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samedi 30 mars 2024

L’éolien en mer, c’est du gazolien et c’est pas bon pour le climat !

 PIEBÎEM a insisté à plusieurs reprises sur l’inutilité, voire la nuisibilité climatique du développement de l’éolien en mer en raison de la nécessité d’un back-up fossile, en général gazier, pour compenser l’intermittence et la variabilité de cette source d’électricité. Nous souhaitons développer ce point qui est passé sous silence, voire contesté par les partisans de l’éolien. La conclusion, basée sur des exemples étrangers et l’analyse de la situation française :  plus nous développons d’éolien, plus nous aurons besoin de centrales à gaz pour assurer la sécurité d’alimentation que nous mettrons en péril. Le développement massif de l’éolien n’est pas bon pour le climat, il est l’assurance…que nous ne pourrons jamais nous passer de gaz, et de gaz dit naturel, le biogaz étant limité par les ressources agricoles et la compétition avec les ressources alimentaires.

1.    L’avertissement de Jean-Marc Jancovici

« En 2009, j’étais présent à la COP 15 à Copenhague. Le dimanche, il n’y avait pas de réunion de négociations, j’en ai profité pour assister par curiosité à un colloque organisé par les gaziers… Tous les dirigeants défilaient à la tribune pour dire l’éolien c’est génial…parce qu’il y a besoin de gaz pour compenser son intermittence » (Le Monde sans fin).

Dans les estimations d’ordre de grandeur, Jancovici parlait d’un GW de back-up gazier pour un GW d’éolien installé. Si nous reconnaissons que cette estimation est quelque peu approximative, on peut toutefois pour un ordre de grandeur, se baser sur les facteurs de charges. Si l’on prend un facteur de charge de 40% éolien à compléter par du gaz, le taux d’émission de CO2 est d’environ 300g CO2/KWh donc bien davantage que le mix électrique français (le nucléaire étant à 5 CO2/KWh environ).

1.    L’actualité gazolienne - les exemples étrangers, Royaume-Uni et Allemagne

Pour mieux comprendre ce qui nous attend, les exemples étrangers qui nous ont précédé dans le développement important de l’éolien en général et de l’éolien en mer en particulier sont riches d’information.

2. a - Royaume-Uni, mars 2023 : Le Royaume-Uni annonce la construction de nouvelles centrales à gaz

Le gouvernement de Rishi Sunak a annoncé en mars 2023 vouloir construire de nouvelles centrales à gaz pour s'assurer de ne pas manquer d'électricité à l'avenir. Londres s'engage « à soutenir la construction de nouvelles centrales électriques à gaz afin de maintenir une source d'énergie sûre et fiable pour les jours où les conditions météorologiques ne permettent pas d'alimenter » les éoliennes ou les centrales solaires, fait valoir le gouvernement dans un communiqué. Le gouvernement ne doit pas jouer avec la sécurité énergétique a fait valoir le premier ministre ! [1]

2. b - Allemagne, mars 2023 :  la Cour des Comptes Allemandes inquiète pour la sécurité d’alimentation et demande davantage de centrales à gaz

Si un exemple étranger s’avère particulièrement instructif sur la voix à ne pas suivre, celle de l’investissement massif dans les ENR, c’est bien celui de l’Allemagne.  En 2023, l’Allemagne a émis 360g de CO2 par kWh produit, la France 32g soit 11 fois moins (pour une moyenne de l’Union européenne à 260g environ). Et pourtant, l’Allemagne, après avoir investi plus de 1000 milliards d’euros, dispose fin 2023 d’une capacité totale d’ENRi 3,6 fois plus grande que la France….

La Cour fédérale des comptes Allemande dans son rapport de mars 2024[2] sur la transition énergétique rappelle cette vérité physique banale selon laquelle « l’approvisionnement en énergies renouvelables variables nécessite un effort particulier, car, contrairement aux centrales conventionnelles, elles sont soumises à des variations journalières et saisonnières ainsi qu’aux conditions météorologiques. Elles ne fournissent pas de puissance garantie (photovoltaïque) ou seulement dans une faible mesure (éolien) »


Par ailleurs, elle s’inquiète sur le fait que les dix centrales électriques au gaz prévues ne suffiront pas à garantir la sécurité d’approvisionnement. La Cour des Comptes se montre aussi extrêmement sévère envers le régulateur (l’équivalent de RTE). Elle estime que :

« Les hypothèses utilisées pour évaluer la sécurité d’approvisionnement sont irréalistes car le régulateur se base sur un « best case » improbable. Les auditeurs reprochent au Ministère Fédéral de l’Économie et au régulateur (l’Agence Fédérale des Réseaux) de faire preuve d’une irresponsabilité sans précédent…le ministère accepterait que les risques pour la sécurité d’approvisionnement ne soient pas détectés à temps ».

Enfin, la Cour des Comptes critique le fait que :

« Le ministère ne tienne pas compte d’autres coûts considérables liés à la transition énergétique. Il s’agit par exemple des coûts de distribution de l’électricité (y compris le développement des réseaux et les services système) et la construction de moyens pilotables supplémentaires. Il en résulte, en dehors du public spécialisé, une image erronée des coûts réels de la transformation énergétique. »

Ces critiques, la Cour des Comptes françaises pourra bientôt les reprendre… à son compte si nous continuons dans la même voix de promotion des renouvelables (et particulièrement des 45 GW d’éolien en mer).

1.    La France aussi aura besoin de gaz si elle persiste à développer les ENR

3. a - Le pavé dans la mare de France Stratégie

France Stratégie dans son rapport de janvier 2021[1] sur la sécurité d’alimentation à l’horizon 2030 a jeté un beau pavé dans la mare. L’agence constate que la fermeture programmée en Europe de capacités pilotables doit être mieux prise en compte pour garantir la sécurité d’approvisionnement avant 2030. Ce seront plus de 110 GW de puissance pilotable qui seront retirés du réseau européen : 23 GW de nucléaire (13 GW en France, 10 GW en Allemagne), 70 GW de charbon/lignite (40 GW en Allemagne). Allemagne et France représentent les 2/3 de ces déclassements, le reste Belgique, Italie Espagne...

« Dès 2030 et vraisemblablement à une date plus rapprochée, si les tendances actuelles se maintiennent, les seuls moyens pilotables ne seront pas en mesure de satisfaire toutes les demandes de pointe moyennes.

La France, l’Allemagne et la Belgique présentent les plus forts déficits de puissance pilotable. Pour l’ensemble des 7 pays européens étudiés,  si aucun moyen pilotable autre que ceux déjà prévus n’est ajouté au réseau pendant cette période et si les objectifs de développement d’ENR sont respectés, les marges passent de +34 GW en 2020, à +16 GW en 2025 puis deviennent négatives à -7,5 GW en 2030 et -10 GW en 2035... En France, sous les mêmes conditions, ces marges deviennent négatives à environ -5 GW et -9 GW. « Notre pays devrait alors compter sur les importations, sachant qu’au niveau européen les marges sont également négatives, qu’il ne sera pas toujours possible... de compter sur les importations pour boucler l’équilibre offre-demande, et, faut-il le rappeler, que tous les pays ne pourront pas importer en même temps 100 % de leur capacité d’interconnexion ».

3.b - PNC : la France aura besoin de gaz pour gérer l’intermittence des ENR

PNC (Patrimoine Nucléaire et Climat) a de son côté alerté l’opinion publique par une tribune dans la presse[2] et par une étude poussée des conséquences du développement massif des ENR et de leur intermittence.

Coécrite par Bernard Accoyer, Jean-Pierre Chevènement et François Goulard, la tribune libre de PNC est particulièrement claire : « Pour éviter ruine ou black-out, nous allons hélas devoir construire des centrales à gaz » :

« Pour avoir délibérément sous-estimé l'évolution de sa consommation et avoir décidé en dix ans la fermeture de plus de 10 GWe de capacité de production électrique, la France se trouve aujourd'hui face à un « mur énergétique », selon l'expression de la ministre en charge de la transition énergétique, qu'il s'agisse du court, moyen ou long terme. La situation est grave, car nous manquons de moyens de production pilotables, et les conséquences industrielles, économiques, sociales et politiques, déjà lourdes, ne peuvent que s'aggraver…

Réseau de Transport d'Électricité (RTE) en première ligne, mais aussi la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) comme la Direction Générale de l'Énergie et du Climat (DGEC) restent obstinément dans le déni face aux besoins en électricité pilotable, encore plus considérables avec un objectif Net zéro. Feignant d'ignorer le besoin crucial à court terme de capacités de production pilotables, les autorités engagent notre pays dans une course effrénée au développement d'une seule production d'électricité non pilotable, éolienne et solaire, qui participe peu à l'équilibre et à la stabilité du réseau et qui a une faible probabilité d'être disponible aux heures de pointe de consommation….

La relance de la filière nucléaire, essentielle et réclamée dans le rapport d'Escatha-Billon d'il y a 5 ans, ne pourra raisonnablement pas répondre à ces besoins avant 2035-2040. D'ici cette échéance, l'exécutif sera contraint de reconstituer des moyens de production de pointe, pilotables, pour faire face à l'augmentation continue de la consommation électrique induite par l'électrification des usages ».

Par ailleurs, PNC explique que cette décision n’est pas catastrophique parce que ces centrales de pointe, dont le coût d'investissement est modéré, ne seront appelées qu'en cas de nécessité lors des pointes de consommation et pour compenser l'indisponibilité de l'éolien et du solaire. Leurs émissions de gaz à effet de serre seraient donc modestes et largement compensées par les économies globales d'émissions obtenues grâce à l'électrification de notre économie et de notre patrimoine industriel.



3. c - L’impossible défi de l’intermittence : « l’impact quotidien sur le fonctionnement des capacités pilotables ne sera pas gérable »

PNC dans une étude extrêmement fouillée[1], dénonce la légèreté de la présentation faite de la gestion de l’intermittence par RTE : une simple extrapolation à 2035 des productions actuelles aux capacités indiquées (122 GWe intermittents) montre la difficulté de la tâche, sauf à modifier très profondément les  conditions d’acceptation de ces productions sur les réseaux (des écrêtements massifs  seront indispensables, ce qui changera la rentabilité de ces sources et les règles de  marché).

Il est aisé, sur la base des données RTE téléchargeables sur le site Eco2mix, d’extrapoler les productions intermittentes en 2035. Ainsi :

En conditions hivernales, la fluctuation de puissance sur une journée pourra atteindre une cinquantaine de GWe et on pourra avoir sur des périodes de 2 à 3 semaines des taux de charge extrêmement faibles, oscillant entre 3 et 10 % seulement de la capacité installée. L’importance des déficits de puissance dépasse de loin les projections, optimistes, d’efficacité et de flexibilité de RTE !

-          En conditions estivales, les fluctuations de puissance des intermittentes varieront de 2 à 57 GWe avec des écarts matin et soir de 40 à 50 GWe, leur apport étant souvent proche de la puissance appelée en milieu de journée, mais très faible la nuit (de 2 à  10 GWe malgré 118 GWe installés). L’écart entre la consommation et la production évoluera chaque nuit entre 35 et 54 GWe.


L’impact quotidien sur le fonctionnement des capacités pilotables ne sera pas gérable, bien au-delà de ce qu’on pourra attendre de leur suivi de charge et des flexibilités ou effacements.

Par exemple, en été, l’analyse des variations de puissance horaire des capacités intermittentes montre qu’elles atteindront 10 à 14 GWe en une heure, deux fois par  jour à la hausse puis à la baisse, alors que la consommation est faible.

Conclusion de PNC :

 

« C’est toute l’organisation de l’accès au marché de l’électricité des moyens intermittents (qui devraient supporter les inconvénients de leur variabilité) et des moyens pilotables  (dont l’économie doit être impérativement préservée) qui devra être profondément  repensée, et ceci dès les prochaines années. » 

 

 

3. d - Intermittence et modulation du nucléaire : le nucléaire ne pourra pas assumer, ce sera du gaz !

Contrairement à un argument martelé par le lobby ENR, les ENR et le nucléaire ne font pas la paire, au-delà d'un certain pourcentage d'ENR, ils sont même tout simplement économiquement et techniquement incompatibles.

Et ce sera encore bien plus le cas avec 45 GW d'éolien en mer !

Dans la situation actuelle, les ENR sont inutiles au système électrique français : elles ne fournissent aucune puissance garantie pour le passage des pointes électriques et leurs excédents de production ne peuvent se substituer aux centrales thermiques dont la part dans la production électrique totale de 7% est techniquement quasi incompressible. Très flexibles et très réactives, les centrales thermiques servent toute l’année pour ajuster finement, à tout moment, la production à la consommation et, pour le reste, à fournir les derniers MWh lors des pointes hivernales. Au final, l’excès des ENR se substitue largement à la production nucléaire sans aucun bénéfice climatique ou économique, bien au contraire.

D’ailleurs, « du fait de l’interconnexion des réseaux européens, les énergies renouvelables produites en France viennent donc remplacer le plus souvent la production des centrales au charbon situées dans d’autres pays comme la Pologne ou l’Allemagne ».[1] Les éoliennes et leurs inconvénients sont en France, les bénéfices, lorsqu’ils existent, sont en Allemagne, laquelle mène une politique énergétique complètement irresponsable (arrêt du nucléaire, maintien du charbon, forte augmentation du gaz et des dépendances associées). Et encore cet “avantage” européen est-il destine à disparaître avec la poursuite du développement massif de l’éolien offshore en Europe du nord, où il est plus productif et plus éloigné des côtes.

Dans le futur, le développement massif des ENR, en particulier l’éolien offshore avec sa variabilité particulièrement importante, aura pour effet de rendre impossible et extrêmement ruineuse la modulation nucléaire. Le nucléaire est fait pour fournir une base, pas pour moduler comme un fou !

RTE, dans un groupe de travail sur les analyses de sécurité d'approvisionnement-(28 juin 2023) affirmait avec quelque cynisme : « EDF modulait ses réacteurs pour gérer son carburant, il modulera pour le suivi de charge des ENR ».

Sauf que les conséquences ne sont pas les mêmes, justes opposées. EDF modulant sa production nucléaire pour optimiser son carburant nucléaire, cela lui permettait notamment de mieux programmer les arrêts de tranche et d’assurer la sécurité d’alimentation en tenant compte aussi des contraintes et opportunités économiques ; EDF faisant du suivi de charge des ENR, c’est en fait les ENR qui imposent à EDF des externalités négatives alors que lesdites ENR ( plus exactement énergies variables intermittentes) sont incapables d’assurer une production de base relativement pilotable comme le nucléaire.

Ces aspects de modulation contrainte par les ENR ont été traitées extensivement par M. Jean-Jacques Nieuviaert, ancien Chef économiste de Union Française de l'Electricité[2] :

“Le développement accéléré et simultané des EnR non pilotables et du nucléaire va forcément entrainer un accroissement de la modulation, et dans certains cas (été, week-end) cela pourrait même conduire à exiger l’arrêt complet du parc nucléaire…

Cet accroissement risque de rendre inatteignable un objectif d’extension de la durée de vie des réacteurs à 80 ans du fait d’une usure prématurée, et il comporte donc le risque d’exposer le pays, non plus à un besoin de sobriété, mais carrément à une pénurie d’électricité…

Une modulation amplifiée est synonyme de hausse des coûts et de pertes massives de revenus pour EDF, ce qui est contradictoire avec les efforts attendus du groupe en termes de développement du nucléaire.”

L’article met aussi en avant une augmentation des « fortuits » de 25% en moyenne et des dégâts possibles sur la structure des cœurs (érosion, déséquilibre bore-lithium, fuite), le vieillissement du circuit primaire, notamment si le standard de deux mouvements par jour était dépassé...

La conclusion est que l’augmentation massive des ENR, avec notamment les 45GW d’éolien en mer, nécessitera, pour assurer la sécurité d’alimentation, un suivi de charge avec de telles variations que seules les centrales à gaz de dernière génération pourront l’accomplir. Ce back-up gaz important dégradera considérablement l’intérêt climatique et le bilan carbone de l’éolien (qui tournera autour de 300g CO2/KWh), dégradera aussi les aspects économiques et d’indépendance géostratégique du système électrique français. L’éolien, c’est du gazolien, et développer massivement l’éolien en mer est en fait l’assurance survie à long terme du gaz, ce pourquoi, comme le remarquait Jean-Marc Jancovici, il est si populaire chez les industriels du secteur. 

De manière générale, ces choix énergétiques qu’il nous faut faire engageront plusieurs centaines de milliards d’euros (plus d’un millier de milliards !)  et auront un impact majeur sur notre souveraineté électrique et aussi sur notre pouvoir d’achat futur et sur la viabilité de notre industrie. Ils nous concernent tous. Il est capital qu’ils soient faits non par idéologie ou par mimétisme, mais à l’examen de données factuelles et, en particulier, en tenant compte des enseignements que peuvent apporter la politique énergétique d’autres pays.  C’est ce que les Français doivent exiger de ces débats- et ce n’est pas ce qui se passe !



[1] RTE, bilan électrique 2019, p. 57

[2] La modulation nucléaire : un risque majeur, 09.02.2023, https://www.lemondedelenergie.com/[1] PNC France : un bilan prévisionnel 2035 de RTE préoccupant malgré la reconnaissance du rôle du nucléaire, 30 / 09 / 2023


[1] https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2021-na-99-approvisionnement-electricite-janvier.pdf


[1] https://www.lefigaro.fr/flash-eco/le-royaume-uni-annonce-la-construction-de-nouvelles-centrales-au-gaz-20240312


mardi 26 mars 2024

Premier Parc éolien offshore norvégien : intoxication et vérité éolienne dans la presse française !

 L’intoxication, c’est dans les Echos, la vérité c’est dans les agences financières étrangères

Pour les Echos : tout va bien !  : La Norvége confirme son parc éolien en mer… La Norvège a rassuré lundi sur le bon déroulement de son appel d’offres pour un premier parc éolien en mer de 1,5 GW maximum. Les enchères sont en cours,, a déclaré le ministère de l’énergie alors que les faibles prix actuels de l’électricité faisaient craindre un désintérêt des opérateurs éoliens »

Donc tout va bien !

Lien article https://investir.lesechos.fr/actu-des-valeurs/la-vie-des-actions/la-norvege-lance-un-appel-doffres-pour-son-parc-eolien-offshore-commercial-2083343

L’avis de Reuters est un peu différent !

Reuters : Soerlige Nordjoe II se trouve à proximité de la frontière norvégienne avec le Danemark en mer du Nord et à environ 200 km des côtes norvégiennes. L’offre proposée inclut une aide de l’Etat plafonnée à un total de 23 milliards de couronnes norvégiennes (2 milliards d’euros)

Cin1q groupes se sont préqualifiés en février, mais la société allemande EnBW a depuis confirmé qu’elle n’y participerait pas, citant l’obligation pour le promoteur de construire et posséder le connecteur de courant continu à haute tension et la limitation de l’aide de l’Etat.

Les quatre autres candidats sont les norvégiens Equinor et Aker Offshore Wind en partenariat avec Statkraft, l’allemand RWE et le britannique BP-Alors que Shell et d’autres ont soulevé des questions sur la rentabilité du projet, les quatre autres candidats interrogés par Reuters ont refusé de dire s’ils feraient  une offre.

 Le secteur de l’éolien en mer est confronté à des augmentations de coûts liées à la hausse des taux d’intérêts et à des goulets d’étranglements dans la chaine d’approvisionnement
. De grands ,noms comme Orsted, Vatenfall, Total Energies et Iberdrola ont renoncé à participer à la vente aux enchères - ! »

Avis : l’information sur l‘éolien en mer est sérieusement biaisée par certains média français - !

https://www.tradingsat.com/actualites/marches-financiers/marche-la-norvege-lance-un-appel-d-offres-pour-son-parc-eolien-offshore-commercial-1110183.html



jeudi 14 mars 2024

Le rapport accablant de la Cour Fédérale des Comptes 2024 sur la transition énergétique allemande ou un exemple à ne pas suivre

 Résume La Cour des Comptes allemande  très sévère contre l'Energiewende : sérieux risques pour la sécurité d’approvisionnement et besoin de davantage de centrales à gaz,  gigantesque retard dans le déploiement du réseau et explosion des coûts,  prix de l’électricité non soutenable et une image erronée des coûts réels de la transformation énergétique¸ sérieux risques pour les objectifs climatiques

1) Sécurité d’approvisionnement en électricité en danger  : il faut du gaz !

L’approvisionnement en énergies renouvelables variables nécessite un effort particulier, car, contrairement aux centrales conventionnelles, elles sont soumises à des variations journalières et saisonnières ainsi qu’aux conditions météorologiques. Elles ne fournissent pas de puissance garantie (photovoltaïque) ou seulement dans une faible mesure (éolien), cf. figure 2.


La puissance installée des énergies renouvelables n’a cessé d’augmenter, tandis que la puissance des centrales conventionnelles pilotables a diminué. Toutefois, un approvisionnement sûr en électricité avec un système électrique reposant en majorité sur des énergies renouvelables variables exige en parallèle des moyens de production fournissant une puissance garantie et pilotable.

La Cour des Comptes a constaté que le calendrier de construction de moyens pilotables en backup ne pourra probablement pas être respecté. De plus, la Cour fédérale des comptes Allemande alerte sur le fait que les dix centrales électriques au gaz prévues ne suffiront pas à garantir la sécurité d’approvisionnement.

La Cour des Comptes se montre extrêmement sévère envers le régulateur (l’équivalent de RTE). Elle estime que « les hypothèses utilisées pour évaluer la sécurité d’approvisionnement sont irréalistes car le régulateur se base sur un « best case » improbable. Les auditeurs reprochent au Ministère Fédéral de l’Économie et au régulateur (l’Agence Fédérale des Réseaux) de faire preuve d’une irresponsabilité sans précédent. Selon la Cour des Comptes, le ministère accepterait que les risques pour la sécurité d’approvisionnement ne soient pas détectés à temps ».

2) Les objectifs éolien terrestres  non atteints…de moitié

Il a toutefois été constaté que la trajectoire de développement de l´éolien terrestre, en particulier, n’est pas conforme à la Loi sur les énergies renouvelables. La Loi a stipulé pour 2023 la mise en adjudication d’un volume de 12.840 MW mais seule environ la moitié de ce volume a été attribuée.

En outre, l’objectif intermédiaire de 2023 pour la production d’électricité à partir des énergies renouvelables n’a pas été atteint, soit 272 TWh bruts au lieu de l’objectif de 287 TWh visés par la Loi .

3) Développement du réseau de transport : retard catastrophique et explosion des coûts

Sept ans et 7000 km de retard. Le besoin en réseau de transport (nouvelles lignes, renforcement des lignes existantes) nécessité en particulier par le développement des ENR a été évalué à environ 14.000 km à l´horizon de 2035. À la fin du troisième trimestre 2023, 2.695 km de lignes, soit seulement 19,3%, avaient été réalisés.

Selon la Cour des Comptes, le développement du réseau de transport accuse donc un retard considérable par rapport à la planification, soit environ sept ans et presque 6.000 km de lignes,


Les coûts de développement des réseaux seront encore plus élevés à l’avenir :

« De plus, d’autres coûts du système électrique sont à prendre en compte à l’avenir. Ainsi, des investissements massifs de plus de 460 Mds€ seront nécessaires d’ici 2045 pour le développement des réseaux électriques, cf. figure 5. Selon les estimations des acteurs du marché, les coûts pourraient être encore plus élevés. S’y ajoutent les coûts d´intervention pour éviter la congestion du réseau de transport. En 2022 ces coûts ont dépassé les 4,2 Mds€, soit presque deux fois plus qu’en 2021, Selon la Cour des Comptes, les coûts d´équilibrage du réseau de transport pourraient atteindre 6,5 Mds€/an jusqu’à 2026."

4) Abordabilité financière (prix de l’électricité) : une image erronée des coûts réels de la transformation énergétique.

Un autre objectif du Code de l’énergie est d’assurer un approvisionnement en électricité abordable pour tout le monde. Des prix élevés de l’électricité constituent un risque considérable pour l’économie allemande et l’acceptation sociétale du tournant énergétique.

Aujourd’hui déjà, l’abordabilité du prix de l’électricité est remise en question... Les prix de l’électricité en Allemagne ont continuellement augmenté au cours des dernières années et comptent aujourd’hui parmi les plus élevés de l’Union Européenne : les clients résidentiels ont payé en moyenne 45,19 ct/kWh au premier semestre 2023.

Les tarifs de l’électricité ont déjà augmenté de 43 % pour les clients résidentiels,  de plus de 32 % pour les clients commerciaux et 80 % pour les clients industriels



Face à des prix très élevés, le gouvernement a subventionné à plusieurs reprises les coûts du système électrique. Il reconnaît ainsi que le prix de l’électricité serait trop élevé sans intervention de l’État.

Le Ministre allemand de l’Économie et de la Protection du Climat, Robert Habeck, a récemment affirmé que le développement de l’éolien et du solaire permettrait bientôt de faire baisser les prix de l’électricité.  Par le passé, la Cour des Comptes avait déjà critiqué le fait que le ministère ne tienne pas compte d’autres coûts considérables liés à la transition énergétique. Il s’agit par exemple des coûts de distribution de l’électricité (y compris le développement des réseaux et les services système) et la construction de moyens pilotables supplémentaires. Il en résulte, en dehors du public spécialisé, une image erronée des coûts réels de la transformation énergétique.

Sources : https://atlantico.fr/article/rdv/la-cour-des-comptes-allemande-dresse-un-tableau-apocalyptique-de-la-transition-energetique-deployee-par-berlin-samuel-furfari?s=09 ; https://allemagne-energies.com/tag/rapport-de-la-cour-des-comptes/; https://www.bundesrechnungshof.de/SharedDocs/Kurzmeldungen/DE/2024/energiewende/kurzmeldung.html

 

vendredi 8 mars 2024

L’Eolien en mer en façade NAMO : le choc des cartes, les premières réactions

La CNDP vient de publier enfin la dernière carte des zones « propices » au développement de l’éolien en mer, celle de la façade NAMO  : la carte peut être trouvée au lien suivant (https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2024-03/Carte-de-propositions-de-l-Etat-zones-propices-eolien-en-mer-Bretagne%E2%80%93Pays-de-la-Loire.pdf) et la fiche explicative ici https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2024-03/Fiche-explicative-de-la-carte-de-proposition-zones-propices-eolien-en-mer-de-l-Etat-Bretagne-Pays-de-Loire.pdf

Réaction des élus :

Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire : « En prévoyant de publier, sans aucune consultation préalable, la cartographie des « zones favorables à l'éolien en mer » pour notre façade maritime, l’Etat exacerbe inutilement les oppositions locales et envenime un débat public déjà très mal engagé. ! »Pourtant de ^puis de longs mois, j’alerte le gouvernement sur la nécessité de bâtir un concertation approfondie avec les élus du littoral et les pêcheurs… En l'état, la cartographie soumise au débat public ne peut être reçue autrement que comme une provocation »

Yannick Moreau, maire des Sables d'Olonne : « Au vu des cartes présentées ce midi par le préfet maritime au nom de l’Etat, il apparaît que le gouvernement se moque clairement de l’avis des élues vendéens , comme il se moque manifestement du « Grand Debat » qu’il a initié sur la « planification maritime », puisqu’il choisit délibérément de dévoiler les cartes de projets éoliens dix jours après l’organisation publique du débat vendéen. …Positionner une nouvelle aire propice, synonyme d’un futur parc éolien posé d’ici à 2035, à 15 kilomètres des Sables-d’Olonne et de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, et à 24 km de Talmont-Saint-Hilaire est pour nous parfaitement inacceptable ». Les élus du littoral vendéen ne se laisseront pas faire. Aucune politique publique maritime d’ampleur ne pourrait réussir contre l’avis des élus et populations littoraux. »

François Blanchet, maire de Saint-Gilles-Croix de Vie et Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée et Conseiller régional des Pays de la Loire : « Depuis le 20 novembre 2023, soit il y a presque 4 mois, le débat public sur la planification maritime et l’éolien en mer se tient sans avoir la carte relative aux zones d’implantation des futurs parcs éoliens offshore sur notre façade maritime malgré nos nombreuses demandes.

Elle a enfin été présentée aujourd’hui à 13h dans une réunion convoquée 36 heures avant sa tenue… Nous dénonçons donc cette méthode !

L’Etat nous a indiqué continuer le débat avec ces nouveaux éléments, mais pour nous le débat est truqué et la confiance rompue. Pourquoi cette carte est-elle présentée seulement maintenant alors que des travaux sur ce sujet ont été réalisés ces derniers mois en sous-marin ?

Nous sommes donc très inquiets car le drame que nous pressentions pour notre territoire se confirme et la colère monte en Vendée… Nos pêcheurs notamment vont en subir les conséquences, eux qui subissent déjà les quotas et un mois sans activité.

Si nous devions entamer une discussion autour d’un nouveau parc en Vendée, il faudrait que les conditions suivantes soient remplies : une juste répartition de l’effort sur les autres territoires, un parc flottant et non visible sans aucun impact pour la pêche.»

Annick Billon, sénatrice de la Vendée : « Je ne comprends pas que cette carte ait pu nous être soumise tant certains zonages frôlent l’indécence. À la réalité technique d’une zone propice se confronte la capacité des élus du littoral, des professionnels de la mer, de citoyens qui y vivent et y travaillent à accepter de nouveaux parcs éoliens en mer dans leur quotidien ».Bien que consciente de l’urgence à développer les énergies renouvelables, la sénatrice insiste sur « l’impérieuse nécessité de soumettre des projets réalistes qui peuvent supposer l’acceptation d’une majorité. Nous n’avons pas de temps ni d’énergie à gaspiller pour nous opposer à des propositions vouées à l’échec ».

Sources : https://www.lereportersablais.com/les-sables-dolonne-vendee-pays-de-la-loire-projet-deoliennes-en-mer-vague-intense-de-reprobations/

Et en Bretagne ? A ce jour( 08 mars) la seule réaction est celle de M. Loïg Chesnais-Girard, le président de la région Bretagne, d’une mollesse insigne :  Notre CRML (Conférence régionale de la mer et du littoral aura à se prononcer sur les zones d’implantation des futurs parcs, afin de respecter les attentes des différents acteurs. Cette concertation est la condition fondamentale de l’acceptabilité des énergies marines renouvelables en Bretagne… le développement des énergies marines, de la pêche professionnelle et la protection de la biodiversité doivent être mis au même niveau dans le cadre de la planification maritime en cours. Indigne

Pourtant, c’est vraiment Belle-Île avec une extension de Bretagne -Sud et une nouvelle zone industrielle éolienne gigantesque potentielle de 2200 km2 à moins de trente km au sud-ouest,  Belle-Île sacrifiée et dont le nom ne sera plus jamais qu’un mensonge ; C’est Saint-Nazaire- Guérande doublé ou triplé, c’est toute le Bretagne-Nord de Morlaix à Saint-Brieuc corsetée de la grande barrière d’éolienne à 30 km du littoral. Le littoral breton défiguré !

Par ailleurs, PIEBÎEM rappelle son opposition à ce programme éolien insensé de 45 GW d’intérêt climatique nul dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d‘alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, avec des promesses fallacieuses d’emploi et de fortes dépendances étrangères, mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme et ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité.

https://lemarin.ouest-france.fr/energie/energies-marines/des-tensions-autour-de-la-carte-de-letat-pour-leolien-en-mer-en-bretagne-et-pays-de-la-loire-7b6d40be-dc69-11ee-97c7-e4301a9e69a2

Réactions des associations :

 Défense de la Mer lien http://www.prosimar.org/DLM.htm : « On remarque immédiatement les projets d’extension, dont celui de la Centrale éolienne du Banc de Guérande. DLM en son temps (2010-2011) avait dénoncé cette localisation sur ce riche banc rocheux, sans la moindre étude d’impact ! DLM, dans le contexte d’alors, avait demandé de reculer le projet dans la zone propice pour bénéficier de fonds moins riches en biodiversité, plus réguliers mais légèrement plus profonds : pour des raisons purement administratives, contre l’avis des experts, l’Etat s’y était refusé ! L’extension du projet était-elle déjà dans les esprits ? L’implantation de dizaines, voire d’une centaine d’éoliennes de plus de 250m de haut, derrière celles existantes de 180m, va multiplier les barreaux sur l’horizon depuis le littoral de St Gildas jusqu’à Piriac… Quand nos élus prendront-ils conscience que l’éolien en mer n’apporte rien à la France, sur les plans énergétique, économique et écologique ? »

NENY Non aux Eoliennes entre Noirmoutier et Yeu (https://www.neny-stop-offshore.com/) :b« Notre association vient de découvrir ce mercredi 6 mars 2024 avec une immense stupeur la cartographie des zones propice au développement de l’éolien en mer à l’horizon 10 ans et horizon 2050 pour le littoral vendéen. Cette carte a été dévoilée aux élus par le Préfet maritime au nom de l’Etat lors d’une réunion en Préfecture de Région.

Elle montre des scénarios de développement de l’éolien en mer absolument consternants qui ne peuvent que susciter qu’une immense colère de la part de tous les vendéens.

L’île d’Yeu, joyau du littoral vendéen dont l’exceptionnelle beauté de ses côtes classées au titre des sites est rappelée dans les fiches thématiques de la CNDP (4), se retrouverait ainsi cernée de toute part, au nord comme au sud par deux gigantesques parcs éoliens, à seulement 10-15 km .

Il est bien évident que de telles propositions sont absolument INACCEPTABLES.

Tout comme les élus nous dénonçons tout d’abord la méthode de l’Etat qui a choisi délibérément de dévoiler sa cartographie après l'organisation du débat public en Vendée. »









mercredi 6 mars 2024

Eolien en Mer et coût du réseau : l’avertissement de la CRE à RTE !

 Le dernier atelier du débat façades maritimes de la CNDP portait sur l’atterrage et sur les réseaux, avec des présentations quelques peu biaisées de RTE qui, en l’occurrence, n’est pas un représentant impartial de l’Etat et de l’intérêt général mais un maître d’ouvrage comme les autres Alors PIEBÎEM rappelle l‘avertissement récent de la CRE (Commission de Régulation de l’Electricité) spécifiquement sur l’éolien en mer

« Les dépenses prévisionnelles pour 2024 pour le développement du réseau en mer s’élèvent à 258,3 M€, en baisse de 22 % par rapport au programme révisé de l’année 2023. Cette baisse s’explique par l’achèvement prochain des projets de l’AO 1 (parcs de Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire), dont les raccordements ont été mis à disposition des clients. Près de 70 % des dépenses de l’année 2024 sont portées par les projets de l’AO 2 (parcs de Yeu-Noirmoutier et Dieppe – Le Tréport).

Le poste comprend également les études pour les projets des AO 3 à 8. RTE est en cours de passation des commandes pour les matériels des raccordements des AO 4 à 8 (postes et câbles).

Les résultats de ces appels d’offres ne sont pas encore connus, mais RTE constate de fortes tensions sur l’approvisionnement de ces composants, notamment pour les matériels à courant continu. Des tensions sur ces marchés spécialisés avaient notamment déjà été notées pour les passations des commandes des projets d’interconnexion Celtic et Golfe de Gascogne en 2023 et pourraient encore s’accentuer en raison de l’accroissement de la demande internationale.

 Plusieurs gestionnaires de réseau de transport européens ont fait état d’un besoin de sécurisation des approvisionnements pour ce type de matériels. Dans ces conditions, les coûts prévisionnels des raccordements des parcs éoliens en mer devraient être supérieurs aux niveaux anticipés.

RTE prépare actuellement la stratégie de contractualisation pour le raccordement des parcs éoliens en mer qui pourraient être décidés pour la prochaine décennie, en cohérence avec les objectifs affichés par le gouvernement au sein du Pacte éolien en mer (18 GW en service d’ici 2035). La CRE estime pertinent que RTE prépare de manière anticipée cette stratégie de contractualisation, en tirant le retour d’expérience des commandes en cours. La CRE considère également important que la programmation du futur programme éolien en mer, en particulier son cadencement par zones, intègre les contraintes liées au raccordement.

Rappelons enfin que Agnès Pannier-Runacher avait expliqué que  « les 100 milliards d’investissement dans le réseau ne sont pas pour le nucléaire, mais pour connecter les dizaines de milliers d’installations renouvelables que nous déployons »

Source : https://www.vie-publique.fr/discours/290546-bruno-le-maire-agnes-pannier-runacher-12072023-reacteurs-nucleaires

NB En fait, c’est 100 milliards pour RTE et 100 milliards pour Enedis !

Document de la CRE téléchargeable cf PIEBÏEM https://piebiem.webnode.fr/l/eolien-en-mer-et-cout-du-reseau-%3a-l%e2%80%99avertissement-de-la-cre-a-rte-%21/





mardi 5 mars 2024

Débat Façade, Eolien en Mer : Ce que le SER et France « Renouvelable » nous préparent

 Dans le cadre du débat Façade CNDP ( La Mer_enDebat), Le SER (Syndicat  des Energies Renouvelables) et France Renouvelable ( ex-France Energie Eolienne qui n’ose plus dire son nom ) viennent de présenter leur quatre scenarios pour le développement de l’éolien en mer. Ces scenarios sont accssibles sur le Les trois premiers scenarios sont des scenarios d’étude           maximisant trois enjeux différents et plus ou moins exclusifs :  1) minimisation des coûts pour la collectivité;  2) Hors zone de protection réglementaire privilégiant la localisation des capacités en dehors de toute zone de protection de  l’environnement            ; 3) planification des parcs “très loin des côtes”

Chaque scénario ne tient compte que d’un seul enjeu, afin d’en montrer les conséquences sur  la répartition spatiale des capacités mais aussi d’en pointer les limites. Selon France  Renouvelables et le SER, cette approche montre que la répartition des 45 GW annoncés par le gouvernement à horizon 2050  est possible mais implique des conséquences fortes sur  d’autres enjeux, comme des déséquilibres dans la répartition entre les façades maritimes,  ainsi qu’en matière de coûts pour le système électrique, ou encore de retombées industrielles  et de cohabitation des usages.

 Un quatrième scénario de synthèse, dit “Équilibre”, complète la proposition du SER et constitue donc à date sa proposition favorite.

Preuve est ainsi faite qu’il est impossible de concilier l’éloignement des côtes (donc les atteintes paysagères et la minimisation des conflits d’intérêt, la protection réglementaire de la  vie marine et de sa biodiversité et un coût acceptable donnant ainsi raison au CNPN dans son autosaisine de 2021 : « L’adéquation des objectifs éoliens offshore avec l’objectif de zéro perte nette de biodiversité inscrit aux articles L. 110- 1 et L. 163-1 du code de l’environnement paraît difficile voire impossible à atteindre »

A PIEBÎEM, nous sommes attachés  à la vision de la mer libre, de cet infini horizontal, et à son accés, à la préservation du littoral de ses paysages, de sa biodiversité – ce programme éolien de 45GW annihilerait cent ans d’efoorts de protection du littoral. Nous sommes aussi attachés à la rationalité scientifique et technique, et pour une transition énergétique soutenable économiquement et socialement. 

Nous  rappellons donc notre  opposition à un programme éolien insensé qui verrait s’installer une soixantaine de zones éoliennes marines équivalent à celle de Saint-Nazaire-Guérande le long des côtes bretonnes ( et 90 pour la France), d’intérêt climatique nul dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d‘alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, avec des promesses fallacieuses d’emploi et de fortes dépendances étrangères, mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale et ravageur pour nos paysages littoraux et leur  biodiversité unique.

Lien vers le document du SER https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2024-02/MED-actu-SER-29022024.pdf

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1) Scénario dit « Minimisation des coûts pour la collectivité » : plus d’éolien posé, tous les littoraux sacrifiés, surtout la Manche !

Ce scénario vise à limiter le coût final de l’électricité pour la collectivité en minimisant les coûts de construction et d’exploitation des parcs et de leur raccordement. Pour cela, la filière a donc privilégié les zones proches des côtes présentant les meilleurs gisements de vent. La technologie de l’éolien posé est aujourd’hui et à moyen terme moins coûteuse que l’éolien flottant, car plus mature. Dans ce scénario, l’éolien posé est donc privilégié avec pour conséquence des parcs plus proches des côtes en Atlantique, et un nombre accru de parcs en Manche !




MANCHE EST - MER DU NORD Ce scénario compétitif, en privilégiant fortement le posé, conduit à une concentration plus élevée de parcs en Manche (11 parcs). Il présente des enjeux de co-visibilité pour la façade, de même que des enjeux d’interaction avec les co-usagers de l’espace maritime (pêche, tourisme) et la biodiversité locale, en raison de la concentration de parcs.

NORD ATLANTIQUE - MANCHE OUEST Ce scénario propose une implantation équilibrée de 5 parcs éoliens flottants en Nord Bretagne et 6 parcs éoliens posés en Atlantique.

SUD ATLANTIQUE Le scénario, en privilégiant le posé, conduit à implanter 5 parcs éoliens posés sur la façade, au large des côtes vendéennes et de la Charente-Maritime.

MÉDITERRANÉE Dans ce scénario, 6 parcs éoliens flottants sont envisagés, dont 5 au-delà de 12 milles nautiques

2) Scénario dit « Hors zones de protection réglementaire de l’environnement », NAMO sacrifié, 14 parcs éoliens flottants au-delà de 12 milles nautiques pour la façade NAMO !

Ce scénario propose une implantation des parcs excluant toute implantation en zone réglementaire de protection de l’environnement à savoir : les sites Natura 2000 (zones de protection spéciale (ZPS) et sites classés au titre de la directive Habitats) et les Parcs naturels marins. Il convient ici de rappeler que ces zones réglementaires de protection de l’environnement ne sont pas incompatibles avec le développement de projets éoliens en mer. L’exclusion de toute zone réglementairement protégée, mais également des zones d’exclusion réglementaires et des servitudes militaires et aériennes, conduit à privilégier une implantation des parcs au-delà de 12 milles nautiques (>22 km) des côtes.

MANCHE EST - MER DU NORD Ce scénario conduit à privilégier l’implantation dans la façade de parcs éoliens posés (9) par rapport aux parcs éoliens flottants (0). Les zones à fort potentiel éolien sont valorisées. Les sites Natura 2000 et sites classés par les directives « Habitats – Faune – Flore » et « Oiseaux » sont évitées, de même que le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale.

NORD ATLANTIQUE - MANCHE OUEST Ce scénario conduit à une concentration importante de parcs éoliens flottants sur la façade NAMO, avec 14 parcs éoliens flottants au-delà de 12 Milles nautiques , dont 10 entre le large de Belle-Île et le large de la Vendée. Cette concentration présente des enjeux d’effets cumulés pour la façade et ne permet pas d’optimiser les gisements de vent à l’échelle du territoire (effet de sillage). Enfin, les infrastructures limitées du réseau électrique présentent des difficultés techniques de raccordement à court terme.

Bref c’est étrange : qu’on m‘explique comment un scénario protection maximale conduit à une telle concentration de parcs sur la façade NAMO, avec ses corridors de migrations intercontinentales d’oiseaux et de cétacés !

SUD ATLANTIQUE Ce scénario conduit à une concentration de parcs éoliens flottants sur la façade Sud-Atlantique, notamment au large de la Charente-Maritime avec 10 parcs éoliens flottants envisagés au large des îles de Ré et d’Oléron. Cette concentration présente des risques d’effets cumulés pour la façade.

MÉDITERRANÉE Ce scénario exclut toute implantation de parcs éoliens en Méditerranée, l’ensemble de la zone étant classée au titre de l’environnement ou de servitudes aériennes et militaires. Au-delà des 20 à 24 milles nautiques

3) Scénario  «Très loin des côtes » propose une implantation des parcs excluant toute implantation de parc éolien en mer à moins de 20 milles nautiques (37 km env.). Cette hypothèse vise à minimiser la co-visibilité de l’éolien en mer avec le littoral métropolitain et à éviter les usages côtiers

MANCHE EST - MER DU NORD Ce scénario conduit au développement de 4 parcs éoliens posés et 4 parcs éoliens flottants, à volumes équilibrés vis-à-vis des autres façades. Toutefois, le rail inter DST (Dispositif de séparation du trafic) transManche présente des contraintes réglementaires fortes pour le développement des parcs éoliens au-delà des 12 milles nautiques.

NORD ATLANTIQUE - MANCHE OUEST Ce scénario conduit à implanter 9 parcs éoliens flottants sur la façade, majoritairement au large des Pays de la Loire. En raison de la limite que présente le couloir maritime inter DST dans la Manche au-delà des 20 milles nautiques, ce scénario limite le développement de parcs au large du nord de la Bretagne.

SUD ATLANTIQUE Ce scénario conduit à une concentration de parcs éoliens flottants sur la façade Sud-Atlantique, avec 13 parcs éoliens flottants envisagés. Cette concentration présente des risques d’effets cumulés pour la façade et les co-usagers de l’espace maritime (secteur de la pêche, biodiversité, etc.)

 MÉDITERRANÉE Ce scénario prévoit un développement très modéré de l’éolien en mer sur la façade méditerranéenne avec l’implantation de 3 parcs éoliens flottants au-delà de 12 milles nautiques au large des côtes d’Améthyste et camarguaise.

4)Scenario équilibre ! Celui qui sacrifie tout pour rien !

Les commentaires sont ceux du SER ; pour notre part, nous laissons chacun, enfin confronté à des propositions concrètes,  méditer sur ce tsunami éolien et les désastres inutiles qu’il entraîne : c’est tout simplement l’annihilation de cent ans d’efforts de protection du littoral et la transformation généralisée de nos côtes en zones industrielles.

« Les trois scenarios « minimisation des coûts pour la collectivité », « Hors zones de protection réglementaire de l’environnement » et « Très loin des côtes » démontrent qu’il convient d’adopter une démarche plus équilibrée de planification à l’échelle nationale, en adoptant une approche multi-enjeux. Pour ce faire, la filière a construit un scénario dit « Équilibre », qui propose une implantation possible des parcs privilégiant un déploiement mixte des scénarios précédents. Ce scénario n’est pas unique et ne représente pas, à ce stade, la proposition définitive de la filière éolienne en mer dans le cadre du débat public en cours. 



Façade Mer du Nord


Façade NAMO


« Ce scénario propose d’implanter 8 nouveaux parcs éoliens dont 1 seul parc posé au large de la Bretagne et des Pays de la Loire et à des distances majoritairement supérieures à 20 milles nautiques (>37 km) afin de minimiser la visibilité depuis la côte. »

Façade Sud Atlantique 



« Ce scénario propose de développer 4 nouveaux parcs éoliens sur la façade à plus de 20 milles nautiques (>37 km), dont 3 parcs éoliens flottants. Le Parc naturel marin de la Gironde est évité et la visibilité depuis la côte est réduite. »

Façade Méditerranée


« 5 nouveaux parcs éoliens flottants sont implantés en Méditerranée à plus de 12 milles nautiques selon ce scénario, et ce afin de valoriser les zones présentant le meilleur potentiel éolien sur la façade. La visibilité depuis la côte est réduite. »