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dimanche 29 août 2021

EOS (Eoliennes flottantes en Méditerranée) : les pêcheurs se mobilisent et ils ont raison !

 Le projet EOS (EOliennes flottanteS en Méditerranée) consiste en la réalisation, pour une durée de 25 à 30 ans, de deux parcs éoliens flottants commerciaux de 250 MW chacun et de leurs extensions, de 500 MW chacune. Les premiers parcs comporteraient chacun une vingtaine d’éoliennes flottantes, leurs systèmes d’ancrage, un poste électrique en mer et le raccordement au réseau. Avec des éoliennes probablement plus puissantes, leur extension représentera une trentaine d’éoliennes supplémentaires, soit une cinquantaine pour chaque parc (extension attribuée à partir de 2024)

Situations des zones éoliennes  et des  zones de pêche

Bon déjà on voit un gros problème et les pêcheurs ont été les premiers à réagir par un cahier d’acteur déposé par la Sa.Tho.An qui  regroupe environ  100 navires de pêche sur une trentaine de ports en Méditerranée française et représente 350 marins embarqués et un CA de 30 millions d’euros par an,

https://sathoan.fr/wp-content/uploads/2021/08/CAHIER-DACTEURS-VF-OP-SATHOAN.pdf

Les points principaux :

- Une implantation hors des macro-zones B et C et au-delà de la limite des 20 milles nautiques, étant donné le caractère indispensable de ces zones dans l'économie de la pêche. Ces zones représentent des secteurs de forte dépendance pour les pêcheurs de la Sa.Tho.An. Une implantation dans un de ces secteurs de forte dépendance serait donc très préjudiciable pour eux.

-  Aucune suppression de zones de pêche sans récupération équivalente dans un autre secteur ;

- L'élaboration d'un retour d'expérience complet des fermes pilotes avant le lancement d'un projet de plus grande envergure dans un milieu fragile ;

Remarque : c’est la sagesse même : il s’agit du projet Eoliennes flottantes du golfe du Lion (EFGL : 3 éoliennes de 10 MW chacune à 16 km au large de Leucate et du Barcarès)

- la nomination d'un garant de la concertation par la CNDP qui soit au fait autant de tous les enjeux induits par le vaste jeu d'acteurs dont le golfe du Lion est le terrain que des enjeux particuliers de la pêche

-  la constitution d'un GIS pour mesurer les impacts cumulatifs environnementaux et socio-économiques du projet avec le contexte du golfe du Lion…

En passant, une autre partie de la zone est incluse dans un Parc Naturel Marin…sans que ça fasse trop réagir les associations écologistes.

Et les pêcheurs ont raison de s’inquiéter !

Voire notamment le colloque qui a eu lieu au Parlement européen le 22 janvier 2020 « Les pêcheries et l’éolien en mer peuvent-ils coexister ? » et ce qui s’en est ensuivi, le projet de rapport sur les effets des parcs éoliens en mer et des autres systèmes d’énergie renouvelable sur le secteur de la pêche. Parlement Européen, Commission Pêche, Rapporteur : Peter van Dalen

Cf sur ce blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/11/eolien-en-mer-les-pecheurs-se-battent.html; https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/05/parlement-europeen-commission-peche.html; https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/PECH-PR-681090_FR.pdf

Extraits :

- on ne sait pas grand chose des effets de gigantesques parc éoliens sur la pêche et sur l’environnement végétal et animal ;  les premiers retours des pêcheurs sont catastrophiques. 

La Commission :

- S’inquiète de l’impact négatif à long terme des éoliennes en mer sur les écosystèmes, les stocks de poissons et la biodiversité, et par conséquent sur l’ensemble des pêcheries, et ce tout au long du cycle de vie des éoliennes, de leur construction jusqu’à leur déclassement, en passant par leur exploitation;

- Souligne que le déploiement à grande échelle de parcs éoliens en mer risque de nuire au fonctionnement physique des bassins maritimes, en particulier des courants marins et aériens, ce qui pourrait contribuer au mélange des couches de la colonne d’eau, et, par conséquent, influer sur le cycle des nutriments, la génération des vagues, 

- Insiste sur le fait que toute restriction d’accès aux zones de pêche traditionnelles a des répercussions directes sur les moyens de subsistance des pêcheurs de l’Union et les emplois connexes à terre, et que l’approvisionnement responsable et durable en denrées alimentaires et la sécurité alimentaire s’en trouvent compromis;

- Met en exergue que l’analyse des chevauchements entre les énergies renouvelables en mer et les pêcheries laisse présager une forte hausse des conflits spécifiques potentiels dans les eaux européennes dans les années à venir;

Et les mensonges habituels des maîtres d’œuvres ! la synthèse du dossier de la maîtrise d’ouvrage de EOS :

Qqs extraits

« Ces projets de parcs éoliens flottants commerciaux seraient parmi les premiers au monde, en dehors des fermes pilotes ou des démonstrateurs. »

Remarque :  justement alors, pourquoi ne pas attendre les résultats et l’expérience du projet pilote Eoliennes flottantes du golfe du Lion (EFGL  3 éoliennes de 10 MW chacune à 16 km au large de Leucate et du Barcarès ? Voilà qui serait logique et intelligent.

« Ainsi les éoliennes reçoivent des vents à la fois plus forts et plus réguliers, ce qui améliore leur capacité de production.

Remarque :  laquelle reste intermittente 30%-35% au mieux, exige donc toujours une autre source et  si comme souvent, cette autre source c’est du gaz, eh ben, ça ne la fait pas du tout. L’éolien off shore, c’est de 24 g/kWh à 47 g CO2/kWh. C’est déjà beaucoup plus que le nucléaire (6gCO2/kw.h), jour et nuit, hiver et été. Alors, si, comme souvent, on supplémente l’intermittence par du gaz (420g/CO2/kw.h), ça nous fait à la louche du 350gCO2/Kw.h. le moins qu'on puisse dire,  pour la décarbonation, ça le fait plus du tout !

Par ailleurs, même avec une capacité de production améliorée…l’éolien off shore  constitue toujours le moyen le plus cher de produire de l’électricité (170 € -360 € /MWh -éolien flottant)

« Pour répondre à une ambition française de diminution des émissions de gaz à effet de serre et de diversification du bouquet énergétique pour le rendre plus robuste, l’implantation de deux parcs éoliens flottants et de leurs extensions est étudié…  nécessaires pour limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C d’ici à 2050…  crucial pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre »

Remarque : je ne vois pas en quoi l’énergie variable intermittente de l’éolien rend plus robuste notre bouquet énergétique. Quant à l’argument mille fois entendu de la diversification, Jancovici lui a fait un sort : Si on coupe une de mes jambes pour la remplacer par une jambe de bois, j’ai diversifié mes appuis mais je ne suis pas sûr que ma situation globale soit améliorée.

Ces projets éoliens offshore ne contribuent pas à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en France ; ils ne serviront pas non plus à lutter contre le réchauffement climatique. »

« Les deux parcs de 250 MW produiront un total cumulé d’environ 2,2 TWh d’électricité, l’équivalent de la consommation annuelle de 950 000 habitants, ce qui représente plus de la population de Toulouse, Montpellier et Nîmes réunies. Avec les extensions de 500 MW, l’ensemble du projet pourra fournir près de 6,6 TWh d’électricité, ce qui représente la consommation annuelle de près de 2,9 millions d’habitants, soit environ 50 % de la population de la région Occitanie ou 60 % de la population de Provence-Alpes-Côte d’Azur. »

Remarque : Assez fatigant d’entendre cette propagande éhontée,  toujours la même. Les deux parcs ne fourniront aux habitants de l’électricité que 30% du temps, et pas du tout nécessairement quand ils en ont besoin, mais quand le vent voudra bien.

Dites, la CNPD, ça serait bien quand même que vous réagissuez un peu lorsque la présentation de la ma^trise 'ouvrage est aussi caricaturale ! 

« Le projet ouvrirait la possibilité de développer et moderniser des ports comme celui de Port-La-Nouvelle, ou celui du Grand port maritime de Marseille-Fos, mais aussi de créer localement des emplois au sein de la porteuse filière de production d’énergies renouvelables. »

Remarque : Ah, le coup de l’emploi, bien rebattu lui aussi. On n’a jamais vu  les  600 000 emplois entre 2009 et 2020» promis par le Grenelle de l'environnement. Et pour le fun, ces déclarations de Naval Group à deux mois d’intervalle.

Quand Naval Group candidatait pour l’éolien offshore de la zone Bretagne ouest :  Naval Energies ambitionne de devenir un acteur industriel de référence au niveau mondial de l’éolien flottant. Le dynamisme du marché français permet à Naval Energies de se projeter ambitieusement sur les marchés export (Japon, Royaume-Uni, Corée, etc.)…Les perspectives de développement de cette filière sont immenses… ».

Deux mois plus tard, début février 2021, Naval Group met fin à sa diversification dans le secteur des énergies marines renouvelables :  « le marché des énergies marines renouvelables est immature…L'éolien flottant représente des investissements considérables pour une rentabilité incertaine, voire inatteignable »…

« Les  enjeux en présence dans la zone d’étude du projet : en phase de construction, les principaux effets potentiels sont liés aux bruits sous-marins et à la modification d’habitat pour certains animaux marins »

Remarque : en effet. A Saint-Brieuc, Sea Shepherd a enregistré le bruit des travaux sous-marins (ne pas oublier que le propagation du son dans l’eau est beaucoup plus importante que dans l’air) C’est terrifiant !

« Durant l’exploitation, les principaux effets potentiels en mer sont la modification d’habitat, le changement de nature des fonds marins ou l’effet récif artificiel »

Remarque : l’effet récif est fortement contesté ! Par contre ce qui est certain, c’est que la zone totale occupée par les éoliennes et les raccordements devient inaccessibles aux pêcheurs. D’ores et déjà, les pêcheurs se sont mobilisés et ont fait savoir que leurs principales zones de pêche se trouvaient dans les zones impactées et que, sauf à voir disparaitre leur activité, l’implantation ne pouvait se faire qu’au delà de 20 milles nautiques (voir cahier d’acteur Sa.Tho.An ci-dessus)

Par contre, l’effet chaine lui est de plus en plus mis en évidence.  Pour  les perturbations, ce n’est pas du tout la même chose d’avoir une éolienne isolée ou d’immenses parcs à proximité les uns des autres. Les turbulences importantes produites par les éoliennes entraînent des changements de vent provoquant des modifications dans la vitesse et la direction des vagues, les colonnes d’eau, le brassage des sédiments..)

« Les enjeux de la consultation selon RTE et l’Etat :  Identifier  l’ensemble des enjeux de la zone d’étude du projet à terre comme en mer, à partir des données aujourd’hui disponibles et de l’expertise citoyenne. L’objectif est notamment d’améliorer le potentiel de réalisation du projet ; déterminer un minimum de trois zones préférentielles pour l’installation de deux parcs éoliens flottants et leurs extensions, dont au moins une en région Occitanie et au moins une en région Provence-Alpes-Côte d’Azur ;   Affiner les aires d’études à terre et en mer pour les raccordements au réseau public de transport d’électricité, mutualisés pour chacun des premiers parcs et de leur extension, afin d’engager ultérieurement la concertation sur cette base « 

Remarque : Autrement dit, selon RTE, l’Etat et leur léger forcing, le projet est plié, ne reste qu’à discuter certaines modalités.

Heureusement la Commission Nationale du Débat Public ne l’entends pas ainsi et l’a à plusieurs reprises rappelé :

Sont donc soumis à consultation :

L’opportunité, les objectifs et les caractéristiques principales du projet ;

- Les enjeux socio-économiques ;

- Les impacts significatifs sur l’environnement et l’aménagement du territoire ;

- Les éventuelles solutions alternatives, y compris l’absence de mise en œuvre ;

- La localisation des zones potentielles d’implantation des parcs et de leur raccordement

A bon entendeur !

Et on rajoutera cet incipit du rapport de la CNDP en Normandie :

« La mer n’est pas vide et contrairement à l’apparence, elle n’est pas libre »

 Là encore, à bon entendeur !

jeudi 26 août 2021

Conférence citoyenne sur la phase industrielle pilote (Phipil) de Cigéo; c'est oui ! (avec certaines réserves)

1) Déroulement de la conférence : 17 citoyens tirés au sort par l’Institut IRS avec des critères de diversité de catégories socio-professionnelles, de parité homme/femme, d’horizons géographiques et d’âge. Les salariés du nucléaire et les élus étaient exclus de la participation. Aucun ne vient du territoire concerné par le projet. Ont été organisées 3 sessions de 2 à 3 jours, réparties sur 6 semaines, 3 intersessions en visioconférence et 2 sessions de validation finale de l’avis. Greenpeace, Global chance, France nature environnement, et la Criirad ont été invités et n’ont pas voulu participer (certains qualifiant la conférence de manipulation). La ministre de la Transition écologique, Mme Barbara Pompili, n’a pas répondu à  l’invitation des participants.

2) Les principaux résultats du débat

L’avis final comporte plusieurs recommandations dont le but est d'enrichir le dossier de demande d'autorisation de création (DAC) du Cigéo, avant son dépôt en 2022. L'Andra devrait présenter cet automne la manière dont elle les prendra en compte. Les points principaux :

- la modalité de validation de la DAC. La conférence citoyenne  demande que la DAC ne soit pas validée par décret du premier ministre – comme prévue par la loi – mais à la suite d'une consultation du Parlement.

- la conférence citoyenne conseille à l'État français de sanctuariser les fonds alloués à Cigéo par les entreprises productrices des déchets radioactifs en question. L'État pourrait ainsi s'en porter garant « au cas où les producteurs seraient défaillants ou disparaissent ».

- la conférence citoyenne préconise la réalisation d'un « état zéro » épidémiologique de référence auprès des habitants du territoire accueillant le Cigéo et de ses voisins, soutient la mise en place d'analyses radiologiques régulières des eaux évacuées par le Cigéo et l'intégration des riverains et des salariés des sous-traitants dans le suivi radiologique.

- D'autres demandes concernent une meilleure classification des volumes et types de déchets ou encore  l'accessibilité à une information « pluraliste » (notamment, de la part d'ONG) pour les établissements scolaires de la région.

Et la conclusion : « le groupe reste divisé quant à son niveau de confiance sur le projet de stockage géologique profond. La phase industrielle pilote devrait être un moyen pour établir la confiance dans ce projet de grande ampleur et elle doit le prouver. »

La  Phipil (phase industrielle pilote devrait se dérouler sur 5 à 10 ans, dès le début du stockage profond de déchets radioactifs, et déterminer la poursuite ou l'abandon de leur enfouissement. La conférence citoyenne approuve son lancement, mais elle la place sous surveillance….

https://www.actu-environnement.com/ae/news/cigeo-conference-citoyens-avis-andra-37925.php4

3) Quelques questions posées par la conférence citoyenne :

- Cigéo paraît sous-dimensionné car beaucoup de matières nucléaires n’ont pas de destination spécifiée, par ailleurs, les matières déclarées valorisables peuvent devenir des déchets suite à l’abandon du retraitement….Cigéo n’a pas pris en compte les 10 ans de supplément d’exploitation des réacteurs (demande de l’exploitant EDF en cours pour passer de 50 ans d’exploitation à 60 ans).  Les 6 EPR qui pourraient être construits n’ont pas été pris en compte….Comment avoir des garanties sur un dimensionnement maximal de Cigéo ? La confiance serait mieux assurée dans le cadre de limites préalablement posées concernant l’étalement de Cigéo.

Commentaire : Ben oui, et l’arrêt (espérons temporaire) du programme GENIV Astrid rend cette question du classement des déchets et de la quantité à prendre en compte  d’autant plus légitime…

- Répercussions socioéconomiques et inquiétudes sanitaires - « Nous sommes inquiets du manque d’information sur les répercussions socio-économiques locales (incluant la période de la phase industrielle pilote), ainsi que sur les répercussions sanitaires dues aux faibles doses ionisantes à long terme. Nous préconisons de revenir sur cette notion de seuil en intégrant l’analyse sur les conséquences des situations d’exposition de longue durée à des faibles doses cumulées. »

Commentaire : deux choses très différentes : en ce qui concerne le premier point, c’est assez surprenant car enfin comme maintenant  tout grand projet Cigéo a fait l’objet d’une double expertise socioéconomique, par l’Andra et par le Secrétariat  général pour l’investissement, expertises très larges, complexes et détaillées dont la conclusion principale était : « La raison d’être de Cigéo est liée à sa capacité de protéger de façon passive les générations futures…, et donc à la capacité de fermer le site dès que possible…. Cigéo garantit la protection des générations lointaines à un coût optimisé pour les générations présentes. »

En fait, l'enfouissement géologique profond est la meilleure garantie possible pour les sociétés et les civilisations qui nous succéderont, mimant, avec une bien meilluer sécurité , des phénomènes naturels tel les réacteurs d'Oklo, au Gabon

Ou ces expertises n’ont pas été communiquées à la conférence citoyenne, ou elles ne l’ont pas été de manière très convaincante…

En ce qui concerne, les expositions à faible doses, la toxicologie de la radioactivité sont très simples et très bien connus, beaucoup plus que ceux de la plupart des produits chimiques. L’UNSCEAR  fait référence, comme le GIEC pour le climat, et certaines études montrent même un effet protecteur des faibles doses. Le seul problème, c’est sont les pseudo connaissances diffusées par des associations comme la CRIIRAD, que l’ensemble de son œuvre devrait suffire à discréditer. Comment des citoyens non formés scientifiquement peuvent-ils faire la différence ? C’est une vraie question !  

Sincérité de l’objectif de la phase industrielle pilote et des processus employés pour la mise en œuvre du projet (réversibilité réelle) : c’est une demande forte de la Conférence citoyenne qui insiste sur le fait que la phase industrielle pilote soit vraiment une phase d’essai qui, à son terme, permette le vote d’une loi par le Parlement qui validera ou non la poursuite de Cigéo. Cela ne semble pas en contradiction  avec le programme de l’Andra, simplement la conférence insiste sur le fait qu’il ne doit pas y avoir de tentation du fait accompli qui interdirait en pratique tout retour en arrière. NB : la phase pilote est prévue pour durer 20 ans. 

Continuer à rechercher d’autres solutions : «  l’entreposage de longue durée peut constituer une solution temporaire pour permettre la recherche et le développement de solutions alternatives (appelé « système hybride »). Nous recommandons vivement la poursuite de ces recherches qui permettront de fournir un panel d’option plus large pour les générations futures, pour la continuité ou non de Cigéo et/ ou au cas où la politique énergétique décide de construire de nouvelles centrales, pour le traitement des déchets pour ces nouvelles installations ;  une solution alternative au cas où la phase industrielle pilote ne serait pas concluante. »

Pourquoi pas ? la phase pilote est censée durer 20 ans,  La phase d’exploitation avant fermeture est censée durer jusqu’en  2145 et sera réversible. Ca donne du temps !  Cependant, tous les pays qui ont à gérer des déchets radioactifs ont déjà conclu en faveur de l’enfouissement géologique profond cf. les rapport du JRC de la Commission Européenne et de la NEA. Et l’entreposage de longue durée est en fait beaucoup plus risqué !

(Rapport JRC : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/03/european-taxonomy-jrc-report-technical.html ; https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/04/taxonomie-europeenne-rapport-du-joint.htmlhttps://lnkd.in/euD-fHb

Rapport NEA : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/09/le-probleme-des-dechets-ultimes-du.html, https://www.oecd.org/publications/management-and-disposal-of-high-level-radioactive-waste-33f65af2-en.htm

La question de la mémoire : « Nous considérons également qu’il est primordial de conserver la mémoire le plus longtemps possible et non pas d’organiser l’oubli….Prenons le temps d’inventer des solutions ; d’organiser la mémoire au plus haut sommet de l’Etat pour garantir que ce site est à protéger et non forable.

 

Commentaire : on parle là d’échelle de 15.000  ans  pour un retour à radioactivité normale, les déchets étant conditionnés dans des verres de stabilité d’ordre de 100.000 ans, puis dans de l’acier, puis dans des couches géologiques dont la stabilité est supérieure à 100 millions d’années.





Parler de mémoire à cette échelle est problématique. C’est pour cela que la forme la plus sûre de Cigéo est “non réversible”, qu’elle est la meilleure solution qui  répond parfaitement à l’objectif: isoler définitivement de la biosphère des déchets hautement radioactifs le temps que leur radio-toxicité disparaisse naturellement.

Sur le nucléaire « Une partie du groupe estime qu’il est nécessaire de lier le débat sur les déchets nucléaires avec la programmation de l’arrêt du nucléaire partant du principe que le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit. Une autre partie du groupe considère, au contraire, que cette question dépasse le mandat qui nous a été donné et qu’elle est déjà pensée par les autorités puisqu’une loi a déjà été votée : la loi de transition écologique et pour la croissance verte. Cette loi prévoit de réduire notre dépendance au nucléaire de 75 % à 50 % d’ici 2035 »

Conclusion : On notera donc que l’opinion majoritaire du groupe était  loin d’être pro-nucléaire, avec une partie visiblement  de sensibilité antinucléaire. Pourtant, malgré cela, malgré les pressions des associations militantes (Sortir du nucléaire, Greenpeace, FNE) qui ont tenté d’entrée de discréditer la conférence citoyenne, l’avis est clair : oui à la phase pilote, à condition qu’elle soit une vraie phase pilote destinée à vérifier la viabilité du projet, avec une réversibilité possible. Ca tombe bien, c’est ce qui est prévu ( pendant 120 ans pour la réversibilité) !

C’est pas mal. D’autant qu’à partir des expériences danoises et Allemandes sur les consultations citoyennes  traitant de sujets scientifiques et techniques, Gérald Bronner (La démocratie des Crédules, p.206 formule l’avertissement suivant : qu’elles se traduisent le plus souvent par une méfiance envers l’expertise scientifique et aboutissent fréquemment à des demandes de moratoire avec une inquiétant progression de l’idéologie de la précaution !



samedi 21 août 2021

Les ENR (solaire, éolien), le foisonnement et la demande

RTE et la magie du foisonnement : Cela permet d’avoir un approvisionnement constant et lisse d’électricité renouvelable...

Dans une série de vidéos de vulgarisation ( « les Gros Mots de l’électricité) et plusieurs textes, RTE explique que les ENR ne posent pas de problèmes particuliers quant à la continuité et à la sécurité d’approvisionnement grâce au foisonnement.

Extraits : «  l’éolien, au même titre que le photovoltaïque, est une énergie variable dont la production dépend des conditions météorologiques et peut donc évoluer avec le temps. La gestion de la variabilité est fondamentale dans la gestion d’un système électrique qui doit assurer l’équilibre entre production et consommation. Cependant, à l’échelle nationale ou régionale, les sites de production sont suffisamment éloignés les uns des autres pour que les conditions météorologiques soient différentes à un instant donné… Cette mutualisation est appelée foisonnement. Ce terme décrit la capacité de la production d’une zone climatique à compenser un excès ou un déficit de production dans une autre zone climatique. Cette approche peut également s’appliquer au territoire européen dans son ensemble en développant les interconnexions de réseaux entre des pays soumis à des régimes de vent différents. »

Les données publiques de production fournies par RTE montrent que, si la variabilité de production à l’échelle d’une éolienne est forte, cette variabilité est lissée à l’échelle régionale et, d’autant plus, à l’échelle nationale, du fait des trois régimes de vent indépendants présents sur le territoire français : océanique (Bretagne Centre-Val de Loire et Pays de la Loire), continentale (Alsace Champagne-Ardenne  Lorraine) et méditerranéen (Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées).

Et, cerise sur le gâteau, il y a même  « complémentarité avec le photovoltaïque : « Le lissage de production électrique renouvelable sur le territoire peut également se faire au travers de la complémentarité entre plusieurs énergies, comme c’est le cas entre l’éolien et le photovoltaïque…. En effet, l’énergie photovoltaïque produit davantage au printemps et en été tandis que les pics de production d’électricité éolienne ont lieu en automne et en hiver. Cela permet d’avoir un approvisionnement constant et lisse d’électricité renouvelable, tout au long de l’année. »

Les contes de fée de RTE ont suscité des réactions qui les ont quelques peu mis à mal .

1) François-Marie Bréon : les ENR, fâcheux manque de corrélation avec la demande !

https://twitter.com/fmbreon/status/1287620968098209793?s=19

C’est bellement simple et simplement beau.  Dans une série de graphiques tirés des propres données de RTE  (pour l’année 2019. consommation, production et import/export sont données au pas semi-horaire, puis ramenées au pas journalier), FM Bréon montre :

1) La production nucléaire est corrélée à la demande et fait face à la plus grabde partie de la consommation ( qui a varié entre un peu moins de 1 TWh (en Aout) et presque 2 TWh (en hiver)

Et c’est encore mieux si on considère le nucléaire et l’hydraulique (Cependant, pour les + fortes consommations, leur somme est inférieure à la demande, et il a fallu faire appel aux imports et fossiles)

Et l’éolien ? Ben, deux remarques : absolu manque de corrélation avec la demande et une très grande variabilité avec une production qui a varié  entre 11 et 283 GWh (facteur 25).  Commentaire de FM Bréon : «  Vous le voyez le “foisonnement” “qui permet de lisser la production à l’échelle de la France, avec ses 3 régimes de vent” ?  Moi pas. »

On peut quand même se demander si, par hasard, l’éolien ne  permet pas de faire face aux cas critiques, lorsque nucléaire et hydro ne couvrent pas la demande. Et Ben non, c’est pas mieux ! Les cas les plus critiques (le besoin est le plus important) correspondent très, très rarement à des cas de forte production éolienne.


Et pour le solaire photovoltaïque , qui, selon RTE,  compléterait si bien l’éolien dans un espèce de foisonnement trans-technique.. La production varie entre 5,6 GWh et 62 GWh (facteur 11)….et est inversement corrélée à  la demande :  le solaire produit beaucoup lorsque la demande est faible, et ne produit presque rien lorsque la demande est forte.

Et c’est encore bien pire si l’on regarde la demande non couverte par le nucléaire et l’hydraulique ! En fait, le solaire produit beaucoup en été, quand la demande est plus faible et bien couverte, et peu en hiver, quand elle est forte.



Etude Cereme (2020) : le foisonnement, une croyance « avérée » et…pourtant fausse

https://cereme.fr/wp-content/uploads/2021/06/Cereme_fiche-pedagogique-3_eolien-et-foisonnement.pdf

« Le Réseau de Transport de l’Electricité (RTE) dans sa volonté de communiquer sur les enjeux du réseau électrique présente l’intermittence comme un problème réel mais résolu grâce au foisonnement, c’est-à-dire la présence permanente de production solaire et éolienne en France et en Europe auxquelles la solidarité du réseau français et les importations nous donneraient accès dès que le besoin s’en ferait sentir. Cette conclusion reprise également par le Ministère de la transition écologique et ses agences a été tellement relayée médiatiquement que l’existence d’un foisonnement en Europe est devenue  une croyance avérée, à laquelle il est désormais difficile d’échapper. Cette croyance est pourtant fausse. Elle aura aussi des conséquences dramatiques si RTE et le Ministère de la transition écologique assoient leurs scénarios et décisions sur ce phénomène…Les Français et l’ensemble des services et équipements sur lesquels ils s’appuient (transports publics, hôpitaux, circuits d’eau et d’alimentation, canaux de communication) pourraient alors être privés arbitrairement d’électricité, notamment lors de situations pénalisantes - soirée froide et anticyclonique - relativement courantes en hiver »

Etude  sur le territoire européen : Le Cérémé a étudié la répartition des vents sur  8 endroits différents, en Allemagne, au Danemark, en France et en Espagne, sur l’ensemble de l’année 2020, à partir des données statistiques fournies par https://www.historique-meteo.net/europe/.

56% des jours de l’année 2020 ont connu partout un régime de vent « faible à modéré », particulièrement au printemps, en été et en novembre, avec parfois une exception au Danemark ou en Bretagne. Soit 207 jours pendant lesquels l’énergie éolienne n’a pas été, ou quasi pas, disponible, simultanément, à ces 8 points pourtant ventés (un peu moins pour Chatillon-sur-Seine, plus continental) et pourtant éloignés les uns des autres. Exemple concret : le 20 mai 2020 il y a eu peu de vent à Hanovre (6 km/h), mais il n’y en a eu guère plus à Ejsberg (12 km/h), à Rostock (13 km/h), à St Quentin (11 km/h), St Pol de Léon (11 km/h), Santander, ou dans le Parc naturel régional du Haut Languedoc. Cette situation s’est reproduite le lendemain 21 mai. A l’autre extrême, 9% des jours de l’année 2020 ont connu partout un régime de vent « assez fort à fort », avec parfois une exception en Espagne, ainsi qu’en Languedoc où s’applique le régime d’exception du cévenol.


Conclusion : Les 2/3 du temps il n’existe aucun foisonnement en Europe. Il y a à peine 30 à 40 jours (10%) où trois, voire quatre, régions pourraient compenser significativement les autres.

Etude sur le territoire français :  38% des jours de l’année 2020 ont connu partout un régime de vent « faible à modéré », soit 139 jours pendant lesquels l’énergie éolienne n’a pas été ou quasi pas disponible, simultanément, aux  quatre points étudiés. Ce taux plus faible que dans l’approche européenne élargie résulte de deux poids relatifs élevés, à fortes variations, dans la statistique : la pointe de Bretagne et le régime cévenol. Il démontre cependant lui aussi combien il n’est pas réaliste de compter sur un foisonnement de l’éolien :



Conclusion : pour palier l’intermittence de l’éolien et du solaire, s’opère en réalité une transition énergétique caractérisée par la construction de nouvelles centrales à gaz, très émettrices de C02 (centrale de Landivisau en Bretagne), et par l’importation d’électricité produite par les centrales au charbon ou au gaz de l’Allemagne. Cette transition énergétique nous emmène loin des objectifs de la transition écologique.

Etude Sauvons le Climat (Hubert Flocard et Jean-Pierre Pervès)

https://participons.debatpublic.fr/uploads/decidim/attachment/file/425/Contribution2-MichelGay.pdf

Cette étude datant de 2018  a analysé la réalité d’une production éolienne en France et en Europe de l’ouest (7 pays) pendant 7 mois (de septembre 2010 à mars 2011).

1) La variabilité de l’éolien crée des problèmes redoutables

Septembre 2010- Mars 2011 en France

Les extrêmes suivants sont observés:

- Puissance minimale : 180 MW soit 3,3 % de la puissance installée (Pn) ; des puissances inférieures à 10 % de Pn sont observées 7 fois.

- Puissance garantie, (celle sur laquelle le gestionnaire du réseau peut compter en permanence), inférieure à 5% de Pn.

- Puissance maximale : 3875 MW, soit 71 % de Pn, avec 7 épisodes dépassant 60% de Pn ou 112 MW.

- La plus importante variation a été de 380 MW par heure, soit de 7% de la Pn en une heure. Il y a aussi eu des variations de 2900 MW (soit 50% de Pn) en 24 h.

La période de novembre 2010, qui a vu une seconde quinzaine caractérisée par de grands froids,confirme une tendance de l’éolien : le manque de vent lors de grand épisodes anticycloniques (c’est le cas environ 4 fois sur 5).

Conclusion : c’est pas gérable !

Passons en 2030 en reprenant les conditions météos  de 2011 mais avec une puissance éolienne presque 10 fois supérieure (53.000 MW au lieu de 5650 MW). La puissance éolienne installée, bien que considérable, est encore quasiment absente pendant les 15 jours de grands froids à partir de mi-novembre.


La puissance éolienne installée, bien que considérable, est encore quasiment absente pendant les 15 jours de grands froids à partir de mi-novembre. Sur la période de 15 jours entre le 15 et le 30 novembre 2030 (336ème à 720ème heure),  la consommation d’énergie serait de 27.000 GWh par jour et l’éolien ne pourrait fournir que 3.000 GWh, soit 11% du besoin. Pourtant, la puissance installée des éoliennes serait du même niveau que la puissance nucléaire !

 Conclusion : c’est encore moins gérable !

L’éolien, c’est pas très productif…Pour un même GW de puissance installée….

Non seulement la variabilité de l’éolien est brutale et ingérable, mais en moyenne la productivité est catastrophique. C’est ce que montre la courbe suivante :  

Fig. 6 : Période du 23/01 au 19/02 2012. Toutes les courbes indiquent, pour un moyen de production donné, la puissance qu’il a livrée au réseau (en MW) par GW de puissance installée (1GW=1000MW) en France ou en Allemagne. La courbe bleue correspond au Nucléaire France, la courbe verte à l’éolien France et la courbe rouge au solaire PV Allemagne. Données françaises : eCO2mix/RTE. Données allemandes : transparency.ee

 Pour un même GW de puissance installée :

- Les centrales nucléaires fournissent une puissance de 0,95 GW, quelques réacteurs sur les 58 étant en arrêt pour rechargement ou visite décennale, et les autres fonctionnant à 100% de leur capacité.

- Les 3500 éoliennes fournissent en moyenne 0,2 GW par GW installé, sauf lors de trois épisodes courts de vents forts (1 à 2 jours) ou elles atteignent des pics de 0,55 à 0,61 GW.

Dans une hypothèse 2030 avec 50 GW de puissance éolienne installée, le réseau aurait eu à supporter le 2 février, en moins de 24 heures, une augmentation de puissance d’environ 20 GW, puis 2 jours après une baisse de même amplitude…

- la productivité du solaire en Allemagne aux mêmes dates : elle n’est que de 4% en moyenne, soit 0,04 GW par GW installé, malgré parfois un temps plutôt ensoleillé…

Et le foisonnement ? Il va falloir que RTE arrête sa propagande !

Les productions éoliennes horaires de l’hiver 2010/2011 de 7 pays, qui représentent un bon échantillonnage de l’Europe de l’ouest, ont été enregistrées heure par heure.


La variabilité reste très forte, ça foisonne pas beaucoup !

Passons à une simulation en 2030 avec pour une puissance éolienne totale triple de l’actuelle (187500 MW au lieu de 65000).


Ben, c’est pas mieux : les puissances minimales et maximales correspondent respectivement à 4% et 60% de la puissance totale installée (Pn). La puissance moyenne s’élève à 21% de la puissance installée avec des minima et des maxima importants, un peu moins marqués que pour la seule courbe française

Mais, les auteurs notent : «  Il est préoccupant de constater des épisodes globaux de pénurie de puissance éolienne (moins de 15% de Pn) apparaissant par grands froids durant une à deux semaines. L’ensemble de l’Europe de l’Ouest peut être affecté par un anticyclone pendant des durées de plusieurs semaines, conduisant à des productions faibles, de l’ordre de 15% de la puissance totale pendant une dizaine de jours, voire même inférieure à 10% pendant deux jours. Bien que particulièrement longs, ces épisodes se reproduisent tous les deux ou trois ans alors que des périodes sans vent de quelques jours s’observent plus fréquemment. »

Conclusion : si on a que l’éolien, ça va cailler !  

Conclusion Globale :

La puissance « garantie » de l’éolien, qui  est la puissance sur laquelle le gestionnaire de réseau peut compter, est limitée à environ 5% de la puissance nominale. Une puissance de secours très importante est donc requise, sans espoir qu’elle puisse provenir du solaire, particulièrement en hiver.

Le foisonnement reste limité pour la France malgré trois régimes de vent. C’est également le cas pour toute l’Europe de l’Ouest : les puissances maximales et minimales européennes (63 % et 4,1 % de Pn) sont à peine plus favorables que celles constatées en France (71 % et 3,3 % de Pn).

De plus, les périodes d’appel maximal de puissance, en hiver comme en été, sont généralement anticycloniques et l’éolien devient inefficace dans ces situations (4 fois sur 5 environ) sur de longues durées (une à deux semaines).

Alors, il faudrait que RTE arrête de diffuser des fake news digne des bisounours qur les EPR et de faire la propagande des ENR (dont on comprend qu’il les aime beaucoup, vu qu’elle nécessites beaucoup de nouvelles lignes)

Les besoins de stockage d’un système 100% ENR en Allemagne : 61 jours de consommation !

L’importance de la variabilité de l’éolien et le manque de foisonnement ont été confirmés par une étude allemande, qui en étudie les conséquences en matière de besoin de stockage, constate que ceux-ci ont été grandement sous-évalués et arrive…à une valeur qui devrait effrayer tous les partisans de l’Energiewende, cf.,

https://twitter.com/QvistStaffan/status/1427625800925388814?s=09

Extraits : Qu’est-ce qui détermine les besoins de stockage dans un système 100% renouvelable  (principalement PV + éolien), et quelle quantité est vraiment nécessaire? J’ ai essayé de déterminer cela dans une nouvelle étude en utilisant 35 ans de données météorologiques horaires (ré-analyse) pour l’Allemagne

« Un système allemand à 100%-RE optimal en termes de coûts (92 GW PV, 94+98 GW on+off. éolien) nécessite un stockage efficace de 36 TWh (~ 24 jours de charge!). Pourquoi autant ? Les discussions dans les médias et de nombreuses études sur  les « pots au noir »se concentrent généralement sur des événements allant de quelques jours à 2 semaines de faible rendement continu d’ENR ( Ou EVI énergie variables intermittentes). Notre analyse montre que la période déterminant le stockage requis  est beaucoup plus longue - pour l’Allemagne, c’est environ 61 jours (9 semaines)!



« Pourquoi une période aussi (étonnamment) longue ? En fait, il ne faut pas considérer seulement les évènements pour lesquels la production ENR est continuellement faible, mais des périodes plus longues qui peuvent contenir de courts événement de production ENR élevée… et ces séquences, sur de longues périodes, nécessitent un traitement spécifique des donnés. La valeur élevé de stockage que nous obtenons s’explique parce que 1) Nous avons examiné  35 ans de données horaires plutôt que seulement 1-2 ans, et avons identifié donc des périodes réellement problématiques. 2) Nous n’avons pas autorisé de back up avec des énergies fossiles (100%ENR, c’est 100% ENR) 3. L’Allemagne a été traitée comme traitée comme un système isolé, et nous n’avons pas considéré importations (et exportations) »

« Un commentaire sur ce dernier point : un lissage sur une zone géographique plus importante réduirait sûrement l’ampleur du défi et les coûts liés à la variabilité des ENR.  Mais, durant les évènements hivernaux les plus graves (comme l’hiver 96-97), les pays avoisinant ont aussi souffert de déficits énergétiques importants, et aucune capacité d’import n’était disponible. Même le  réservoir hydroélectrique SE plus NO d’énergie pilotable a connu en cette période son pire déficit énergétique historique. »

En fait, durant cette période, toutes les ressources renouvelables de tous les pays reliés à l’Allemagne étaient  bien en-dessous de leur productivité normale. L’existence d’un potentiel d’importation de renouvelables donc très improbable…L’idée que lorsqu’une contrée ou région soufre d’un déficit énergétique, une région proche se trouve en surplus et peut exporter se trouve rarement vérifiée…

(NB et voilà pour le foisonnement !)


La flexibilité de la demande, qui signifie un report de consommation dans le temps pour éviter des prix élevés ou être rémunéré pour aider le système électrique, peut constituer une aide raisonnable durant 24h. Nous parlons ici de déficit énergétique de deux mois, la flexibilité devient alors un rationnement.  

(NB et voilà pour la flexibilité,  tarte à la crème de RTE et des écolos bigots !)