plus en plus marquée entre ce qui relève des savoirs issus d’une démarche scientifique rigoureuse et ce qui relève de croyances ou de manipulations. En fait, n’est-il pas plus dangereux de manipuler les esprits que de modifier les gènes ».

On ne saurait mieux dire, et bravo à Jean-Yves Le Déaut et à Catherine Procaccia, et espérons qu’ils seront entendus.

Tiens, au fait, où est passé le Président de l’Office Parlementaire des choix scientifiques et technologiques, Cedric Villani ? Perdu corps et surtout âme ? Allons, on a maintenant bien compris qu’il préfère à la vérité et au courage de tortueuses stratégies politiques, et que le savant a été remplacé par un politicien plus sinueux que les professionnels de l‘ancien monde, et qu’il ne prendra aucun risque pour assumer des positions qui risqueraient de déplaire à Jupiter et autres olympiens et de nuire à ses ambitions personnelles. Dommage, c’est une grande déception.

16 chromosomes réduits à un seul !

Le même numéro du Monde (21/08) annonce une nouvelle scientifique qui montre bien que nous allons encore vers bien des surprises et de nouveaux progrès en biologie : les 16 chromosomes d’une levure de bière ont été raboutés en deux chromosomes par une équipe américaine, et en un seul par une équipe chinoise, et cela sans compromettre la viabilité de la levure ! En dehors du défi scientifique et technique, cela aussi annonce une autre ère pour les OGM simples. Car les OGM dont le génome a été ainsi réaménagé ne peuvent plus se croiser avec les organismes souches, et tout risque de contamination se trouverait ainsi évité !

Résultat de recherche d'images pour "NBT new breeding techniques"



Ils sont fous ces Anglais ?-fausses raisons au Brexit et vraie colère


Le communautarisme a atteint chez nos voisins (Brexit ou non) un niveau tout de même assez inquiétant. Et l’on comprend que le Brexit a peut-être d’autres causes, celui d’un peuple qui refuse de plus en plus d’être coupé de ses racines et à qui l’on impose un changement de civilisation dont il ne veut pas, qui en a assez de la trahison de ses élites et d’un politiquement correct de plus en plus étouffant et liberticide. Mais sur ce coup-là, ce n’est pas qu’à Bruxelles, et même pas principalement à Bruxelles que les Anglais doivent s’en prendre  Trois exemples

Boris Johnson et les « boites aux lettres »

Evoquant la récente décision prise par le Danemark d'interdire le voile intégral dans l'espace public dans une chronique publiée le 5 août dans le quotidien britannique The Telegraph, Boris Johnson a comparé les femmes portant le voile intégral à des «boîtes aux lettres» et à des «braqueurs de banque», qualifiant les burqas «d'absolument ridicules». Jugeant «oppressant» le voile intégral et ses différentes variantes, il a également ajouté qu'il «se sentirait pleinement en droit de demander» à une électrice de retirer son voile pour qu'il «puisse lui parler correctement». «Si une étudiante se présentait à l'école ou à une conférence universitaire ressemblant à un braqueur de banque, alors les autorités devraient être autorisées à converser ouvertement avec ceux qu'elles sont invitées à instruire», a-t-il ainsi déclaré.

Et alors ? Et alors, le Parti Conservateur s’enflamme. Theresa May : « Boris Johnson a provoqué l’indignation » et « n’aurait pas dû utiliser ce langage », « la façon dont une femme doit s’habiller est un choix personnel » ; Boris Johnson doit présenter des excuses ». De tels propos « augmentent les risques de crimes racistes» ( !!!!) ajoute Sayeeda Warsi, membre (conservatrice) de la chambre des Lords. Mohamed Sheikh, autre membre tory de la haute chambre britannique, appelle à des sanctions disciplinaires, pour retirer à Boris Johnson, qui demeure député, son étiquette du Parti conservateur ! Face aux critiques, le Parti conservateur auquel appartient Boris Johnson a d’ailleurs décidé d’ouvrir une enquête à son encontre pour « infraction au code de bonne conduite ». Le Parti Conservateur !!!! A côté, le parti travailliste a été presque modéré…

Signalons tout de même la réaction de Rowan Atkinson (Mr Bean)  qui garde dans cette affaire un certain sens du nonsense : «  Toutes les blagues à propos de la religion offensent quelqu’un, donc il n’y aucune raison de présenter des excuses »

Boris Johnson a fait savoir qu’il ne comptait pas s’excuser  et  l’opinion publique semble basculer de son côté  un sondage de 2017 indique que la moitié des Britanniques veulent une loi interdisant la burqa.

Des lois interdisant le port du voile intégral dans l’espace public ont été votées en Belgique, en France, en Allemagne et en Autriche, et donc maintenant au Danemark. Brexit ou pas, les pays à l’intérieur de la Communauté Européenne ont encore ce droit, mais on peut penser que les réactions de « leurs élites » exaspèrent les Anglais qui en font un paquet commun de colère avec le reste. Et d’ailleurs, il se peut bien qu’une des multiples instances européennes interdise un jour ce genre de loi….

Sadiq Khan, l’idole de la gauche européenne et française

La déclaration exacte de Boris Johnson était : Je voudrais aller plus loin et dire que c’est absolument ridicule que les gens se déguisent en boîtes aux lettres ; et je déteste vraiment toute tentative par n’importe quel gouvernement – invariablement masculin – d’encourager ces manifestations de modestie »

Ça ne vous rappelle rien ? La première décision de Sadiq Khan, maire de Londres : celle d’interdire les publicités suggestives dans les transports communs métro et bus londoniens. Oh Sadiq Khan est très intelligent, mais aussi très très très ambigu. Sa décision était motivée par une rhétorique à tonalité féministe : il s’agissait de ne pas complexer les spectatrices moins bien pourvues par la nature que les modèles prises en photo en maillot de bain («Il est grand temps que cela prenne fin, personne ne doit se sentir sous pression» en utilisant les transports en commun pour atteindre des standards «irréalistes concernant leur corps». 

Mais c’est comme par hasard le type de féminisme qui plait beaucoup aux intégristes musulmans qui demandent « plus de modestie » aux femmes…

Tout de même, entre la haine irrationnelle du corps et le fait de démoniser sa beauté des religions ( au moins monothéiques), et l’exaltation de la puissance physique caractéristique des régimes totalitaires, il doit bien y avoir un chemin moyen, un peu hédoniste.

Très très ambigu Sadiq Khan ! Lors de sa campagne contre le Brexit (nous y revoilà), l’islam était très présent à travers des femmes voilées… reléguées au fond de l’assistance. En 2004, à Londres, il apparaît aux côtés de cinq islamistes à une conférence organisée par l'association Friends of al-Aqsa, un groupe qui a publié des travaux négationnistes ; lors de cette conférence, les femmes devaient notamment emprunter une entrée distincte de celle des hommes. David Cameron a accusé Sadiq Khan d'être apparu à neuf reprises au côté de l'imam Sulaiman Ghani, un imam considéré comme extrémiste qui soutient l'État islamique.  En 2008, il est filmé en train de prononcer un discours au Global Peace & Unity Festival devant des spectateurs agitant l'étendard noir des djihadistes. Son opposition, en tant que parlementaire, à l'interdiction de groupes accusés d'être islamistes suscite également des interrogations. En 2009, dans une interview accordée à la chaîne de télévision iranienne Press TV, Sadiq Khan utilise le terme « Oncles Toms », considéré comme insultant et méprisant, pour désigner les musulmans modérés ; il présente des excuses par la suite.

Certes Sadiq Khan participe et soutient les Gay Pride et le mariage homosexuel, ce qui ne fait pas très raccord… Mais l’ensemble de ses positions ne le place pas dans la majorité du Parti travailliste qui suit Jeremy Corbin, qui ne semble pas tellement l’apprécier…
Mais c’est décidément l’idole de la gauche européenne et française- il faut entendre comment il est encensé sur France Inter…

Un café à Honchurch

Station 164, un café dans l’est de Londres,  à Honchurch, bien noté sur Trip advisor, qui sert des breakfast traditionnels, avec, dans la tranche de pain, planté un petit drapeau britannique. Eh bien, ce drapeau a suscité un flot de commentaires haineux sur les sites internet, à ce point que les deux gérantes ont abandonné et vont le fermer. Candy a posté un message sur la page Facebook du café pour s'adresser aux détracteurs du petit café :  «Nous sommes un petit café londonien, nous sommes britanniques, anglais et Londoniens. Nous n'avons pas honte de mettre de petits drapeaux dans notre nourriture (...) Ce n'est pas pour insulter ou susciter un sentiment autre que la fierté britannique (...) Nous ne nous arrêterons pas ».
Eh bien si, elles vont arrêter et fermer définitivement leur café à la fin du mois, lasses de la polémique et très en colère.  Meilleur café à Hornchurch, Dommage qu'il doive fermer à cause d'idiots!» a écrit visiblement un client fidèle et déçu !

Brexit ou le vote de la colère ? Pas de raison que cela cesse 

Page 3 babe Lucy Pinder